P2P, musique, DRM et bibliothèques…Ithèque et consorts à l’affût
Je vais essayer d’être synthétique sur un sujet qui me tient à coeur, un sujet complexe qui suscite beaucoup de questions aujourd’hui dans les bibliothèques. Vous êtes prêts à lire un gros billet bien long et (j’espère) bien intéressant?
Pour commencer, quelques constats sur le phénomène des réseaux de téléchargement, le p2p ou "Poste à Poste" (article très complet sur wikipédia), cet "impensé du monde des bibliothèques" comme je le faisais remarquer dans un billet précédent en évoquant le fait qu’une recherche plein texte avec le terme "téléchargement" dans le Bulletin des bibliothèques de France renvoie seulement 2 articles en 2004 et 2 en 2005…et que j’ai vu peu de biblioblogs aborder la question…alors qu’aujourd’hui :
- 980 millions de téléchargements de fichiers (de toutes sortes) sont effectués tous les jours sur les réseaux et logiciels de Peer to Peer type Emule, Iphant, Bitorrent, Azureus, etc;
- plus de 11 millions français téléchargent tous les jours des fichiers, pas tous illégaux, grâce à ces mêmes logiciels. Selon cet article de Guillaume Champeau l’un des spécialistes de la question, sur l’excellent Ratiatum:
Un Français sur 6 télécharge, soit environ 11 millions de Français. C’est le résultat de l’enquête menée par TNS
Sofres qui montre que "17% des Français disent avoir téléchargé de la musique ou des films au cours des 12 derniers mois". 14% disent l’avoir fait gratuitement, 5% en payant, et 2% des Français disent cumuler les deux pratiques.
- les jeunes sont les plus gros utilisateurs des réseaux de pair à pair. Près de la moitié des 15-24 ans ont déclaré avoir téléchargé au moins un fichier contre un quart des internautes agés de 25 ans et plus. Extrait de cette étude du ministère de la culture (fichier pdf)
Notons qu’il s’agit précisement du public que nous cherchons à faire venir dans les bibliothèques, et qui n’y vient pas. Cette génération sera celle des parents de nos futurs usagers, donc en partie nos futurs usagers.
C’est dire l’importance du phénomène et les questions posées aux bibliothèques par rapport à leurs offres audiovisuelles. Il faut réaliser que pour toute cette génération (à laquelle j’appartiens), une offre gigantesque est à deux clics de souris et quelques heures de PC allumé!
Autrement dit, des millions de films, vidéos, jeux, ebooks et musique sont accessibles librement et sans restrictions, sans DRM, les internautes même si c’est illégal partagent leurs contenus avec qui ils veulent!
Outre évidemment la question épineuse de la rémunération des ayants-droits, non résolue par DADVSI, je me permet d’insister sur la réalité des pratiques des internautes car beaucoup de professionnels des bibliothèques que je rencontre ne mesurent pas l’ampleur du phénomène. Non seulement il s’agit de pratiques très largement répandues, mais fortement identitaires et revendiquées comme telles. A l’appui, on peut citer le foisonnement des débats liés à DADVSI, l’existence de journaux ciblés sur cette question, de sites dédiés et même d’un Parti Pirate!
D’un côté, donc des pratiques ancrées d’accès massif et libre à une offre énorme de contenus, une offre tellement large que la notion de collection est interrogée, au sens qu’à ce degré, il me semble qu’elle n’est même plus appréhendable…,(testez donc en installant Emule et vous serez surpris de l’offre faramineuse qui circule 😉, et de l’autre côté on a eu droit à la légitimation forcenée des DRM lors de la transposition de DADVSI.
Les DRM, pour mémoire, sont encore imposés par les éditeurs et les Majors de l’industrie audiovisuelle. Ces bouts de programme insérés dans les fichiers vendus ont pour seule fonction de restreindre leurs possibilités d’usages : par exemple je ne pourrai pas copier plus de 3 fois mon album mp3 (pourtant vendu comme un produit culturel au même titre qu’un CD) sur mon baladeur mp3 (pourtant acheté pour cela…).
Les DRM, c’est rien de moins que de créer de la rareté et de la monétiser au prix fort a contrario de la nature d’abondance caractéristique du numérique. Rappelez vous que si l’on devait remplir son Ipod de 30 Gigas de fichiers payants achetés sur Itunes : on en aurait pour plusieurs milliers de dollars et en plus, on ne pourrait pas filer les fichiers à ses potes….De fait on sait que, selon une étude de Jupiter Research, en moyenne les iPod contiennent seulement 20 morceaux achetés sur iTunes, soit environ 5 % de l’ensemble de la musique écoutée sur le baladeur MP3 d’Apple.

Il est aujourd’hui reconnu par beaucoup d’observateurs que les DRM ne sont fait que pour servir les intérêts économiques d’un secteur musical en plein bouleversement. Chacun se souvient des campagnes scandaleuses menées par les Majors qui brandissaient les DRM, les plaintes et les procès pour décourager tous ces méchants pirates (50% des 15-25 ans!!), alors qu’elles ne font qu’attaquer leurs propres clients…Parallèlement beaucoup d’artistes ont bien compris l’intérêt des réseaux et proposent leurs créations sans DRM et sous Licence libre, par exemple sur Dogmazic
Pour la majorité des internautes de cette tranche d’âge, DADVSI, ça n’a pas été le combat des bibliothécaires et de l’Interassociation (important, nécessaire et gagné, tant mieux!) que l’on sait, mais ça a été le moment où les 15-25 ans ont réalisé la méconnaissance et le mépris d’une large part de la classe politique et intellectuelle française par rapport à l’aspect culturel du phénomène p2p, notamment grâce à la sérendipité…
On pourrait même se risquer à faire une analogie avec la fameuse liste des 288 écrivains qui déclaraient l’importance de la bibliothèque publique et sa gratuité pour leur formation artistique…cette liste qui avait émue tout la profession pendant le débat sur le droit de prêt pour le livre. Ce sont les mêmes enjeux à une autre échelle…et quelques années plus tard.

DADVSI pour nous c’était aussi le décalage énorme avec un gouvernement menant un combat d’arrière-garde sous l’influence des lobbys de l’industrie du disque. J’ai regretté quant à moi que les bibliothécaires (enfin tous les métiers de l’interassociation) n’aient pas profité de l’audience conquise de haute lutte pour se positionner en faveur de la licence globale (optionnelle ou non)…malheureusement abandonnée.
A mon sens, nous avons perdu là collectivement une occasion de montrer que le monde des bibliothèques veut être un des acteurs de cette révolution numérique des usages. Une licence globale aménagée pour les bibliothèques aurait permis d’éviter les effets d’abonnements coûteux à des "catalogues-prisons" qui se développent aujourd’hui. Mais bon, à mon sens ce n’est que partie remise tant la loi votée est déjà dépassée et tant ces enjeux sont fondamentaux pour la diffusion de la culture au 21e siècle. D’ailleurs, en Suède, le débat sur la licence globale est revenu un an après le vote de la loi…
Gageons que les mots suivants inscrit sur un récent communiqué de presse de l’Interassociation ouvrent une telle possibilité et prennent la mesure des enjeux :
La FNCC, l’AMF et l’Interassociation enregistrent avec satisfaction que le débat public sur les multiples enjeux de la loi ait pu progressivement se déployer. Elles notent que ce débat est loin d’avoir réglé toutes les questions importantes pour l’avenir des politiques culturelles publiques.
Car un élément récent vient bouleverser la donne…
Ces fameux DRM sont en train de devenir obsolètes: ceux-là même qui les défendaient sont en train de retourner leurs vestes et comprennent que, finalement, on vend mieux sans DRM!
