Bibliothèques : passer de l’ère logistique à l’ère de la médiation

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(Comme je n’assisterai pas à la journée sur la médiation du 20 mars 2008 à la Roche-sur-Yon, voici un billet sur le sujet, ce sera ma modeste contribution au débat…)

« Le bibliothécaire est-il un médiateur ? » C’est la très bonne question que pose Olivier Chourrot de la BPI dans le BBF Déjà commenté par Francis sur le biblioblog Un petit cabanon. Je ne peux que vous recommander la lecture de cet article intéressant et les commentaires sur le blog pré-cité…

Au final, Olivier Chourrot retient la médiation « moteur du désir » qui implique une relation différenciée aux publics. La médiation est alors une forme d’accompagnement, favorisée par exemple par l’aménagement intérieur de la bibliothèque:

À Birmingham, au Royaume-Uni, certains bibliothécaires ont été formés à l’accompagnement approfondi des usagers, dans le cadre de la requalification de la bibliothèque en « learning centre ». À Rotterdam, les bureaux d’information « face to face » ont été supprimés au profit de la généralisation d’un service public volant, « side to side », mettant l’accent sur l’accompagnement personnalisé. Dans les Idea Stores londoniens, l’offre documentaire s’enrichit d’un vaste programme de formation présentielle et d’autoformation, faisant de la bibliothèque un centre de vie ouvert sur tous les besoins de la vie quotidienne.

Si l’article est éclairant dans la typologie qu’il dresse des différentes formes de médiations, il ne parvient pas véritablement à éliminer le flou qui entoure la notion et à trancher la question de départ, refusant à la fois de « fonctionnariser » (entendre « institutionnaliser ») la médiation comme d’en rester à sa conception romantique…

Il me semble pourtant que la médiation est bien la recherche de dispositifs permettant de faire se rencontrer l’offre et la demande documentaire. A cet égard, je crois qu’elle fait partie intégrante de notre métier (tout comme l’action culturelle, dont elle est partie prenante). L’émergence d’Internet a d’abord fait croire que tous allions nous passer des médiateurs, puis ceux-ci sont revenus de manière très forte sous la forme de services numériques de recommandation plus ou moins automatisés. C’est l’ère du « si vous avez aimé cela, je vous conseille aussi ceci », l’ère en quelque sorte de la dissémination des leaders d’opinion. Aujourd’hui, ce qui est valorisé, c’est le conseil, la proximité, la personnalisation et la recommandation, bien au delà des bibliothécaires.

La bonne nouvelle, c’est que dans ces mutations, nous, bibliothécaires et assimilés, sommes loin de « perdre » les valeurs essentielles de notre culture professionnelle, c’est à dire la conscience d’avoir un rôle à la fois en terme d’information de formation et de culture, soit d’un point de vue culturel en terme de « passeurs », soit d’un point de vue plutôt informationnel en terme « d’assistant à la recherche de l’information ». D’ailleurs une des valeurs essentielles liée à l’économie de l’abondance repérée par Chris Anderson lui-même devient :

La trouvabilité. C’est-à-dire la capacité à rendre visible une copie, une oeuvre… Dans un océan de données, nous paierons pour les outils où les personnes qui vont rendre visible ou trouvable ce que l’on cherche. Les éditeurs, critiques, labels ont encore un rôle à jouer.

Notre rôle se recompose donc au sein d’un écosystème dont nous ne serons jamais le centre. Force est de constater que les bibliothécaires ne sont pas au centre du jeu, il ne l’ont jamais été, il ne le seront sans doute jamais. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas un rôle à jouer, bien au contraire. Dans l’économie de la longue traîne, les médiateurs que nous sommes participent de la valorisation de niches culturelles, au même titre que n’importe quel amateur éclairé. (si,si)

La question est : quel est alors l’avantage (non exclusif) du bibliothécaire dans l’ère du Web 2.0? A mon avis il repose presque entier dans une ressource de plus en plus rare : le temps d’attention que le bibliothécaire peut consacrer à un domaine spécifique et la manière dont il peut le restituer à ceux qui en ont besoin.

D’où l’importance de comprendre qu’il nous faut passer de l’ère logistique, (je prête, je catalogue, etc.) à l’ère de l’édition de contenu et de la médiation (je crée des contenus, des évènements, des supports de médiation, je veille pour moi et pour d’autres, je participe ou anime des communautés thématique et/ou locales, je réponds à des questions, etc.) Attention, je ne dis pas que les bibliothèques ne font pas de médiation aujourd’hui, je dis que ce n’est pas leur activité principale…

En effet, à l’heure où l’information circule très vite, où l’actualité est prédominante, notre métier se distingue par une confrontation avec une offre thématique de manière constante et obligatoire (en tant qu’acquéreur, il nous faut veiller sur les parutions éditoriales et l’actualité de notre domaine). On perçoit ici toute la fécondité de l’approche par départements thématiques, promue dans les bibliothèques depuis les années 90 sur le mode « mettons en oeuvre des politiques documentaires ». (Merci Thierry Giappiconi et Bertrand Calenge!). Car les bibliothèques qui ont suivi ce mouvement sont celles qui ont des organisations et les compétences les plus efficaces pour transformer peu à peu les « pôles de gestion des collections dans un domaine documentaire » vers des « pôles de gestion, de production et de médiation de contenus dans un domaine documentaire ». C’est le chemin que suivent peu à peu deux des collectivités les plus avancées aujourd’hui dans le secteur de la lecture publique : le SAN Ouest provence et le réseau des bibliothèques municipales lyonnaises.

