Le « livre numérique » n’est pas un livre, il doit susciter de nouveaux modèles économiques, sans DRM
J’évoquais récemment ma courte (et mauvaise) expérience du kiosque numérique Relay.fr. Un des principaux griefs contre ce service est le suivant : il me semble insupportable de payer le même prix un fichier qu’un magazine imprimé, d’autant plus que l’usage en est restreint par des DRM.
Le Rapport Patino, remis à la ministre de la Culture récemment, préconise une réflexion urgente pour réguler et harmoniser, plutôt par voie contractuelle, en France ET en Europe le prix des fichiers numériques dérivés des livres. Il insiste également sur la nécessité de construire une offre légale attractive, en constatant la nécessité à la fois de défendre les intérêts des ayants-droits et des auteurs et celle de s’adapter à un domaine ou le gratuit ou presque règne très largement, qu’on le veuille ou non.
A l’heure actuelle, on est très loin du compte :
- Gallimard vient de proposer une offre de fichiers numériques à un prix identique aux livres imprimés. Prenons un exemple : La construction de soi : un usage de la philosophie, est annoncé à 15€ en librairie et à … 15€ en version numérique.
- Si l’on regarde du côté de Numilog, ce n’est guère mieux : par exemple, ce livre est vendu à 32 € en papier et on peut acheter le fichier numérique pour… 24 € ! Est-ce suffisamment incitatif ? NON.
- Du côté de la Fnac, via cyberlibris, l’offre est bien plus attractive, mais n’est pas de même nature. Les fichiers sont proposés en streaming par bouquets pour des coûts d’abonnement assez bas, l’internaute n’achète donc pas un fichier mais un accès, il doit être en ligne pour consulter, ce qui oblige à lire sur écran et empêche à l’heure actuelle des usages nomades fréquents comme lire dans les transports en commun…
- Bon on pourrait se dire que le marché français est une exception… hé ben même pas, à en croire ce coup de gueule de Francis Pisani constatant lui aussi des prix très élevés sur Amazon.com !
Face à la proposition intéressante, mais utopique optimiste de M. Patino (j’aimerai bien y croire) souhaitant promouvoir une régulation politique du prix des « livres numériques », Hubert Guillaud commentant le rapport à sa sortie émettait les doutes suivants :
Permettre à l’éditeur de fixer son prix de vente. On peut croire en France que cela est possible, quand le prix unique du livre protège nos produits (qui ne sont pas en concurrence avec le reste du monde). Mais ce ne sera pas le cas du numérique. Les opérateurs, les distributeurs, les intermédiaires risquent bien de fixer le prix du marché, comme c’est déjà en partie le cas avec Amazon qui vend du livre numérique sur sa place de marché du Kindle, parfois voire souvent à perte. Que dire quand Google va entrer dans la course. On peut s’attendre à ce que ce soit cette guerre-ci qui fixe les prix, comme Apple avec iTunes a fixé celui de la musique. Patino suggère, si je l’ai bien compris, d’intervenir vite pour imaginer les modalités d’un prix unique du livre numérique, de trouver des modalités pour que ne règne pas très vite la dure loi du marché. Je crois qu’il a raison, si nous pensons que le livre n’est pas un produit culturel comme les autres. Mais attention aux modalités : les majors du disque ont essayé longtemps d’imposer des prix qui se sont fracassés contre la réalité de la demande.
Lorsqu’Hubert insiste sur les modalités, il a en mémoire comme beaucoup le rejet massif des DRM de l’industrie musicale par les publics. Que propose Gallimard ? Hé ben un modèle en tout point conforme à ce que proposaient les fournisseurs de musique numérique il y a quelques temps : un modèle propriétaire et ultra-protégé.
Possesseur d’un Iphone, je constate qu’Apple dans son App store (plateforme à partir de laquelle on peut télécharger des application payantes et/ou gratuites) propose environ 200 livres numériques (ce qui est un très petit catalogue mais va sûrement augmenter dans les mois qui viennent), pour un prix dans la quasi totalité des cas de 0.79€ ! Il y a fort à parier que la firme de Cupertino (ou celle de Mountain View ?) va tenter d’imposer un tel prix pour ce marché, tout comme elle est parvenue à le faire pour la musique en imposant le fameux 0.99€ par chanson. Le temps qu’une régulation européenne se mette en œuvre, il est clair que les plus gros acteurs du marché auront imposé un prix de vente. A cet égard les politiques tarifaires de Gallimard, de Numilog et même d’Amazon.com ne pourront résister très longtemps… c’est à la fois nécessaire et problématique.
Il faut le comprendre une bonne fois pour toute : de même qu’il est absurde de créer de la rareté dans un monde d’abondance, de prêter dans les bibliothèques des exemplaires numériques (modèle de Numilog), il est tout aussi absurde de vouloir assimiler les prix du numérique à ceux de l’imprimé. Comme le précise M. Patino, même si son principe est précieux, la transposition pure et simple de la loi sur le prix unique au domaine numérique est impossible !
François Bon remarquait récemment :
Les textes numériques d’auteurs contemporains actuellement en vente sont proposés au prix papier moins 1/3. Nous sommes quelques-uns à considérer qu’il y a là quand même un mystère, puisque les frais d’impression, de transport, de diffusion sont quasi réduits à zéro, même si la part compo/édition reste la même.
En proposant un prix similaire ou presque entre le papier et le numérique les acteurs pré-cités dressent une équivalence forte entre les deux domaines. Or, il est clair que le fichier qu’on nous vend, ou dont on nous vend l’accès n’est plus un livre, c’est un fichier ! En tant que tel, ce produit d’autres usages que le livre imprimé.