Il est probable que demain, le modèle économique de la rareté/DRM/contrôle de l’usage va disparaître au profit d’autres modèles économiques tels que l’abonnement gratuit et illimité à un catalogue et/ou le finacement par la publicité. Ces licences privées (abonnement illimité, mais je perd mes titres si rupture d’abonnement) ne sont d’ailleurs pas forcément non plus en phase avec les usages…comme en en témoigne cet article.
En effet, des acteurs incontournables de l’industrie du disque et des marchands en ligne affirment désormais tout haut leur opposition aux DRM. Des offres sur forfait sans DRM se développent avec succès, par exemple eMusic plateforme de dissusion des labels indépendants. Autrement dit, on achète un titre mp3 et on en fait ce que l’on veut.
On peut donc penser, comme c’est écrit en mauvais langage économique et avec plein de fôtes dans le livre de Alban Martin, l’âge de PEER que les acteurs de ce secteur économique vont de plus en plus miser sur la valeur ajoutée et la "co-création de valeur" avec le client pour pourvoir dégager des profits. En bref on va vendre du live, des concerts, des dvd supers collectors, des produits dérivés et même des cours de musique privés à de petites quantités de gens assez fans pour se les payer, sans forcément éditer des oeuvres en beaucoup d’exemplaires (voir pas du tout sur support physique) et sans faire de la pub en masse, mais très très ciblée.
A ce jeu là, les réseaux de p2p ne disparaitront pas, mais se recentreront peut-être sur de plus petites communautés ou diffuseront en crypté des éléments introuvables ailleurs. Sauf si une éventuelle licence globale repointe le bout de son nez. (Une certaine socialiste très en vue en ce moment n’y verrait pas d’inconvénient….)
En attendant, les DRM disparaissent petit à petit…Voici des articles explicitant cette évolution, je vous conseille tout particulièrement le premier sur le site de Libération (allez y vite avant qu’il ne soit en archive payante…), par un auteur bien connu sur ces questions : Florent LATRIVE, Net : la musique se délie peu à peu
vous pouvez également lire sur la question des DRM :
Génération nouvelles technologies : eMusic : 20 000 abonnés et 2 millions de téléchargements
Ratiatum:
- Le débat sur les DRM change de visage
- FnacMusic et VirginMega vendent leurs premiers MP3 sans DRM
- 1 million de dollars en une semaine et sans DRM
- Yahoo vend un premier album sans DRM avec Disney

Et les bibliothèques dans tout ça? Quelles offres de contenus numériques audiovisuels en bibliothèques existent? Les offres en ligne sont-elles suceptibles de rencontrer l’adhésion des publics dans ce contexte ?
Je ne le crois pas. Il me semble que la forme de ces offres de contenus en ligne dans les bibliothèques publiques est déjà obsolète et que nous nous devons être vigilants.
Un des ateliers du récent congrès de l’ABF portait sur l’avenir de la musique en en ligne…(compte rendu complet ici) Il a été plusieurs fois cité l’expérience de Troyes.
Troyes donne accès à une plateforme de location en ligne à ses adhérents. En effet, la société Tonality propose Ithèque et facture un abonnement annuel aux bibliothèques qui peuvent proposer ce service aux adhérents. L’offre s’élargit à des contenus audiovisuels.
En réalité l’offre proposée à Troyes est très faible on parle d’un catalogue de 5 000 albums, 110 000 mp3, autrement dit rien du tout comparé à ce qu’il existe sur les réseaux P2P (pas de chiffres excats mais il circule plusieurs millions de mp3), et rien non plus par rapport à des plateformes comme eMusic : 1,7 million de titres issus de 8 500 sociétés éditrices de disques….
Si je me permet ici de critiquer ici cette expérimentation (qui a le mérite d’exister en tant que telle) c’est qu’il me semble que ce type d’offre ne correspond pas aux pratiques de nos publics (ou de nos non-publics mais nous sommes sensés les desservir aussi…)
Pourquoi moi, jeune adhérent du réseau des bibliothèques de Troyes ou de Montpellier je viendrai télécharger des mp3 depuis sur le site de la bibliothèque, alors que ce catalogue est ridicule par rapport à ce que je peux obtenir en deux clics sur la toile?
De plus, vous l’avez deviné, les fichiers transmis par la bibliothèque via Ithèque ont des DRM (les fichiers sont chronodégradables : après 3 semaines ils sont illisibles).
Moi, jeune adhérent à la médiathèque de Troyes, face à cette offre sensée être en phase avec mes aspirations (et il y a fort à parier qu’Ithèque et consorts ont été vendus comme tels aux éxécutifs des villes concernées…), non seulement je ne trouve pas tout ce que je souhaite y trouver, mais en plus, on m’impose un système de contrôle de l’usage par les DRM que je n’ai aucun mal à contourner sur les réseaux, d’ailleurs je le fais tous les jours !
Un autre projet apellé Zic-thèque m’a personnellement été présenté. Ce projet est similaire à Ithèque (le nom aussi vive le thèque à toutes les sauces ;-(). J’ai eu l’occasion d’avoir un un long échange par mail avec les fondateurs de l’entreprise. Il est ressorti la phrase suivante qui répondait à mon scepticisme quant à l’adhésion au service de la catégorie d’usagers visée:
Il est vrai que dans le document que nous vous avons envoyé nous n’en faisons pas état et que nous nous sommes concentrés sur les services que nous souhaitons mettre à disposition des médiathèques sans parler de l’utilisateur final.
De son coté le PDG de Virgin média (1ère plateforme avec DRM en France) indiquait dans l’atelier de l’ABF,
VirginMega, pourrait très bien envisager dans le futur le développement d’un service d’abonnement musical en ligne à destination des bibliothèques. La technologie existe aujourd’hui « elle marche et elle est simple ».
Il sous-entend bien sûr la technologie du contrôle de l’usage…les DRM Microsoft pour ainsi dire.
A la date de ce billet, 6 bibliothèques ont adhéré à Ithèque en quelques mois, et si Virgin Media s’y met, combien demain ?
Tout cela pour dire que ces offres peuvent être séduisantes pour des bibliothécaires et des élus, c’est vrai quoi, après tout, ces entreprises s’adaptent au marché des bibliothèques (page d’accueil personnalisable, support techniques, etc.), sont politiquement porteuse ("le service public se modernise!"), gratuites pour l’usager, et, au fond le prêt physique 3 semaines pour les CD et DVD est aussi un contrôle de l’usage, alors pourquoi pas les DRM?
Justement, il faut le dire et le redire : ce qui vaut pour le prêt physique n’est pas valable pour le numérique parce que non seulement les usages mais le modèle économique le ne correpondent pas à cette approche!
Si nous pousuivons dans cette voie qui revient à une conccurence des offres commerciales via des catalogues fermés et contrôlés, il me semble que nous allons non seulement y laisser de l’argent public mais également nous couper un peu plus encore des pratiques actuelles des 15-25 ans.
Bon ok je vois venir la question : qu’est-ce qu’on fait alors? Raté je ne suis pas Bernard Majour, je n’ai pas réponse à tout! Salut Bernard si tu me lis 😉
Je crois pour ma part à l’organisation du parcours des usagers dans la longue traîne des catalogues mondiaux, qu’ils soient p2p ou pas…Autrement dit, il ne s’agit pas de mettre en valeur nos compétences sur les contenus, plus peut-être que nos collections…
Quoi qu’il en soit nous donnerons probablement toujours accès à des collections de CD/DVD pendant un bout de temps, quant à des bases de données, sous quelles formes et avec quels services et quelle valeur ajoutées bibliothèque, bien malin qui peut le dire aujourd’hui…!
Mais j’aurai l’occasion de lancer des pistes dans un prochain billet…ici-même le 6 novembre pour être précis.
Plus généralement, les pistes correspondent à des problématiques plus générales sur le positionnement des bibliothèques à l’ère numérique…Je citerai celles-ci pour la musique, problématisées par Arsène Ott dans la synthèse du débat de l’atelier de l’ABF:
La formation ? On imagine très bien que si les bibliothèques musicales doivent jouer un rôle dans le futur, il faudrait qu’elles soient clairement identifiées comme étant un des lieux de ressources afin de s’orienter, se documenter, se former, se divertir en matière de musique. Bref affirmer dans ce domaine une compétence qui soit clairement reconnue par le public.
