Il faut se laisser bousculer par Thierry Giappiconi.
Lire ou voir Thierry Giappiconi est toujours un choc! Nombreux sont ceux qui ne se souviennent de l’avoir vu, même une fois, même il y a longtemps en formation… Le pourfendeur du « catalogouillage » et le promoteur de l’évaluation (voir son livre sur le sujet) signe l’article liminaire du dossier « Evaluation et prospective » dans le BBF de ce mois-ci. (très bon dossier par ailleurs)
Il s’intitule justement : Les dimensions politiques et stratégiques de l’évaluation en bibliothèque
Un article qui demande de la concentration. Alors imprimez-le ou prennez le BBF, fermez votre ordinateur, fermez la porte du bureau et concentrez-vous.
Mais avant…
Rappelons si besoin qu’il est l’un des principaux introducteurs en France (et au niveau international à l’AFNOR et la norme 11620 « Mesure de la performance dans les bibliothèques« ) de l’évaluation publique dans le domaine des Bibliothèques et des Politiques documentaires aux cotés de Bertrand Calenge.
Il est à l’origine (il y a 15 ans, quand l’idée de mutualisation était neuve…quand elle apparaissait comme une belle parole) de la possibilité de récupération de Notices de la Bnf (sans avoir jamais travaillé à la Bnf!)
Il exerce une activité salutaire au CNFPT, qui lui doit beaucoup pour la modernisation des formations, notamment aux fiches métiers du CNFPT(Elles répondent par exemple à la question : c’est quoi un bibliothécaire? et sont la base de définition et de gestion des compétences pour les Directions des Ressources Humaines) ainsi que pour les cycles professionnels dans notre domaine.
Il est aussi le directeur de la bibliothèque de Fresnes (94) (magnifique bâtiment ; équipe super sympathique et compétente! bon je suis pas objectif vous l’aurez compris, mais sincère!) et forme un tandem comme on en voit peu dans l’histoire des bibliothèques avec Martine Van Lierde sans laquelle, il faut le dire, il n’est pas grand chose. (si si!)
Bon il contribue aussi à enrichir l’Histoire de la Corse en écrivant une thèse dont je lui interdit formellement la moindre évocation en commentaire de ce billet. (nan mais)
Allez je vois pas pourquoi je le dirai pas ici après tout (c’est vrai quoi à la fin, non mais), c’est quelqu’un qui a grandement contribué et qui contribue toujours à ma formation et à mon engagement professionnel, quelqu’un que j’admire infiniment pour ses qualités professionnelles et personnelles. Quelqu’un qui m’a fait comprendre qu’être bibliothécaire, c’est exigeant et que ce métier fait appel à des compétences très diverses, aussi bien dans le domaine des sciences de l’information que dans celles de la gestion.
Lisez cet article et vous verrez combien Thierry Giappiconi sait poser les bonnes questions, celles qui refusent l’optimisme béat ou la résignation ordinaire. Vous le constaterez en lisant l’argumentaire très étayé qui remet en cause les conclusions comme les méthodes de la fameuse enquête du Crédoc sur la fréquentation des Bibliothèques publiques en France.
Il cite Jaurès à l’heure où le divertissement et l' »accessibilité » sont l’alpha et l’oméga des politiques culturelles, à l’heure règne toujours la distinction néfaste à bien des égards entre éducation et culture…Car il est possible de repenser les bibliothèques à l’heure du numérique sans avoir pour seul horizon de les rendre plus « sexy ».
Les bibliothèques dans leur dimension républicaine au fond, les bibliothèques comme instruments de changement social. Lisez cet article et vous le finirez en vous disant peut-être que notre plus grand défi, bien au delà des bibliothèques, c’est de ne pas décevoir les idéaux qu’il nous rappelle. Il faut se laisser bousculer par Thierry Giappiconi.
A la lecture de cet article, principalement, pour les sujets qui m’intéressent prioritairement, de sa première partie sur « Evaluation des politiques et bibliothèques », j’ai eu envie aussi de faire un billet pour inciter à le lire.
La grande force des discours de Thierry Giappiconi, que j’ai aussi eu l’occasion d’apprécier lors d’une intervention marquante pour les conservateurs en formation à l’ENSSIB, c’est de toujours insérer rigoureusement son discours dans le cadre législatif et réglementaire dans lequel nos missions et nos actions doivent s’inscrire.
J’ai particulièrement apprécié la phrase suivante :
« Le concept de nécessité publique a au moins le mérite de nous rappeler que le développement des bibliothèques ne peut être un objectif en lui-même, et de nous amener à reconsidérer de quel type de service il s’agit, puis pourquoi et pour qui il doit être rendu. »
Bonjour, juste un petit commentaire pour vous prévenir que les liens sur ce billet ainsi que sur le billet concernant la norme AFNOR du 04/09/2008 amenant aux articles du BBF ne fonctionnent pas. Peut-être est-ce temporaire mais le site du BBF fonctionne pourtant.
Merci de votre message de bienvenue sur mon blog. 🙂
Bonnes fêtes