D’ailleurs, on pourrait aussi arrêter d’appeler « livre numérique » ce qui est un fichier de données et n’est absolument pas considéré comme un livre au sens légal : pas d’ISBN, pas de taux de TVA réduit, pas de dépôt légal et pas d’archivage numérique puisque la Bnf ne peut archiver des fichiers proposés en téléchargement (pour l’instant ?). Dans l’économie de l’immatériel, un fichier est un fichier, quel que soit l’information qu’il transporte, ainsi un livre numérisé ou un texte nativement numérique ne sont rien d’autre que des 0 et des 1. L’interopérabilité indispensable dont on parle tant n’est autre que la manière de rendre lisibles ces fichiers sur tous types de « machine à lire », c’est pourquoi je distingue volontairement les fichiers numériques du dispositif technique de (tablettes, reader, liseuses, mini-pc, téléphones, etc.) parce que le flou qui entoure la notion de « livre numérique » est très commode pour assimiler des modèles économiques qui n’ont rien à voir : le tangible et l’immatériel.
Numilog fonde son modèle économique sur cette assimilation : un livre imprimé se prête = un livre numérique se prête aussi => la notion d’exemplaires numériques est justifiée, un prix à l’unité quasi similaire à l’imprimé et des DRM le sont aussi. C’est ce que feu Ithèque et son équivalent plus habile d’aujourd’hui : Bibliomédias proposent avec la musique dans les bibliothèques en assimilant un fichier musical téléchargé et lisible pendant 3 semaines = un prêt de CD => des DRM, alors qu’on trouve partout ailleurs des mp3 non protégés.
Encore une fois, la question n’est pas de nier qu’il faille rémunérer les auteurs, c’est une évidence, mais bien comment le faire avec quel modèle économique capable de prendre en compte la caractéristique fondamentale du numérique, celle avec laquelle toute une génération de consommateur a été élevée : le copier-coller libre, la reproduction à l’infini et sans pertes de qualité des données, on parle en économie de bien public pur, c’est à dire non rival.
Divers modèles forfaitaires et/un financement public ou privé mutualisé sont de nature à garantir une juste rémunération des auteurs, à condition de bien vouloir accepter une fois pour toutes les pratiques numériques de masses et d’affronter les mutations en cours. Le projet de loi Hadopi est l’exemple même d’une tentative liberticide de réguler par la loi des pratiques d’internautes très nombreux, dans l’unique but de sauvegarder des modèles économiques assimilés à ceux du tangible. Il existe heureusement quelques hommes politiques qui comprennent ces enjeux. Je pense bien sûr à Guy Bono, député européen et à Christian Paul, député socialiste qui dresse dans Numerama un rapide panorama pour la musique numérique :
Publicité, abonnements, forfaits viennent compléter la vente « au morceau » qui n’a que peu décollé. Les catalogues
sont– sur les réseaux P2P – en ligne depuis des années. Les offres d’accès gratuit se multiplient. Déjà, Universal pourtant grand pourfendeur de « pirates » a mis en «écoute gratuite » sur Jiwa l’essentiel de ses catalogues. Son PDG salue l’explosion du modèle gratuit, qui représente désormais plus de 10% des revenus de sa société, tandis que la vente de CD en constitue aujourd’hui moins de la moitié. Il devient donc cocasse, voire impossible d’expliquer à un adolescent qu’il peut écouter sans limites toute la musique du monde sur son PC, et qu’il vire délinquant s’il la partage avec d’autres grâce un réseau peer-to-peer.
Pour autant une vente à l’acte sans DRM est largement possible. Le pari de François Bon est le suivant : proposer sur Publie.net une vente au détail peu chère et sans DRM de textes inédits de littérature contemporaine avec une rémunération équitable des auteurs. Pourquoi un tel modèle ne pourrait-il pas fonctionner à grande échelle ?
Récemment le livre (par ailleurs excellent) Comment le Web change le monde a été diffusé après quelques mois de commercialisation par les éditions Pearson gratuitement chapitre par chapitre en pdf sur le web. L’expérience est intéressante parce qu’elle montre que l’éditeur a compris (sûrement aidé par les auteurs dudit livre…) que le web est envisagé non pas comme une substitution au livre imprimé mais comme une autre manière d’accéder à son contenu. Autre exemple plus spectaculaire : Harry Potter et les reliques de la Mort a été disponible intégralement et illégalement en pdf sur les réseaux de p2p avant même sa sortie : s’est-il moins vendu pour autant ? Non !
Il s’est vendu 2.65 Millions de livre Harry Potter & The Deathly Hallow dans les premières 24 heures, Harry Potter & The Half-Blood Prince était à 2.01 Millions, les premières 24 heures.
On pourrait tout à fait imaginer aujourd’hui une publication simultanée de texte imprimés et de la version pdf du même titre. La pratique existe depuis plusieurs années, elle est appliquée à petite échelle par Inventaire/Invention (aujourd’hui disparue, malheureusement) dans le domaine de la littérature contemporaine expérimentale :
Patrick Cahuzac s’est rendu compte que la mise à disposition des textes en ligne ne nuisait pas à la commercialisation des livres, même si tout le monde lui disait que c’était absurde et complètement anti-économique. « En fait, cette absurdité-là a été un moteur. »
Il me semble qu’il faut combattre l’idée reçue d’une « cannibalisation » des ventes de l’imprimé par le numérique. En réalité, la vraie raison de la position attentiste des acteurs de ce marché émergeant des « livres électroniques » est livrée par Alain Beuve-Méry sur le site du Monde, (cité et commentée par Hubert Guillaud)
“le principal danger est l’appropriation de la valeur d’un livre par un acteur étranger à la chaîne du livre”. Une petite phrase qui illustre très bien l’inquiétude corporatiste… Et pourtant, le livre va être transformé par d’autres acteurs que ceux en place (gros et petits) et c’est justement de cela dont il faut tirer parti plutôt que de le redouter. »
Autant le dire clairement : commencer à proposer des prix similaires entre l’imprimé ou le numérique est non seulement une tentative vouée à l’échec de conquérir le marché du numérique avec les mêmes armes que le marché physique, mais c’est aussi un véritable appel au piratage… Même si les prix baissent à l’avenir, les DRM restent plébiscités par les éditeurs ou les fournisseurs de « livres numériques »… Quant à la circulation de « livres numériques » sur les réseaux p2p, elle existe déjà et ne tardera pas à se développer pour ce type de contenus lorsque des supports attractifs seront disponibles et populaires, tout comme c’est arrivé pour la musique et le cinéma… Impression désagréable de regarder un mauvais remake en permanence.