L’espace public ? Que ce soit à travers notre rôle de médiation, ou par le biais de nos implantations multiples, nous pouvons jouer un rôle sans équivalent. Proximité, connaissance du terrain, des publics, échange direct, accompagnement… etc.
Fait de la diversité ? L’un des enjeux qui s’offre à nous est de continuer à affirmer, à travers nos collections, une diversité des esthétiques et des approches musicales. Dans toute l’étendue qui s’étale des musiques de divertissement aux musiques les plus expérimentales.
Mutualiser des ressources et les moyens ? Toute l’étendue de l’information musicale proposée par Internet, son caractère extrêmement fluctuant ou volatile, rend indispensable une coopération professionnelle de tous les instants. Ne cherchons pas à entre en concurrence avec une offre disponible sur Internet, mais construisons une offre alternative. Ne nous lançons pas dans des projets de numérisation redondants (au sens où ils doubleraient une offre déjà disponible sur Internet ou dans une autre bibliothèque) en commettant les mêmes erreurs que par le passé en matière de catalogage partagé ou de récupération de notices.
Les acteurs locaux ? Un des intérêts du débat est d’avoir remis au premier plan les échanges que nous pouvions avoir au niveau local avec les acteurs de la chaîne musicale.
Voilà ce billet est le plus long de l’histoire de ce blog, il synthétise pas mal de lectures de métro et de réflexions et je suis vraiment content de l’avoir enfin écrit 😉 ! N’hésitez pas à réagir, le débat est ouvert et les commentaires aussi!

Si je comprends bien, ce billet préconise que les bibliothèques suivent aveuglément les usages en fournissant des services efficaces pour les encourager. Est-ce que cela veut dire que, si les bibliothèques étaient chargées de préparer des repas ou des émissions de télé, elles devraient s’aligner sur les fast food ou les reality shows ?
Suivre l’audimat, c’est ainsi que fonctionnent aussi les moteurs de recherche, ce n’est pas un choix raisonné, c’est un nivellement par la statistique.
Mais là n’est pas la question, à mon avis. S’il y a une mission de la bibliothèque (même si on tend de moins en moins à défendre cette idée qu’on qualifie d’élitiste, avec un léger mépris bobo), c’est la question brûlante de la citoyenneté : c’est cela qui doit être au coeur de la préoccupation de la bibliothèque. Favoriser le P2P encourage-t-il la citoyenneté et un vivre-ensemble (de près comme de loin), ou ne fait-il qu’aller dans le sens d’une pratique finalement essentiellement individualiste ? C’est de cette façon qu’il faudrait aborder cette question comme d’autres, il me semble.
Bonsoir,
j’avoue quevotre message me laisse perplexe ; bien sûr que nous connaissons les limites de ce type d’offre : iThèque ; bien sûr que nous dépensons de l’argent public ; bien sûr que tout cela a un coût et que le retour sur investissement (l’usage !) s’inscrit dansle moyen terme.
Mais bon dieu, vous le dites bien vous-même, que faire ?
J’attends vos propositions.
J’agis au quotidien pour développer des services en ligne ; je comprends et partage en partie votre secpticisme ; j’ai toutefois le mérite de tester, de proposer des solutions, de les améliorer.
Je suis comme tout un chacun : bien sûr que le net est fabuleux, mirifique ; bien sûr que le téléchargement via le P2P est la pancacée ; bien sûr que DAVDSI a marqué un certain mépris politique ; bien sûr que le net est un espace de liberté !
Mais de quoi doivent vivre les artistes dites-moi ?
iThèque est l’une des solutions ; je suis en train d’en expérimenter une autre plus fermée !
Je réfléchis et me dis qu’en effet, ce sont sur les niches que les bibliothèques doivent se positionner et surtour sur leur rôle local.
Tout cela répond au souci d’adapter les collections à la dématérialisation et aux changements d’usage.
Et, derrière cela, pointe une réflexion en matière de politique de services.
Que faire ? Laisser tout le monde télécharger dans l’illégalité ?
Quelles sont d’ailleurs vos pratiques ?
J’aurais été comme beaucoup favorable à la licence globale : mais alors où se situe la juste rétribution ?
Les bibliothèques cèdent au marché bien évidemment : elles s’adaptent, c’est tout !
Vous savez, je pense que le modèle d’iThèque se cherche encore ; il est en train de se stabiliser.
Nous restons des établissements de prêt !
Nous devons adapter notre offre en ligne en ce sens ; toutefois, il nous faut conserver une certaine lisibilité éditoriale.
Ce sont les bibliothèques qui ont la possibilité d’organiser la concurrence !
Et nous avons les moyens, par le biais de la coopération – là je vous suis – de développer des fonds dématérialisés spécifiques.
Les discothécaires et les bibliothécaires plus largement ont une réelle expertise ; c’est là qu’elle pourra s’exercer : dans le choix des contenus.
Toutefois, et c’est là la limite principale, le service public doit répondre à toutes les demandes (l’obsession de la qualité en bibliothèque publique est une erreur de principe) – d’où la nécessité de contenus choisis mais large.
Les services en ligne seront de nouveaux moyens de médiation.
Nous sommes en train de le préparer à Troyes ; c’est un travail de longue haleine.
Pourquoi télécharger ‘en bibliothèque’ plutôt qu’en P2P ? La réponse me parait pourtant évidente…
Vous donnez votre langue au chat ?-)
Au dernières nouvelles (débats DADVSI, jurisprudence, etc) le téléchargement d’œuvres protégées par le droit d’auteur est illégal en France. Partant de là, il me semble que c’est bien dans la mission des bibliothèques que de tenter de ramener son public vers des pratiques légales de téléchargement, plutôt qu’illégales.
Ça parait tout bête à dire mais ce n’est pas plus compliqué que cela. Et de mon point de vue, les bibliothèques qui expérimentent ce genre de solutions s’honorent à le faire. Maintenant, que les modèles économiques et les solutions techniques proposés par ces plateformes soient encore très imparfaits et fort discutables, je l’admets bien volontiers.
En tout cas, l’effort remarquable que font certaines bibliothèques pour proposer des solutions légales et gratuites à leurs abonnés, plutôt que de baisser les bras devant le ‘fait accompli’ des pratiques illégales, cet effort me parait suffisamment rare et intéressant pour être salué et examiné de près.
Votre billet aborde en même temps la question du bien-fondé des mesures techniques de protection voire celle de la licence dite ‘globale’. Mais faut-il tout mélanger pour y voir clair ? Comme vous, je pense que ces mesures techniques de protection posent plus de problèmes à l’usager qu’elles n’apportent de solutions aux acteurs de la filière, de sorte que le bénéfice économique global est loin d’être démontré. Aux dernières nouvelles, certains opérateurs majeurs seraient en train de s’en rendre compte. Très bien… Wait and see.
Pour en revenir à l’offre numérique en ligne des bibliothèques. Je pense comme vous, qu’il faut être vigilant sur les offres en examinant de près le bénéfice pour les bibliothèques et leurs usagers. Concernant la musique, c’est encore un peu expérimental, disons. D’où l’intérêt des expériences en cours.
Mais concernant les ressources documentaires, le recul est déjà plus important surtout pour les revues (en BU) mais aussi pour les monographies (offre Numilog ou NetLibrary). Les supports physiques permettent de constituer des collections parfaitement maitrisées et relativement pérennes. Leur substitution par des accès en ligne bouleverse parfois les principes de base d’une collection publique : autorisations d’accès non pérennes, collections se volatilisant si l’abonnement est interrompu, offre de bouquets dont la composition est mal maitrisée par la bibliothèque, voire pas maitrisée du tout, etc.
