Abolir les COUPS DE COEURS et mettre des CRITIQUES dans les bibliothèques!
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ouais elle est un peu gore cette image, mais ceci est un billet d’humeur…
Voilà une idée qui me tient à coeur (humm facile). Dans beaucoup de bibliothèques, on se targue d’esprit critique et de médiation culturelle à tout crin. Bon. Mais que produisent les bibliothèques comme éléments de médiation sur les collections en ligne ou imprimé?
Réponse dans 97% des cas : (j’ai dit 97% hein, pas 100% ya des exceptions)
- des Bibliographies (avec un peu de résumés dans le meilleur des cas et des images, rarement)
- des COUPS DE COEUR sur les nouveautés (ou pas seulement les nouveautés)
et…c’est en général à peu près tout!
Mais bon sang de bonsoir, si on peut comprendre (et encore) que les librairies donnent des avis toujours positifs sur les livres (l’objectif reste de les vendre) pourquoi est-ce que nous on se sent toujours obligés de donner des COUPS DE COEUR? Pourquoi pas tout simplement des CRITIQUES? (positives ou négatives et argumentées hein, des vraies critiques quoi!)
L’argument qui revient est (avec la bouche en coeur 😉 : « Mais il faut donner envie de lire les livres! On est là pour promouvoir la lectuuuure! » ou encore: « Si on l’a acheté c’est qu’on l’aiiiime ce livre, sinon on l’aurait pas acheté! »
En fait la plupart du temps, « la lecture » veut juste dire : « la littérature-qui-représente-10%-de-nos-fonds » (et j’exagère à peine, à la louche 20% avec la littérature jeunesse)
Bon admettons, si c’est bien là l’objectif, alors pourquoi ne pas se dire que ce qui la fait vivre, la littérature c’est les débats qu’elle suscite, les idées qu’elle dérange, les envies, les rejets qu’elle crée! (Ironie du sort : quel bibliothécaire n’écoute pas le Masque et la plume ou ne lit pas religieusement les critiques des Inrocks ou de Télérama?). Lionel Dujol, créateur et animateur du blog Everitouthèque qui intervenait dans une journée d’étude la semaine dernière et racontait qu’une critique négative sur une BD publiée sur le blog de la bibliothèque avait suscité de nombreux débats avec les usagers! (comme quoi quand on le fait ça marche!)
Et puis, quand même, c’est paradoxal la plupart du temps, les bibliothécaires sont des très bons lecteurs, qui discutent des livres entre eux…qui ne sont pas d’accord…qui débattent (les réunions d’offices)! Mais qui laissent des miettes COUPS DE COEURS aux usagers!
Quelle est l’image qui ressort de notre institution? Ben Bibliothécaire = béni oui-oui-qui-a-beaucoup-de-coeur(s) et si moi en tant qu’usager je veux trouver des critiques de livres, ben je vais ailleurs que dans les bibliothèques.
A l’heure où nous parlons de plus en plus de nous impliquer dans les contenus, n’est-il pas temps d’abolir nos COUPS DE COEURS et de passer à des CRITIQUES ou des avis?
Aaaah ça va mieux en le disant. 🙂
Tiens tant qu’on y est un autre truc que j’ai envie de dire : Le premier à avoir milité pour l’abolition des coups de coeurs n’est autre que Thierry Giappiconi, directeur bien conu de la bibliothèque de Fresnes, dont on pense ce que l’on veut mais qui pour moi est un véritable précurseur, dans bien des domaines. Par exemple, c’est en grande partie grâce à lui que la Bnf met à disposition des notices gratos pour nous, pour qu’on arrête de cataloguer tous la même chose à la chaîne et qu’on puisse avoir le temps de les écrire et de les transmettre ces CRITIQUES! Même si c’est pas gagné encore, les progrès ont été énormes notamment grâce à Quentin Chevillon et son MOCCAM-en-ligne devenu indispensable! ça fait du bien aussi des fois de le dire, ça. Non mais. MERCI A EUX!
Allez un dernier lien vers la chouette idée de Librarything qui a crée un champs UNSUGGESTER destiné à vous conseiller non pas à partir de ce que vous aimez mais à partir de ce que vous n’aimez pas!
Ben, il est en colère mon bibliothécaire de fils! Je regarde de temps en temps quand le travail me le permet l’émission de canal + en clair, entre 18h et 20h environ, qui invite un auteur pour présenter son livre. Bien sur c’est de la commercialisation mais je note les titres et feuillète les livres (quand je les trouve dans ma province!); je me suis laissée séduire par "Ni d’Eve, ni d’Adam" d’Amélie Nothomb, rien d’original puisque c’est la meilleure vente en ce moment! J’ai commencé la lecture et j’ai hâte d’avoir le temps de le finir, que pense les bibliothécaires de ce livre?
Mouais… Je sui sceptique sur l’avis critique dans Télérama : depuis qu’ils ont modifié leurs icônes, ben ya pas eu des masses de critiques négatives (1 ou 2 peut-être) dans la section livres, on en trouve plus souvent dans les critiques de théâtre – serait-ce parce qu’un livre c’est moins cher qu’un spectacle, et que ça peut se revendre, alors c’est pas grave si tu te fais avoir s’il n’est pas bon, alors que si tu t’endors au théâtre, c’est cuit ? Mais je m’égare… 😉
Yep ! yep ! yep ! je danse dans mes baskets quand je lis ce genre de billet ! On oublie souvent le rôle de médiateur et de prescripteur des bibliothécaires et documentalistes. Remettons l’usager au centre, bon sang de bonsoir ! Qu’est-ce qui a réellement de la valeur ajoutée pour lui ? Le nombre de pages, le résumé? … Ou alors un réel avis ? Une information qui va lui permettre de faire un choix ?
La véritable question est qu’est ce qui motive réellement le choix de l’usager? Donc tout le travail réside dans la connaissance que l’on a de lui…Mais là, c’est un autre chantier dont on rediscutera (cf les communautés), Silvère 😉
Personnellement, je me fous un peu de l’avis des bibliothécaires, enfin pas plus ni moins que de celui de n’importe quel lecteur lambda. Par contre je lis avec grand intérêt les avis des zazinautes (par ex) et de tout lecteur passsionné. Donc pour moi, l’intérêt est d’intégrer les commentaires de passionnés dans les opacs… Voir la solution trés intéressante de la bibliothèque de Phoenix qui en tête de ses facettes propose TOUT UNE SERIE de recommandations, celles des bibliothécaires, parmi les autres.
http://www.phoenixpubliclibrary….
allons, arrêtons le biblio centrisme, TOUT le biblio centrisme. Un bibliothécaire n’est pas diplômé en littérature, ou je me trompe?
beaucoup de bibliothécaires interviennent sur zazieweb…! la question est de savoir s’ils se présentent comme tels. Les bibliothécaires peuvent effectivement recommander des titres PARMI d’autres amateurs, ce n’est pas du bibliocentrisme de dire aux bibliothécaires de s’impliquer en produisant des critiques, surtout si celles-ce sont destinées à se mêler à d’autres critiques, ce dont je suis persuadé.