Ainsi, il nous revient de faire de la médiation une activité concrète, une tâche parmi d’autres de notre travail quotidien. Il ne s’agit pas ce faisant de la « fonctionnariser », mais de se donner les moyens de valoriser et d’approfondir la facette la plus intéressante de notre métier. Car loin d’être des prescripteurs de documents-médicaments-pour-usagers-en-détresse, il s’agit toujours de faire des choix de documents et/ou de contenus culturels, mais aussi de les exprimer, les assumer. Ce faisant, les bibliothèques entreront par le contenu dans un jeu culturel plus global. Mais ce n’est qu’à condition de se montrer productrices d’information, qu’elle pourront susciter des interactions. Encore une fois : rien ne change, mais tout change…

Car il faut sans doute aussi considérer que la médiation n’est plus forcément une activité d’humain à humain de manière directe. Cette activité qui vise à guider, à donner envie, ou à faire découvrir ou tout simplement à trouver une information passe par de nombreux dispositifs. La médiation « moteur du désir » peut ainsi passer par un algorithme bien pensé (une des questions est alors de rendre le plus efficace possible les moteurs de recommandation), par le conseil d’un ami, par un site internet, un blog, par la participation à une communauté littéraire, ou encore par un conseil à la banque de prêt…toujours dans un rapport de proximité avec des usagers. Qu’elle soit numérique ou pas, la médiation repose sur une valeur essentielle : la confiance. (aujourd’hui, on peut aussi avoir confiance dans des services numériques de recommandation.)

Nous avons finalement un « double devoir » : celui de prendre le temps de veiller sur des ressources d’un domaine thématique (nous devons le trouver..) et celui de créer des dispositifs de médiation, à partir de contenus. En y réfléchissant, ces deux fonctions rapprochent singulièrement notre métier de celui de journaliste…si la bibliothèque reste bibliothèque, au fond, elle s’éditorialise.



Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

37 réponses

  1. Bakelith dit :

    J’aime bien cette notion de « moteur du désir ». Ca fait partie de ces notions qui ne sont pas assez mises en valeur en bibliothèque, comme le plaisir de travailler et de partager (à moins de passer pour le/la bisounours de service). Merci.

    • michel piquet dit :

      ce n’est pas assez répandu ou c’est trop répandu? Ce débat est bien confus: gare au charabia: « vision hédoniste de la médiation »? « médiation par la validation ».? De qui se moque-t-on? Quel bibliothécaire conçoit le service qu’il rend au lecteur sur le mode ludique? Lequel se vit comme omniscient? Le mot médiation n’est rien de plus que flatulence intellectuelle, moulin à vent pour faux don Quichotte arriviste. Il est tellement facile de décrie une situation imaginaire pour la dénoncer à peu de frais. Il faut vraiment avoir une inexpérience abyssale du service concret au public, avoir traîné ses guêtres après l’enssib à la DLL pour occuper ensuite directement des postes de direction. Il suffit, d’ailleurs,de confronter à ce sabir pédant les réalisations effectives de ceux qui s’en gargarisent, en la matière pour en mesurer le sérieux. Nous en reparlerons.
      En attendant, chers collègues, réactualisez un peu vos idées toutes faites sur la transmission du savoir.
      Cordialement

      A bientôt
      Michel Piquet
      Cons. en chef  bibli

      • woo un commentaire de Michel Piquet ! 🙂 Bon j’ai pas compris pour ce à quoi il répond (le billet ? un commentaire ?), mais « nous en reparlerons » …

        • piquet dit :

          Bonjour,
          ici WooPiquet. à destination de youpiezimboumtralalabibliosession
           