‘DRM’isées ou pas, l’offre numérique en bibliothèque pose encore beaucoup de questions, y compris à l’usager – contribuable que nous sommes tous*
Pierre Schweitzer
* : n’étant pas bibliothécaire moi-même. Soyez indulgent pour mes approximations :o)
Miklos écrivait : « Suivre l’audimat, c’est ainsi que fonctionnent aussi les moteurs de recherche, ce n’est pas un choix raisonné, c’est un nivellement par la statistique. »
C’est un peu rapide, ou presque faux, me semble-t-il.
La fréquentation d’un site (c’est ainsi que j’entends ‘Audimat’) n’a pas d’incidence sur son classement par un moteur de recherche. Ce sont les liens posés par les auteurs des autres sites qui améliorent le classement. Et non la fréquentation des internautes. La différence est de taille, non ? Ce sont les auteurs du Web qui influencent le classement, et non les lecteurs. C’est très différent du boitier Audimat qui vous mate quand vous êtes vautrés devant votre télé :o)
Cela dit, il est à peu près certains que les algorithmes d’un moteur de recherche relèvent bien d’un choix correctement raisonné (comme celui du PageRank dont ni la popularité ni l’efficacité ne sont encore démenties). Et comme bon nombre de processus automatisés, les algorithmes d’un moteur de recherche exploitent abondamment toutes sortes de données chiffrées, transformant sans vergogne notre alphabet, nos dictionnaires, le monde même ! … en chiffres :o))
M. Burle,
Je l’ai précisé dans mon billet, si je critique Ithèque, c’est bien le modèle proposé qui ne me semble pas adapté, et pas l’expérimentation en tant que telle.
Il est évidemment nécessaire que l’innovation et l’expérimentation soient présentes dans notre métier. Je les défend et je m’en félicite en tant que professionnel ; mais il faut aussi accepter que ce soit une base de débat. Je comprend que mon message ai pu vous énerver quelque peu, ce n’était pas le but.
Cependant l’argument de dire que critiquer n’est pas possible que si l’on expérimente pas de son côté n’est pas recevable. Il me semble construire un faux consensus autour de l’innovation pour l’innovation et de son caractère intouchable. Il faut rappeler aujourd’hui que l’on a encore le droit de ne pas être d’accord avec l’orientation prise par certaines innovations, d’en discuter ensemble et de se confronter, pour que d’autres (et pas forcément les mêmes au même moment !) puissent tenter à leur tour d’autres voies. Si votre expérimentation ne suscite pas le débat, elle est inutile.
Lorsque vous posez la question « bien sûr que le net est fabuleux, mirifique ; bien sûr que le téléchargement via le P2P est la pancacée ; bien sûr que DAVDSI a marqué un certain mépris politique ; bien sûr que le net est un espace de liberté ! Mais de quoi doivent vivre les artistes dites-moi ? »
Vous posez mal la juste question, et selon moi l’expérimentation-ithèque légitime, et le fait trop tôt, une réponse à laquelle je m’oppose : celle des DRM. J’insiste sur le fait que le modèle des DRM constitutif de ces offres de musiques pour bibliothèques est légitimé par les collectivités qui font ce choix.
D’autres choix sont possibles, et des pistes notamment en lien avec la musique libre sont a développées, je vous renvoie à la richesse des débats de la liste discthécaires et du site http://www.acim.asso.fr
J’ai explicité dans mon billet la nature des DRM, qui sont la réponse donnée par l’industrie du disque à l’émergence non contrôlée par eux de moyen de diffusion culturelle de masse.
Je voudrai encore insister pour que les choses soient bien claires : oui il y a de vraies questions sur la rémunération des artistes, mais le thème de leur appauvrissement à cause du p2p (que vous sous-entendez dans votre question) est précisément l’argumentaire employé par les Majors pour imposer les DRM !
Alors, encore une fois les débats de DADVSI n’ont rien perdu de leur actualité : il n’a jamais été prouvé le réel impact du p2p sur les fluctuations des revenus du secteur et sur les revenus des artistes. On parle d’un manque à gagner fictif, basé sur la supposition des achats des internautes qui téléchargent….
Tout comme, je le rappelle, les prêts en bibliothèques avaient été instrumentalisés à l’époque pour justifier un manque à gagner dans le secteur de l’édition et justifier la mise en oeuvre du prêt payant.
Heureusement que suite aux débats et à la mobilisation des professionnels et des politiques, une licence globale (hé oui !) existe aujourd’hui. dans nos établissements de prêt.
D’autre part, financièrement il faut rappeler que selon Guillaume Champeau dans un article publié sur Ratiatum en novembre 2004 : La SACEM est née en 1851 et n’a cessé de gagner en puissance depuis sa création. A mesure que les technologies permettant de diffuser de la musique à un large public ont évolué, la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a été amenée à gérer des sommes de plus en plus colossales, réparties entre ses membres. Le rapport d’activité de 2003 fait état de 708,5 millions d’euros perçus par la société de gestion, soit une augmentation de 5,4% par rapport à l’exercice précédent, lui-même croissant de 5,4%, lui-même succédant à une croissance de 6,9% en 2001. La SACEM est une société qui se porte, financièrement parlant, extrêmement bien. Et si elle se porte si bien, c’est grâce aux auteurs et compositeurs bien sûr, mais n’est-ce pas également et surtout grâce au public ? Les revenus liés aux ventes de disques ont légèrement baissé (-2,8%), mais l’ensemble des autres indicateurs sont au vert. Les revenus tirés de la "taxe pour copie privée" sur les CD vierges et autres supports d’enregistrement ont explosés de +24,1% ; ceux liés au DVD audio de +45% ; les perceptions sur les radios ont augmenté de 4,7% ; les spectacles connaissent une augmentation spectaculaire.
Bref, je ne vais pas ici refaire le match comme on dit, mais constater que la compétition DADVSI n’est pas terminée !
Le marché de la musique fonctionne aujourd’hui avec un modèle économique en plein bouleversement et il est effectivement tout à votre honneur de tenter quelque chose dans un marché extrèmement conccurentiel où les intermédiaires de jadis sont débordés de tous côtés. C’est donc courageux de tenter, mais c’est aussi très risqué dans ce contexte !
Les sommes en jeu sont tellement énormes qu’il faut réaliser que le marché des bibliothèques est la 5e roue du carosse et qu’il faut d’abord qu’un modèle économique se stabilise avant que l’on pense à nous ! C’est ce qui me fait dire également qu’Ithèque et consorts en sont très conscients et cherchent à capter un marché et à « prendre des positions commerciales» comme on dit, pour le futur. (ce qui n’est ni bien ni mal, c’est de la stratégie commerciale c’est tout). Aucun doute de ma part sur l’adaptation de leur modèle en fonction du contexte, ce sera une condition de leur survie.
Quoi qu’il en soit, ce qui me semble en cause, c’est la possibilité pour nous de rester centrés sur la maîrise de collections audiovisuelles fermées à l’ère du numérique, ce que portent les modèles Ithèques et consorts.
Si demain, comme il semble que cela en prenne le chemin (mais wait and see) des masses faramineuses de titres sont diponibles sans DRM, alors évidemment nous verrons des prestataires proposer des catalogues à destination des bibliothèques.
Nous aurons beau jeu, alors, de développer de la valeur ajoutée dans nos établissements et valoriser nos compétences. Il sera possible de concurrencer en toute légitimité les réseaux de p2p parce que l’offre légale présentera des avantages certains en terme de service et de contenus, et ne sera pas construite sur l’imposition d’un modèle en décalage avec les pratiques acutelles de toute une génération.