Nous avons besoin d’expérimentation, ce qu’on appelle la « chaîne du livre » telle qu’elle existe est à mon avis sur le point d’exploser, le texte devenu numérique sera commercialisé par les « industries du contenu » (i.e. Amazon, les FAi, etc.). Les éditeurs doivent se positionner en gestionnaires de droits et en créateurs de contenus numériques associés aux textes, non plus seulement en sélectionneurs d’auteurs et en fabriquants de livres. Comment expérimenter la complémentarité numérique et imprimé ? Comment les maisons d’édition tout comme les maisons de disque vont faire pour devenir respectivement des maisons de textes et des maisons de musiques ?
A ce que je comprends, le prix du papier est vraiment tres insignificatif; il faut toujours payer l’auteur, l’editeur, tous les autre employes, les expenses des bureaux, la publicite, etc. Or, lorsque c’est un livre populaire, c’est vrai qu’on peut en vendre des milliers tres facilement et la, on peut baisser le prix pour attraire plus d’acheteurs. Mais pour les livres techniques, dont l’audience est limitee, on n’a pas l’opportunite de ainsi recuperer ses coutes donc les prix doivent rester similaires.
Or, pour les bibliotheques, si l’on achete les versions digitalles ca doit etre pour d’autres avantages, par exemple l’accessibilite pour les emprunteurs, ou parce qu’il n’y plus de place sur les rayons, etc. Et la encore c’est vrai que les fichiers en streaming, moi, je ne trouve pas convenients de tout.
@ Deborah Fitchett : Oui je dis juste qu’il faut penser des nouveaux modèles économiques, et c’est vrai que ces modèles peuvent prendre en compte les sujets des livres en fonction de leur rentabilité…
Quant à acheter des versions numériques « parce qu’il n’y a plus de place sur les rayons » ça ne me semble pas du tout une bonne raison !
Interview intéressante sur France Culture d’Olivier Bétourné, directeur littéraire d’Albin Micheld, qui revient sur les prix des livres numériques. A la 43ème minute: http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/masse_critique/
@ Guillaume : Oui tout à fait, j’ai hésité à le citer dans le billet…pour justifier les prix, il dit que les investissements pour une plateforme sont lourds, ce qui est certain, il dit que le marché est neuf et que c’est une phase de défrichage… pour moi ce n’est pas un argument pour de tels prix. Il dit enfin que produire un livre numérique est cher parce qu’il faut non seulement le mettre au format, mais aussi « le numériser » ce que j’ai quand même du mal à croire à l’heure ou les textes publiés sont nativement numérique…
« j’ai quand même du mal à croire à l’heure ou les textes publiés sont nativement numérique… »
La triste réalité est que la préparation numérique des textes pour la publication imprimée se révèle régulièrement:
• quasi-inaccessible une fois l’ouvrage imprimé (personne ne sait bien où récupérer les fichiers intégrant les toutes dernières modifications)
• difficilement exploitable pour l’affichage numérique (PDF imprimeur…)
• déficient pour tirer correctement avantage de la lecture interactive (liens, navigation)
D’où le recours en général à une reprise du dossier numérique très en amont, ou l’organisation d’une ressaisie par un atelier spécialisé (off-shore), ou un scan suivi d’OCR, de corrections et de structuration; le tout cette fois en vue de la création du produit numérique, avec un budget calculé sur cette seule opération.
« déficiente », la préparation 🙁
@ Alain Pierrot : Là je comprend mieux, ça me rappelle les questions de formats liées aux thèses électronique, ou l’on essaie de rendre obligatoire un formatage spécifique par l’auteur lui-même pour faciliter l’exploitation. Il me semble que c’est une situation transitoire. Une fois un format commun déterminé, il sera plus aisé de demander aux auteurs un format spécifique et le travaille des éditeurs en sera facilité non ? Toi qui est spécialiste de ces questions : penses-tu que cela justifie les prix actuellement pratiqués et les DRM ?
Sur le point du format, on a encore un bout de chemin à faire, mais ça vient peu à peu, avec un mixte d’utilisation de styles personnalisables, et surtout le format ODT qui peut servir de pivot entre la phase de création, côté auteurs et celle de structuration, côté éditeur (editor).
Reste à former (convaincre) les éditeurs de l’intérêt de structurer rigoureusement en fonction des nouveaux objectifs, et à les informer des contraintes et possibilités de la lecture dans le maquis des supports électroniques. Du temps, des efforts — pas seulement à consacrer avec l’éditeur, mais aussi avec ceux qui lui fixent ses objectifs.
Pour les prix actuellement pratiqués, je dirais d’abord que lla fixation des prix de biens de consommation n’a pas grand chose à voir avec leurs coûts de production et de diffusion dans les sociétés ‘occidentalisées’. La décomposition du coût d’un produit, un livre, telle qu’on la représente souvent à partir du prix de vente unitaire est fortement décorrélée de l’économie générale de la maison d’édition, qui consolide une activité diversifiée sur beaucoup de postes et sur la durée. Ne pas oublier l’exemple de la musique, où l’on paie le même prix à la minute pour l’enregistrement d’un soliste que pour celui d’un orchestre symphonique.
Aujourd’hui les éditeurs testent en fait des prix de marché, essaient de préserver, reconstituer ou gagner des marges, sans la moindre preuve de la viabilité économique d’une activité d’édition qui serait purement numérique, mais au cas où cela arriverait, ils cherchent un modèle attrayant pour eux dans cette hypothèse d’école.