Ohhh que tu fais bien l’enervé 😉
Joli coup de gueule contre les coups de coeur ! En fait c’est en lisant ton billet que je me suis dit que je ne m’étais jamais posé la question ! Je crois effectivement qu’on peut avoir des avis (encore heureux ;-)sur les documents que l’on propose mais n’y a t-il pas une ambiguité : on achète des livres qui ne nous plaisent pas forcément mais plaisent à d’autres ? comment tenir alors ce grand écart ? Il ya aussi le discours : j’ai du mal à dire tout le bien que je pense de Céline Dion à quelqu’un qui me demande ce que j’en pense alors que je vois ses yeux briller d’admiration pour la quebecoise, nous nous devons d’être en nuance, tout en retenue, il est tellement facile de descendre un auteur et l’envie en est si fréquente…
dans la bib ou je travaille je m’étais retrouvée à défendre le dernier Angot contre toute l’équipe qui ne voulait pas l’acheter, j’avais alors proposé pour limiter la casse de l’acheter et de faire une table de présentation "Vous n’avez pas aimé Christine Angot alors vous aimerez…"
Mon commentaire est vraiment motivé et réfléchi et je suis certaine que vous êtes d’accord avec moi. Franchement, vous avez envie de lire les bouquins qui sont sélectionnés et présentés sur les présentoirs des bibliothèques??!! Moi, pratiquement jamais ! (je n’ai encore pas vu une bibliothèque qui recommandait Hélène Frappat, mon coup de coeur du moment!) Par contre, quel plaisir j’ai à regarder les ouvrages que lisent mes pairs sur librarything et sur zazieweb, qu’ils soient bibliothécaires ou femmes de ménage!
C’est du bibliocentrisme de penser que les commentaires des bibliothécaires auront une plus grande valeur que ceux des lecteurs. Ce à quoi il faut travailler, c’est à l’intégration de TOUS les commentaires.
oui nous sommes d’accord! je ne dis pas que ceux des bibliothécaires auront une plus grande valeur que les autres commentaires, je dis qu’il est nécessaire qu’ils s’impliquent eux aussi, avec les autres.
Et puis franchement vous croyez facile d’expliquer à des bibliothécaires qu’ils doivent juste mettre en place des outils et aggréger des commentaires dans chaque notice sans en produire eux mêmes, des commentaires et des critiques? moi non!
Au delà de ça, je crois que nous bibliothécaires n’avons pas le choix, au risque de garder des bâtiments dont de moins en moins de personnes vont percevoir l’utilité…
c’est vrai au final, c’est bien le lecteur qui fera le tri en fonction de la pertinence des critiques, bibliothécaire ou pas…mais doit-on agréger pour autant des contenus sans y participer? Doit-on juste construire juste des outils et des supers opacs 2.0? sans saisir l’opportunité d’animer ou de partiociper à des communautés locales? ou des communautés d’intérêts?
Ce débat est fondamental ! je pense en fait qu’il vaut mieux, si l’on est une bibliothèque qui veut créer un blog se présenter comme « un blog de critiques sur le cinéma (fait par les bibliothécaires de la ville de truc bidule) » et non pas comme « le blog de la bibliothèque de « trifoulli-les-oies »….le positionnement est sur le contenu et non pas sur l’institution. Le principal problème en territoriale en tout cas, à mon avis, est de convaincre des élus d’un tel positionnement….
J’abonde dans le sens de ta note. Le " j’ai pas aimé" est partie prenante du plaisir de lire. Sur Everitouthèque les critiques "négatives" de livres sont celles qui suscitent le plus de commentaires, de flux et de retour d’usagers dans la bib ! Petit hic, la difficulté de mobiliser mes collègues pour écrire sur des bouquins qu’elles n’ont pas apprécié…. Nous avons branché des usagers de la bib pour écrire des critiques coup de gueule. Dur dur là encore …. la première devrait être publiée cette semaine si notre serveur veuille bien reprendre vie !
Pour ce qui est de ta suggestion de blog de bib qui parlent de contenus et non de l’institution, je la trouve très pertinente et m’en vais la défendre dans mes interventions à venir ! Vin Diou !!
il est en fait là question du bibliothécaire qui s’efface derrière l’institution (et c’est ce que celle-ci nous demande). J’essaie d’inciter mes collègues à dire JE au lieu de NOUS, mais c’est pas facile. On est très fiers quand les lecteurs viennent chez nous parce qu’untel est spécialiste de la musique baroque ou des mangas. Pourquoi ce qui se fait naturellement devant le lecteur devient impossible par écrit ? Mais je ne désespère pas de décider mon collègue acquéreur de DVD, cinéphile averti, à mettre par écrit les commentaires si pertinents qu’il fait à l’oral. A quand des portails de bibliothèques qui ouvrent tout autant sur le catalogue, les critiques, les signets… et qui servent les citoyens et non pas les lecteurs?
Je souscris tout à fait à cela. Les bibliothécaires doivent dire "Je". Doivent parler des livres qu’ils aiment et de ceux qu’ils n’aiment pas. Moi, je me nourris des avis des lecteurs de Zazie et d’ailleurs, mais j’ai aussi envie de me nourrir des avis de bibliothécaires, de libraires, d’auteurs ou d’éditeurs.
Je pense que Bibliobsession a raison quand il évoque la question du positionnement : une blog de bib devrait se présenter comme un blog de critique plutôt que comme un blog de bibliothèque, comme le font bien des blogs de lecteurs (qui sont parfois bibliothécaires).
Bref, on a besoin de gens compétents pour parler de livres. Les critiquer. Et aussi les étiqueter. Et on voit bien, en creusant la question des tags, que cet étiquetage a besoin de balises et de réflexions pour devenir puissant et intéressant. Et là, on a besoin d’un apport professionnel. Comment distinguer dans les tags François Bon de Beigebeder ? C’est une vraie question qui, je crois, doit interroger les bibliothécaires. Aujourd’hui, la littérature française est rangée sous une seule côte. Mais est-ce pérenne ? Est-ce suffisant ? Comment aiguiller les lecteurs qui prennent plaisir à Beigbeder à en trouver d’autres ? Comment aiguiller les lecteurs qui prennent plaisir à François Bon à en trouver d’autres ?
La question centrale n’est pas de savoir si le bibliothécaire peut faire part de son esprit critique et si c’est utile, mais plutôt "comment en ayant une excellente connaissance de son fonds et de son public, le bibliothécaire-documentaliste peut-il recommander des références par rapport aux différents besoins, attentes, goûts de ses usagers?"
Nous ne sommes pas dans le jugement de valeur mais dans un réel travail de prescription (ça ce n’est pas du bibliocentrisme, c’est notre boulot). Nous ne sommes pas en train de dire si un ouvrage est bien ou non mais plutôt en train de se demander à qui il pourrait plaire…
Dernière chose : les ouvrages ne sont pas que de la littérature mais aussi des sciences, du documentaires, du loisir…
je suis d’accord, même s’il faut distinguer les documentaires ou krine à totalement raison et la fiction avec un nécessaire avis critique; mais un « vrai » avis critique, pas un jugement de valeur. pour être clair et précis, je livre à votre sagacité ce message de la liste discothécaire qui sous prétexte d’humour est ouvertement méprisant avec les goûts d’une partie du public. On va dire que j’ai pas d’humour ou que je suis un bobo mais pour moi ce genre d’exemple c’est tout sauf de la médiation, c’est juste du mépris…
Credo anch’io sia più corretto parlare di dipendenza da gioco, chat, pornografia etc. se poi il mezzo per soddisfare la propria dipendenza sia Internet o il telefonino o la TV è secondario …
Là dis-donc tu es vraiment énervé !
Bon je vais pas me faire l’avocat du diable, mais une réaction à chaud quand même (à mon tour d’ête enervée) : je ne crois pas qu’il y avait un quelconque mépris ni de jugement de valeur dans cette discographie bobo, il s’agit de dérision, d’humour. La liste de ce -thécaire est pensée et sensée.
A moins que tu ne sois fan de certains artistes cités, comme d’autres sont fans de Céline Dion 😉
en tant qu’usager(e) de bibliothèque (je reprends mon costume de ménagère de moins de 50 ans un peu bobo aussi 😉 j’avoue que ce type de liste me ravirait et vaut bien certaines compilations genre "les megas-tubes de l’été" avec filles dénudées en couv, que nous achetons pour répondre aux demandes ds usagers qui souhaitent "faire la fête".
Pour une fois qu’un -thécaire se lance et fait preuve d’humour…
Salut
Des critiques ?
Mais pourquoi des critiques, lorsqu’il suffit de dire pourquoi on a acheté ce livre.