M. Pierre Schweitzer,
lorsque vous dites : "Comme vous, je pense que ces mesures techniques de protection posent plus de problèmes à l’usager qu’elles n’apportent de solutions aux acteurs de la filière, de sorte que le bénéfice économique global est loin d’être démontré. Aux dernières nouvelles, certains opérateurs majeurs seraient en train de s’en rendre compte. Très bien… Wait and see. Pour en revenir à l’offre numérique en ligne des bibliothèques. Je pense comme vous, qu’il faut être vigilant sur les offres en examinant de près le bénéfice pour les bibliothèques et leurs usagers. Concernant la musique, c’est encore un peu expérimental, disons. D’où l’intérêt des expériences en cours."
Nous sommes d’accord sur tous ces points. Pour l’argument de la critique impossible au nom de la valeur de l’expérimentation, je vous revoie ci-dessus à la réponse fait à M. Burle
A l’argument suivant : "Il me semble que c’est bien dans la mission des bibliothèques que de tenter de ramener son public vers des pratiques légales de téléchargement, plutôt qu’illégales."
Il me semble que non! Pas à n’importe quel prix, pas dans ce contexte, pas au prix de l’opposition à des pratiques d’échanges aussi massives, pas avec des DRM et des catalogues verrouillés et minuscules, pas de concert avec une industrie soucieuse de ses propres intérêts, pas avec la même logique répressive que celle des procès à répétition et des campagnes scandaleuses anti-piratage!
Il ne me semble pas moi que nos missions portent ce genre de choses!!!!
Evidemment que les services publics que nous sommes doivent proposer des offres légales!
Je dis : plutôt attendre (depuis quand les bibliothèques sont-elles en avance sur le marché? elles ne l’ont jamais été en fait!) une évolution très probable du contexte, observer et proposer des alternatives légales dans des conditions qui ne nous opposent pas à nos publics et aux valeurs que l’on souhaite défendre (vous en convenez vous même, les DRM ne sont pas adaptées) que de légitimer les modèles portées par les offres telles qu’Ithèque et consorts!
Les DRM sont le seul moyen de garantir une sécurité suffisante aux éditeurs et aux auteurs. Aucune offre légale ne pourra être développée sans DRM, à moins d’être financée par la pub. Le choix est simple pour les bibliothécaires:
-développer une offre légale payante avec DRM
-développer une offre gratuite, illimitée et sans DRM avec de la pub sur chaque morceau.
Je doute que des bibliothèques publiques choisissent la deuxième solution…
Evidemment que les DRM posent des problèmes aux usagers, de la même manière que les antivols posent des problèmes aux voleurs de mobylettes 😉 mais si les acteurs publics ne montrent pas l’exemple, ne font pas leur travail de sensibilisation aux risques liés au piratage, n’expliquent pas la nécessité de poser des limites à l’échange gratuit de biens culturels, je ne vois pas qui le fera !!
Ce débat est vraiment intéressant et je suis ravi d’en avoir eu lecture. Je me demandais qui allait enfin parler du "problème" Ithèque. Oui, à Roanne, nous avons été tenté de nous abonner à ce service, qui gagne de mois en mois de nouveaux adhérents. Mais en tant que musicien et amateur de musiques (ainsi qu’ex discothécaire à la médiathèque, huit ans à suivre les nouveautés et à renseigner), je ne trouve pas ce service vraiment intéressant et adapté.Je suis personnellement pour les découvertes, mais celles-ci sont un peu trop dirigées à mon goût et je rejoins l’avis du créaeur de ce blog au sujet de l’intérêt commercial d’Ithèque pour le marché des bibliothèques. Pour notre part, nous choisirons donc le "wait and see" avant de proposer ce genre de service, et tâcherons de mettre en place plus prosaiquement un service d’écoute mp3 des acteurs musicaux locaux dans un premier temps, comme cela se fait à Limoges.
Le libre se développe : aux professionnels des bibliothèques de 1) se tenir informé et d’être militant, comme certains l’ont été pour le droit de prêt, et surtout d’être bien en phase avec eux mêmes. C’est une mission ardue et de longue haleine, mais elle ne doit pas être laissée au profit des grandes majors et avec l’argent public. Plutôt pas de service musical en ligne qu’un service inadapté.
Réponse à Guillaume Godet:
"si les acteurs publics ne montrent pas l’exemple, ne font pas leur travail de sensibilisation aux risques liés au piratage, n’expliquent pas la nécessité de poser des limites à l’échange gratuit de biens culturels, je ne vois pas qui le fera !!"
Poser des limites à léchange gratuit de biens culturels? Des échanges de biens culturels? ça devrait pourant nous réjouir nous autres bibliothécaires non? c’est pas ça qu’on essaie de promouvoir tous les jours?
Je trouve vraiment incroyable cette affirmation! A l’heure où la technique offre des opportunités formidables, et où les pratiques sont, comme toujours, en avance sur le droit; sortir une phrase pareille c’est purement hallucinant! quant à la comparaison avec les antivols de mobylette, no comment.
Preuve qu’une partie de la profession s’est laissée bercée par le discours ministériel et celui des majors…à moins que le réflexe ne soit corporatiste…je ne sais pas ce qui est le pire.
@Bibliobsession:
Jusqu’à preuve du contraire, toutes les bibliothèques exigent de leurs usagers qu’ils rendent les livres à un moment ou à un autre, non? Je ne suis pas bibliothécaire, mais j’imagine qu’une partie de vos efforts consiste à éviter le pillage de vos fonds, le vol des livres. Les livres, les CD ne sont pas gratuits, vous les payez, vous les protégez contre le vol, c’est une limite à l’échange gratuit des biens culturels, mais c’est nécessaire. Et bien pour les documents numériques, ça n’est pas différent, ils ont un coût, leur fabrication, leur distribution demande un travail, et ce travail mérite d’être rémunéré. Ce n’est pas parce que c’est "dématérialisé" et que la technique offre des opportunités formidables d’échange que c’est gratuit!
Oui et heureusement c’est le discours du ministère, des majors, mais aussi des éditeurs, des auteurs, et heureusement de la majorité des bibliothécaires 😉 !
Je me suis expliqué sur les questions que vous soulevez dans le billet ci dessus, notamment pour dire que les supports physiques et numériques n’ont pas les mêmes problématiques, aussi pour dire que je n’ai jamais nié la nécessité de la rémunération des artistes, au contraire. Je renvoie les lecteurs à l’article ci-dessus.
Les choses ne sont pas si simples, M. Guillaume Godet. C’est faux de dire que tous les auteurs et artistes défendent le point de vue qui est le votre, La Société d’administration des droits d’auteurs des artistes comme le montre cet article à pris position pour une licence globale. http://www.journaldunet.com/0406...
Lors du débat pour le prêt payant, les bibliothécaires avaient un discours autrement plus combatif pour défendre leur importance dans la cirulation des biens culturels. C’est triste de voir un tel contraste.
(Mon commentaire et celui de Pisteleh ont été effacés, pourtant il n’y avait pas de DRM dessus.)
Les bibliothécaires n’ont pas à détourner les lois, ils peuvent tout au plus donner leur avis dessus.
Une fois que le modèle économique aura été trouvé, encore faudra-t-il que les bibliothèques répartissent leur budget entre :
* Hardware (postes sur place, voire prêt de machine de lecture)
* Droits sur les documents (bases de données, documents avec DRM)
* Développement de leurs propres contenus (catalogues enrichis, travail de pédagogie et d’orientation des usagers, numérisation, produits collaboratifs).
B&C et Pisteleh désolé pour l’effacement accidentel de vos commentaires, j’ai pas très bien maîtrisé le filtre antispam que j’ai mis récemment… sorry. il fonctionne maintenant ça ne se reproduira plus.
Je n’ai jamais parlé de détourner une quelconque loi!
Je prend juste une position et livre mon analyse du contexte.