Quant aux Mesures Techniques de Protection, je maintiens depuis longtemps que c’est une sottise de les avoir associées au DRM proprement dit (expression des conditions contractuelles d’usage de l’œuvre). Mais d’une manière ou d’une autre, si l’on considère qu’il y a un droit de la propriété intellectuelle et une relation contractuelle (qui peut être établie à un niveau national ou international) entre créateur et public, il faut pouvoir l’expliciter quelque part.
Quelqu’un a parlé de Creative Commons ?
merci, Alain, pour développer intervention Silvère, que je rejoins bien sûr complètement sur le fond, et sur l’urgence…
Sylvère, je te trouve très affirmatif dans ce billet !
C’est très bien de réclamer des fichiers moins chers, c’est très bien de prôner l’accès au savoir.
Par contre,je trouve que c’est une grave erreur de confondre éditeur et diffuseur. Google, Amazon voire Orange ne feront jamais le travail des éditeurs !
Attention de ne pas te tromper de cible ! Je vois plutôt sauter un ou deux maillons de la chaine de distribution du livre.
Réfléchis à ces questions qui sont du ressort des bibliothèques :
Pourquoi les bibliothèques ont-elles besoin d’Amazon pour récupérer des notices et des couvertures ?
Pourquoi les bibliothèques ont-elles besoin de Google pour numériser et diffuser leur fonds ?
Pourquoi les bibliothèques ont-elles besoins des réseaux delicious, MySpace, netvibes pour créer des réseaux ?
Non à la pub dans les contenus. Non à la religion du gratuit qui sert à nourrir des bases de stats et ensuite à nous vendre des m… !
Rencontre ce soir (vendredi 03/10) à la BM de Gradignan, dans le cadre de Lire en poche sur… »le livre numérique ».
Votre billet contient plusieurs arguments présentés par des intervenants assez convaincus de « l’inéluctabilité » de l’arrivée du livre numérique (fichier et « liseur »). Où il a été un peu question aussi du danger réel pour la diversité, d’une offre « en bouquet », régie par quelques uns (Amazon…).
Un avis perso : les livres numériques proposés par des sociétés du type Numilog sont, c’est vrai trop chers et pas forcément proposés dans de bonnes conditions (DRM…) mais ils nous permettent de tester et de familiariser les usagers avec ces pratiques et ils ouvrent un accès des bib (même minime car les fonds ne sont pas énormes en général !) à des usagers empêchés.
Mais à nous de proposer aussi l’accès aux textes proposés par François Bon avec Publie.net et aux fonds numérisés par la BNF avec Gallica.
@ BS: D’abord j’essaie d’être « affirmatif » sans l’être dans le vide, ce qui me semble plus constructif. Relis mon billet, je ne confond pas diffuseur et éditeur, je dis que c’est une lutte qui s’engage et que si les éditeurs prennent le problème par le mauvais bout dès le départ il risquent bel et bien de perdre la bataille économique. Diffuseurs et éditeurs ne se confondent pas, mais vont s’affronter… toute la question est de savoir comment les intérêts de la diversité culturelle Et de celle des usages vont prendre place dans cet affrontement. Pour la musique et le cinéma ça a mis du temps, c’est pas fini, pour le livre ça commence, alors autant apprendre des autres secteurs (en particulier l’industrie musicale) qui se sont quand même royalement plantés et s’en sont rendus compte ! Quant aux questions que tu poses, elles sont bonnes et je les évoque régulièrement dans ce blog, mais y répondre ici serait trop long.
@ Isa : merci pour ce retour. D’accord avec vous pour soutenir Fbon, mais la difficulté est que ces contenus pour l’instant sans DRM sont très spécifiques quand même (littérature expérimentale contemporaine). Il n’y a juste pas d’offre sans DRM généraliste à proposer aujourd’hui. C’est un véritable dilemme auquel nous sommes confrontés… J’aimerai bien moi aussi expérimenter, mais faut-il pour autant le faire avec uniquement l’offre de publie.net (ce qui est tout de même une offre très ciblée pour alimenter le reader, on attends les premiers retours de la BU d’Angers) ou alors proposer avec d’autres contenus avec DRM sur un reader prêté et cautionner les DRM en contribuant au développement de ce modèle économique ?
@ Sylvère : Les éditeurs n’ont pas besoin de google et d’amazon pour distribuer des fichiers numériques. Et les éds Hachette, Gallimard… rachetées par Google, c’est encore de la SF.
@ B. Majour Comment peut-on être affirmatif quand on ne peut savoir ? Que sait Sylvère de l’économie du livre ? De l’avenir du livre électronique ?
Derrière, les 100%, il y a des professions, des intermédiaires. Demain, vous dites : messieurs, il faut vous adapter en leur déclarant : au revoir ? Quid du bibliothécaire dans un monde dématérialisé et libéral ?
Pourquoi les bibliothèques ne développent pas leurs propres circuits ? Pourquoi privilégie-t-on des logiciels propriétaires sur lesquels on n’a pas la main, des plateformes gratuites dont on ne connait ni la viabilité économique ni même les propriétaires ? L’indépendance, c’est la meilleurs voie possible. Mais j’ai conscience d’être ultra minoritaire en écrivant ces mots.
Au moins les éd. Gallimard via Titelive ou d’autres sociétés expérimentent.