          Il s’agissait de la médiation; mais le début de mon texte a été zappé. Etbmon « More from author » ne fonctionne pas…
          Je répondais au billet évoquant le « moteur du désir », en écho à la « médiation moteur de désir » évoquée dans une citation de votre billet.
          C’est que je commence à supporter difficilement cette utilisation de la notion de médiation. C’est un vrai piétinement. D’où mon mouvement d’humeur. J’ai suivi en vain naguère les enseignements de M. J.F. Six. Et j’y ai vu resurgir le conservatisme le plus épais. (Quand ce n’était pas le traitement sur un pied d’égalité des victimes et de  leur bourreau, les exploités et les exploiteurs). Je rappelle que techniquement parlant, la médiation prétend intervenir en cas de conflit, et que son requisit principal est l’impartialité du médiateur: (autant dire une vaste blague. Et même un idéal à fuir). Rien de commun, donc, avec la relation bibliothécaire lecteur.Alors pourquoi ce parachutage de la nootiion de médiation?
          Je me navre de voir des collègues invoquer le faible niveau de culture des bibliothécaires (voir certains messages infra); alors qu’ils sont parfaitement à la hauteur de leur tâche de transmission, de facilitation de l’accès! C’est cette humilité souffrante, voire autodestructrice que cultivent -chez les autres!, en général leurs subordonnés- ceux qui utilisent ce vocabulaire. Peu m’importe qu’ils traitent la médiation comme panacée ou comme illusion. J’affirme qu’elle n’est ni l’un ni l’autre pour nos collègues. Elle est hors sujet.
          Et si je souhaitais porter le débat sur la transmission, c’est que je conteste catégoriquement que la possession préalable d’un savoir soit nécessaire à sa transmission. Or l’usage de la notion de médiation est basée là-dessus: pauvres bibliothécaires! vous prétendez jouer les médiateurs…mais nigauds que vous êtes! comment disposeriez-vous du savoir « encyclopédique » nécessaire? Vous avez vu vos diplômes? Pas de médiation! N’importe qui le ferait mieux que vous! « Sutor ne ultra crepidam »…
          On pourra en reparler, si cela vous chante… Disons simplement ici:  le fait expérimentalement établi que le savoir préalable est beaucoup moins déterminant pour la transmission que la volonté de transmettre (voir travaux de Rancière)  est un des secrets de polichinelle de la pédagogie. Ou plutôt des mauvais pédagogues. De ceux qui parlent de médiation au bibliothécaire de base  afin de lui laisser entendre qu’il ne transmet même pas. Afin de le cantonner peu à peu à un rôle d’accompagnement », de sous assistant social.
          Ces gens-là ont une trouille bleue de la compétence intellectuelle du « bas peuple » et des sans grade, de ceux qui ne se sont pas contentés comme eux de relire des fiches pour décrocher un diplôme. Ils soupçonnent bien que cette culture vraie, de plus en plus menaçante pour leur légitimité, s’exprime éminemment dans la relation directe  entre lecteur & bibliothécaire (échange dont j’affirme aussi qu’ils n’ont qu’une connaissance superficielle et une poratique inexistante). Et Ils constatent combien cette culture est inexistante dans leur navrante activité « managériale » saturée de parlotes, de paperasses et de papouilles.
          « Que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance, voilà une des conditioins premières de la paix sociale » Alors où irait-on si un magasinier intéressé par la Renaissance  (et pas forcément docteur en histoire) réussissait à aider un archéologue à trouver un livre, plus grave : à l’intéresser. Et pire encore à en tirer, lui, aussi, des informations?
          Manifestement certains de nos managers ont eu vent de la dialectique hegelienne du maître et de l’esclave. Et ils ont raison de se méfier
          Il faut valoriser la compétence des bibliothécaires telle qu’elle est.
          Comprenne qui voudra
          PIQUETWOOVROUMVROUM qui vous kiffe grave droitshumainsphilosophie.over-blog.fr
           
           

          • D’abord mes excuses pour la familiarité un peu facile, c’est juste ça m’a fait drôle de vous voir commenter sur mon blog, parce que je me rappelle vous avoir croisé il y a quelques années à la BPI et que je me souviens très bien de vous. C’est très intéressant ce que vous dites sur la médiation : « je conteste catégoriquement que la possession préalable d’un savoir soit nécessaire à sa transmission. Or l’usage de la notion de médiation est basée là-dessus ». C’est vrai ! (cf. le médiateur de la république). Quant à moi, j’ai toujours en arrière plan en parlant de médiation non pas la transmission d’un savoir mais la mise en œuvre de dispositifs, capable de favoriser des échanges entre des gens, bibliothécaires et/ou amateurs. J’ai la conviction, que nous partageons, que ce n’est pas le bibliothécaire qui est important mais bien la figure de l’amateur telle que l’entend Stiegler : « Amateur » est le nom donné à celui qui aime des œuvres ou qui se réalise à travers elles. Il y a des amateurs de sciences et de techniques comme on parle d’amateurs d’art. Face à l’économie consumériste qui épuise les désirs et s’effondre, l’économie de la contribution favorisée par le réseau internet (ex. Wikipédia) permettrait de transformer le consommateur en amateur. » C’est vrai que le terme de médiation n’est peut-être pas le bon, même s’il est mieux, de ce point de vue que celui de prescription. Quel est alors le bon terme ?

          • Mireille dit :

            Ce n’est vraiment pas la peine de se mettre dans des états pareils et d’invoquer les philosophes pour enfoncer des portes  aussi béantes . Je l’avais déja signalé dans une de mes réponses, (avec beaucoup plus de simplicité) du 23 mars.
             Et quand vous dites : « Et si je souhaitais porter le débat sur la transmission, c’est que je conteste catégoriquement que la possession préalable d’un savoir soit nécessaire à sa transmission. Or l’usage de la notion de médiation est basée là-dessus… », tout le monde est d’accord.
            Alors si c’est pour finasser dans des querelles sémantiques…..
            Allons-y pour la transmission. 
            (Mais attention : quelques finasseurs vous objecteront qu’en tant que transmetteur, il vous faudra posseder le « savoir pédagogique », que toute une corporation vous deniera, bien évidemment)

            Mireille, transmettrice nigaude, sous-assistante sociale, et surtout accompagnatrice inculte de lecteurs paumés dans les vastes champs du savoir (apportez vos piolets et votre désir de vous en servir…)

          • B. Majour dit :

            Pour saluer Mireille.

            Un cuisinier est-il un transmetteur ?

            Non, et pourtant, on va / on a tous été au restaurant,  ou chez des amis cuisiniers (souvent des dames)… et on y est revenu, parce que la cuisine était bonne.  🙂

            Les mêmes aliments, pas la même cuisine.
            Avec la saveur d’une personnalité particulière.

            C’est ce qui fera toujours la différence entre un moteur de recherche et un bibliothécaire, même sur le Web : l’adaptation à celui que l’on reçoit.

            Transmetteur, médiateur… deux mots qui ne contiennent pas cette nuance fondamentale.
            On peut transmettre dans le vide, se prétendre médiateur… et médiater à vide (il suffit de voir ce que propose le média télé)

            Cuisinier, cuisineur, appétiteur… contient l’autre, cette adaptation à l’autre.
            On donne envie de.