(Pourquoi on l’a défendu contre l’avis de toute l’équipe… c’est là une super-critique me semble-t-il 🙂 )
Supprimer les coups de coeur ?
Peut-être, mais c’est aussi perdre une critique du bibliothécaire qui essaie de "vendre" ce qu’il aime et de faire partager sa passion. (on peut être d’accord ou non)
Se pose aussi le problème du réseau de livres (vous avez aimé tel livre, vous aimerez probablement celui-là).
Les tags peuvent déjà servir à la création de ce "réseau".
– on peut voir ce que ça donne avec une bonne base de données :
exemple : phalese.univ-paris3.fr/bd…
qui permet de chercher des oeuvres ayant des thématiques proches.
– il y a déjà des expériences de ce style avec la musique, avec ces sortes de galaxies musicales regroupée par thématiques, ce qui permet de regrouper des auteurs autour de gros pôles, et de noter ceux qui gravitent autour.
Voir loiclemeur.com/france/200… soit http://www.musicplasma.com/
On a aussi des systèmes comme suit :
http://www.gnooks.com/
qui peuvent être basés sur les choix des lecteurs eux-mêmes.
Ils ont lu tel et tel livre, donc il y a un lien entre ces documents.
(Ces informations pourraient être extirpées des SIGB, sans grosses difficultés)
En les combinant avec celles de plusieurs bibliothèques, on pourrait facilement obtenir quelque chose d’exploitable.
Evidemment, ce serait encore mieux si les lecteurs pouvaient attribuer une note aux livres.
Je n’ai pas aimé, j’ai aimé… ou plus simplement des étoiles. Mais les OPAC ne sont pas prévus pour interagir avec les lecteurs, ni pour manifester leurs goûts. Ce qui est dommage, puisque c’est là le meilleur endroit pour réagir et parler de ses lectures.
Pour les "critiques" des bibliothécaires en elles-mêmes, il me semble difficile de les faire disparaître complètement.
Mettre en livre en présentation, c’est déjà le promouvoir, lui donner plus de place qu’à celui conservé en rayon, au milieu des autres.
Parler d’un livre, en bien ou en mal, c’est donc lui faire de la pub, au détriment des autres qui n’en recevront pas, par manque de temps, ou de lecture (j’ai 8000 documents dans mon fonds, avec un renouvellement d’environ 800 à 1000 par an acquisition, plus un fonds BDP qui se renouvelle d’un millier par an là aussi… soit 2000 "nouveaux" livres par an. Difficile de tout lire… surtout avec le Net qui me mange plus de la moitié de mon temps "lecture" 😉 )
Bien cordialement
B. Majour
complètement d’accord, et cette discussion est nécessaire : elle vaut aussi pour les libraires, et certainement encore plus pour les sites de maisons d’édition qui s’imaginent que mettre en ligne la IV de couv ça suffit – c’est le virage en cours, et l’irruption des blogs de bibliothécaires c’est pas limité à notre hôte ici : mais combien de ces blogs sont hébergés par leur propre établissement ? et qui viendra nous expliquer pourquoi ?
Waoouuhh c’est la classe j’ai un commentaire dans le même billet de François Bon et de Bernard Majour! Génial ! Et en plus on est d’accord! Merci à Bernard Majour, qui rappelle très justement que les critiques ne sont pas exclusives des recommandations, soit statistiques soit professionnelles et de la mise en valeur des collections, c’est ce que j’avais essayé de montrer il y a quelques temps en parlant des « bibliothèques 2.0 » ici.
Sur les critiques plutôt que coups de coeur, ça ne m’étonne pas que ce qui porte le plus à débat soit les critiques "négatives", on aime bien la mêlée n’oubliez pas ! Je me souviens de débats houleux sur zazieweb qui ont largement dépassé l’intérêt de l’œuvre critiquée … Ca fait partie du truc j’imagine, mais bon en virtuel ce n’est pas toujours très reluisant.
J’aime l’idée de mettre en avant [dans une bibliothèque mais pas seulement] un coup de cœur repéré par le bouche à oreille ou le talent du spécialiste baroque & manga. Le genre de petite perle [littéraire mais pas seulement] qui n’a pas forcément le temps de s’imposer dans les librairies modernes pour rencontrer son public et qui trouvera sa place en bibliothèque. Ce n’est pas autre chose qu’un repérage de grands lecteurs sur des sites web qu’on met en home ou sur une table, c’est-à-dire bien en évidence. Après tout la bibliothèque est là pour suggérer, pas pour imposer. Pour la musique, le web est déjà évident pour écouter et repérer. Le manque de temps peut aussi expliquer le choix de privilégier un coup de cœur à une critique.
Sur la médiation en bibliothèque, tout le monde est d’accord sur le fait qu’apprivoiser le net en plus des étagères est un bon moyen pour partager avec le public. Et puis les bibliothécaires se sont mis au RSS [si, si !], un bon moyen de repérer des critiques d’internautes à mettre en avant. Se créer un outil collaboratif d’acquisition et de critiques pour partager les repérages d’offices, revues de presses et les avis sur le web s’impose petit à petit. On y vient, tout comme proposer des flux et podcasts pertinents en plus des documents des rayons.
Mais bon on en revient toujours au même problème : le temps à y consacrer [c’est une réflexion qu’on entend beaucoup, les notices de la BnF n’y suffisent pas !] et la formation des professionnels sur ce type d’outils. C’est fou comme la découverte des outils décomplexe pour écrire !
Bonjour !
Je lis de temps en temps vos billets … (ça ne te dérange pas si on se tutoie ?) donc, tes billets, et je suis arrivée sur celui-ci par le biais de biblio.fr, et pour une fois, je laisse trace …
Pourquoi les bibliothécaires ne font que des "coups de coeur" et pas des "coups de gueule" ? Je vais laisser de côté la partie sur les commentaires des usagers, que j’adorerais avoir, soit dit en passant …
Donc je cible sur le problème : j’aime = j’en parle vs j’aime pas = j’en parle pas …
Parce que pour moi ça se résume un peu à ça. Je considère qu’il y a suffisamment de livres ou de films qui me plaisent et que j’ai envie de faire connaître pour ne pas perdre de temps à communiquer sur des livres que je n’aime pas et que je ne conseillerais pas à un lecteur. C’est aussi simple que cela. Après, bien sûr, on peut argumenter pourquoi on a aimé, c’est un minimum, mais sans déflorer non plus le livre. Au risque de vous faire sauter au plafond : oui, on est là pour donner envie à quelqu’un d’emprunter et de lire ce livre, pas pour faire une dissertation savante avec intro, thèse/antithèse/synthèse et conclusion …
Ah oui, j’oubliais, je ne suis peut-être pas une VRAIE bibliothécaire, moi qui n’écoute pas le Masque et la Plume, ne lit ni les Inrocks ni Télérama (horreur) et adore lire les avis des lecteurs sur des blogs non spécialistes et sur des sites genre Amazon.fr (là c’est sûr, il faut m’euthanasier …)
Sinon, quand on a pas aimé un bouquin, rien ne nous empêche d’aller le démolir sur un site ou un autre, et d’échanger quelques mails assassins et vengeurs avec ses défenseurs, mais est-ce que le site d’une bibliothèque est le lieu idéal pour ça … ?
A titre personnel, je me souviens avoir commis sur feu Mauvais Genres (ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier) un critique un peu réservée sur le roman pour ados Eragon (depuis adapté au cinéma), et avoir été surprise par le nombre de commentaires que cette critique avait soulevé. Mais je pense que les gens qui ont réagi à cette critique sont des gens qui avaient lu le livre et voulaient le défendre, pas des gens que j’avais incité à le découvrir … or quand je fais une critique sur le site de ma bibliothèque c’est dans l’espoir de faire découvrir un (bon) livre aux lecteurs.