@ BS: Il est aussi facile pour moi de donner un avis sur l’édition en étant bibliothécaire que pour toi de donner un avis en étant indépendant… Aucune différence, on fait partie de ce secteur, chacun à notre niveau. Si tu as d’autres éclairages à apporter, ces colonnes te sont ouvertes, cher Bernard. Là encore, ne te trompe pas sur le sens de mes positions. Je ne dis pas : « vous êtes tous des incapables » en regardant les gens du haut d’une bibliothèque, ce que tu sous-entend…(et c’est un peu vexant hein). Je dis si expérimentation il y a elle ne peut se faire dans une observation non pas seulement de l’économie du livre mais de l’économie de l’immatériel et des relations aux publics. Je donne mon avis et c’est tout et peut-être que je vais me planter aussi hein. Mais en tout état de cause, il n’est besoin ni d’avoir fait une thèse sur le sujet ni d’en connaître les rouages dans les moindres détails pour comprendre que les éditeurs risquent de refaire les erreurs de l’industrie musicale. Alors oui à l’expérimentation mais oui à sa critique ! Quant aux bibliothèques, oui il y a plein de problèmes dans notre secteur… crois moi je les connais ces pb, mais c’est tout sauf un argument pour que ne puissions donner des avis construits sur les acteurs de cette économie.
@ Sylvère Désolé de te vexer par mes propos. Aujourd’hui, je fais parti de ces 80% inutiles. De ceux qui mangent sur le livre. Et j’écris vivement car je me sens menacé.
Le web 2.0, c’est quelques boites avec des informaticiens et des financiers qui sont rétribués. Et la masse, le peuple qui produit gratuitement du contenu.
L’édition, Il y a déjà cette concentration que je déteste. Et des gens très mal payés. Les auteurs surtout. Mais il y a un modèle et il n’est pas compatible avec le premier que je n’aime pas du tout pour les raisons évoqués plus haut.
L’encre électronique et la dématérialisation, ce peut être une formidable chance pour le développement de l’accès au savoir… Tout l’été, j’ai essayé de trouver de nouvelles pistes. Et j’ai échoué. Aussi, je trouve la démarche de Titelive plutôt bonne : elle permet à tous les libraire de vendre des fichiers en respectant tous les intervenants du circuit du livre. Apparemment, certains éditeurs seraient prêt à consentir 30% de rabais sur le prix TTC (ce qui fait avec la tva à 19.6 un rabais consenti par eux encore plus important). C’est un début.
@Bernard
« Je dois être naïf, mais il me semble qu’il y a une personne qui possède, intactes, les dernières modifications d’un ouvrage en format numérique (sauf cas exceptionnels) : c’est l’auteur ! »
Non, ce n’est pas le cas. La création et la finition d’un livre exigent des compétences et des outils spécialisés, des investissements en temps qui font que la copie numérique intégrant l’ensemble des interventions figeant un instant de l’œuvre n’est pas celle qui sert à l’auteur pour donner son bon à tirer.
Voir à ce titre la belle série de billets sur la fabrication chez rougelarsenrose.
@Bibliobsession: « proposer d’autres contenus avec DRM sur un reader prêté et cautionner les DRM ». N’hésitez pas à m’appeler pour une expérimentation, vous pourrez d’autant mieux critiquer, après.
@ Guillaume (qui représente Numilog) : On y pense, et je connais déjà le modèle pour fréquenter de très près des gens qui sont abonnés à Numilog….et j’avoue que j’ai beaucoup, beaucoup de mal à me faire à l’idée de proposer à la collectivité qui m’emploie d’acheter des « exemplaires numériques ». Si vous nous proposez un fonds sans DRM, alors là, oui d’accord. 😉
Un fonds sans DRM… Pourquoi pas, mais alors ce sera uniquement pour de la littérature expérimentale contemporaine 😉
Bonjour
On peut être affirmatif pour attirer les commentaires 😉
Oui, c’est une ruse de sioux du blogueur qui sait y faire.
Bien sûr que derrière les 100 %, il y a des professions… mais ne le cachons quand même pas, il y a également un énorme gaspillage au milieu des 100 % (pilon, office qui roulent en camions, pour rien, droits d’auteurs qui ne sont pas payés sur les livres non vendus), un gaspillage financé par le lecteur. Et qui profite à qui, au final. Pas à ceux qui font vraiment vivre le livre : auteur, éditeur… et celui en bout de file : le libraire !
Je parle du vrai libraire, bien sûr. Pas du supermarché du livre, où on vend aussi bien du livre que du légume.
Sans relever le nez très haut, il est clair que les intermédiaires superflus vont disparaître.
Pourquoi ?
Le changement d’échelle (avec le livre numérique) est flagrant.
On n’arrose plus une ville, un département, mais la planète entière.
On n’a plus besoin de transporteurs, ni d’offices à rotation effrénée… et stériles.
Et le lecteur n’est pas un âne, il sait calculer.
Mais on aura toujours besoin d’un libraire, d’un vrai libraire (pour animer le fonds, pour le faire vivre, présenter les nouveautés, pour aider au choix… idem en bibliothèque, et idem sur le Net)
L’éditeur aura son infrastructure informatique, mais ça ne suffit pas : un stand en self-service, ça n’attire pas, sinon il n’y aurait des magasins automatiques partout.
Pour qu’un « commerce » fonctionne, il y faut des interactions humaines, de l’échange.
Les biens passent, les hommes restent.
Aux réponses à tes « pourquoi », tu sembles oublier que les bibliothécaires sont lents à bouger… On construit du durable, du durable légal (comme je le disais pour ce qui concerne les couvertures et quatrième de couverture (libre de droit) qui devraient être fournies lors du dépôt à la BNF).
Et si, pour l’instant, on utilise ce qui se présente, c’est faute d’alternatives.
C’est vrai, on nage en plein inconnu, sur des plates-formes qui peuvent disparaître du jour au lendemain (d’où, peut-être une sous-utilisation des produits), disparaître en emportant tout (puisque les systèmes de sauvegarde ne semblent pas implémentés, sauf à aspirer son propre site Web). Ce n’est pas durable, c’est donc expérimental.
Le libre arrive, mais il nécessite des compétences. A défaut de compétences, connaître les gens qui les possèdent… et/ou des gens fiables qui acceptent de vous héberger. 😉
Le tout gratuitement !
