Polémique sur les conditions de la récupération des notices AMAZON!

Rien de tel qu’une petite polémique pour bien commencer l’année !



Quelques préalables pour bien comprendre:

Ce débat implique Quentin Chevillon, développeur de Moccam  (Mon catalogue collectif à moi) d’un côté et Eric Robert de PMB de l’autre…

Voici l’intro du message publié par Quentin Chevillon, sur son site :

Le 5 septembre 2006, Eric Robert a publié un message sur la liste de diffusion de PMB dans lequel il déconseillait vivement d’utiliser MoCCAM-en-ligne pour récupérer des notices Amazon. Devant son refus de publier un correctif sur cette liste, je réponds officiellement sur le site de MoCCAM-en-ligne afin que chacun puisse se forger son opinion.

    voici le message en question d’Eric Robert sur la liste de PMB le 5 septembre 2006 :
    —————————————————————————
    Petite précision qui a son importance sur MoCCAM-en-ligne :
    il permet de récupérer les notices de la BNF et ça c’est bien
    il permet de traitement en lot et ça c’est bien
    il récupère des notices chez Amazon et ça c’est pas bien.
    Ca n’a rien de dogmatique, Amazon fournit un paquet de renseignements super-sympas.
    Le problème est bien plus subtil que cela.


 Le rappatriement des données depuis Amazon que réalise MoCCAM-en-ligne est possible parce que MoCCAM-en-ligne dispose de son adhésion aux services de Amazon. Cette adhésion impose un certain nombre de choses qu’il convient d’étudier en détail et là vous allez être décus.

 Parmi les points les plus génants il convient de se pencher sérieusement sur :
 -le droit de redistribution (MoCCAMM-en-ligne rediffuse de la notice Amazon, le code d’accès est même en clair dans qques fichiers de MoCCAMM ce que le contrat Amazon interdit naturellement)
 -les contraintes d’utilisation des notices ainsi récupérées
 -la pérennité de vos notices : lisez attentivement le contrat, Amazon se réserve le droit couper l’accès quand il veut et de vous obliger à supprimer toute information que vous auriez pu récupérer via leurs services.

 La solution est pratique mais peu élégante si vous récupérez autre chose que de la BNF, il me semblait bon de le signaler.

 Cordialement,

 Eric ROBERT
 Directeur du développement


et voilà la réponse de Quentin CHEVILLON:

  
1) Tout d’abord, il est tout à fait légal d’utiliser MoCCAM-en-ligne pour récupérer des notices Amazon. Ceci se fait conformément à la license d’utilisation des WebServices Amazon : Pour plus de sûreté j’ai sollicité une  autorisation explicite de la part d’Amazon en leur décrivant précisément le service, et cette autorisation m’a été accordée.

2) La compatibilité avec la license Amazon pour MoCCAM consiste essentiellement à fournir un lien vers Amazon dans le champ 856 de la notice UNIMARC.

3) Il est faux de dire qu’amazon ‘interdit de publier le code d’accès en clair’. En effet, Eric Robert confond la clef d’accès privée et la clef publique. C’est cette dernière que MoCCAM utilise et comme son nom l’indique elle est publique. La license est très claire à cet égard :
"You may use your public key in the open in requests to Amazon Web Services; your public key is therefore not secret".

4) Plus important, il est faux de prétendre qu’Amazon pourrait exiger des utilisateurs de MoCCAM-en-ligne qu’ils suppriment les notices Amazon présentes dans leur base. Eric Robert a mal interprété la license Amazon. En effet, comme cela est clairement indiqué dans le préambule, cette license lie Amazon aux développeurs utilisant leurs WebServices (en l’occurence, MoCCAM-en-ligne), mais elle n’engage EN AUCUN CAS les utilisateurs de MoCCAM-en-ligne eux-mêmes.

5) Là où Eric Robert a raison en revanche, c’est qu’à tout moment Amazon peut interdire à MoCCAM d’utiliser ses notices. Dans ce cas, le service s’arrêterait. Ce serait regrettable, mais ce sont des choses qui arrivent (cf. l’arrêt de la diffusion du CDR Electre). Mais en aucun cas Amazon ne pourrait demander aux bibliothèques de supprimer les notices MoCCAM de leur base.

6) De toute façon, les notices Amazon sont par définition des notices temporaires. L’avantage d’amazon c’est de fournir les notices des nouveautés et des ouvrages à paraître, mais ces notices sont de qualité bien moindre que les notices BNF. Aussi, MoCCAM-en-ligne offre-t-il un service de monitoring. Dès que la BNF a catalogué un document, vous en recevez la notice par mail. Vous l’importez alors dans votre SIGB et elle écrase la notice Amazon.
Il y a donc toujours très peu de notices Amazon dans votre base, et vous pouvez savoir exactement quelles sont les notices amazon en attente d’être écrasées à partir du site de MoCCAM-en-ligne (rubrique ‘identifiants en attente’).

Quentin CHEVILLON
Développeur de MoCCAM
Administrateur de MoCCAM-en-ligne
moccam@free.fr


La dernière remarque de Quentin Chevillon sur la pérennité des notices  ne me semble pas toujours vérifiée…si les notices de la Bnf sont de bonne qualité par rapport à Amazon, ces dernières possèdent des données riches que le la Bnf ne propose pas : par exemple des tables des matières et les premières de couv’…dans ce cas, même si les données de gestion peuvent être écrasées par la Bnf, ce qui est toujours souhaitable, on peut souhaiter aussi conserver les données complémentaires que sont, par exemple, les premières de couv’…!

On en revient dans ce cas à la remarque précédente: le risque de l’arrêt du service d’Amazon, qui existe quand même… Mais c’est vrai que c’est un risque dont on peut penser qu’il s’atténue, à mesure que la mutualisation des notices avance….mais l’avenir sera-t-il à la mutualisation ou à la monopolisation de la source des échanges par de grandes firmes comme Amazon?

(je n’abord pas ici la question centrale de l’importance de réccupérer les fichiers d’autorité de la Bnf…vous trouverez toutes les infos sur ce sujet ici et en particulier dans cet article de Thierry Giappiconi qui date un peu mais dont les principes restent très pertinents)

Il me semble que ce débat pose la question importante de la source des données ….on en revient à l’enjeu de l’information bibliographique comme "patrimoine informationnel commun" :  la liberté de diffusion et de modification des notices de la Bnf, à l’inverse du modèle économique recherché par Electre, Amazon ou Allociné.

Dans tous les cas, de manière pragmatique, il est clair que la question qui se pose est celle de savoir à qui profitent ces Web services…qui gagne à quoi? Qui a (ou veut obtenir) un rapport de force favorable pour imposer de se faire payer? Les bibliothèques et le trafic (potentiellement énorme) qu’elles amènent aux sites commerciaux? L’inverse ? Pour combien de temps? Quelle politique nationale ou européenne sur ce sujet à l’heure de la raréfaction des ressources des collectivités publiques et de l’Etat ?

En témoigne ce nouveau logiciel libre pour les bibliothèques dont on va beaucoup parler dans les semaines qui viennent : AFI Opac 2.0, issu d’un partenariat entre AFI (éditeur de Pergame) et MOCCAM; la page d’accueil propose le petit sondage suivant : qu’en pensez vous ?

(voir également ce billet de Nicolas Morin aborde le statut jusrique des notices en ligne.)

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