Mieux que la photocopieuse : le scanner dans la bibliothèque

Ce billet de Librarian.net évoque un outil qui me semble très intéressant à intégrer dans nos bibliothèques pour un usage public : un scanner! J’imagine que ça doit déjà exister dans certaines bibliothèques universitaires, mais je n’en ai encore jamais vu en France.

Le Bookeye scanner KIC2 comporte un écran tactile permettant de s’envoyer des données scannées par mail, les télécharger sur une clé USB ou encore se les envoyer par ftp. Le site du constructeur propose même des statistiques d’usage qui donnent une (vague) idée de l’utilisation qui en est faite. Vous trouverez des photos ici et même une vidéo. (Si quelqu’un possède un engin de ce type dans une bibliothèque, il serait intéressant qu’il mette un commentaire…)

En ces temps d’Hadopi (j’y reviendrai très bientôt), on ne manquera pas de rappeler que jusqu’à nouvel ordre, l’exception au droit d’auteur qui s’appelle « copie privée » existe toujours… Nous n’avons donc pas à interdire aux usagers de copier ce qu’il veulent dans nos bibliothèques. L’acte reste légal du moment que l’usager conserve le document pour un usage privé, mais ça ne concerne plus la bibliothèque qui est la simple origine de la copie. On rappellera aussi à ceux qui continuent à être choqués par le fait que les gens copient des documents dans les bibliothèques que :

En contrepartie, une partie du prix d’achat de certains consommables et appareils multimédia, notamment les CD-R et RW vierges, ou la mémoire flash et les appareils en contenant, telles les clés USB, est prélevée sous forme de redevance pour la rémunération de la copie privée. Cette redevance est ensuite reversée à mesure de la moitié de l’argent prélevé pour les auteurs, un quart pour les artistes-interprètes, et un quart pour les sociétés de production. L’obligation de payer cette redevance s’impose aux fabricants ou aux importateurs installés en France. Les sites internet européens n’y sont pas soumis, a rappelé la cour d’appel de Paris dans un arrêt du 22 mars 2007 (source : wikipédia)

Quoi qu’il en soit il me semble que ce genre d’outil à complètement sa place dans nos établissements!

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

15 réponses

  1. MxSz dit :

    Bonjour,
    La bibliothèque universitaire de Chevreul (Lyon 2) propose depuis plus d’un an le service « scan to mail », qui permet aux étudiants d’envoyer directement sur leur boîte mail des pages scannées à partir de photocopieuses traditionnelles (enfin, du coup, pas si traditionnelles que ça…)
    Dans mon souvenir, c’était très simple d’utilisation. cela permettait en outre aux étudiants d’autres universités lyonnaises (en particulier L3) de profiter des services de cette BU. Pour y faire des photocopies, il était (et il est peut-être encore) en effet nécessaire de posséder une carte d’étudiant.

  2. B. Majour dit :

    Salutations

    Le scanner en bibliothèque existe déjà depuis longtemps (en service interne 🙂 ), mais aussi dans les espaces multimédias. (les Cyber-base que j’ai visitées en ont toute un)

    Le scan to mail, par contre est plus intéressant. Plus récent dans l’usage.
    Cependant tout dépend de la taille des images… voire de l’OCR du texte. (Mais j’ai des doutes sur l’OCR du texte)
    D’après la brochure du Bookeye : jusqu’à 35 Mo l’image… Soit pas loin de 60 Mo en transfert par mail. Gaffe à l’explosion de boîte Email. Et au blocage de la connexion Internet de la bibliothèque. (à 512 ko/s => 60 Mo, ça donne 120 secondes de transmission : 2 minutes)

    Maintenant, au niveau conservation des documents, je pense que – comme pour la photocopie – les ouvrages n’apprécient pas longtemps le traitement d’ouverture longue ou de pressage sur vitre. Surtout les livres un peu épais qui se referment tout seuls. C’est le revers de la médaille.

    J‘aime bien aussi la pub du Bookeye scanner KIC2 : pas de tonner, pas de fournitures… comme si le connecteur USB était éternel, alors qu’il est indiqué comme facilement « changeable ». Et tout autant l’écran tactile n’a pas une durée de vie infinie, surtout face au public, idem pour les lampes du scanner. (Pas vu de MTBF dans la brochure : Middle Time Between Failure, temps moyen jusqu’à la panne… pourtant un classique en informatique)

    Bref, le prix des fournitures est juste compris dans l’acquisition, et plus rare mais plus élevé, lorsqu’il le faut. Et pas nul du tout comme semble le fanfaronner la brochure !