Voilà, comme d’habitude, j’ai été plus longue que prévue, mais je suis bavarde du clavier …
Sur ce, bonne continuation, et bonnes lectures !
Salut les gens,
Les revues de presse ça existe sinon…
Salut Marianne, on peut se tutoyer en effet. Merci pour ce commentaire. Entre « donner envie » et faire une dissertation sur le livre il y a mille nuances tu le sais. Mon propos comme tu le souligne n’est pas d’opposer ces deux extrémités, je crois qu’un équilibre est nécessaire. En précisant que l’on peut aussi ne pas aimer et le mettre un avis du bibliothécaire et disant pourquoi. Le fait de « faire découvrir » n’est qu’un des modes de médiation de notre métier, ce que je déplore c’est qu’il soit le seul!!! Le lieu bibliothèque n’est pas adapté pour « démolir » un livre? là encore, un peu de nuance please! Ce n’est pas démolir et si c’est juste démolir en méprisant ceux qui aime le livre ou le « courant » (cf les chansons pour bobos) ben vaut mieux s’abstenir en effet…En revanche, dire que l’on a pas aimé sans démolir, c’est possible, si si, et c’est même vital!! Et ce serait même bien de faire comme allo ciné qui fait une revue de presse sur chaque livre (pour reprendre le commentaire malicieux ci-dessus), car nous sommes loins d’être les seuls au monde…bref. le malentendu vient à mon avis de définir ce que l’on entend par « critique ». Pour moi ce n’est ni un commentaire composé, ni un assassinat, mais une forme intermédiaire…Quant à télérama ou les autres exemples donnés, ils étaient généraux, pour illustrer, pas normatif, bien évidemment (soupir)
Je rentre dans la conversation puisque j’y sers de repoussoir : je suis l’auteur de la discographie bobo. Je trouve très exagéré de parler de « mépris du public » au sujet de ce document, tout comme j’exagèrerais moi-même en postulant que « bibliobsession » est un blog de pisse-froid. En outre j’avoue que je ne saisis pas l’acrobatie rhétorique : je suis taxé de mépris sous prétexte que j’égratigne (oh ! gentiment ! affectueusement presque !) une fraction standardisée de l’offre et de la demande musicales, à l’issue d’un billet encourageant les bibliothécaires à la critique ? Ainsi, nous devrions revendiquer le droit d’exercer la critique, mais sous des modalités spéciales afin d’éviter de déraper dans le mépris du cher public ? Garde-fous à définir par quelle autorité je vous prie, chargée de partager bon grain et ivraie, « critique » et « jugement de valeur » ? Une telle réaction me fait penser à « On n’a pas le droit de dire du mal du football (ou du rugby, ces jours-ci), ce serait mépriser l’immense public qui s’en régale », ou pourquoi pas « On n’a pas le droit d’évacuer Le Pen d’un revers de bien-pensance, ce serait mépriser les 16,9% du public qui l’ont porté au second tour de l’élection présidentielle ».
Il semble que je doive m’expliquer au sujet de cette discographie. Mon but était au fond très modeste : promouvoir un concert donné dans notre salle de spectacle par un chanteur relativement peu connu, Alain Klingler. J’ai choisi pour cela un angle qui me permettrait d’exposer sa situation au sein du paysage de la chanson française : j’ai mis en valeur une de ses chansons que je trouvais très drôle et bien plus pertinente que celle de Renaud sur un sujet voisin, « Bobo song », à la fois ironique et auto-ironique. J’ai donc explicité les allusions d’Alain Klingler en construisant et distribuant une liste de chanteurs et d’albums au premier degré, comme si la chanson « bobo » était un genre avéré, codifié, académique. Bref, je ne faisais pas de la critique à proprement parler, mais je relayais, j’amplifiais, la critique d’un artiste envers ses pairs. Je ne me dédouane pas en disant cela ! Rédiger ce document révélait une ambition précise vis-à-vis de mon public, je ne le nie pas, mais cette ambition était ailleurs. Voici : si je n’ai absolument pas l’impression de mépriser mon public, si au contraire je le tiens en grande considération, c’est que je l’invite à rire (au moins sourire) d’une tendance du « goût » musical qu’il partage peut-être. En souriant, je l’invite à réfléchir non comme un miroir, mais précisément sur les miroirs que je lui tends et que d’autres lui tendent : les bobos qui chantent, les médiathèques qui l’alimentent en biens culturels, les prescripteurs (« critiques » ! ouais !) et autres blogueurs qui doivent lui ressembler au moins un peu s’ils veulent espérer le convaincre de quelque chose. Voilà tout ce qu’il y avait de subversif dans cette discographie par ailleurs bien innocente : je ne souhaitais nullement « démolir » comme vous dites (verbe en harmonie avec l’illustration du billet) ni les chanteurs bobos « ad hominem » ni le public qui y puise son miel, mais mettre en perspective ce fameux et mystérieux goût du public. Aimer ou ne pas aimer, bon, d’accord, vite dit, vite écrit… Mais POURQUOI aimez-vous Vincent Delerm ? Que pensez-vous de ces autres chanteurs ? Vous sentez-vous « cœur de cible » ? Ou alors « Coup de cœur de cible ? »
Même si je suis piqué (content, toutefois) des réactions suscitées par ma discographie, je n’oublie pas que le centre du débat est ailleurs. Que faut-il faire des coups de cœur ? Je crois pour ma part qu’ils sont fastidieux et inutiles s’ils sont superficiels et d’accord avec l’air du temps. Amélie Nothomb épinglée « coup de cœur » ? Autant appeler ça « le lieu commun du bibliothécaire ». Je crois que votre blog, ou ma discographie, n’alimentent pas cette tendance.
Une curiosité pour terminer : saviez-vous que L.F. Céline revendiquait (à tort ou à raison, je ne sais pas) l’apport à la langue française de l’expression « Coup de cœur » ? Je tente, de temps en temps, de faire lire Céline à des usagers, mais pas à n’importe qui, à ceux que je connais « de la main à la main ». Placer « Voyage au bout de la nuit » sur une table « Coup de cœur » de la médiathèque n’aurait strictement aucun sens. Mais réussir à le faire lire à un individu particulier, voilà qui constitue une grande réussite professionnelle. Sans mépris.
Bien cordialement,
Fabrice Vigne
Bon ben je crois qu’il nous faut discuter de ce malentendu là. OK bon j’ai exagéré sur l’expression « mépris » et le but de soulever des débats et n’est pas non plus de transformer les commentaires de ce blog en ring de boxe, j’y ai largement contribué, je m’en méfierai à l’avenir. Mes excuses.
Bref, je n’ai pas compris l’humour de votre disco bobo et elle m’a semblée déplacée. Ai-je joué le rôle de celui qui nouvellement inscrit à la bibliothèque, curieux de découvrir, voit stigmatisés ses goûts et se voit catégorisé bobo sachant les connotations négatives de ce mot? oui. Assurémment il ne revient plus, ses goûts de bobos n’étant pas les bienvenus. Mais peut-être aussi suis-je à coté de la plaque et que plein de bobos curieux et amusés vont venir voir le chanteur anti bobo en question? (vous nous direz hein?). L’humour et l’ironie m’a semblé trop jouer sur l’entre-soi des bibliothécaires sous couvert de la citation d’un artiste anti bobo.
Cela pose au fond comme le dit bien David la question de la « violence symbolique » qui peut s’exercer et que nous exerçons à notre insu le plus souvent. (même si je ne suis pas d’accord avec son interprétation et les profils qu’il énonce un peu rapidement). Difficile équilibre qui se pose lorsque nous devons à la fois contribuer à « faire découvrir » comme le dit Marianne, tout en assumant des goûts!
je passe vite sur le terme démolir que j’ai tenté de nuancer, sans l’avoir moi-même employé dans le billet…
J’ignorais le lien avec L.F Céline, et je vous rejoins entièrement sur votre dernier paragraphe. Des recommandations « de la main à la main », avec de la confiance, de manière personalisée…ça c’est chouette! La question qui me préoccupe (et vous aussi j’en suis sûr) et qui était à l’origine de ce billet d’humeur est toujours la suivante : Est-on capables dans les bibliothèques de reproduire ces réussites professionelles humaines au moyens d’outils numériques et de leurs effets sociaux?
