Vous connaissez surement Del.icio.us, ce site imprononçable qui gère les marques pages avec des fonctions sociales. Si ce n’est pas le cas (en fait les liens hypertexte c’est comme "les livres dont vous êtes le héros") alors allez page 124 ici (très bon tutoriel d’inititation en pdf)
Vous connaissez tous la Sorbonne, cette grande Dame dont l’académisme n’a de pareil que l’architecture labyrinthique…
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Hé ben j’aurai jamais cru pouvoir associer les deux! Pourtant, le SCD de la Sorbonne est l’unique exemple français (à ma connaissance) de BU qui gère ses signets avec Del.icio.us!
Intrigué, j’ai mené ma petite enquête par mail. Voici les réponses données par Dominique Filippi, inventeur et responsable de ce projet. Je vous livre l’intégrale, en le remerciant beaucoup pour la qualité et la sincérité de ses réponses! (j’ai mis en bleu les passages qui me semblent importants) 🙂
Ne manquez pas la conclusion, véritable phare dans la quête du Saint-Graal de la mutualisation des ressources entre BU!
Depuis quand la sorbonne a-t-elle un compte Delicious?
Mai 2006.
Est-ce un projet partagé dans l’établissement?Non, pas pour le moment. Je fais ça à mes moments perdus (perdus parce que je fais ça ?). J’ai toujours plus ou moins fait ça, depuis dix ans, publiquement déjà à Paris 8 pour le service de référence quand j’y étais, mais avec des pages statiques. Nous attendions d’atteindre une taille critique afin de tester la robustesse de l’étiquetage et des agrégats. Je commence des formations demain, afin de mobiliser quelques collègues dans cette affaire, mais je pense garder une étape de validation, au moins dans un premier temps. Le principe est de ne retenir que des ressources proposant un réel contenu documentaire, donc dans la mesure du possible éviter les très nombreux sites vitrines (de sociétés savantes, de revues, etc.) + orientation liée à la politique documentaire de l’établissement : études européennes, histoire des arts et musicologie, humanités "traditionnelles" + collection d’outils pour l’étude et la recherche.
Qui a produit la liste conséquente des tags, et qui sont les personnes qui taguent les ressources?
Moi. Un des objectifs importants, au début, c’était d’évaluer la faisabilité d’un tel service à la fois pour les bibliothécaires en service de "référence" et pour le public et de stabiliser la liste des tags.
Avec quel outil enregistrez vous vos bookmark? (directement sur le site? avec une extention firefox particulière? L’appropration de cet outil a-t-elle été facile?)
L’extension Firefox standard, l’ancienne, celle qui ne cherche pas spécialement à fusionner les signets en ligne et les signets locaux, inadaptée pour le service que nous proposons
Quelle est selon vous la valeur ajoutée par rapport à une liste de signets?
Sans trop de commentaire et en essayant de présenter la liste par ordre de priorité :
– l’appropriabilité (?) du travail de sélection par les étudiants
a/ par récupération, dans leur propre compte delicious ou autre des ressources recommandées, avec leur propre tagging, idéalement enraciné dans le contexte de leur pratique de documentation et de recherche (avec recherche d’effet de réseau : la bibliothèque choisit delicious donc tous nos usagers vont ouvrir des comptes delicious, enfin en principe)b/ par abonnement aux fils RSS (sur chaque tag, sur le compte, etc.). On hésite d’ailleurs un peu ici sur la réelle fonctionnalité de l’outil :
en l’absence de possibilité de tris pertinents (ça devrait venir), delicious apparaît parfois plus comme un outil d’information genre dsi pour les ressources en ligne que comme un outil de recherche de ressources (ça devrait aussi changer avec l’amélioration envisagée des fonctionnalités de recherche).– la souplesse d’approche que permet l’étiquetage avec facettes par rapport à une catégorisation classique ou au recours à une caractérisation par sujet (indexation matière) (la hiérarchie des rubriques des listes de signets classiques, pour différentes raisons, est le plus souvent fondée sur un seul critère, en général celui du sujet/thème) : a contrario, nos étiquettes permettraient des approches variées : par thème, par périodes, par langues. Pour l’instant on reste quand même surtout dans des étiquettes liées au contenu, mais il y a par exemple vade-mecum (!) pour les outils auxquels nous recourons sans cesse au bureau d’information, et les tags pour les collections. Il devrait y avoir sous peu des tags de recommandation qualitatifs (du type top100), mais on peut aussi imaginer des tags de destination (niveau, type de travail universitaire, voire diplômes, etc.)
– le fait que tout soit ouvert au départ (et la liste des ressources et la liste des étiquettes et des facettes) et qu’on procède par application de filtres successifs : c’est s’appuyer intégralement sur le processus cognitif de reconnaissance de pertinence, notoirement considérablement plus efficace que la création de requêtes dans les bases de données traditionnelles ou l’exploration par essais et erreurs de rubriques fermées. Plus que le tagging ou le partage, je crois que c’est ce renoncement complet à la notion de dossier et de hiérarchie de dossier qui est à l’origine du succès du service (je me souviens avoir lu des remarques dans ce sens du créateur d’un autre service de bookmarking social qui était resté prisonnier de la démarche traditionnelle des dossiers imbriqués fermés à la Yahoo). C’est cette démarche qui est particulièrement difficile à faire passer auprès des collègues (plutôt que de filtrer "accès_paris4+musicologie" pour retrouver le lien pointant vers le RILM, une d’entre elles a préféré faire une requête sur rilm dans le moteur de recherche, beaucoup plus long et beaucoup moins pertinent parce que le RILM n’était pas identifié par notre url; à sa décharge, elle n’était pas connectée au compte)
– les API (domaine que nous n’avons pas encore commencé à explorer, cela dit) : la diffusion de la liste sur les interfaces du SCD mais aussi sur tout type d’outils gérés par nous ou par d’autres (divers mashups, etc.).
Ce qui nous gêne vraiment :
– l’anglais
– l’absence de tri
– l’impossibilité de masquer des étiquettes qui seraient à usage interne
– l’édition par lots de signets (choisir un lot de ressources et leur
ajouter des tags)
– quelques anomalies ponctuelles à la recherche, corrigées rapidement
par le support du site (la base étant volumineuse et les tags nombreux,
il y a parfois des problèmes de rafraîchissement des index)
– un outil intégré dans le site qui signalerait aux responsables des
comptes leurs liens morts….Quel est le retour de vos publics? des enseignants, des étudiants?
Perplexité.
Connaissez vous d’autres établissement ayant aussi un compte delicious?
Quelques-uns anglo-saxons, un blog actualise un billet à ce sujet. Pour tout dire, un peu pour conclure, je pense que ce pourrait être l’outil idéal pour atteindre le Graal d’une fédération des listes des signets gérées par les BU françaises (CERIMES etc.) : chaque bibliothèque a un compte et elles se cooptent mutuellement dans leurs réseaux delicious respectifs en fonction des thématiques poursuivies.
En attendant, vous pouvez aussi consulter ce récent mémoire de conservateur écrit par David Benoist: Mettre en place un service collaboratif de référence vitruelle à l’université