            Sinon l’autre ne vient pas.
            B. Majour

          • Mireille dit :

            Bonjour Bernard

            J’ai toujours autant de plaisir à te lire. Une fois de plus tu as le mot juste: « l’adaptation à celui que l’on reçoit. »
            Il faut sortir de cette notion de rapport aux savoirs et aux compétences, pour simplement revenir à un rapport à l’humain. ( Donc vivent les sous-assistantes sociales ). D’ailleurs nous le vivons tous les jours au quotidien. Et pour une fois je terminerais en faisant ma pédante (sans pour autant parler latin), par une citation :
            « En quoi mon rapport aux savoirs s’inscrit-il dans la dynamique du rapport de chaque humain au savoir, dans une perspective de mise à jour et de transmission ? » (D’après L’Anthropologie des savoirs scolaires de Levine et Devely, 2003)

            Ce petit parallèle avec la pédagogie pour rappeler ce que disait je ne sais plus qui : pour enseigner le latin à Pierre, que dois-je connaître en priorité : Pierre ou le latin ?

            Réponse: Pierre, ou nos publics, évidemment

            Et en allant plus loin, que suis-je quand je mets une Dewey, une Rameau, voire une gommette, en sachant parfaitement que tout cela participe parfois d’un système totalement étranger aux habitudes de recherche de mon lecteur, je ne fais ni transmission  ni mediation, mais au contraire j’augmente la distance entre mon lecteur et moi.

            Je préfère rester une « écoutante » que de passer ma vie à installer des panneaux routiers abscons , quitte ensuite à jouer doctement les dépanneuses.

            On fait , et on fera de plus en plus, dans « le social ». Ceci dit, il y a des choix de carrière qui s’y prêtent sans doute assez mal.  A chacun de voir…

  2. ben oui, ne boudons pas notre plaisir! 🙂

    • piquet dit :