Sans rancunes hein 🙂
Mais bien sûr, sans rancunes… D’autant qu’en gros, nous sommes d’accord. Simplement, je ne tenais pas à endosser dans cette polémique la pelisse du bouc émissaire, ma démarche critique stigmatisée au sein d’un vibrant panégyrique en faveur de la démarche critique…
Quant aux réactions à domicile sur ma discographie, elles ont je crois été bonnes. Klingler a fait salle comble (je ne m’en attribue pas le mérite, même si mon document de promotion du fonds bobo de la discothèque était distribué à l’entrée !), et en somme je les ai eus les sourires escomptés, au premier ou au deuxième degré : ma sélection de CD bobo est abondamment empruntée depuis quinze jours… C’est d’ailleurs là, je suis prêt à le reconnaître, que l’ambiguïté de ma discographie est discutable, et que l’ironie est périlleuse : premier ou second degré ? Certes, le risque existe après tout, quoique infime et invisible, d’un usager « bobo » qui se vexerait du second degré, et ne remette plus les pieds dans la médiathèque parce qu’il sentirait que c’est un lieu où on se moque de lui. Mais franchement, je crois bien plus concret et dommageable le risque inverse, celui au premier degré d’une médiathèque bobo, prenant au sérieux et braquant le projecteur sur les références bobos, excluant par cette « violence symbolique » (c’est comme ça que je comprends cette notion) quiconque étranger à cette culture particulière devenue prépondérante… C’est sur ce dommage collatéral-là plutôt que sur l’autre que je pourrais nourrir des scrupules…
Dis, Fab’, tu serais prié de laissé "la pelisse" en dehors de tout ça ! Tu sais ce qu’elle te dit, "la pelisse" ?
Bon, d’accord, j’arrête mes private joke tout de suite !
En tout cas, pour rebondir, sur la question du jour, oui, c’est un peu bidon de mettre des étiquettes "coup de coeur" partout. Ça n’a plus aucun sens. Ça en aurait s’il y avait le pendant pour dire aussi ce qui est nul, non ? Je dis des conneries, là ?
Bonjour,
j’ai tout lu…
je n’ai pas aimé !
C’est équilibré ?
Buznik
bonsoir
bibliothécaire insomniaque et de ce fait grande lectrice de roman je présente des livres depuis une dizaine d’années dans une revue papier puis sur le site web qui a pris sa suite. Je le fais comme lectrice et non comme bibliothécaire, mais il y a une certaine continuité puisque le but est de faire découvrir la littérature et les auteurs que j’aime, trouve importants mais qui sont souvent très absent du circuit restreint des critiques habituels. Dire que l’on a aimé, pourquoi, et donner envie de lire. Tout simplement. Cela demande un peu de temps aussi… et je n’en ai pas à perdre pour les titres qui n’ont pas su me convaincre. Et puis, très certainement, je ne me sens pas le droit de démolir un livre parce qu’il n’a pas su me plaire. .. Il est vrai cependant que le passage papier ( 800ex tous les 3 mois à Internet 10 000 visites/mois) permet de jouer un certain rôle de prescripteur et que cela fait bien plaisir quand son modeste billet est relayé sur d’autres sites ou sur le site de l’auteur sur lequel on a voulu mettre les projecteurs. Je ne me suis jamais permise de faire cela ouvertement sur mon lieu de travail, cette confusion des genres me gênerait, mais une bibliographie ou une invitation sont aussi des mises en valeur et une certaine façon de défendre la littérature sans personnaliser ou se mettre en avant, non?
merci pour ce débat assez nouveau. DEV
c’est l’histoire de toto qui va à la bibliothèque depuis tant et tant d’années. Et que trouve-t-il toto à la bibli ? Des livres, les mêmes depuis des années (mais il est bon public, il s’en contente), Des coups de coeur (c’est nouveau) des papiers pour laisser son avis sur des livres. Tout ça il s’en fout toto, il est un peu bête, il va chercher que des livres, des beaux, des pas biens, des qui le font rêver, des autres, alors, que son coeur batte comme ci ou comme ça, il s’en fout, il l’a pas besoin d’être guidé. Si lui vient envie de se glisser avec délice dans Dan Brown (pouah, disent les biblio take care), il le fait, mais s’il cherche quelqu’un pour le conseiller entre Duras ou Claude Simon, il trouve aussi personne toto. Le voilà bien malheureux. D’autant plus quand sa bibli adopte les horaires d’été : ouvert que le matin, alors qu’on sait pertinement que ceux qui la fréquentent se lèvent à 11h en vacances (scolaires dont se gargarisent les biblio take care qui veulent les amener à la lecture). Bref, toto va zoner avec ces potes et casse des canettes devant les portes fermées de la bibli.
Aux coups de coeur je préfère l’expression ya des coups de pieds au cul qui se perdent…
@ Dev je vais répondre dans votre texte tellement il est emblématique de tout ce à quoi je m’oppose…
« Je présente des livres depuis une dizaine d’années dans une revue papier puis sur le site web qui a pris sa suite. Je le fais comme lectrice et non comme bibliothécaire, mais il y a une certaine continuité puisque le but est de faire découvrir la littérature et les auteurs que j’aime, trouve importants mais qui sont souvent très absent du circuit restreint des critiques habituels. Dire que l’on a aimé, pourquoi, et donner envie de lire. Tout simplement. Cela demande un peu de temps aussi… »
Je trouve qu’on est là en pleine confusion ! Vous parlez d’« une certaine continuité » entre le faire de faire d’être lectrice et d’être bibliothécaire ! Pour moi c’est un comble ! Un bibliothécaire se doit d’être un lecteur ! Je sais bien en plus que cette position est répandue et ça en dit long sur notre métier, envisagé (au mieux) d’un point de vue d’accueil et de logistique et non pas de médiation ! « Donner envie de lire » mais quoi à qui et pourquoi ? Pourquoi êtes vous bibliothécaire ? C’est à mon avis une des questions à se poser !
« et je n’en ai pas à perdre pour les titres qui n’ont pas su me convaincre. Et puis, très certainement, je ne me sens pas le droit de démolir un livre parce qu’il n’a pas su me plaire. .. »
mais d’où vient cette idée saugrenue qui dit ça me plaît pas = démolition ! (soupir)
« Il est vrai cependant que le passage papier ( 800ex tous les 3 mois à Internet 10 000 visites/mois) permet de jouer un certain rôle de prescripteur et que cela fait bien plaisir quand son modeste billet est relayé sur d’autres sites ou sur le site de l’auteur sur lequel on a voulu mettre les projecteurs. Je ne me suis jamais permise de faire cela ouvertement sur mon lieu de travail, cette confusion des genres me gênerait, mais une bibliographie ou une invitation sont aussi des mises en valeur et une certaine façon de défendre la littérature sans personnaliser ou se mettre en avant, non? merci pour ce débat assez nouveau. DEV »
Mais justement si vous reconnaissez que vous pratiquez une médiation numérique via vos billets de manière pour vous personnelle, pourquoi ne pas faire la même chose pour votre bibliothèque ? ! Je ne comprends pas du tout la séparation étanche entre les critiques que vous vous permettez sur votre lieu de travail et celle que vous produisez pour un public ! SI votre bibliothèque encourageait la rédaction de critiques et mettait à disposition des outils de diffusion (par exemple un blog) mettriez vous vos critiques dans cet outil ? » merci à vous de prendre le temps d’exprimer vos positions!
Débouter quelques mythes poussiéreux, véhiculés tant par les publics que par les pros.