    Avec les risques que l’email se perde en cours de route.
    Et quand on fait payer l’utilisateur, il préfère avoir ce pourquoi il a payé.

    Bizarrement, je sens pointer quelques réclamations… surtout si les gens doivent taper leur propre adresse email (sans erreur !) 😉
    Et qui sera responsable des erreurs ? Hum…

    Toutefois, en attendant que l’intégralité du fonds soit scanné et à disposition sur place, effectivement, ce genre d’outils peut avoir un intérêt.

    Ce que j’aime bien aussi dans ce billet, c’est que tu aies rajouté : « en contrepartie ! » pour le droit à la copie privée.

    Mais il faut le savoir, même sans contreparties, le droit à la copie privée n’a pas été abrogé.
    Et il est légal, pour tous les types de documents. En France.

    En France, copier pour soi est un droit !

    Que ce soit à la main, ou de manière mécanique… la copie privée est un droit.

    Ce qui est interdit, c’est la diffusion hors du cercle privé ! Et c’est la seule chose que nous devons rappeler à nos usagers.

    Pour les oeuvres qui sont encore protégées. 🙂
    Une information primordiale qui manque dans l’Unimarc, tiens.

    Bien cordialement
    Bernard Majour

  3. Merci pour ce commentaire pragmatique, j’avais pas pensé à la taille des PJ, il faudrait que ça fonctionne avec un serveur et que ce soit non pas le fichier qui soit envoyé mais un lien pour le télécharger. J’ignore cependant si c’est le cas.

    Pour le droit à la copie privée, même sans contrepartie cette exception existe bel et bien tu as bien raison! voir d’ailleurs ce billet : http://www.bibliobsession.net/2007/08/30/les-usagers-copient-les-cd-des-bibliothequesincertitudes-juridiques-mais-pratiques-tellement-banales/

  4. @ MxSz très intéressant si ça fonctionne, que c’est ergonomique et efficace! En plus ça évite de racheter un appareil… voilà un marché à développer pour les producteurs de photocopieuses!

  5. Moi j’aime bien cette idée…

  6. Geabulek dit :

    @Bernard Majour :
    Des derniers billets juridiques lus, je dirais que plus qu’un droit, la copie privée est une exception. C’est à dire qu’on ne peut pas empêcher quiconque d’effectuer une copie pour une usage privée, mais inversement, on ne peut pas invoquer un droit à la copie privée pour détourner des mesures techniques de protection (MTP).

    En pratique, ça s’applique surtout aux CD qu’on peut réenregistrer mais pas pirater lorsqu’ils sont protégés.

    Peu de différence pour les livres papier, mais intéressant pour les livres numériques dont on parle beaucoup ces jours-ci.

  7. Alain Pierrot dit :

    [disclaimer: je travaille pour i2S]

    Voir appels d’offre BnF comme celui-ci:
    http://www.klekoon.com/boamp/BOAMP_3_Detail.asp?ID_appel=759411

    Des expériences sont menées à la BM de Nantes, la bibliothèque Kandinsky à Beaubourg…

  8. E.C. dit :

    Voila longtemps que je lis avec intérêt vos billets, et me sens en devoir de répondre aujourd’hui ! Eh oui, les scanners en BU existent en France ! Ainsi à la BU médecine de Besançon, il y en a 2 en libre accès, et ce depuis 2003…

  9. @ E.C : parfait, mais ces outils sont loin d’être présents dans les bibliothèques municipales et/ou intercommunales, et encore moins sous la forme d’un outil dédié avec écran tactile et récupération du fichier scanné par mail…il me semble qu’il est important d’en montrer l’utilité bien au delà des BU.