      @madame Mireille
      Où l’on verra que Mireille n’est pas un dragon.
      Bonjour,
      Vous n’aimez pas qu’on cite les philosophes? Vous ne dites jamais : une « hirondelle ne fait pas le printemps »? (Aristote).Dommage, ça peut servir.
      Je confesse, tendre Mireille, préférer les philosophes aux éditoriaux de Livres -Hebdo, aux douces niaiseries de Télérama, ou aux récitations en deux parties des bonobos proliférants de la rue Saint Guillaume. Comme vous dites, chacun ses goûts.
      Ah! ces portes ouvertes, quel fléau! surtout en bibliothèque publique. Vivement une bonne impasse. D’ailleurs, je m’incline, bouleversifié, devant l’audacieuse originalité de la découverte par MM. Lévine et Devely  qu’il existe « rapport de chaque humain au savoir dans une perspective de mise à jour et de transmission » (à propos, quelqu’un a dit un jour, peu ou prou, que l’abstraction était le propre des imbéciles; mais c’était un philosophe, Hegel, alors…).
      Ma chère, comment ne pas vous suivre le coeur battant, dans votre croisade contre toutes ces « finasseries » et « querelles sémantiques » sur les définitions! Comme vous dites avec à propos: Marre! Celles, par exemple, de l’Académie française, dont vous nous avez régalé le 23 mars (et que je vous soupçonne, vu sa pertinence, d’avoir empruntée aux deux philosophes Bouvard et Pécuchet).
      Ceci dit, délicieuse Mireillle, laissez-moi vous confesser que vous ne vous méfiez pas assez des portes. Au risque de vous payer un mur. De temps en temps.
      Car, trêve de rigolade, non, non et non : le rondage, le catalogage, la signalétique ne vous éloignent nullement du lecteur, de l’usager. C’est là reprendre, innocemment j’en suis sûr, une des plus vieilles caricatures de notre métier, une des plus obscurantistes aussi. Je songe à ce parvenu tout fier de sa « bibliothèque », qui consistait en un tas de livres dans lequel ses convives et lui puisaient avec une pelle.Vos lecteurs ne comprennent rien à vos gommettes? Mais, puisque vous êtes si friande du social, que ne le mettez-vous en pratique – et en tant que bibliothécaire-, en clarifiant ou en exigeant de votre hiérarchie et de vos syndicats que votre catalogue & votre signalétique soient élaborés en fonction des besoins réels de votre public? Ici, vous exprimez seulement tout le dédain avec  lequel ces tâches sont traitées chaque fois que l’encadrement des bibliothèques tombe entre les mains de « managers » qui n’ont jamais vécu la perdition du lecteur, et le vrai travail de remorquage en haute mer auquel se consacre presque chaque jour le bibliothécaire digne de ce nom, (et avec des lecteurs de tous « niveaux »). Et ce dédain est culturellement tragique. Il y a un catalogage stupide, une signalétique qu’on croirait faite pour égarer: à qui le dites-vous! Il m’est arrivé de publier à ce sujet. Mais ne jetons pas le bébé avec leau du bain.
      Non, non et non, la qualité de la culture générale de nos collègues n’est pas en cause. Non, Madame, on ne fait pas du social faute de culture générale. Ce n’est certes pas votre thèse. Mais comment pouvez-vous ne pas apercevoir les arrières pensées bureaucratiques de ceux qui dépensent tant d’énergie à insinuer que les bibliothécaires pourraient « aussi bien » faire du social? C’est insulter la DDASS & récuser la bibliothèque comme instrument des Lumières.
      Et puisque vous qui ne goûtez guère les références à la philosophie, accompagnez-moi un peu sur le terrain. En fait de « social », voulez-vous savoir ce qu’un de ces prophètes a mis en place dans une des médiathèques françaises les plus achalandées? Un poste d’accueil où depuis près de 10 ans, des collègues passent à tour de rôle près de deux heures à cliquer sur le/la même icone dès que leur écran le leur enjoint (évidemment les collègues non managers, ceux qui n’ont pas de primes-mais qui, accessoirement, ont souvent plus de diplômes qu’eux). En moyenne: 200 clics à l’heure -sous les sarcasmes du public qui n’est pas dupe. On est en-decà du Charlot des « Temps modernes » : c’est aussi des bibliothécaires qu’il faut s’occuper « socialement ».  Alors, médiation, mutation « révolutionnaire » d’un métier, aide à la socialisation, et même simple transmission: mon oeil!  On juge l’arbre à ses fruits (eh oui! encore une porte ouverte!).
      Princesse de Clèves & bibliothécaires, même combat…
      Le social est un métier.Et on ne « fait »  pas « dans le social » comme le chien parisien qui fait où on lui dit de faire. Seulement, voilà, il y a un certain nombre de petits malins, qui se soucient du social comme d’une guigne, qui ont repéré le point faible des bibliothécaires de terrain: leur humilité vicieuse (ce n’était pas très difficile!). Et qui leur disent ou leur font dire, ces temps-ci, : « si encore vous faisiez de la médiation! Mais vous n’en faites même pas! Vous vous prenez pour quoi? Un curé, un rabbin? (sic) À c’compte-là, tout le monde en fait! <un silence, puis:> Qu’est-ce vous êtes par rapport à Google? et aux bases? Et aux bouquets électroniques? Faites-vous une raison, vous n’informez même pas, ignares que vous vous dites vous-mêmes! <après un moment:> Et, au fait, toute cette misère, partout: vous croyez qu’elle a besoin de bibliothécaires?  Vous voulez être e-ffi-ca-ces? Indiquez-leur plutôt les resto du coeur et surtout RESTEZ EN LA! Après tout, est-ce que Mère Teresa avait son CAFB? »
      C’est par ces insinuations -enrobées de basses flatteries et parfois des menaces-, que vous vous êtes laissée intoxiquer. Vous tombez dans le panneau avec votre message du 23 mars. Vous me dites que je suis de votre avis? Que je vous fais simplement écho? Bonne nouvelle mais hélas, fausse. Non, Madame Mireille, vous vous trompez. Les bibliothécaires transmettent de l’information, ils ne prétendent pas à une AUTRE compétence sous les contours fumeux de médiation, d’action sociale et autres calembredaines.( pour apprécier combien techno structure est hantée par le « social », voyez combien sont rémunérés les assistants <de service> social et les infirmières),
      L’inculture bureaucratique -celle qui vient de supprimer les épreuves de culture générale des épreuves des concours administratifs, celle qui exprime son imbécillité vertigineuse lors de l’oral dit par antiphrase de culture générale de l’entrée à l’ENA (spectacle public et gratuit)- est parvenue à briser l’éducation en menant nombre d’enseignants aux confins du désespoir, par la  neutralisation progressive de leur capacité de transmission. Le tour des bibliothécaires est-il venu, eux dont le mode de transmission spécifique a le mauvais goût de résister encore (afflux d’étudiants en bibliothèque)? Oui, à condition qu’ils y renoncent eux-mêmes.
       
      Evidemment, gente Dame, si cette situation vous laisse dans votre « état » normal, comme vous dites , nous n’avons plus grand-chose à nous dire.Vous ne seriez pas un dragon, mais un tigre de papier.
      Votre très humble & très obéissant collègue et serviteur
      PIQUET
      droitshumainsphilosophie.over-blog.fr
      Court traité de signalétique à l’usage des bibliothèques publiques (Cercle de la librairie)
      Le philosophe et la bibliothèque, (L’Harmattan)
      PUB!
       
       

      • piquet dit :

        En lieu et place de « l’abstraction est le propre des imbéciles », il faut lire « le style abstrait est le propre de la banalité »: c’est ce que dit Hegel et c’est cette seule qualification que mérite à mes yeux la phrase de MM. Lévine et Dévely citée par Madame Marianne.
        PIQUET

        • Mireille dit :

          Je ne sais pas trop si ça vaut la peine de répondre à tout ce fatras prétentieux et horriblement agressif, à la limite du grossier, et émaillé de « tendre » et « délicieuse » Mireille, qui sentent le vieux macho à plein nez.
           En tous cas, cette notion de « social » , qui est au coeur du débat professionnel,  reste chez vous bien confinée dans des clichés confortablement étroits.. Que vous tombiez si vite dans la caricature de type Mère Teresa et son CAFB le prouve assez. Je m’excuse d’être restée probablement assez simplette à vos yeux mais, au risque de passer une « bibliothécaire de terrain dont le point faible serait une  humilité vicieuse » (?), je fais dans le social comme Monsieur Jourdain. Quand j’explique à une mamy comment se servir d’une souris, je ne cherche pas à savoir si je contribue à réduire la fracture numérique, mais je sais très bien que ce que je fais à ce moment là relève bien peu ou prou du « social », et je n’en tire ni gloire ni leçon de choses pour élèves de terminale. Cela fait partie de mon travail, tel qu’il est devenu, ici et maintenant, c’est tout.
          « Faire du social », monsieur, c’est tout simplement élargir un peu cette fameuse notion de proximité géographique (bibliothèques de proximité) à une réelle proximité avec le public, qui va bien au delà de la transmission. C’est faire « dans l’humain », dirais-je (en vous entendant déja ricaner). Et l’humain est partout où il y a des gens qui se rencontrent (oh que je suis banale !). Et si la bibliothèque n’est pas un lieu de rencontre, je me demande bien ce que c’est.
          Je ne sais quel est votre vécu professionnel, entre philosophie et traités de signalétique (là, c’est moi qui rigole, si vous permettez…), mais vous me semblez avoir besoin d’un bon recyclage de terrain, tendre et delicieux petit monsieur !
          Voire même d’une bonne paire de claques !