à Guillaume :
« Le choix est simple pour les bibliothécaires:
– développer une offre légale payante avec DRM
– développer une offre gratuite, illimitée et sans DRM avec de la pub sur chaque morceau. Je doute que des bibliothèques publiques choisissent la deuxième solution… »
Vous proposez un curieux dilemme, là. Car pour les supports, c’est très différent. Tout abonné peut légalement copier un CD emprunté à la bibliothèque. Et les ayant-droits prélèvent une taxe sur les supports vierges afin de compenser la ‘perte’ supposée.
Quant à la musique gratuite et illimitée avec de la pub, on appelle ça de la radio, non ?-) La radio dont vous êtes le programmateur… Mais quel rapport avec les bibliothèques ?
— « Evidemment que les DRM posent des problèmes aux usagers, de la même manière que les antivols posent des problèmes aux voleurs de mobylettes 😉 »
Non, c’est d’une autre manière : Bien avant d’enquiquiner les voleurs de mobylettes qui savent casser les cadenas, les mesures techniques de protection (MTP) empoisonnent la vie des gens honnêtes : pourquoi un tel service empêcherait-il l’usager d’utiliser l’appareil de son choix ? Puis-je utiliser IThèque avec tous les baladeurs ? C’est une question intéressante.
— « Je ne suis pas bibliothécaire, mais j’imagine qu’une partie de vos efforts consiste à éviter le pillage de vos fonds, le vol des livres. Les livres, les CD ne sont pas gratuits, vous les payez, vous les protégez contre le vol, c’est une limite à l’échange gratuit des biens culturels, mais c’est nécessaire. »
C’est une autre différence entre une collection de supports et un droit d’accès temporaire. Le budget d’acquisition (et les antivols) permet à la bibliothèque de constituer une collection relativement pérenne. L’investissement dans la collection est un acquis pour tous les emprunteurs et la bibliothèque maîtrise elle-même la collection et les acquisitions.
C’est très différent pour un droit d’accès temporaire à un bouquet en ligne.
@Pierre:
On s’y perd avec tous ces modèles commerciaux différents:
– une offre légale payante avec DRM: c’est le modèle des canadiens d’etheque
-une offre gratuite, illimitée et sans DRM avec de la pub: c’est le modèle de la radio, ou de spiralfrog avec Universal: vous avez raison, ça n’a aucun intéret pour les bibliothèques.
Ok emusic propose un modèle avec abonnement et sans DRM. C’est vrai que ça peut être intéressant pour les bibliothèques, pourquoi pas si les éditeurs suivent, à suivre, moi je travaille dans le livre numérique, et là je vois mal les éditeurs vendre des ebooks non protégés, quelque soit le prix de l’abonnement…
Pour le dernier point, je ne vois pas bien ce que vous voulez dire. Parce qu’il s’agit d’un abonnement, vous autoriseriez n’importe qui à consulter et à copier les ressources?
Sur les questions de livre numérique, en france les éditeurs freinent aussi des 4 fers, mais la problématique est la même. Par exemple, Inventaire/Invention édite et vend depuis quelques années des livres de littérature contemporaine à 5 euros, alors que les gens peuvent librement et gratuitement les télécharger en pdf, sans restriction, sur le site. Le modèle économique fonctionne car le livre est acheté pour l’objet. Preuve encore une fois que les modèles se cherchent…http://www.inventaire-invention.com/ Aux USA, cerains éditeurs distribuent les copies des livres en numérique pour augmenter les ventes et créer un effet de réseau. commercialement ça marche. Des ebooks non protégés? Parions ensemble que dès que le livre électronique sera assez ergonomique et va rencontrer un certain succès, des masses de copies crackées vont circuler sur les réseaux, et les éditeurs n’uront d’autre choix que de s’adapter tout comme les majors sont obligées de le faire aujourd’hui. là encore je ne fais pas l’apologie de l’illégal, mais je réflechi sur la situation actuelle…et à sa possible évolution.
Pour le dernier point, je souligne simplement qu’un ‘abonnement’ numérique n’a strictement rien à voir avec un abonnement papier ou avec l’achat d’un livre. Quand une bibliothèque achète un livre ou s’abonne à un journal, ce livre ou ce journal entrent définitivement dans la collection de la bibliothèque et ils restent disponibles indéfiniment pour les usagers de la bibliothèque. En un mot, c’est une vraie ACQUISITION.
Un ‘abonnement’ numérique n’a rien à voir avec cela. C’est un droit d’accès temporaire à un bouquet dont la composition est rarement maitrisée par la bibliothèque elle-même. Lorsque ledit ‘abonnement’ est interrompu, aucune collection n’a été constituée. D’où des questions sérieuses par rapport aux missions des bibliothèques et accessoirement par rapport à l’argent publics. Le rôle d’une bibliothèque n’est-il pas de constituer une collection et de la rendre disponible au public ?
Les offres numériques actuelles me semblent encore inadaptées de ce point de vue.
Vous travaillez chez Numilog ?
Pierre
Merci au Bibliobsédé (désolé cher anonyme) pour son info sur Inventaire / invention. Je connaissais le site mais j’ignorais leur pratique d’une diffusion parallèle entre des pdf en ligne (gratuite) et des tirages imprimés (à prix modique). Ça confirme en tout point mon sentiment que les supports véhiculent une valeur spécifique et que la fin du livre et du CD n’est pas encore pour demain.
Concernant le ‘livre électronique’, il y a bientôt 10 ans que je m’intéresse à cette question et ma conclusion (provisoire) est la même que ci-dessus !
La question de la lecture aujourd’hui dépasse de loin, de très loin même, la seule question du ‘livre’.
Effectivement Pierre les questions que vous évoquez sont très sérieuses mais elles se posent encore davantage pour des revues avec des bouquets dont les prix augmentent chaque année que pour un modèle comme celui que vous citez où les bibliothécaires font leurs choix dans le catalogue titre par titre: pas de bouquet, pas de packs imposés, ils maitrisent complètement leurs collections et peuvent l’adapter chaque année aux usages constatés, à leurs choix d’acquisition, à leurs budgets (j’étais venu là pour discuter, moi, pas pour faire de la pub, mais bon puisque vous me provoquez…)
C’est une bonne avancée de l’offre, que de laisser au bibliothécaire son métier : le choix des titres de sa collection. Mais la question de la pérennité des acquisitions n’est pas réglée…
Pierre
Message perso : Qq jours que j’essaie de joindre Denis Z mais je dois avoir une adresse périmée elle aussi. Vous pouvez m’envoyer un contact vers lui (tel, mel) ?
Vous trouverez un complément à ce débat, un article qui tente de faire la synthèse sur la musique numérique:
http://www.acim.asso.fr/article….
Bonjour,
Une contribution importante au débat a été signé par Dana Hilliot (musicien, philosophe, fondateur du label another-record.com) et l’association musique-libre.org. "Médiathèques et musiques sous licence de libre diffusion : une convergence d’intérêts ?" (http://www.another-record.com/da...
Ce texte, qui émet le souhait d’engager une discussion au sujet de l’avenir de la diffusion des musiques indépendantes, conteste notamment le suivisme technophile qui préside à l’adoption de projets comme celui d’iThèque, dont les effets pourrait contraindre à négliger d’autres pistes et à appauvrir les catalogues.
"Les médiathèques (…) ont-elles vocation à proposer des services en ligne, à l’image des plates formes de téléchargements qui se développent sur internet ? Mais ne risquent-elles pas en s’engageant dans cette voie faire simplement double emploi avec les outils existant déjà sur le web ? L’investissement nécessaire en vaut-il la peine ?
La médiathèque n’est-elle pas d’abord un "lieu", un certain espace au sein de la cité, propice aux découvertes et aux rencontres ? En se dédoublant en quelque sorte, sous la forme d’une entité immatérielle, sur internet, ne risque-elle pas de perdre cette qualité spécifique : la création de liens sociaux autour des oeuvres ?