  10. Fabien dit :

    La fonction « scan to mail » est de plus en plus intégrée aux photocopieuses de bureau. C’est incroyablement pratique pour la dématérialisation de document et pour leur envoi ! En effet avec ça, il devient franchement inutile de photocopier un extrait de document, pour pouvoir ensuite le faxer. Les fax de bureau scannent rarement à plat mais plutôt par alimentation de feuilles.
    Un autre usage intéressant concerne la dématérialisation des notes et documents griffonés pendant des réunions beaucoup plus productives que prévu ! Des « gribouillis » valent parfois de l’or et deviennent très utiles lorsqu’ils sont partagés ensuite avec des personnes non présentes.
    Alors dans les bibliothèques, si on met de côté les aspects pragmatiques (détérioration des ouvrages, garantie du service éventuellement payant, …), cela reste une idée peu coûteuse. Cette fonctionnalité équipe de plus en plus d’appareils de copie (xerox et canon proposent souvent cette fonctionnalité pour le même prix). Donc à condition de ne pas tenter d’en faire un modèle économique, les usagers pourront en bénéficier simplement.
    Quant au problème de la taille ou des débits réseaux, mon expérience a montré que la taille des documents produits (tiff compressés ou document pdf multi-pages) est très raisonnable (env. 100Ko par page imprimée ou manuscrite voire moins). En effet, les réglages par défaut s’approchent de ceux d’un fax de bonne qualité (ie 200 dpi en mode N&B). Les mail, à part s’il s’agit du scan d’un ouvrage complet ne devraient pas prendre trop de place. Ces règlages par défaut sont aisément ajustables (pas besoin de millions de couleurs en 1200 dpi) pour un schéma simple ou même quelques pages d’un article de presse. Je n’ai jamais utiliser de reconnaissance de texte (OCR) pour les scans effectués, je n’ai jamais directement réutilisé les documents dématérialisés par ce moyen (la copie c’est mal!).

    Disclaimer: Je n’ai aucun lien avec des producteurs d’appareils de reproduction (ni aucun intérêt lié), je ne suis qu’un utilisateur très satisfait d’approcher le « zéro feuille volante » pour mes documents à durée de vie limitée, et j’aime bien les arbes 😉

  11. B. Majour dit :

    Bonjour

    @Geabulek
    En droit, une exception est un droit supérieur au « droit courant » : c’est une exception. 🙂

    Ici, l’exception est une exception au monopole du créateur, c’est dire si c’est un « droit » puissant.
    http://www.droit-technologie.org/actuality-1070/le-regime-de-l-exception-de-la-copie-privee-en-droit-francais.html

    Bien sûr, on ne peut pas invoquer ce droit à la copie privée pour détourner des mesures.
    Sauf dans un cas bien précis : l’interopérabilité entre logiciels.
    C’est-à-dire lors de la création personnelle d’un logiciel permettant de contourner ces protections pour un usage privé.
    Création, et non pas téléchargement d’un crack. (C’est un droit du reverse engineering : http://blogs.developpeur.org/warning/archive/2004/05/23/1542.aspx)

    Peut-être litigieux, mais néanmoins possible si on peut prouver cette nécessité d’interopérabilité. Et sans aucun doute légal, tant que cette information n’est pas diffusée.
    Car, il faut le rappeler, pour détourner cette protection, il faut être le propriétaire d’une licence. Avec une licence, personne n’est volé, tout le monde a reçu sa juste rémunération. La facture prouve l’acquisition licite.
    Voilà pourquoi je pense que « détourner une protection », en ayant soi-même créé le logiciel qui la détourne, devient légal, tant qu’on travaille sur des oeuvres dont on détient la licence d’utilisation.

    La faute du cracker arrive lorsqu’il diffuse sa façon de faire, et qu’il n’y a plus effort de la part des autres utilisateurs.

    Maintenant, c’est beaucoup de travail pour… rien.
    Quelle que soit la protection, quelles que soient les mesures mises en œuvre pour protéger de la musique ou un film, il faut bien savoir que l’on passe par des transmissions de signaux vers un récepteur (soit une carte-vidéo, ou une télévision).

    Autrement dit, il existe, et il existera toujours un moment où on peut copier l’oeuvre.
    Et nombre de logiciels savent récupérer ce qui arrive sur les cartes audio et vidéo, pour les copier sur un disque dur.

    Ce qui prouve combien les protections sont inutiles.
    Non seulement inutiles, mais contraire aux intérêts de tous.

    D’abord, voilà l’utilisateur qui paye pour cette « fausse » protection.