  3. Marianne dit :

    Note très intéressante … je pense que le débat sur notre rôle et notre métier n’est pas près de se tarir … et je pense aussi que la transition ne se fait pas sans effort, ni sans dommages collatéraux … du genre : plus de présence virtuelle = moins de présence physique …

  4. Mireille dit :

    Très bel article. Que j’ai du relire trois fois pour comprendre quelque chose. Cela m’a fait penser ( une fulgurance..) que si ç’avait été un article de revue, j’aurais tourné la page, ou reporté à plus tard-jamais. Tandis que là, j’ai perseveré. C’est ça aussi le web, une sorte de double effet kiss cool, inattendu.
    D’accord aussi avec Marianne sur le risque de baisse de la présence physique. Mais je ne trouve pas que ce soit un dommage collateral acceptable dans un contexte ou la proximité (humaine aussi) est à la pointe de la demande publique. Très dur ce discours « transitionnel » du type « on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, non ? Merci pour les oeufs. J’en suis.
    En tous cas, ça fait plaisir de voir explicitée à ce point la notion de médiation, mot commode souvent employé à tout va sans plus de precision.
    Quand vous dites : (je crée des contenus, des évènements, des supports de médiation, je veille pour moi et pour d’autres, je participe ou anime des communautés thématique et/ou locales, je réponds à des questions, etc.), en fait vous reinventez , revisitez plutôt,la notion d’animation façon XXIe siecle.
    Et pluis c’est plein d’expressions interessantes, comme le « moteur du desir » souligné par Bakelith, et de concepts comme celui de restitution du temps.
    Encore bravo.

  5. merci Mireille! Ravi de ce double effet kiscool, c’est effectivement intéressant ce lien particulier que permet internet et lles blogs en particulier. Quand vous dites que je revisite la notion d’animation, vous avez raison, la médiation et l’animation ont bien les même objectifs…Juste une précision : la médiation « moteur du désir » c’est une expression issue de l’article d’Olivier Chourrot….(rendons à César…) . En tout cas merci votre commentaire me va droit au coeur!

  6. Olivier Chourrot dit :

    Bonjour, mon article du BBF avait pour but de susciter le débat autour d’une notion valise, qui pour moi ne va pas de soi. Je suis donc heureux de vous lire. Voici quelques réactions. C’est vrai, il est difficile d’éliminer le flou inhérent à la notion de médiation, que je trouve sémantiquement surchargée. Tout étant médiation, rien ne l’est vraiment. D’où ma proposition de préférer le terme d’accompagnement, qui consiste à « cheminer avec » quelqu’un, selon le modèle su « side to side » en vigueur dans nombre de bibliothèques anglo-saxonnes. A l’appui de cette proposition, on peut citer l’évolution des bibliothèques universitaires, dans lesquelles le professionnel voit sa posture d’acquéreur diminuer (sous la pression des « bouquets numériques », des archives ouvertes, etc) au profit d’une fonction d’organisateur de l’information, y compris de celle qui est produite dans l’université. La bibliothèque devient le rouage d’une chaîne éditoriale où beaucoup d’usagers sont tour à tour producteurs, indexeurs, consommateurs d’information. Dans ce contexte, que l’on voit poindre plus timidement dans les bibliothèques publiques mais qui se répand, le modèle de la médiation n’a plus de sens. En revanche, celui de l’accompagnement différencié des publics en a : on ne forme pas ni ne renseigne un étudiant de 1er cycle comme un chercheurs, pourtant les deux ont besoins d’être pris en charge. Du coup, je suis assez d’accord avec votre idée que nous vivons un changement d’ère. Je suis en revanche plus réservé sur celle d’un « moteur de recommandation », car précisément ce « changement d’ère » se manifeste aussi par le creusement du fossé entre le bibliothécaire et les contenus. Pensez : dans beaucoup de bouquets électroniques aujourd’hui, la liste des bases et revues disponibles change continuellement, et le bibliothécaire n’en est pas souvent avisé ! Son rôle est moins de « recommander » que de connaître toutes les ficelles de l’accès à l’information afin d’en faire bénéficier ses publics, par tous les moyens possibles : présentiels, mais aussi multimédias. Concernant les bibliothèques publiques, cette évolution sera d’autant plus forte qu’on lui reconnaîtra (c’est pas gagné partout) un rôle économique et social, lié à la formation tout au long de la vie.

  7. Catherine Villanova dit :

    Cet article m’a beaucoup intéressée et je l’ai fait suivre à mes collègues de la BDY (BDP78). Avec un collègue, nous leur avons fait une formation sur le Web 2.0 et ses applications en bibliothèque, et cet article complète bien et élargit la réflexion sur le sujet.

