Cinq raisons pour lesquelles il faut toujours mettre en oeuvre des politiques documentaires!
(Edit: je re-publie cet article car suite à un pb technique, l’url était fausse et envoyait une erreur 404. Voilà qui est réparé! J’attends donc vos réactions! merci à G pour le signalement!)
J’ignore pourquoi mais la blogosphère américaine adore les listes. Si vous allez y faire un tour, vous verrez que c’est bourré de 5 raisons pour ci, les 10 raisons pour faire ou ne pas faire ça…cette mode étrange à pourtant le mérite d’être très claire et pragmatique (surement la raison de son succès). Bon alors j’avais une idée en tête depuis quelques temps, et je ne savais pas trop comment la présenter efficacement.
L’idée était de montrer que les services aux publics, la co-création de contenus, la participation, ou la médiation numérique ne sont pas des idées en dehors d’un processus de politique documentaire…bien au contraire, malgré le constat de Nicomo sur le passage difficile de la théorie à la pratique en termes de poldoc. (mais pour être occasionnellement formateur en politique documentaire, je pense que les démarches de politique documentaires sont bien plus répandues qu’il ne l’affirme…dans toutes leurs complexités)
On conçoit souvent une politique documentaire comme une simple meilleure gestion des acquisition, voire du circuit du livre…en réalité c’est un processus bien plus global qui touche au management de l’ensemble de l’organisation qu’est la bibliothèque…
Une poldoc bien comprise est en fait fondamentale pour mettre en oeuvre toutes ces démarches de « médiation numérique », entendues comme la manière de faire se rencontrer une offre et une demande documentaire au moyens d’outils numériques.
Voilà donc 5 raisons pour lesquelles…il est toujours nécessaire me mettre en oeuvre des politiques documentaires à l’ère de la médiation numérique!
1. La mise en oeuvre d’une poldoc se traduit le plus souvent par une organisation interne en département ou en pôles thématiques : c’est une base très précieuse non pas seulement pour gérer des collections, mais pour les mettre en valeur.
2. La mise en oeuvre d’une poldoc nécessite une réflexion globale sur les objectifs d’acquisition par domaine, elle implique plus l’acquéreur dans tous les aspects de la gestion d’un fond et favorise donc son implication dans les contenus qu’il gère.
3. La mise en oeuvre d’une poldoc se traduit par la formalisation des objectifs en interne et pour la tutelle, il est donc plus aisé de contractualiser avec les agents non seulement des objectifs de gestion mais des objectifs d’éditorialisation des contenus qu’ils gèrent.
4. La mise en oeuvre d’une poldoc se traduit par une réflexion sur les tâches et le temps qui leur est consacré (sur l’évaluation en fait). Elle s’accompagne d’une volonté d’éradication des tâches non intellectuelles de gestion pure : par exemple le catalogage. Les acquéreurs ont ainsi plus de temps disponible pour des tâches intellectuelles de mise en valeur des fonds ou d’animation d’une communauté thématique.
5. La mise en oeuvre d’une poldoc implique un positionnement de l’acquéreur en tant que très bon connaisseur des sources d’information dans son domaine. Elle se révèle donc très bien adaptée à une valorisation des outils d’acquisition et de veille à la fois en interne et vers les publics.
(voilà qui ferait un bien beau sujet de mémoire pour un étudiant…la poldoc à l’ère de la médiation numérique…quelqu’un l’a déjà traité?)
Je rebondis sur la « 5ème raison » en ajoutant que la spécialisation par domaines de contenu peut également servir une politique de médiation plus active entre le bibliothécaire et l’usager (« …vers les publics »). Proposer par exemple, sur le portail de la médiathèque, une liste des contacts (e mails) acquéreurs (accompagnée de leurs chartes documentaires respectives) me semble être une bonne manière d’exploiter les connaissances spécialisées des bibliothécaires et ce, en développant une interaction (à distance) avec l’usager plus complice, portant sur des centres d’intérêt partagés. Un service de « recommandation » (« vous avez aimé, vous aimerez aussi »), préconisé il y a peu de temps par Bibliobsession, participe de la même dynamique.
Je voudrais ajouter une « 6ème raison, pour laquelle… » :
Développer une poldoc par domaines de contenu (on s’entend, il ne s’agit pas seulement de fractionner la collection mais de mettre en place un dispositif global, mobilisant l’organisation dans son ensemble et s’appuyant sur des principes contractuels énoncés, des outils communs, des compétences requises, une méthodologie partagée…) cela pose les conditions d’un réel transfert de savoirs et de compétences professionnels entre les bibliothécaires d’un même établissement, d’une même structure. Comment ne pas en effet exploiter ce que nous offre de mieux notre métier, soit la possibilité, tout au long de notre parcours professionnel, de nous ouvrir à de nouvelles catégories de savoirs, à de nouvelles disciplines de la connaissance en assurant, tour à tour, la responsabilité d’un domaine d’acquisition, et en jouant le jeu d’une transmission raisonnée (formalisée) à ses pairs?
En d’autre termes, la poldoc, voilà un bel engagement en faveur du peer to peer !