Les « usagers numériques » ont aussi droit à une carte de bibliothèque!

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Contra Costa County Library est un réseau de 26 Bibliothèques aux USA, en Californie. Il a développé un projet original et qui me semble très intéressant. Il s’agit d’une e-carte de bibliothèque. (via Libsuccess)

En effet, on considère souvent les « usagers numériques » comme inexistants. La conception même de certaines solutions informatiques pour bibliothèques fonde toute l’approche d’identification sur les cartes de lecteurs, les non-abonnés sont très mal gérés, qui plus est les « usagers numériques »

Nous sommes ici dans une contradiction (apparente) entre la bibliothèque territoriale et la bibliothèque déterritorialisée..

Apparente, car on l’a déjà dit, ici, il est temps de considérer que les gens qui non seulement ne sont pas inscrits à la bibliothèque mais qui en plus ne le seront peut-être jamais et qui plus est n’y mettront jamais les pieds sont susceptibles d’utiliser quand même nos services! (surtout si nos sites sont de plus en plus « éditorialisés » et proposent des contenus en ligne…).

En France, le réseau de bibliothèque qui a compris ça, c’est le réseaux des bibliothèques municipales de la ville de Lyon, avec notamment le Guichet du Savoir ouvert à tous les internautes.

La e-carte de bibliothèque permet donc un accès sécurisé aux services de la bibliothèque : principalement aux bases de données payantes et au téléchargement de livres lus ou de contenus audios. Il s’agit en fait d’un certificat de sécurité géré de manière informatique qui est valable 3 ans sur inscription. Évidemment, l’idée est de faire en sorte qu’une partie des « e-usagers » deviennent des « full-access usagers » et puissent à terme obtenir une carte de prêt des documents physiques de la bibliothèque, ou pas.

Finalement on peut se dire que le traditionnel service de prêt et l’accès au lieu reste central et devient même valorisé par ce genre de pratique. En effet, il y a coexistence de 2 services un « service numérique de base » et un « service premium » intégrant le prêt ! (les deux peuvent même être gratuits hein…).

La bibliothèque comme lieu loin d’être dévalorisée est au contraire rendue plus attractive…et les chiffres le montrent. Selon cet article de Computer in libraries, après quelques mois (lancement en juillet 2006, les chiffres datent a priori de mai 2007) 3 500 personnes se sont inscrites pour avoir une e-carte et 25% a finalement opté pour une « full-access card »




Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

3 réponses

  1. Hum, l’idée est intéressante. Pouvoir avoir accès d’une manière distante aux portails de revues électroniques auxquels la bibliothèque dont je suis abonné est abonnée… Vieux rêve, rendu parfois impossible par les choix techniques réalisés (autorisation par IP plutôt que par identifiant personnalisable) ;-).

    Reste tout de même aux bibliothèques à développer une offre numérique en tant que telle, ce qui est parfois encore loin d’être le cas. Reste à savoir si cette carte pourrait avoir un sens au-delà de son territoire géographique : est-ce que le guichet du savoir aurait ‘avantage’ a distribuer cette « carte » au-delà de Lyon ? Est-ce que le nombre de visiteurs et d’inscrits n’en tient pas office ? Comment coupler des e-services parfois pensés independamment les uns des autres ?

  2. Lionel Dujol dit :

    Je suis convaincu que l’avenir des bibliothèques passera par ces offres numériques et la prise en compte des territoires numériques des bibliothèques.
    Il ne s’agit plus seulement de se demander ce que le web peut amener aux bibliothèques mais bien ce que les bibliothèques peuvent amener au web.
    Les e-services doivent être pensé comme des annexes à part entière au réseau de bibliothèques, annexes avec ses propres moyens et qui s’intègrent dans l’organisation interne de l’équipement. Gardons en tête le guichet du savoir de la BM de Lyon.
    Les e-services de bib ne doivent pas être simplement pensé comme des points d’accès en ligne à des ressources présentes dans la bib physique. Mais ils doivent amener une réelle plus value par la valorisation des compétences et des expertises présentes dans la bibliothèque.
    La bib doit se réinventer sur le web car celle ci est concurrencée par le web. Nos services en ligne sont en inadéquation avec les pratiques et de nos usagers internautes et a fortiori avec ceux de demain matin, l’autonomisation de ces usagers dans leurs recherches d’information fait qu’ils préfèrent google à nos opacs, l’emergence enfin du web 2.0 suscite la customisation et la personnalisation à l’accès à l’info. Bref tout ce que la majorité des bibliothèques ne proposent pas en ligne.

    Pour le reste 150 % d’accord avec tout ce qu’écrit Silvère …..

  1. 18 mars 2008

    […] Les “usagers numériques” ont aussi droit à une carte de bibliothèque Article paru dans le blog Bibliobsession2.0 […]