1) Il y 40 000 bouquins qui paraissent chaque année en France. Les stats nationales nous confient qu’un "gros lecteur" lit en moyenne 27 à 28 bouquins par an. Un bibliothécaire ne peut pas en lire davantage. C’est un être humain. Donc il les choisit sans les lire, que ça soit clair une fois pour toutes ! Un môme de 10 ans comprendrait.
2) Il les choisit selon des critères hautement professionnels "revues spécialisées", "émissions littéraires", contacts avec des collègues, etc..Attention au gos mensonge "pour faire pro" : la plupart du temps et pour la majeure partie de son fonds, notamment de fiction, ,il se réfère surtout aux demandes pressantes de ses lecteurs sur les best-sellers, le top des meilleures ventes e Livres-Hebdo, et la vitrine du libraire du bas de la rue devant laquelle il passe tous les soirs, voire meme le rayon "culture" du supermarché du coin.
3) Il catalogue de plus en plus vite, le bibliothécaire, en récupérant des notices toutes faites par d’autres, bien normalisées, rassurantes. Un jour on aura tous les memes, c’est le sens de l’histoire. Notices où il n’y a pas de critiques, souvent pas meme de résumé ou de présentation (à part sur Electre, une reprise simplifiée de la quatrieme de couv.). Alors se lancer dans des critiques, tu penses !
4) De temps en temps certains donnent des "coups de coeur". ça consiste en fait à mettre un coup de projo sur quelques titres "incontournables" histoire de monter qu’on reste dans le coup question actu et "proximité de lecteur", et d’y mêler habilement quelques titres "moins faciles" ou moins mediatisés, l’alibi culturo-pédago du bon bibliothécaire. Indispensable pour conserver le moral. Tu crois qu’il les a lus ses "coup de coeur" ? Tu rêves. Là encore, question de nombre, fais ton calcul, c’est physiquement impossible.
La plupart du temps, tu verras que le "coup de coeur" annoncé (va sur certains sites de BM) n’est meme pas justifié. Il est annoncé, affirmé, faites moi confiance. C’est tout.
Des critiques ? ça va l’obliger à pomper à droite à gauche les avis des uns et des autres dans la presse litteraire. Ou à paraphraser la 4° de couv.. Tout ça avec beauciup de talent, et de discrétion, bien sur.
Mais a t-il le temps de faire autre chose?
Et plus encore, de s’amuser à faire de la critique négative ? (Lisez pas ce truc, c’est un affreux nanar…?)
Bon, ceci dit, soyons honnêtes, il existe des petits sites où les coups de coeur sont argumentés, souvent par des lecteurs, dans des associations liées aux bibliothèques. Et aussi pas mal de blogs et de forums où des lecteurs donnent leur avis, brut de pomme. Pas mal de sites ados notamment. Et ça c’est plutôt bien. Que les biblothécaires leurs donnent la parole, plutôt que d’essayer de faire croire au pauvre peuple qu’ils lisent ce qu’ils achètent.
Un bouquin à lire d’urgence, meme si c’est un peu ardu, c’est " Comment parler des livres que l’on n’a pas lus" de Pierre Bayard, chez Minuit. Edifiant. Et courageux (l’auteur est prof de lettres en fac, je crois).Mais celui-là je l’ai lu.
Débouter quelques mythes poussiéreux, véhiculés tant par les publics que par les pros. Noble intention chère Mireille. Il semble que vous vous adressiez à moi, alors je vais vous vouvoyer.
1) Il y 40 000 bouquins qui paraissent chaque année en France. Les stats nationales nous confient qu’un « gros lecteur » lit en moyenne 27 à 28 bouquins par an. Un bibliothécaire ne peut pas en lire davantage. C’est un être humain. Donc il les choisit sans les lire, que ça soit clair une fois pour toutes ! Un môme de 10 ans comprendrait.
Certes, merci.
2) Il les choisit selon des critères hautement professionnels « revues spécialisées », « émissions littéraires », contacts avec des collègues, etc..Attention au gos mensonge « pour faire pro » : la plupart du temps et pour la majeure partie de son fonds, notamment de fiction, ,il se réfère surtout aux demandes pressantes de ses lecteurs sur les best-sellers, le top des meilleures ventes e Livres-Hebdo, et la vitrine du libraire du bas de la rue devant laquelle il passe tous les soirs, voire meme le rayon « culture » du supermarché du coin.
Si vraiment vous pensez ça c’est qu’il y a un vrai problème de politique documentaire dans votre Bibliothèque, Mireille. Mais qui suis-je pour vous dire cela… (soupir)
3) Il catalogue de plus en plus vite, le bibliothécaire, en récupérant des notices toutes faites par d’autres, bien normalisées, rassurantes. Un jour on aura tous les memes, c’est le sens de l’histoire. Notices où il n’y a pas de critiques, souvent pas meme de résumé ou de présentation (à part sur Electre, une reprise simplifiée de la quatrieme de couv.). Alors se lancer dans des critiques, tu penses !
Mais c’est là l’enjeu d’enrichir nos notices, je pense.
4) De temps en temps certains donnent des « coups de coeur ». ça consiste en fait à mettre un coup de projo sur quelques titres « incontournables » histoire de monter qu’on reste dans le coup question actu et « proximité de lecteur », et d’y mêler habilement quelques titres « moins faciles » ou moins mediatisés, l’alibi culturo-pédago du bon bibliothécaire. Indispensable pour conserver le moral. Tu crois qu’il les a lus ses « coup de coeur » ? Tu rêves. Là encore, question de nombre, fais ton calcul, c’est physiquement impossible.
Merci pour la définition du coup de cœur et pour votre vision hautement optimiste de notre métier, gardez le moral surtout, et la santé hein c’est important. Quand au calcul, je veux bien le faire, encore faut-il savoir ce que l’on compte, qui critique et d’où viennent les informations, les critiques justement. Si, si, Je vous assure, rien de surhumain dans le fait de pouvoir récupérer des données de promouvoir les lectures des bibliothécaires.
La plupart du temps, tu verras que le « coup de coeur » annoncé (va sur certains sites de BM) n’est meme pas justifié. Il est annoncé, affirmé, faites moi confiance. C’est tout.
Nan ! C’est pas vrai ! et moi qui croyais que….tous mes rêves s’effondrent ! Tsss ces bibliothécaires alors, ils sont incorrigibles.
Des critiques ? ça va l’obliger à pomper à droite à gauche les avis des uns et des autres dans la presse litteraire. Ou à paraphraser la 4° de couv.. Tout ça avec beaucoup de talent, et de discrétion, bien sur. Mais a t-il le temps de faire autre chose? Et plus encore, de s’amuser à faire de la critique négative ? (Lisez pas ce truc, c’est un affreux nanar…?)
En fait il y a les bons : c’est les coups de cœur, et puis les méchants, c’est les coups de gueule, en particulier contre les nanar…Les deux, un mélange, un avis complexe ? Une critique ? ça va pas non ?
Bon, ceci dit, soyons honnêtes, il existe des petits sites où les coups de coeur sont argumentés, souvent par des lecteurs, dans des associations liées aux bibliothèques. Et aussi pas mal de blogs et de forums où des lecteurs donnent leur avis, brut de pomme. Pas mal de sites ados notamment. Et ça c’est plutôt bien. Que les biblothécaires leurs donnent la parole, plutôt que d’essayer de faire croire au pauvre peuple qu’ils lisent ce qu’ils achètent. Un bouquin à lire d’urgence, meme si c’est un peu ardu, c’est » Comment parler des livres que l’on n’a pas lus » de Pierre Bayard, chez Minuit. Edifiant. Et courageux (l’auteur est prof de lettres en fac, je crois).Mais celui-là je l’ai lu.