Gratuit, l’argument vendeur auprès des collectivités, qui ne savent pas bien elles-mêmes comment intervenir sur le Net, ni quels services déployer. Peut-être un peu échaudées aussi par l’explosion de la bulle Internet. Wait and See disent les anglais.
Les projets avancent, mais leurs dates d’émergence sont plutôt vers 2015 à 2020.
Si les éditeurs expérimentent, c’est aussi valable pour les bibliothèques.
Et il ne s’agit pas seulement de construire un simple réseau de bibliothécaires-documentalistes… l’intérêt sera également d’y inclure des personnes ressources : des libraires (des vrais !), des auteurs, des illustrateurs, peut-être même des éditeurs… et bien d’autres !
@ Alain Pierrot.
Et cette ultime version numérique n’est pas envoyée à l’auteur ? Comme doit l’être un certain nombre de livres papiers… ainsi qu’il est spécifié dans le contrat article Y !
Aouch, c’est encore pire que ce que je pensais.
Bien cordialement
Bernard Majour
@ Alain Pierrot,
1. « Non, ce n’est pas le cas. La création et la finition d’un livre exigent des compétences et des outils spécialisés, des investissements en temps qui font que la copie numérique intégrant l’ensemble des interventions figeant un instant de l’œuvre n’est pas celle qui sert à l’auteur pour donner son bon à tirer. »
Cela dépend des éditeurs et des secteurs.
Editeurs: chez quelqu’un comme l’Harmattan, le travail demandé à l’auteur aboutit quasiment au produit fini. Cela ne veut pas dire que l’éditeur ne fait rien, il en fait moins. A titre personnel, on m’ envoyé (en pj) un modèle de feuille de style, que j’ai dû respecter, et qui était celui du produit fini. Tout n’est pas si simple, bien sûr. Mais tout ira en se simplifiant, c’est sûr.
Secteurs: je travaille en BU. Dans des secteurs ne relevant pas de la fiction, où les exigences en terme de mise en page ne sont pas moindres (quoique…), mais sont différentes.
2. « Voir à ce titre la belle série de billets sur la fabrication chez rougelarsenrose. »
Je suis allé voir. C’est en effet assez chouette. Voici quelques phrases du billet que j’ai lu:
« […] éliminer systématiquement ces pauvres veuves et orphelines, choisir, entre deux maux (une dernière page de chapitre avec seulement trois lignes ou une quasi orpheline 3 pages auparavant) le moindre, éventuellement se maudire d’avoir choisi une police bâton jolie mais difficile à travailler (car créée pour le titrage), supprimer les folios superflus, vérifier la pagination, vérifier encore la pagination, ajouter les seuils qui permettront de parvenir à un multiple de 32 (nombre de pages dans un cahier)[…] »
Votre exemple me semble pourtant mal choisi : l’auteure veut aboutir à un livre en papier. Pas électronique. Il me semble que la notion de mise en page explose complètement, avec le livre électronique. La pagination, la police… Tout cela, moi, lecteur, j’espère bien pouvoir le changer à ma guise. Alors, vous savez, hein, les veuves et les orphelines…
@ guillaume de Numilog:
la ittérature expérimentale contemporaine, c’est la littérature classique de demain :-). Sans DRM (vous y viendrez, sans doute pas avec le même modèle économique, mais vous y viendrez).
@MxSz
Effectivement, l’Harmattan tend à minimiser l’intervention éditoriale et a largement normalisé le travail des auteurs, en leur imposant (?) l’usage de feuilles de style, si bien qu’on peut penser que la version définitive de leurs ouvrages imprimés est directement dérivée de la dernière livraison par l’auteur.
Mais, comme vous le mentionnez, dans les secteurs qui ne relèvent pas de la fiction (et encore faudrait-il y regarder plus en détail, même dans le domaine du roman), dès qu’il y a illustration, usage de structuration complexe (hiérarchie, typage de textes — citations, définitions, glossaires, résumé/abstracts, théorèmes, gloses/notes) avec des rendus significatfs (encadrés, indentés, changement de style), l’intervention de maquettistes/metteurs en page en fonction de l’espace de restitution comporte des décisions qui ne peuvent être prises uniquement au niveau du traitement de texte.
D’autre part la réaction de Bernard Majour concernait la réutilisation potentielle de manuscrits préparés pour l’imprimerie. La question est bien évidemment d’évaluer si l’on demande à l’auteur ou un/des intervenant(s) dans le projet éditorial de faire un travail approprié à chaque canal de diffusion — et combien cela coûte d’efforts en compétence, rédaction et production à chaque canal ajouté. Ou bien, si tant est qu’il existe des ouvrages indépendants des différences entre les supports de diffusion, à quel moment a-t-on accès au fichier définitif, transposable sur n’importe quel média — le plus petit dénominateur commun.
Je suis l’auteur/éditeur des Guides MAF et la numérisation me permet, en admettant que je sache les vendre , de proposer des ouvrages en mode numérique pur et dur. Ce qui me gêne dans votre discours c’est l’assimilation du « livre numérique » à un fichier, à une suite de bits. Le discours de Chartier relayant Kant là-dessus est assez clair, il y a le support, il y a l’œuvre. Et cette dernière ne peut être assimilable à une simple « enveloppe » numérique. La dématérialisation pose un vrai problème intellectuel. Je n’aime pas la pub contre les copies de DVD mais elle touche à l’essentiel, « vous » mettez encore en avant le conteneur (le livre, le micro, le e-book) et vous dévalorisez ce qui est facilement « empruntable » (le soft, le MP3, le PDF). Combien vaut un livre ? En vous positionnant uniquement sur un modèle économique papier, sur une réflexion analogique vous faites peut- être fausse route. Je serai ravi de voir demain un livre numérique vendu plus cher qu’un livre papier. Une version hypermédia d’un guide est enrichie, elle offre plus, elle est donc plus chère et j’espère, mais j’ai peut-être tort, que le marché acceptera de payer le juste prix pour de telles œuvres.