Il existe déjà des outils qui seraient bien adaptés à l’organisation des médiathèques : ainsi la borne de diffusion usb pour les baladeurs numériques et autres cléf usb a déjà été expérimentée dans certains lieux. La burn station qui permet de graver son propre cd est utilisée ponctuellement à l’occasion de manifestations. Par le biais d’une connexion internet, la mise à jour des catalogues pourrait se faire en temps réel et donc permettre un accès quasi instantané à toutes les musiques sous licence libre.
Il n’en reste pas moins que la raréfaction probable des supports tangibles dans les années à venir (disques, cds, vinyls etc…) ainsi que la croissance des connexions haut débit, met en question la nature même de l’offre des médiathèques. (Il ne faudrait pas que les bacs des salles de consultation deviennent à terme des "musées" pour nostalgiques du support tangibles)."
Cordialement,
Claude-Marin Herbert
bibliothécaire, musicien
Encore une fois d’accord avec vous mon cher Bibliosédé, surtout que les dernières infos ont tendance à vous donner raison avec des majors qui commencent à proposer des téléchargements en MP3 qui n’auront plus de DRM, enfin ! Quant à la suite et au débat passionné qu’il déclenche, c’est plutôt sain et montre une certaine vigilance de la profession… Mais gardez en mémoire que si une autre grande partie de la profession ne réagit c’est parce que, comme moi, elle s’y noie !
Voilà, l’article de base de ce débat résume très bien la situation actuelle sur la musique en ligne et les bibliothèques. Pour moi c’est une des analyse de la situation les plus pertinentes en phase avec la réalité et les pratiques du public donc tout d’abord bravo!
Il ne sert à mon avis à pas grand chose d’experimenter des modèles qui n’ont aucune viabilité économique, sont dépassés par les pratiques individuelles et représentent des couts importants.
L’actualité vous donne raison, les DRM depuis le début tout les gens qui réfléchissent un tant soi peu sur le sujet savent que c’est un système voué à l’échec. Je suis un professionnel je bosse en bibli et je ne conseille à aucun des usagers d’acheter de la musique en ligne.
Je leur explique le principe des drm et leur dit qu’en achetant le cd a la fnac ou ailleurs au moins ils auront plusieurs avantages (une meilleure qualité sonore, la possibilité de copier comme ils le veulent leur musique et de l’utiliser ensuite sur n’importe quel balladeurs)
Honnêtement, les DRM ne sont qu’un amassis d’inconvénients et de difficultés pour le consommateur!!!
Même Steve Jobs pourtant patron d’Itunes revient sur ses positions en matière de DRM. La raison l’emporte toujours!!!!
Ensuite petit rappel concernant la loi:
Tout d’abord il est exact que les professionnels doivent la respecter cependant il faut dire autre chose.
En principe la loi provient du peuple ou plus exactement de ses représentants. Depuis quand les lois sont dictées par des minorités à fort pouvoir de lobbying économique (en l’occurence les majors du disque qui ne représentent ni les artistes ni la culture ni les pratiques culturelles mais bel et bien les interêts de leurs actionnaires!!!)??
Ce genre de principe est scandaleux et quand une loi est imposée par une minorité (certes puissante) à une majorité qui s’organise et argumente elle est vouée à l’échec.
De même en démocratie quand une loi est injuste il faut la faire changer voir y désobéir (ce qui engage la responsabilité individuelle de chaque citoyen) cela s’appelle de la desobéissance civique ou civile et tout cela est très bien théorisé depuis fort longtemps.
D’ailleurs dans les fait on voit bien que la loi DADVSI est un pur échec!!! Qui d’ailleurs la connait bien, sait ce qu’il a le droit ou non de faire parmi les usagers (moins de 1 %).
Les gens veulent avoir accès a une offre culturelle la plus large et la moins chère possible tout en assurant une juste rémunération des artistes (mais des artistes seulement, pas remplir le portefeuille de pascal nègre qui n’a rien mais alors rien d’un artiste!!!!).
La majorité des gens ont désormais compris que pour plébisciter son artiste favori mieux valait aller le voir en concert qu’acheter son cd!!! Le prix semble alors plus justifié!
Bon une derniere chose concernant les droits d’auteurs: l’excès de propriété intellectuelle est un frein pour le developpement de la création et de l’innovation. De plus c’est au nom de ce genre de principe que l’on fait un procès à l’inde pour fabrication de générique par exemple !!! Alors qu’il est d’utilité et de salut public de fabriquer des medicaments moins cher pour que les plus démunis accèdent au soins meme si elles sont protégées par un brevet ou autre: quelle est cette société où on oublie l’essentiel?? !!! Une société qui marche sur la tête et qui oublie ses fondements même!!!
Enfin tout cela est tres bien expliqué dans le livre libre vendu en librairie et distribué gratuitement sur le web sous license Creative Commons.
Ce livre de Florent Latrive intitulé Du bon usage de la piraterie et disponible gratuitement en suivant ce lien remet pas mal de choses en places et devrait être lus par ceux qui défendent les DRM ou la protection du droit d’auteur comme un but en soi!!! http://www.freescape.eu.org/pira...
A bon entendeur salut toute réponse est bien venue
Merci pour ce long commentaire Jahlive! Je crois aussi que les drm sont morts, comme je l’avais pressenti avec d’autres à la rédaction de cet article. En ces temps électoraux, il est intéressant de voir où se situent les différents candidats sur le sujet. Si l’on prend la licence globale, seule la candidate s’est prononcée pour, mais il existe un vrai débat dans le ps….bref effectivement, avec dadvsi rien n’est réglé!
Bonjour. Le message qui suit a été rédigé il y a quelques mois. Il ne tient donc pas compte des nouvelles avancées de la discussion depuis, ce dont je m’excuse par avance. Je le poste quand même, en espérant qu’il enrichisse ce débat passionnant.
"Bonjour,
Tout d’abord merci pour ce débat passionnant et fondamental. A travers lui, s’esquisse le rôle des médiathèques dans une société dite « de l’information », où les supports physiques de la culture tendent à se dématérialiser.
Pour cette raison, la probable nouvelle donne de l’économie du secteur culturel, décrite dans l’article de Chris Anderson sur la « Longue traîne », me semble fondamentale pour intégrer tous les enjeux du problème.
Les discussions donnant suite à l’article de notre cher blogmestre voient par ailleurs s’affronter deux visions ; en caricaturant, je dirais qu’il y a celle des « commerciaux » et celle des « bibliothécaires ». Ces derniers sont eux-mêmes partagés entre « légalistes », « adeptes de la circulation de la culture à tout crin », et, fort heureusement, « modérés ».
Je rappellerai donc ce qui me paraît essentiel de garder à l’esprit lorsque l’on travaille en bibliothèque de lecture publique et que l’on traite de droit d’auteur (car après tout quelle serait l’importance du débat sur le P2P sans ce thème central ?) : il s’agit de la notion d’équilibre.
Cet équilibre consiste d’une part à permettre aux producteurs d’œuvres culturelles d’obtenir rétribution de leur production selon deux postulats. Un premier postulat est moral, considérant que tout travail mérite salaire. Le second est plus pragmatique : l’argent – et le statut social qui en découle – est un moyen de subsistance, de susciter des vocations et d’entretenir la motivation des créateurs, dont toute société a besoin.
A l’opposé de cette rétribution se situe le principe de circulation maximale des œuvres.
Cette « circulation maximale » doit être encouragée, par les bibliothécaires entre autres, notamment en tant que facteur clé d’évolution de nos sociétés pour la raison suivante : notre capacité d’innovation repose sur la circulation des idées.
Vouloir tirer un maximum de profit d’un produit culturel peut être extrêmement profitable à court terme et pour une poignée de personnes. Sur le long terme, cela sclérose notre capacité à créer en limitant les échanges de connaissances. Ce problème est l’essence même du débat sur la brevetabilité des logiciels, lequel secoua le Parlement européen en 2005. C’est aussi l’essence du débat sur les DRM dans la mesure où, à ma connaissance, leurs caractéristiques actuelles ne tiennent pas compte d’un équilibre entre rémunération de l’artiste et circulation des œuvres. Sinon, pour quelles raisons les problèmes d’interopérabilité n’attireraient-il pas un peu plus l’attention des partisans du DRM ?