    Et j’en profite pour mettre votre blog dans mon Netvibes 😉

  8. Yes! Tant mieux! Merci! 🙂

  9. Sabah dit :

    Bonjour,

    Je trouve votre commentaire très intéressante.

    Vous dîtes : « Nous avons finalement un “double devoir” : celui de prendre le temps de veiller sur des ressources d’un domaine thématique (nous devons le trouver..) et celui de créer des dispositifs de médiation, à partir de contenus. » : je suis tout à fait d’accord avec vous et si vous me le permettez, j’ajouterai : qu’il faut aussi prendre le temps également de répondre à distance aux usagers à n’importe quel moment. Et là, et le hic : doit-on le faire et peut-on le faire en dehors de nos heures de présence ?

    Bien cordialement
    Sabah

  10. Louis Burle dit :

    L’éditorailisation :
    voilà une chose que Patrick Bazin a parfaitement comprise.
    C’est très juste ; trois difficultés subsistent :
    – la qualité de la culture générale des professionnels (souvent maigre)
    – les qualités rédactionnelles des professionnels
    – et surtout la qualité de la formation (et là le bas blesse serieusement) !
    Nombreuses sont les bibliothèques a avoir pris ce chemin mais il est long.
    Je crois cependant que le coeur du mouvement est aussi du côté de la politique de la ville.

  11. @ Louis Burle : Très souvent les qualités de beaucoup de professionnels ne sont pas valorisées…commençons déjà par le faire! (et à Troyes?)

    Il reste que la question de la formation est bien évidemment importante. Quant à la politique de la ville c’est important, encore faut-il que l’engagement politique soit effectif dans cette direction, ce qui est loin d’être le cas sur une majorité des territoires…

  12. @ Sabah…tout dépend de votre projet. Un service de réponses à distance ne fonctionne que quand on décide de le faire fonctionner…il s’agit d’un choix politique dépendant du contexte local.

  13. Mireille dit :

    @Louis Burle
    C’est vrai que la « qualité de la culture générale des professionnels est souvent maigre », ainsi que leurs « qualités rédactionnelles » .
    Et c’est là que le bât blesse, (bât, nom masculin designant la selle des bêtes de somme pour le transport de leur charge). Et non pas le bas.

    Apres les bibliothécaires, les discothécaires, les webothécaires, trois étapes de progès accompagnées d’une certaine déchéance orthographique et lexicale , vivent les dico-thécaires et le retour aux fondamentaux ! 😉

  14. Mireille dit :

    « progès », c’est une faute de frappe.

  15. Mireille vous êtes formidable! 🙂

  16. foldelol dit :

    Je viens de découvrir à l’instant ce débat et il me fait plaisir. C’est rare de parler de « médiation » en ces termes, et c’est tant mieux. L’outil internet est encore récent et les bibliothèques et autres médiathèques ne sont pas près de finir leur mutation. Ces établissements sont censés apporter de l’information à tous (ce qui n’est pas une mince affaire). Or l’information est un terme générique qui décrit une multitude de contenus. Les bibliothécaires dits « classiques » ne sont pas formés à donner des « contenus », ça serait plutôt le travail d’un journaliste pour faire un peu cliché. Mais ça parait évident que les professionnels des bibliothèques devrait être au plus près des requêtes de leurs usagers et même de les dépasser. Il ne faut pas se contenter de répondre à une question : »oui on à ce livre » « non, on a rien sur le sujet ». La curiosité, la générosité, la culture générale et/ou spécialisée dans un domaine du professionnel sont présents pour vraiment faire du service public (notion, là aussi, très vague et souvent mal comprise).

  17. Mireille dit :

    Nous serons de moins en moins en mesure d’apporter de l’information, mais de plus en plus missionnés pour apporter les moyens d’y accéder. Je ne donne pas de contenus, je donne des outils d’accès à des ressources. Il ne s’agit donc plus de souhaiter avoir des bibliothécaires qui se concevraient comme les encyclopédistes du 18°. On est bien d’accord, c’est l’action de médiation qui devient l’action fondamentale.
    Ce qui me gène, dans diverses interventions, c’est ce rappel chagriné à la culture générale et/ou spécialisée, aux qualités editoriales, rédactionnelles, la formation, la curiosité, et maintenant la générosité . A l’heure où on nous apprend que les futurs professionnels seront formés en 5 ou 10 jours, il faudrait être réalistes…
    Définition de la culture générale (dico de l’Academie française) : »Ensemble de connaissances générales sur la littérature, l’histoire, la philosophie, les sciences et les arts, que doivent posséder, au sortir de l’adolescence, tous ceux qui forment l’élite de la nation. »
    Je ne fais pas partie de l’élite de la nation.
    Plus sérieusement, je prefèrerais qu’aux termes culture generale ou culture spécialisée, on substitue le terme de culture professionnelle. Son contenu (qui ira bien au delà de la bibliothéconomie) se définira très vite par les missions que nous nous donnerons.
    Bon, je chipote, je papote, je papochipote et mes lasagnes sont en train de cramer !