    Ensuite, le créateur et son distributeur qui se voient spoliés de ventes par ces protections stupides.
    Car, quand on « protège », on réduit fortement le nombre de systèmes capables de lire les protections… Et un utilisateur qui ne peut pas lire/voir un disque protégé est en droit de demander le remboursement du produit si la compatibilité avec telle ou telle marque de logiciel n’est pas indiqué clairement. Commercialement, ça veut dire En gros.
    Moins de clients potentiels = moins de recettes, une équation simple à comprendre.

    Car quand on protège, on devient également dépendant de tiers, et de leur compatibilité avec ses produits. Un changement de version peut vous obliger à ré-encoder tous vos produits, créer de nouvelles incompatibilités chez les clients, avec de nouvelles pertes de clientèles à la clef… à cause de la durée de réencodage, à cause des nouvelles incompatibilités.
    Ne parlons pas de l’image commerciale ! Qui peut être grevée par une DRM « trop » incompatible.

    Les concepteurs de jeux vidéo subissent déjà toutes ces contraintes, et savent qu’ils se limitent atrocement lorsqu’ils ne développent leur jeu que pour une poignée de cartes vidéo haut de gamme, ou même pour un unique type de console. De plus chaque nouvelle version de console vient alourdir le système, avec d’importants re-coûts de formation, re-développement de module, etc. Sans oublier les joueurs qui râlent, à raison, de devoir se connecter à un site pour utiliser une licence légalement acquise… à chaque démarrage de certains jeux !

    Pour finir, le marchand est lui aussi pris dans cette tourmente, il doit pouvoir conseiller son client et surtout s’assurer que ce dernier est bien au courant des DRM existantes, des logiciels compatibles, sous peine de se voir retourner les produits. Des produits ouverts !

    Et si le marchand vous refuse le remboursement, que croyez-vous qu’il va arriver ?
    Vous n’irez plus chez lui, et vous n’achèterez plus la marque du distributeur.
    Et vous y regarderez à deux fois pour les oeuvres de l’auteur.
    Tout le monde est perdant.

    Sauf – bien sûr – celui qui touche les royalties sur sa protection.

    Plus on met d’obstacles entre l’auteur et son lecteur, plus on affaiblit son marché.

    Voilà pourquoi beaucoup reviennent de ces DRM inutiles.
    Quand on perd des clients payants, on n’a rien compris au commerce… puisqu’on donne « ses » clients aux concurrents.

    Un coup de gueule assez loin du post original.
    C’est vrai.

    Mais qui va s’en rapprocher très vite lorsque nos fournisseurs nous alimenteront avec des documents confis à la DRM…

    Là, qui va-t-on exclure de la lecture pour raison d’incompatibilité logicielle ?

    A devenir trop Web, ou Web intégral, combien de lecteurs va-t-on perdre ?

    Tant qu’on peut photocopier/photoscanner, on garde la maîtrise de son fonds.
    Quand on est cloué par des DRM ou autres types de protection, qui va-t-on brimer ?

    Bien Cordialement
    B. Majour

  12. B. Majour dit :

    Tiens, Fabien viens de m’éclairer sur un des problèmes de ce genre d’envoi par mail.
    Envoi pour soi = Ok ! (droit à la copie privée)
    Envoi à une liste de diffusion = violation de copyright.

    La photocopie papier étant obligatoirement pour soi (par défaut), le bibliothécaire est en droit de ne pas se poser la question. Avec le mail, il faut l’inscrire noir sur blanc dans la charte d’utilisation de l’appareil pour se couvrir.

    Pour le Tif compressé, je confirme les images ne sont pas très importantes, moins de 100 ko le N&B 3/400 Dpi. La BNF et les bibliothèques utilisent d’ailleurs ce format de numérisation pour la conservation.

    Un ouvrage 250 pages = 25 000 ko. 25 Mo quand même.

    Bien Cordialement
    B. Majour

  1. 3 juillet 2008

    […] bonne occasion pour les bibliothécaires qui songent à offrir aux lecteurs des possibilités de “scan to mail” de […]

  2. 19 juin 2009

    […] y a quelques temps déjà j’avais relayé le développement des scanners aux côtés des photocopieuse. Il s’agit de proposer aux usagers des machines permettant de scanner puis de […]

  3. 1 janvier 2010

    […] y a quelques temps déjà j’avais relayé le développement des scanners aux côtés des photocopieuse. Il s’agit de proposer aux usagers des machines permettant de scanner puis de […]