Or, qu’est-ce que le pair-à-pair sinon un formidable outil d’accroissement des échanges culturels ? Il me semble constater autour de moi que des personnes qui n’écoutaient pas de musique ou qui en écoutaient peu en écoutent (plus) aujourd’hui.
Une avancée technologique a occasionné un accès à la culture facilité. Le commun des mortels en profite.
Nous devrions plutôt nous réjouir de cet outil démocratisant de fait l’accès à la culture. Il n’est certes pas la panacée car le métier de bibliothécaire ne se résume pas à démocratiser cet accès (ce serait l’objet d’un autre long débat…).
Si cette démocratisation est louable, elle reste néanmoins perçue par certains comme un manque à gagner. Il s’agit pour eux de récupérer cette manne, ce qui est compréhensible. Comment ? En accusant de tous les maux les auteurs d’actes de piraterie, en les portant responsables de tous les déboires de l’industrie culturelle et en sacrifiant la notion d’équilibre sur l’autel des profits…au détriment de la circulation des œuvres.
Or, la circulation des œuvres accroissant la circulation des œuvres, les pirates participent de fait au grossissement d’un énorme marché potentiel.
La question est donc : si l’on accepte légalement le pair-à-pair, comment rétablir l’équilibre en faveur du droit d’auteur.
Côté initiative publique, il me semble difficile d’éviter le paiement d’une taxe ou d’une licence globale.
Côté industriels de la culture, ma réponse serait la suivante : soyez concurrentiels !
Pour cela :
– baissez les prix (cf le propos d’Anderson au sujet du rapport entre le coût des morceaux numériques commercialisés et le piratage : pour lui, le piratage est justifié parce qu’il est plus rentable. Compte tenu de son prix et de ses restrictions, l’offre commerciale n’est tout simplement pas intéressante malgré les défauts que représentent le téléchargement illégal (virus, mauvaise qualité, authenticité…)
– rendez accessibles plus d’oeuvres issues de la longue traîne
– réfléchissez à la mise en valeur de ces oeuvres issues de la longue traîne, à leur classement et à leur mise en connexion avec des œuvres plus visibles
– pour les supports physiques, soignez-en la qualité, développez les bonus (pourquoi pas des DRM plus stricts sur ces derniers ?)
Enfin, je finirai sur une dernière remarque : pour une bibliothèque, l’idée de collection « physique » garde encore tout son sens et permet de tempérer l’option du « tout-numérique » comme panacée.
Tout d’abord en terme de conservation, cela a été dit.
Mais cela vaut également en terme d’organisation, de sélection et de mise en valeur des œuvres conservées :
Le catalogue, aussi précieux soit-il, n’est pas un outil des plus favorables à la découverte. Depuis le développement du libre accès des collections, les publics ne sont plus toujours obligés de savoir strictement ce qu’ils cherchent. Cela a changé leur rapport à l’espace « bibliothèque » dans un sens peut-être plus démocratique.
Dans un catalogue, dont il faut savoir se servir, on cherche ce que l’on connaît tandis qu’une collection exposée sous nos yeux se prête mieux à la « sérendipité » au sein d’un espace délimité. Au sein de ce dernier, se côtoient divers artistes vers lesquels nous n’irions pas forcément si l’on devait les choisir par nous-mêmes (logique puisqu’on ne les connaît pas…). Même si les catalogues d’œuvres numériques vont grandement améliorer leur interface en faveur de la fameuse « sérendipité », il serait dommage de se priver de la possibilité de naviguer au sein d’une collection « physique ».
A ce titre, la question du libre accès aux œuvres sur support « physique » me paraît capitale pour penser les politiques d’acquisition des bibliothèques à l’ère du numérique.
J’avance ainsi une idée concernant notre propre rapport à nos collections personnelles mais qui pourrait être appliquée aux bibliothèques de lecture publique.
La collection physique personnelle est gage d’une meilleure maîtrise d’un fonds dans sa cohérence et dans sa connaissance. Son exploitation est par nature moins superficielle, moins sensible à la mode et ce, en partie, du fait de sa limitation dans l’espace. Comment me souvenir du 10000ème morceaux enregistré sur mon i-pod il y a trois ans ?
Qui n’a pas connu le syndrome de la gravure cd ? Au début de posséder un graveur de cd, on se précipite sur tout ce qui peut être gravé. On se met à graver des albums que l’on écoute superficiellement voire que l’on écoute pas. Par la suite, on s’aperçoit qu’une journée ne contient que 24 heures dont une partie substantielle consacrée au sommeil et à d’autres besoins vitaux.
Notre temps d’écoute ne croissant pas à la mesure de notre capacité d’enregistrement, le bon vieux problème de la sélection entre de nouveau en ligne de compte.
Pour revenir à nos chères bibliothèques, il est essentiel de dissocier ce que la technique nous permet de faire et la raison d’être d’une collection. Ce que la technique nous permet de réaliser ne doit pas nous faire oublier qu’il nous faut trier, sélectionner, faire des choix. En l’état actuel des choses, j’aurais tendance à dire que le P2P étant exploité dans une perspective purement consumériste des biens culturels, il ne concerne pas directement les bibliothèques de lecture publique. La plus-value de la bibliothèque, c’est la sélection et la mise en valeur. Pour les établissements ayant vocation à conserver, c’est autre chose…
Ensuite, le support physique (boîtiers en tout genre) ne doit pas être perçu seulement comme un encombrement. Il peut contenir des renseignements supplémentaires sur l’œuvre ou son auteur. Il constitue par ailleurs une meilleure garantie concernant l’origine de l’œuvre et son authenticité. Enfin, en temps qu’artefact, il peut constituer une véritable œuvre d’art, complémentaire de l’œuvre principale. Cela, le « tout-numérique » l’évacue peut-être un peu trop. Enfin, la compression des fichiers autorisant l’accumulation de morceaux sur un disque dur en un temps restreint se fait au détriment de la qualité sonore et visuelle des œuvres."
Julien
Bonjour,
Que de contributions inétressantes! La profession est bien vivante est pas prête encore à baisser les bras… ça met du beaume au coeur.
Effectivement, que faire d’autre que Wait and see? Trop risqué que d’investir de l’argent public en l’état actuel des collections numériques offertes par les plateformes de téléchargement légal.
Et puis les bibliothèques n’ont aucune chance et peu d’armes face au Peer to Peer.
Ma contribution portera sur le lieu Bibliothèque, lieu d’échanges et de rencontres s’il en est.
Nous gagnerions à réfléchir sur ce sujet pour rendre nos équipements plus attractifs, mieux identifiables et vivants (d’ailleurs il y aurait probablement des leçons à prendre… pas que des bonnes… du côté du modèle anglo-saxon ou encore nordique).
Des horaires d’ouverture en soirée, des espaces bars et restauration dans les bibliothèques, des équipements conçus, dans les villes moyennes ou en territoire rural, pour pouvoir accueillir du spectacle vivant, des collections mettant en avant le local (Scène locale, démothèque) etc etc.
Le débat central sur l’avenir des bibliothèques publiques me semble plutôt être là… à réfléchir.
Jérôme
hello! article tres complet sur wikipedia 🙂 précision indispensable ? les parenthèses en disent parfois daantage que tout le reste 🙂 merci pour ce billet intéresssant, au plaisir devous lire !
P2P, musique, DRM et bibliothèques…Ithèque et consorts à l’affût –
mxbbtirmpe http://www.go3lk8h3409856cbs90txcz1g40i0kl6s.org/
[url=http://www.go3lk8h3409856cbs90txcz1g40i0kl6s.org/]umxbbtirmpe[/url]
amxbbtirmpe