Ah ben alors tout n’est pas perdu, on va garder le moral. Justement tous ces sites sont là pour nous aider, nous pauvres bibliothécaires qui n’avons pas le temps… ! (et qui en plus ne lisons pas les livres !) Ah oui merci pour le référence, je suis sûr que c’es tle livre de chevet de tous les bibliothécaires.
Bien cordialement hein, Mireille.
Bonjour Mireille
Déboulonnons aussi quelques chiffres exagérés.
"40 000 bouquins paraissent chaque année en France."
40 000 titres, dans tous les genres, pour une moitié de réédition.
Ce qui laisse encore énormément de livres.
La rentrée littéraire 2007, c’est 800 livres… avec 80 auteurs vraiment neufs.
(10 % peut-être. Serait à calculer le nombre d’auteurs dont c’est le premier roman
727 titres seulement http://www.republique-des-lettre...
Les autres sont des auteurs ancrés dans le paysage, ou bien qui s’installent et bénéficient de leur notoriété passé.
Peut-on les acheter les yeux fermés, ça reste à voir…
Suivant le retour du public sur leurs livres passés, on sait.
Ensuite, viennent les BD, les albums, les documentaires.
Pour les BD, il y a les séries.
Pour les documentaires, les collections.
Pour les albums, les séries et collections.
Là encore, le choix n’est pas aussi élevé qu’il y paraît. Sauf dans les petites maisons d’édition, type Editions Rue du monde.
"Les stats nationales nous confient qu’un "gros lecteur" lit en moyenne 27 à 28 bouquins par an. Un bibliothécaire ne peut pas en lire davantage. C’est un être humain."
27 à 28 romans, peut-être.
En BD, j’en lis 4 par soirée, ce qui me donne 28 par semaine.
Les albums, j’en lis beaucoup plus… et j’en parcours encore plus. Idem pour les revues… quant aux documentaires, je catalogue aussi leurs grands titres et/ou table des matières, afin de retrouver de l’information "interne". L’encyclopédie des mammifères ne m’aident pas à retrouver le chameau ou la girafe, alors que j’ai une page pour chaque.
Mais, les statistiques nationales ne comptent pas ce nombre de documents, et elles en déduisent, de manière abusive, que les gens lisent moins… mais ils empruntent de plus en plus en bibliothèque (sic !). (on peut se demander pourquoi ? pour le plaisir de porter les livres et de les ramener ??? 😉 )
Ou alors, comme le disent les statistiques, ils n’empruntent pas les seuls romans autorisés par les statistiques, donc ils lisent moins. CQFD.
27 à 28 romans…
Quand je vois mes petites mamies m’emprunter 1 roman par semaine, je me dis qu’elles ne doivent pas être humaines, suivant vos critères. Ok, je vous accorde les trois mois de vacances (52-12 = 40).
Bon, je vous taquine, mais j’ai des statistiques non nationales pour prouver que mes gros lecteurs lisent bien plus de 28 romans par an, tout en restant humain.
Pour ma part, je lis bien plus de 28 titres par mois, sans compter les albums, revues.
Mais je triche, je suis bibliothécaire.
C’est vrai, depuis que je suis sur Internet, je lis beaucoup moins… mais j’en suis quand même à 14 romans et documentaires, dont 6 romans enfants. (romans enfants que bien peu de bibliothécaires inscriront comme étant un livre lu, et pourtant). Donc 14 pour ce mois d’octobre, qui n’est pas fini.
(Snif, je le reconnais, c’est ma faute, ma très grande faute, j’ai lu 21 BD ce mois-ci 😉 )
Oui, je lis… et j’intercepte les livres qui plaisent à mes lecteurs, pour savoir pourquoi ce livre leur plaît, afin de mieux acquérir et mieux repérer les tendances de lecture de mon public.
Là où je vous rejoins, c’est dans le choix.
Ce n’est pas tant les 20 000 nouveautés, que les 8 500 livres de mon fonds de bibliothèque. Sachant que j’en renouvelle 10 % sur l’année, dans tous les domaines, il en reste tout de même 850.
Et là, oui, je ne lis pas 70 livres par mois.
D’abord, je n’aime pas tout… et il me faut bien lire et discuter sur Internet. 🙂
"Les revues spécialisées, les émissions littéraires…"
Bof.
"Contacts avec les collègues"
Bien mieux déjà. Et j’y englobe les collègues libraires.
Mais je préfère les voix du Net, et j’aimerais bien trouver aussi le nombre de prêts (titre à titre) dans les OPAC des bibliothèques. Quelle ressource pour celui qui hésite entre deux livres ! Nombre de prêts qui permettrait de calculer les "meilleures ventes" en bibliothèque. Un autre poids, une autre mesure à ce qui paraît dans le commerce.
Un poids assuré par le public lui-même.
Les voix du Net, car le Net, c’est le public… Amazon, la Fnac, les sites littéraires (où le public s’exprime en toute liberté), les forums, etc. (en attendant les bibliothèques et leurs OPAC 2.0, et en espérant une mutualisation de ces réponses)
Bref, j’ai confiance dans ce public, parce que c’est lui que je retrouve devant mes rayons. Et je suis d’accord pour répondre à son attente et à une partie de ses demandes explicites… et implicites. (la suite des séries, le tome suivant, le renouvellement de ce qui se détériore à force de sur-utilisation)
Pour le coup de coeur des bibliothécaires (pas si nombreux, ou alors ce sont des coups de coeur de plusieurs bibliothécaires), je dirais que trop de coups de coeur tuent le coup de coeur.
Et puis, pour ça, il y a les présentoirs. Une autre forme de coup de coeur.
Plus discrète, moins prescriptive.
Moins subjective aussi qu’un coup de coeur personnel. Parfois "trop" personnel.
C’est bien ce qui me gêne le plus dans ces "coups de coeur", ou lorsqu’un lecteur me demande de lui trouver un "bon livre".
Pour trouver un "bon livre", il me faut d’abord connaître, du lecteur, ses lectures passées, ses goûts et ses désirs… et me baser sur ce que d’autres lecteurs ayant les mêmes goûts ont choisi, en me disant s’ils avaient aimé ou non.
Oui, grâce à mes lecteurs, je "lis" encore beaucoup de livres sans les lire. Parce qu’effectivement, il y en a trop… et je ne pourrais jamais tout lire.
Lire c’est aussi échanger, échanger entre amis, entre lecteurs… Soulever un titre plutôt qu’un autre :
"Un bouquin à lire d’urgence, meme si c’est un peu ardu, c’est " Comment parler des livres que l’on n’a pas lus" de Pierre Bayard, chez Minuit. Edifiant. Et courageux (l’auteur est prof de lettres en fac, je crois).Mais celui-là je l’ai lu."
Voilà ce que j’appelle une critique constructive, qui donne envie.
(Vous avez raison, Pierre Bayard : Professeur de littérature à l’université de Paris VIII, écrivain et psychanalyste français)
Est-ce que je le proposerai à mes lecteurs ?
Amazon ne lui décerne que 2 fois trois étoiles.
Sur la Fnac, il est plus disputé, avec ceux qui se moquent ouvertement du titre, et ceux qui ne l’aiment pas. (note moyenne 8/10)
C’est moyen sur d’autres sites, avec du bon et du mauvais.
Bref, c’est encore un livre à lire avant de décider si je le mets en rayon ou pas.
Mais j’essaierai de le lire, avant de l’acheter.
Bien cordialement
Bernard Majour
En voilà un bon débat ! Bravo de l’avoir lancé.