  18. Sophie dit :

    Ouf ! les bibliothécaires retrouvent leur dignité de missionnaires, passeurs, etc. de la culture, que d’aucuns craignaient de perdre en cette fameuse ère googleienne (?). Rien à redire si l’on y ajoute l’information et même la formation. Mais attention : éviter les dérives sectaires connues dans les années, euh 70-80 mettons, sur la culture légitime ou pas, le prosélytisme et l’absolutisme à tous crins, et surtout savoir exprimer sans emm…, savoir dialoguer… Le dialogue, c’est pas si facile, il suffit d’écouter ou de lire certains bibliothécaires chevronnés pour s’en rendre compte. A propos de contenus éditoriaux, êtes-ouvs allés sur lechoixdesbibliothecaires.com ? Si j’étais inculte, une bonne partie des critiques me ferait fuir.

  19. Mireille dit :

    Critique excessive. C’est un excellent blog (que je viens de decouvrir grâce à vous, merci Sophie), pas élitiste pour un sou. C’est ce qui m’a le plus frappé, justement par rapport aux dérives que vous dénoncez (les années 70 en prennent encore plein la figure, décidément…) : les présentations-choix des bibliothécaires, des lecteurs et des editeurs sont assez consensuelles et toujours positives. Le but est il que nous parlions tous de la mème façon des livres ? Sans doute pas, (et des mèmes livres encore moins, mais ce n’est pas le cas) mais c’est pourtant une des conditions du dialogue.
    Je vous rappelle dailleurs que dialoguer ce n’est pas proposer des présentations d’ouvrages sur internet. Quand je parle au bureau de prêt avec une lectrice d’un ouvrage qu’elle me rend, m’emprunte ou dont elle me suggère l’acquisition, nous dialoguons. Avec nos mots. Et nous avons intérêt à utiliser les memes si nous voulons nous donner une chance de nous comprendre. Quand je sors mon bulletin des nouveautés émaillés de coups de coeur et de présentations-extraits de livres, je ne dialogue pas, je fais de la pub. Je mediatise, j’éditorialise, je prescris (prescrire-proscrire, tiens..), je ne sais plus trop comment ça peut s’appeler, mais ça ne remplace pas le dialogue (lequel pourrait aussi se passer sur un blog de bibliothèque réellement interactif, mais je n’en trouve pas beaucoup qui soient autre chose que des vitrines, c’est dommage);

    Bon, et puis tu sais ce qu’elles te disent les années 70, prosélytes, sectaires et absolutistes ?

    Marre à la fin !

  20. D’accord avec Mireille pour dire que le site n’est pas si mauvais…et d’accord aussi pour dire que les critiques sont trop consensuelles…pour ma part, j’incite les bibliothécaires de l’équipe à mettre des critiques négatives, argumentées bien entendu…l’idée n’est plus de se poser en « défenseur de la lecture « en général » mais en tant qu’acteurs d’une vie culturelle, au côté de pleins de gens qui lisent comme nous, mieux que nous ou moins bien…Rappelez-vous on en avait parlé dans ce billet : http://www.bibliobsession.net/2007/10/09/abolir-les-coups-de-coeurs-et-mettre-des-critiques-dans-les-bibliotheques/
    Mais je rejoins aussi Sophie, comme le montre l’exemple en commentaire du billet pré-cité, car il y a aussi un vrai danger à se croire supérieur à tous et à transformer la médiation en dialogue entre initiés, ou pire, en violence symbolique (au sens de Bourdieu hein…) D’ailleurs, Mireille on était pas d’accord déjà à l’époque de de billet! (c’était vos premiers commentaires sur mon blog, merci d’être revenue souvent depuis!)

  21. Clemence dit :

    Bonjour

    je prépare le concours d’AQC et je consulte régulièrement ce blog dont la teneur des débats me donnent toujours plus envie de travailler en bibliothèque ! Pardonnez-donc ma question de débutante concernant l’article ci-dessus : en quoi consiste exactement l’organisation en départements thématiques ? J’habite Lyon et fréquente bien sûr le réseau de bibliothèques, concrètement comment cela fonctionne-t-il à Lyon ?

    Merci d’éclairer ma lanterne !

  22. @ Clémence : Ravi de contribuer à vous donner envie de rentrer dans ce chouette métier! pour comprendre ce qu’est la départementalisation vous pouvez consulter ce mémoire d’étude sur le sujet : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-703

  1. 28 mars 2008

    […] Encore faut-il sûrement démystifier un discours médiatique culpabilisant sur le sujet. Encore une fois : si nous sommes en faveur de la libre diffusion culturelle, si nous le sommes vraiment, alors le “piratage” n’est pas un obstacle à notre activité mais une chance, celle de voir ce pourquoi nos établissements existent être amplifié et favorisé à une échelle mondiale. Ainsi, il ne faut pas se “défendre” contre la “bibliothéconomisation” de la société, mais comprendre qu’il faut changer d’ère. […]

  2. 18 juillet 2008

    […] d’autres choix que de produire et/ou de permettre de produire des contenus. Car au fond, la médiation numérique est d’essence journalistique… Sans bien sûr confondre les deux métiers (demandez donc […]

  3. 23 septembre 2009

    […] Au final pour une bibliothèque, non seulement être sur Fb n’est pas une fin en soi, mais en plus, la manière dont on est présent sur ce réseau social devrait être un moyen parmi d’autres d’intervenir sur internet, conséquence du choix de la bibliothèque quant à son identité numérique institutionnelle et à sa politique de médiation numérique. […]

  4. 31 octobre 2009

    […] Classé dans : Non classé — bcalenge @ Samedi 31 octobre 2009 Un coup de gueule de Michel Piquet, en commentaire d’un billet du bibliobsédé, pose quelques vraies questions […]