je m’intéresse depuis quelques semaines aux ebook et…je change un peu d’avis
– le prix : pas scandaleux si accompagné de « bonus » (interview, biographie, débat, extraits d’autres ouvrages), parce que faire un bon livre numérique, ça coûte aussi. il yen a de bien mauvais (comme de livres). C’est oublier que pour d’autres supports (DVD par exemple) les droits payés représentent 2 à 3 fois le prix du DVD. Alors …
– la diffusion : par les libraires d’abord, c’est leur métier , et c’est avec eux qu’on parle aussi lors des achats pour les bibliothèques
– les DRM : « m’en f… » sur le texte à droit d’auteur, c’est tout le reste qui est intéressant et qu’on n’a pas avec le papier. Les verrous de droits ont toujours existé (voir les stationnaires du XIVè siècle), on fera avec.
– les plateformes : plus gênant, parce que multipliées avec les diffuseurs (sauf à en créer une unique pour les bibliothèques, (appel d’offres Bpi, suivez mon regard) et coûteuses, trop coûteuses. Gratuite, la plateforme !
Bref, ce n’est pas en « chipotant » sur le prix qu’on va développer le livre numérique dans la bibliothèque, mais en proposant de vrais tests avec de vraies négociations. Et en acceptant aussi de passer par des phases de compromis, même temporaires pour aller tous dans le même sens.
@ mercure : Je ne « chipote » pas en affirmant la nécessité d’arrêter les DRM, même le pdg de Sony le dit : http://www.actualitte.com/actualite/5025-Sony-DRM-augmentation-piratage-protection.htm, c’est pas bon pour ce secteur, les DRM augmentent le piratage.
Attention hein, c’est pas parce que je dis que c’est trop cher que je dévalorise le e-book ni que je nie ses coûts de production. Changer de modèle économique veut bien dire d’essayer d’équilibrer ce que ça coûte et ce qu’on gagne hein. Je ne dis pas que c’est facile non plus, mais c’est nécessaire. Il ne s’agit pas de le dévaloriser mais de se faire à l’idée de sa libre circulation !
Le débat est passionnant et j’avoue ne pas encore m’être interessé d’assez près au problème pour avoir déjà un avis tranché (mais ça ne saurait tarder….)
Je retiens cependant deux choses qui m’interpellent :
La remarque de « Fournier » qui exprime « qu’un bon livre numérique n’est pas qu’une suite de texte mais peut être un ensemble plus ou moins interactif ».
Je sais on me dira ce n’est pas un livre alors……. mais peut être que certains livres (pas tous) peuvent évoluer dans ce sens. Ce qu’il dit sur les guides est vraiment une bonne piste…
Du coup il permet à son livre de « justifier son prix » aux yeux du consommateur.
Ce modèle est déjà expérimenté par des groupes de musiques ou des studios de cinéma libre sous des formes variées. La vente d’un nombre restreint de collectors, de rencontres avec artistes, de mini concert VIP et tout ce qu’on peut imaginer pour « pouvoir trouver un modèle économique tout en diffusant gratuitement ou à bas prix sa création, dans l’esprit d’usages déjà ancrés » (culture de la gratuité de la portabilité de l’échange de la copie).
La deuxième chose que je dirais c’est que l’idée de DRM est contraire aux réalités des usages. Le mp3 est pratique mais sans DRM….
Il faut que le livre numérique soit pratique.
La facilité d’adoption « du produit » est déterminante dans ces phénomènes de masse. Si l’usage d’un baladeur et d’un fichier numérique était plus contraignant que celui du support précédent (disque) alors il ne s’imposerait pas dans les usages, tout simplement « parce que ca prend la tête et du coup c’est moins bien » (je caricature).
Les idées simples sont les meilleures… Qu’y a t il de compliqué dans l’idée de dire qu’on va pouvoir emporter avec soi toute sa musique, toute sa bibliothèque partout dans le monde et de pouvoir la partager ???…
Tout le monde en aurait envie, quel bibliothécaire n’en rêve pas en secret ?? !!!! C’est en réalisant cette idée que le mp3 s’est imposé !!!
J’en viens aux DRM : ils sont un fiasco pour cette raison… la majorité des utilisateurs ne savent même pas ce que c’est … par contre ce qu’ils ont bien vu, c’est qu’ils avaient la sensation de se faire « avoir » en se trouvant bloqué dans leurs usages déjà acquis « d’utilisation de la musique numérique ». Du coup : retour au piratage.
Il est évident que pour s’imposer face au téléchargement illicite il ne faut pas faire moins bien … mais mieux. Sur de nombreux plans (tarif attractive, offre inventive voir inédite, qualité, portabilité, ergonomie, catalogue large, outils de recherche performants, communication et j’en passe).
Cordialement …
Bonjour
@ Fournier
« Une version hypermédia d’un guide est enrichie, elle offre plus, elle est donc plus chère et j’espère, mais j’ai peut-être tort, que le marché acceptera de payer le juste prix pour de telles œuvres. »
Nous sommes d’accord pour dire que de vrais livres numériques seront autre chose, et que le marché acceptera de payer pour autre chose.
Là, où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit de payer le même prix un fichier informatique que l’on ne peut même pas copier-coller ou réutiliser à sa guise (because DRM).
Ce n’est déjà pas facile à lire (il y faut des machines… alors que ce problème n’existe pas avec les DVD ou CD, puisqu’il y faut obligatoirement des machines pour l’écoute),
ce n’est pas pérenne dans le temps (puisque les plates-formes de DRM peuvent : fermer temporairement pour cause de mise à jour, ou changer de format DRM, ou mettre la clef sous la porte… vous spoliant de tous vos livres ou documents !!!… dans le meilleur des cas. Le plus évident étant celui où vous changez de lecteur de livre… pour vous apercevoir que les DRM ZZZ n’y fonctionnent plus, et que vous devez tout racheter !!!)
