Bibliothécaires, journalistes même combat?
J’entendais l’autre jour le directeur du journal Le monde, Eric Fottorino, questionné par Frédéric Martel dans l’excellente émission Masses critiques. Interrogé sur le plan social les mutations en cours au Monde, il disait en gros que les journalistes vont de moins en moins avoir à couvrir tous les sujets pour aider à la compréhension du Monde, (nan pas le journal, le globe!) mais de plus en plus à sélectionner les sujets et à aider les lecteurs à s’orienter dans la masse d’informations à laquelle ils peuvent accéder…
Cette idée me semble tout à fait typique de la montée en valeur (surtout valeur économique) de la notion de Trouvabilité.
La trouvabilité. C’est-à-dire la capacité à rendre visible une copie, une oeuvre… Dans un océan de données, nous paierons pour les outils où les personnes qui vont rendre visible ou trouvable ce que l’on cherche. Les éditeurs, critiques, labels ont encore un rôle à jouer.
En tout cas, sans développer ici, (j’approfondirai la question dans un autre billet) on peut quand même prendre la mesure du rapprochement des deux métiers que sont celui de journaliste et de bibliothécaire, surtout si nous n’avons d’autres choix que de produire et/ou de permettre de produire des contenus. Car au fond, la médiation numérique est d’essence journalistique… Sans bien sûr confondre les deux métiers (demandez donc à un journaliste de cataloguer construire une politique documentaire 😉 Il est frappant de noter la similarité des enjeux, notamment du fait de la position « d’intermédiaire » qui est inhérente à ces deux activités.
Rappelons cependant à ceux qui l’ignorent que le métier de bibliothécaire à tous ses grades d’exercice, contrairement à celui de journaliste, fait l’objet de définitions officielles très précises mises à jour en mars 2008, dans le référentiel des métiers édité par le CNFPT.
Si la question du journalisme aujourd’hui vous intéresse, j’ai découvert récemment un excellent blog (je pèse mes mots) qui se nomme Novovision et qui est consacré uniquement aux thèmes d‘internet des médias et du journalisme en ligne. Le débat est très actif en ce moment sur les rapports entre les blogueurs et les journalistes, sur fond de nocivité de la figure du « blogueur influent » après la fermeture du blog de Versac et sur fond de crise du journalisme, certains prônent une information comme un bien public. Novovision vient d’ailleurs de prendre une décision radicale en choisissant de dé-réfenrencer son blog et se justifiant comme suit :
Une nouvelle blogosphère s’impose aujourd’hui, basée sur une audience de masse drainée par des noms devenus des marques, des marques dont la notoriété a été établie hors du web, à la radio et à la télé, des Morandini, Aphatie, Birenbaum, etc., et se trouve aujourd’hui importée sur le net. Cette blogosphère joue l’audience, et rien d’autre, à tout prix. Et tous les moyens sont bons, même les plus vils. Elle n’entretient aucune relation réelle avec son lectorat : pas d’interactivité, pas d’échange, pas de dialogue… Cette blogosphère-là me déplaît. Profondément. Viscéralement.
Ce choix radical et symbolique l’honore ce qui n’empêche pas de s’abonner à son fil RSS car Novovision à TOUT : clarté du sujet, ligne éditoriale passionnante, fréquence de mise à jour et qualité du site! Bref, à mettre d’urgence dans vos agrégateurs, bande bibliothécaires et assimilés. 😉
Un grand merci pour cet excellent article et pour le lien vers Novovision ! j’ai envie d’ajouter éditeur et libraire, même combat !
Sur ce même sujet du journalisme à l’heure électronique, tu as aussi le site Journalistiques, par Alain Joannes : http://www.journalistiques.fr/
Bonjour, et merci de votre appréciation de novövision. 😉
Une petite précision : j’ai probablement été trop radical dans ma décision de dé-référencement et après un dialogue passionnant avec mes lecteurs, je suis revenu en partie sur cette décision. J’ai donc ré-autorisé les moteurs de recherche tels que Google à référencer mon blog, après analyse du lectorat qu’ils m’apportent (soit 14% de « pollution, pour 20% de lectorat intéressant). Je maintiens fermement en revanche mon déréférencement de Wikio, seule manière de sortir de ce classement des blogs, qui n’est source, à mes yeux, que de pollution et d’effets pervers dans le fonctionnement des blogs.
