
[edit : ceci est la re-publication d’un billet publié il y a quelques semaines, suite à la réponse de l’ART, tranchant cette question.]
Vous en avez marre de faire à chasse aux sonneries de mobiles dans les bibliothèques? de demander de sortir aux récalcitrants? De vous faire allumer par ceux qui ne comprennent pas la règle? (ou alors vous vous en fichez, vous faites la même chose, mais en interne? 😉
Hé ben va falloir le supporter! En l’état actuel du droit, il est illégal d’implanter un brouilleur pour rendre inopérants les mobiles dans une bibliothèque! Le plus frustrant c’est que c’est possible ailleurs, mais que la loi n’inclut pas explicitement les bibliothèques.
Selon les articles de loi très justement cités en décembre 2006 par le Guichet du Savoir (qui sait tout et se trompe jamais c’est bien connu, comme une sorte de dieu moderne de l’information…moi je dis Amen.). En fait c’est autorisé de brouiller les ondes mais seulement:
Dans les salles de spectacle [ainsi que] dans l’enceinte des établissements pénitentiaires, tant pour l’émission que pour la réception
La loi est très claire sur le fait que tout autre lieu n’est pas autorisé à installer de tels dispositifs : le contrevenant s’expose à six mois d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ! Bon la question est donc : une salle de spectacle c’est quoi pour le législateur? hé ben la loi le défini :
Les salles de spectacles sont tout lieu dont l’aménagement spécifique est destiné à permettre la représentation ou la diffusion au public d’une oeuvre de l’esprit.
Il faut donc sûrement comprendre aussi les salles de cinéma, de théâtre et de concerts, mais quid des bibliothèques? Hé ben c’est pas marqué, mais si on considère que la bibliothèque diffuse non pas une mais des oeuvres de l’esprit, ça semble possible non? non? hé ben non, comme le précise la réponse de l’Autorité de régulation des télécommunications dans ce dossier.
L’équipement des espaces autorisés à brouiller est sous la responsabilité des exploitants, la loi ne faisant qu’autoriser le dispositif. Précisons que ces appareils mettent en oeuvre un filtrage intelligent et laissent passer les ondes portant des appels d’urgence. A titre d’information, un brouilleur, ça coûte 429,36€ TTC et les fabricants ne s’embarrassent pas des subtilités d’interprétation de la loi lorsqu’on lit dans la promo de ce revendeur :
Convient à tout lieux ou l’usage du portable est déconseillé ou interdit tels que hôpitaux, centres médicaux, théâtres, cinémas, musées, galerie d’art, bibliothèque, établissements scolaires, salles de conférences, bureaux etc…stoppant l’utilisation du téléphone dans les 3 minutes qui suivent la détection. Portée efficace : un rayon de 5 à 15 mètres suivant le type et la localisation du système cellulaire.
On le voit les "oeuvres de l’esprit" nous entourent! D’ailleurs, la loi n’est mise de côté par les seuls fabricants mais aussi par les responsables politiques eux-mêmes! Dans cet article daté du 23 Janvier 2007 figure l’information suivante, proprement hallucinante au regard de la loi :
Il n’est plus possible d’utiliser son téléphone mobile dans la salle de réunion du bureau national du parti socialiste, situé rue de Solferino dans le 7e arrondissement de Paris. Après la publication de certaines "fuites" par le Monde, un système de brouillage qui empêche l’usage des mobiles y a été installé.
ça laisse songeur…d’autant que si l’on considère une portée maximum de 15m et qu’on a mettons 1500m2 à brouiller, je vous laisse faire le calcul mais l’investissement est non négligeable, et puis bon c’est interdit alors…
Bon ok on peut aussi se dire qu’il faut inciter les gens à respecter leurs semblables et que c’est même notre rôle de faire en sorte que chacun utilise l’espace public en bonne intelligence…Et puis ce qui est gênant au fond c’est pas les conversations au téléphone en soi (c’est pas interdit de parler à la bibliothèque, c’est interdit d’HURLER dans son téléphone, vous pouvez comprendre ça bande d’usagers?) ce qui est gênant c’est plus les sonneries, toutes polyphoniques qu’elles soient…
Bilan : Parler-pas-fort + vibreur = le-bibliothécaire-est-mon-ami-et-tout-le-monde-est-content!