Le problème de l’article 12 à l’Alcazar de Marseille

Comme tout bibliobsédé qui se respecte, je visite des bibliothèques dans les villes où je passe pendant mes vacances. Ok ça peut paraître étrange, voir tordu, aux non initiés mais croyez moi c’est très instructif et souvent très agréable ! J’avais même parlé il y a quelques temps de Bibliotourisme… mais cette fois je ne diffuserai pas de photos, vous allez savoir pourquoi.

J’ai donc eu l’occasion de visiter (en une heure) la Bibliothèque municipale à vocation régionale, l’Alcazar, à Marseille. Autant l’annoncer, je vais faire un petit récit volontairement subjectif… qui ne remet bien sûr pas en cause les qualités professionnelles de l’équipe de cette bibliothèque.

L’impression générale est celle d’un bâtiment un peu (trop?) sobre avec pas mal de recoins qui doit donc être très gourmand en personnel. Le hall central est bien lisible et les ascenseurs en verre permettent de rapidement de repérer les espaces documentaires… En bon touriste, j’avais sur moi un appareil photo que j’ai utilisé… en essayant, il est vrai, d’éviter de prendre en photo des gens ou pire, des vigils, très actifs en ronde permanente…

Bref tout allait bien et je constatais avec satisfaction que tous les documents sont équipés en RFID et que toutes les cotes sont validées, ce qui rend très lisibles les rayonnages malgré une signalétique rafistolée à la main, comme dans 98% des bibliothèques françaises… soupir.

Tout allait bien jusqu’à ce que j’entre dans la discothèque; elle aussi assez moche sobre. J’arrive à la banque de renseignement. Là que vois-je ? En gros, scotché l’article suivant du règlement intérieur, in extenso :

Article 12 : Les appareils de télécommunication ( téléphones por tables) doivent être déconnectés dès l’entrée dans la BMVR. L’écoute ou le visionnage de CD et de DVD sur du matériel personnel sont interdits dans l’enceinte de la BMVR.

Oui vous avez bien lu : A Marseille on a pas le droit d’utiliser un baladeur CD ni de regarder un film sur son ordinateur portable, DANS la bibliothèque. C’est interdit par le règlement. On a le droit d’emprunter chez soi le même CD ou DVD mais pas de le lire sur place… C’est pas comme chez Macdo, à Marseille : entre sur place et à emporter, ben on a pas le choix ! Que ça figure dans le règlement est déjà étrange, mais qu’en plus, ça soit scotché sur la banque de prêt…

Bon, je m’approche et demande gentiment (si, si) au discothécaire la raison de cette interdiction. Celui-ci me répond aimablement qu’il s’agit de « protéger la collection des dégradations liées à leur usage sur place »… ! Mais comment peut-on opposer à ce point la collection au public auquel on la propose ?

Bref, je ressors de la discothèque un peu secoué (oui je sais, je prend les choses trop à cœur…) et je recommence à prendre des photos en me disant qu’écrire ce billet allait me calmer sur l’histoire de l’article 12. Enfin je descend dans le hall pour achever ma visite, quand un Monsieur de la sécurité vient me voir et me demande si j’ai une autorisation pour prendre des photos… je lui dis que non… et je pâlis en l’imaginant piétiner rageusement ma carte mémoire avec mes photos de vacances….

En fait le type m’explique très gentiment qu’il faut juste signer un papier. Il m’invite à le suivre dans le PC sécurité. Je m’exécute, finalement curieux de visiter cet espace… très impressionnant. L’article 12 doit être bien respecté, parce qu’à voir la quantité de caméra de vidéo surveillance, les documents peuvent dormir circuler sur leurs deux oreilles…! (bon c’est vrai aussi que la bibliothèque est dans un quartier réputé « difficile »)

Les photos que j’ai prises ne seront donc pas diffusées ici parce que je n’ai pas pris le temps de contacter les 4 architectes pour leur demander l’autorisation de diffuser les photos… Par contre, je repars assez satisfait de n’avoir pas été traité comme un délinquant… mais furieux de ce réglement complètement obsolète ! Et vous vous avez un article 12 dans vos bibliothèques ?

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