Bilan : seul le hackage reste l’option valable pour conserver ce que l’on a acheté, au même prix qu’un livre papier. Livre papier que l’on peut revendre, je le rappelle. Livre que l’on peut prêter (pour faire connaître l’auteur, et donc l’éditeur…) parce qu’il nous appartient.
Comme devrait nous appartenir le fichier numérique (numéroté), libre de DRM et dans un format multi-standard.
Pour le prix.
Lorsque les éditeurs offriront mieux (c’est-à-dire le making of du livre, les intentions de l’auteur, ses références pour son écriture, style musique écoutée – eh oui ! la fameuse petite musique du style ne sort pas du néant 😉 ), ceux qui le souhaiteront n’hésiteront pas à payer le juste prix.
Qui ne sera plus celui du livre papier. Parce que le produit ne sera plus papier.
De plus, cet ajout ne sera pas « hackable » dans le cas d’une version hypermédia d’un guide enrichi, parce qu’on en viendra, tôt ou tard, à une notion d’abonnement… pour fidéliser le lecteur, pour lui offrir des offres promotionnels, ou des services différents.
Oui, j’utilise le vocable « hackable » car conserver son bien, ce pour quoi on a payé, c’est tout à fait, et même juridiquement, normal.
Un jour, les consommateurs spoliés se réveilleront et il y aura de gros procès à la clef, parce qu’ils en auront assez d’être volés à chaque changement de DRM, pire à chaque changement de matériel et à chaque incompatibilité de DRM.
Ou, et alors, ils pratiqueront comme aujourd’hui : copie illicite, parce que les honnêtes gens remarquent, à l’évidence, qu’ils obtiennent moins, beaucoup moins… pour le même tarif.
Et après, les majors vont se rengorger avec des montants totalement fantaisistes du piratage, pour augmenter encore plus leurs DRM.
Alors que ce sont les DRM qui incitent à pirater… pour disposer de son bien, à sa convenance et sur le lecteur de son choix.
Oui, ce sont les DRM qui incitent à aller voir ailleurs.
Car tout soudain, quand on voit ce que l’on peut obtenir sans DRM, on se pose la question : Mais, diable, pourquoi payer ??? « Il faudrait être fou pour dépenser plus. » dit le slogan.
Plus on mettra de DRM, plus on va obliger les gens à aller fouiller le Web pour préserver leur investissement… et plus ils verront ce qui existe à côté ! Et moins ils voudront payer.
Voilà ce qui est en train de se passer !
Sans oublier une autre réalité : certaines oeuvres libres sont de bien meilleure qualité que le tout venant de l’industrie « culturelle ».
C’est gratuit, et c’est meilleur !
Et maintenant, ça se voit. Les gens n’étaient pas informés, ils le deviennent… à l’échelle planétaire.
Quelles solutions ?
Celle qui est évidente, celle qui fait qu’un livre n’est pas un livre comme les autres :
– La personnalisation du livre (avec l’adresse du client incorporée dans le fichier)
– Avec une dédicace personnalisée de l’auteur
– Avec le choix entre plusieurs couvertures (pour personnaliser encore plus le document), plusieurs liserés de page.
– Avec le logo de la bibliothèque qui vous prête le livre (pourquoi croyez-vous que nous tamponnons tous nos ouvrages, si ce n’est pour les rendre « unique »)
– Avec petite musique d’accompagnement, ou d’ouverture.
Etc.
Etc.
Etc.
– Avec des renvois vers d’autres ouvrages pouvant plaire (renvois fournis par son libraire favori)
Ce qu’il est impossible de faire avec un livre papier, on peut le faire avec du numérique.
On pourrait même parler de pré-commandes et calculer un prix de groupe qui satisfasse tout le monde.
Un nouveau modèle économique ?
Pas même, juste le rêve du capitalisme parfait : savoir de manière presque précise combien on aura de clients pour ajuster le meilleur prix, au bénéfice de tous. Et éviter ces surproductions inutiles qui alourdissent tout le système et la facture finale, pour chacun.
Bien cordialement
Bernard Majour
Les DRM, c’est un non sens. Et malheureusement, je ne crois pas que le marquage des fichiers va empêcher le piratage. Les gens copieront ce qu’ils ne peuvent pas payer. C’est le comportement du j’ai droit et des autres justifications.
Bref, je n’ai aucune solution à ce problème insoluble sinon proposer des fichiers numériques à moité prix… car ils ont un potentiel moindre… à cause de ces protections. A moins de nationaliser la culture. Hein ? Qui est pour chez les partisans du web 2.0 ?
Bonjour
@BS
Nationaliser la culture… ou alors évoquer une licence globale. 🙂
Bizarre, ceux qui râlent le plus contre le piratage sont les premiers à refuser cette hypothèse.
Et ils préfèrent pousser des lois pour sanctionner… au lieu de développer des services.
Services uniques qui vont fidéliser le client.
Certes, une découverte dans le monde de l’édition. Mais pas ailleurs.
Le prix n’est qu’un critère, parmi d’autres, même s’il reste essentiel en temps de crise.
Bien cordialement
Bernard Majour
Même Pascal Nègre, le plus fervent défenseur des DRM, envisage sérieusement la licence globale : http://www.numerama.com/magazine/10797-Pascal-Negre-entrouvre-la-porte-de-la-licence-globale.html
ouiiiiiiiiiiiiiiiiii enfin même les plus retords entendent raison !!!!!!!!
Je parle de pascal nègre bien sur !!!, … son poste doit finir par être menacé !!!
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Le « livre numérique » n’est pas un livre, il doit susciter de nouveaux modèles économiques, sans DRM –
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