En mon for intérieur (car je ne l’avais jamais écrit) j’ai longtemps condamné les « coups de cœur » mais pour une raison très différente de Bibliobsession. Pour moi, un bibliothécaire professionnel a toujours été quelqu’un qui met aussi à la disposition du public des livres (disques, etc.) qu’il n’aime pas personnellement, et même qu’il condamne. J’ai toujours été sidéré d’entendre les critiques du Masque et la plume, par exemple, asséner leur « J’aime » ou « J’aime pas » sans scrupule aucun, tandis que le commencement du professionnalisme de bibliothécaire me semble justement de sortir du « J’aime » ou « J’aime pas » pour développer une offre qui ne doit jamais être la seule résultante des goûts et opinions qui se trouvent être celle d’une équipe d’acquéreurs à un moment donné. Ceci s’analyse individuellement (qui suis-je pour imposer mes propres préférences ?) mais aussi sociologiquement (si les acquisitions des bibliothèques correspondent à l’échelle de valeurs d’un groupe socioculturellement déterminé, alors c’est au service exclusif de ce groupe qu’il met la bibliothèque – je renvoie là à des débats bien connus que réactive ce billet de Bruits et chuchottements : bruitetchuchotements.blog… ). J’ai par ailleurs toujours été frappé, comme Mireille, par le fait qu’il est physiquement impossible de lire tous les livres : le bibliothécaire est fondamentalement celui qui prête les livres qu’il n’a pas lu, c’est pourquoi celui de Pierre Bayard m’avait, comme elle, frappé (l’impossibilité est un peu moindre pour la musique et pour le livre pour enfants, et pour les BD comme dit Bernard Majour). J’exprimerais moins brutalement (moins négativement ?) que Mireille le fait que nous n’acquérons empêtrés dans un faisceau de systèmes de légitimités où la part de lecture personnelle est inévitablement infime.
Puis j’ai compris que l’intersubjectivité avait du bon. Que chacun de nous, public et bibliothécaire, fonctionne individuellement sur le « J’aime » ou « J’aime pas » et que « ça parle » entre subjectivités. Dans Pour une bibliothèque polyvalente, j’avais proposé d’assumer le double rôle de la bibliothèque : réponse à des demandes légitimes et prescriptions assumées, puisque la bibliothèque est l’endroit où l’on entend trouver ce qu’on cherchait et où on peut trouver ce qu’on ne cherchait pas. Va donc pour les coups de cœur, les animations, les tables, etc. Et je veux bien considérer avec Bibliobsession que la critique surpasse le coup de cœur et – c’est un de ses arguments – stimule l’expression des usagers.
Mais attention ! Attention à ne pas asséner les critiques négatives comme arme de la violence symbolique de la culture légitime. Critiquons des titres, d’accord, surtout pas des genres, et laissons comprendre que quiconque aime tel titre critiqué par « la bibliothèque » n’en est pas pour autant stigmatisé. Pour cela, subjectivons nos critiques : intersubjectivité, disais-je.
Au final, puisque nous sommes à, l’ère du Web 2.0, n’avons-nous pas à stimuler l’expression des goûts et des avis les plus divers ? La bibliothèque peut être le lieu de rencontres qui jamais sans selles ne se seraient faites. Mais que ce ne soit pas au prix de l’imposition d’un modèle culturel.
Un truc qui n’a rien à avoir avec le débat mais que j’ai deja remarqué ailleurs, sur Biblio.fr par exemple. Et ça m’énerve. Plus d’une intervention par jour depuis le 9 octobre. Du bon débat qui déménage. Et depuis le 30 plus rien. Mon interpretation : quand les "grandes plumes" ont causé, on a l’impression que tout est dit. Je me sens vide . On n’a plus qu’à se référer à la synthèse des duettistes Majour-Lahary. Toujours bien foutue dailleurs, il faut reconnaître. Mais j’ai l’impression que ça casse la dynamique. ça vous fait pas un peu ça, vous ?
Bonjour Loïc
Je tombe par hasard sur votre remarque plus de tois ans après !
Eh bien je vais vous avouer quelque chose : il m’arrive d’avoir cette impression de casser la dynamique d’un débat. Et ça me fait particulièrement ch…
@ Loïc: Ben ça leur fera plaisir d’apprendre qu’ils sont des « grandes plumes » à dominique et bernard…:-) nan sérieusement, je crois que le débat reste ouvert sur ce blog (en tout cas il l’est techniquement tant que les commentaires restent ouverts (et c’est le cas sauf exception.)). Ceci dit c’est vrai que les commentaires dans les blogs sont souvent des réactions à chaud, et ça ne se limite pas à biblio-fr et aux blogs de bibliothèques. Quant à « casser la dynamique », mouais personellement je crois pas…mais je comprends que ça puissse en donner l’impression.
Il est clair qu’il faut dépasser le j’aime où j’aime pas.
La question cruciale pour le bibliothécaire est surtout aujourd’hui de ne pas se faire dépasser parce ce que Dominique Lahary a nommé la bibliothéconimisation de la société.
Et cela passe par une plus grande implication dans tous les domaines professionnel, technique et culturel. Il n’y a pas de légitimité acquise ad vitam eternam !
« En fait la plupart du temps, « la lecture » veut juste dire : « la littérature-qui-représente-10%-de-nos-fonds » (et j’exagère à peine, à la louche 20% avec la littérature jeunesse) »
– Littérature = 10% du fonds???
J’interviens parce que je me demande dans quelle bibliothèque publique vous travaillez! Chez nous (BM), littérature & fiction ont longtemps représenté, depuis les folles années 1980 où l’on n’avait pas à compter ce qu’il nous restait dans nos « enveloppes » pour faire plaisir au lecteur, 50% de nos acquisitions.
L’autre moitié allait aux documentaires : essais, références, actualité -qui trouvaient aussi un large public .
Le net ayant modifié les comportements de nos emprunteurs, ces derniersrisquant de devenir denrée rare (voir statistiques inscrits & prêts qui génère une poldoc à ré-envisager du point de vue de l’offre et de la demande) l’enveloppe destinée à l’acquisition des documentaires (et au rachat lors de nos désherbages!!) s’est considérablement amaigrie sous prétexte que nos stats indiquent un pourcentage de prêts pour la fiction-littérature de 70%!!
Dans un air du temps où le lecteur n’éprouverait donc plus le besoin d’emprunter de documentaires (chiffres à l’appui), je m’inquiète de la politique de certains bibliothécaires encadrant qui voudraient réduite encore davantage l’offre documentaire à un lectorat qui verserait soi-disant vers le roman contemporain ou classique, et qui réduiraient encore l’achat de documentaires sous prétexte que ça ne « chiffre pas » -comme si nos habitudes ou addictions sur internet pouvaient remplacer la lecture de Tristes Tropiques ou des essais de Singly.
Pardon si je suis hors sujet mais vos 10% pour la fiction m’ont interpelée.
P-S : je suis passée il y a 5 ans à Fresnes, et j’ai trouvé d’une pauvreté désolante le panneau « nouveautés fiction » -j’apprécie le choix de la qualité quant au contenu, mais je n’accepterais pas qu’un lecteur doivent attendre 5 ans pour pouvoir emprunter le dernier Modiano! « Elever le niveau » est en soi une bonne chose, mais avons-nous le droit pour autant de priver la population d’une réponse à ses demandes?
Il m’arrive de coller une signalétique coups de cœur sur un document qui n’a pas fait la une et je ne l’ai jamais regretté. L’attention du lecteur est attirée vers une œuvre qu’il n’aurait pas découvert par ailleurs.
Je réalise nos catalogues nouveautés sans résumé, sans affichette, et j’en ai plus que ma claque de mettre ainsi nos acquisitions en avant pour presque personne -le lecteur attend en effet autre chose. >Problème invoqués : nous manquons de temps pour réaliser de vraies sélections parmi les acquisitions. Le droit ne nous autorise pas à reproduire les jaquettes de livres ou de DVD. -Peut-être qu’Absysnet nous permettra d’illustrer puisque nous pourrons intégrer au catalogue général la photo qu’offre déjà Electre.
Abolir les COUPS DE COEURS et mettre des CRITIQUES dans les bibliothèques! –
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Bonjour, je viens de découvrir votre blog et oh merveille, enfin des articles dynamiques permettant de penser différemment en bibliothèque. Merci