Une remarque : à Laurent. Journalistiques, le blog d’Alain Joannès, est en effet un très excellent blogs, qui aborde des sujets proches des miens. 🙂
Un commentaire : je partage l’idée que les métiers de bibliothécaire, documentaliste et journaliste se rapprochent. Les journalistes doivent s’ouvrir à de nouvelles tâches : ils doivent veiller à ce que l’information qu’ils publient en ligne puisse être facilement retrouvée par le lecteur. Ils doivent donc apprendre à l’indexer, et à la rédiger de manière à faciliter le référencement naturel par les moteurs. Ils doivent aussi apporter une information mieux documentée, facilitant au lecteur, s’il le souhaite, un approfondissement, une remise en perspective et en contexte de l’information qu’il publie.
Au fond, on a besoin maintenant de bibliothécaires et de documentalistes dans les rédactions. 😉
@ narvic : oui j’avais vu que votre décision a été un peu moins radicale après analyse statistique, mais elle n’en reste pas moins très symbolique et intéressante à ce titre, tout comme le débat qui se déroule en ce moment à propos de google et de sa provocation de vouloir héberger les rédactions, ce que vous décriviez ici : http://novovision.free.fr/?Google-est-le-seul-avenir-du
Et si un des problèmes dans tout ça c’était la mode néfaste des top 10, 20 ou 30, et la volonté de faire Référence, à la manière de l’audimat, sans possibilité de composer soi même son classement. (moi je suis classé en science avec d’autres biblioblogueurs, on se demande encore pourquoi). Les catégories wikio sont bien trop figées et il serait vraiment intéressant de pouvoir les composer à sa guise, pour garder un repérage du haut de SA longue traîne des blogs sur un sujet…
Merci pour le lien qui éclaire sur ce métier de journaliste en pleine mutation.
Je mettrais un bémol à ton affirmation selon laquelle les bibliothécaires (médiation numérique) auraient une fonction « d’essence journalistique ». Il me semble plutôt que tout le monde, et en particulier les métiers liés à l’information, se trouve face à un changement complet d’environnement : on est passé d’une rareté (pour parler comme Dominique Lahary) ou plutôt d’une accessibilité réduite, à une surabondance.
Les journalistes se retrouvent moins en situation de création de connaissance sur un sujet non ou peu ou obsolètement traité qu’en situation de repérage et mise en perspective ; et les bibliothécaires découvrent que ces mêmes repérages, mises en perspective et accompagnement ne peuvent se contenter des collections qui les préoccupent tant.
Un sacré défi !
En complément, un bon résumé sur Demain tous journalistes (http://benoit-raphael.blogspot.com/2008/07/la-nouvelle-conomie-des-rdactions-du.html#links) des réflexions de Jeff Jarvis — spécialiste des web médias (et pas des bibliothèques) — face à l’évolution du métier du journaliste à l’heure du 2.0. Comme quoi bibliothécaire-journaliste ce n’est peut-être pas même le métier mais au moins le même combat !
Intéressant notamment, notamment sur le rapport entre le contenu (les journalistes ou plutôt les producteurs de contenu) et la distribution (Google, agrégateurs … bibliothécaires ?).
one
Bibliothécaires, journalistes même combat? –
ivxcyphwxx http://www.gno8a1p43d8ppo547r65cz5s8u24p80es.org/
aivxcyphwxx
[url=http://www.gno8a1p43d8ppo547r65cz5s8u24p80es.org/]uivxcyphwxx[/url]
ten
リーバイス 511 ベージュ
ミズノ ランバード 本田
クロムハーツ 指輪 偽物