Contre le projet d’extension de la durée des droits d’auteurs à 95 ans!

Grâce à la veille très efficace de Nicolas Blondeau de Dole, l’info est déjà passée sur la liste discothécaire mais j’ai envie de relayer ici l’article essentiel de Florent Latrive, auteur de l’excellentissime livre « du bon usage de la piraterie«  (quoi il n’est pas encore dans votre bibliothèque? Sacrebleu, achetez le vite! »)

Le sujet de l’article? hé bien le voilà : (intéressants les commentaires aussi)

La Commission européenne, par la voix du libéral-rigide Charlie McGreevy, veut allonger la durée des droits des artistes-interprètes à 95 ans contre 50 ans aujourd’hui.

Bref, à lire, à méditer, et si le coeur vous en dit, à militer.

Le domaine public est en soi un territoire commun de la culture à défendre. Avec romantisme, comme Victor Hugo, qui rappelait, en parlant du livre, que les oeuvres appartenaient autant à l’humanité qu’à leurs auteurs: “Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient—le mot n’est pas trop vaste—au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous.”

Mais il est aussi possible de défendre le domaine public avec pragmatisme, en pointant le travail d’éditeurs spécialisés dans la mise en valeur d’oeuvres oubliées et non rentables depuis longtemps, comme Frémeaux et associés. Ou le le travail passionnant d’archivage permis par le numérique, avec Archive.org ou le récent projet de mise à disposition de films de l’enfance du ciné par le boss de Lobster, l’European Film Treasures. Allonger la durée des droits, c’est rendre plus difficile, voire impossible, ces projets. Allonger la durée des droits, c’est nier la valeur politique du domaine public, seul espace réellement commun d’une culture libérée des pures contraintes marchandes.

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