La veille documentaire est un sport de combat
En réponse au billet publié par Piotrr sur blogo numéricus, je vais brièvement décrire la manière dont je veille. Je vous recommande son billet très précis qui présente sa démarche de veilleur pas étapes. Je ne vais pas décrire ici les outils (en fait je l’ai déjà fait dans ce billet) mais plutôt la démarche.
Il s’agit d’une démarche empirique qui s’est construite au fur et à mesure. Tout comme Piotrr j’essaie de partager le produit de ma veille. Ce partage est un élément fondamental de la motivation à faire de la veille. Veiller, c’est veiller pour (sur ?) les autres. Pour moi veiller, s’apparente à un sport de combat (comme la sociologie, oui) il faut être une sorte de sniper pour repérer les tendances et cibler les signaux faibles, puis les rediriger… C’est précisément ce qui me plaît beaucoup ! Veiller ça demande pas mal de discipline et c’est extrêmement intéressant, ça apprend à gérer son propre système d’information, à remettre en cause ses usages et ses outils, à rester en prise avec les évolutions. C’est un sport de combat parce qu’il faut en quelque sorte affronter les flux, pour en sortir le meilleur… de ce point de vue, le partage de ma veille via le Bouillon m’oblige à une régularité, par respect pour la communauté, c’est un élément important de ma motivation. Rassurez-vous, il ne me semble pas que tous les professionnels de l’information doivent veiller de manière élaborée. C’est précisément pour ça que j’ai créé le Bouillon !
Quoi qu’il en soit, voici une sorte de carte d’identité de la veille telle que je la pratique. Essayons d’être méthodique :
Objectif de la veille : Suivre les évolutions du secteur de l’information documentation, en comprendre les enjeux, pour essayer d’y répondre de manière opérationnelle dans ma pratique professionnelle.
Domaines de veille : correspondent à ceux du Bouillon.
Outil de veille : Google reader, version en ligne et version mobile sur Iphone, twitter et indirectement friendfeed. A noter que j’abandonne progressivement delicious.
Restitution de la veille : Via le Bouillon par email, rss, html, twitter. Reprise des informations qui me semblent intéressantes dans les billets de mon blog. Actuellement, environ 1000 personnes suivent les informations que je partage soit vie rss soit par mail ou via twitter.
Temps de veille estimé : environ 2h par jour à la fois sur temps de travail et sur temps perso (mais l’ère du numérique, c’est l’ère où ce genre de frontières se brouillent..)
Etapes :
1. Lecture rapide en mode liste des titres puis visite de l’intégralité du billet quand l’information est intéressante. Si elle l’est vraiment : partage grâce à la fonction share de Google Reader. Les items sont directement partagés, deviennent publics via le fil rss du Bouillon, sont redirigées dans twitter et enregistrées dans Friendfeed, où vous pouvez retrouver l’historique du Bouillon.
2. Hiérarchisation des informations de la journée via le Bouillon du Bibliobsédé par email. La mise par ordre d’importance des informations qui seront envoyées par email aux abonnés du bouillon me permet de faire le point sur ce qui me semble le plus essentiel.
3. Relecture des informations les plus intéressantes via ma liste partagée et ma liste de favoris, en prévision des futurs billets de Bibliobsession. j’utilise comme Piotrr le moteur de recherche interne à Google Reader, précieux.
Organisation quotidienne : 4 catégories qui sont autant de tags dans GR me servent tous les jours. Vous pouvez cliquer sur chacun des intitulés ci-dessus pour afficher la liste des flux, vous abonner au fil rss de la catégorie ou alors télécharger le fichier OPML pour votre propre agrégateur.
1. Actu du jour : une quarantaine de flux d’actualité générale (01.net, Numerama, Rue89, etc.) qui me permettent de me tenir au courant de l’actualité des médias sociaux, des industrie culturelle, des médias et du journalisme. Lecture quotidienne sur Iphone dans les transports en commun parisiens (j’ai 2h de transports par jour pffff)
2. Bibliobest : Mon best-of de la biblioblogosphère : environ 120 flux qui sont pour moi incontournables en information-documentation. Consultation dans la journée, sur mon temps de travail ou à la maison le soir.
3. Biblioveille : La catégorie intermédiaire : environ 300 fils que je considère comme importants. Consultation dans la journée, sur mon temps de travail ou à la maison le soir.
4. Biblioblogosphère : L’ensemble de la biblioblogosphère plus de 700 flux, fruit d’une récolte que j’essaie régulière. Là il s’agit plus de balayer le fil agrégé des items pour trouver des signaux fables et éventuellement faire remonter certains blogs dans l’une des catégories précédentes. Consultation sur mon temps de travail ou à la maison le soir ou le week-end.
Dans Google Reader, il est possible d’attribuer plusieurs tags à un seul et même flux. Les trois catégories ci-dessus sont donc inclusives dans l’ordre énoncé, c’est à dire qu’un flux marqué Bibliobest et aussi marqué dans Biblioveille et Biblioblogosphère, ce qui me permet de prioriser les flux importants, sans relire plusieurs fois la même information. Quand je clique sur « marquer comme lus » pour Bibliobest, les items non lus disparaissent donc automatiquement des autres catégories. On pourrait appeler cette technique le tamis, l’objectif étant de tout tamiser régulièrement… c’est du sport vous dis-je.
Si toutes ces sources vous semblent difficiles à appréhender, je vous conseille également de regarder ces cartes heuristiques.
Bonne exploration !
« …abandonne progressivement delicious. »
Etes-vous passé sous diigo ?
Avec le diigolet, on peut annoter sous 30 secondes un article et, le marque-pager comme « private », »unread », le tagger dans un liste Boîte de Réception (que l’on a créée).
Sympa votre process de veille !!
Oui j’envisage de me pencher sur diigo, entre autres. 🙂
Très intéressant! Je me demande comment je pourrais arriver à en faire autant en matière de veille!!
Mais j’aime bien le côté réflexif de ta démarche, remettre en cause des outils, des pratiques.
J'ai une question : comment fais-tu quand tu es en vacances et/ou que tu n'as pas accès à internet pendant un ou plusieurs jours ? est-ce que tu rattrapes ce que tu as manqué ou est-ce que tu considères que l'info parue sur ton temps d'absence passe par pertes et profits ? Je ne veille que pour moi (sur du privé et du professionnel) mais c'est un vrai casse-tête les absences…
@ Marie, c'est une excellent question. En fait le Bouillon a été lancé à la rentrée dernière donc le pb des vacances longues ne s'est pas encore posé. Mais il va arriver très vite puisque je pars au mois de mars au Québec… pendant 15 jours. Donc je vais je pense annoncer que je réduis le rythme et me concentrer sur la crème de la crème (les 150 flux) quitte a faire des bouillons plus copieux….quand je trouve du wifi sur place. Mais bon de toute façon peut-être manquerai-je des infos, sans que ce soit grave, puisque d'autre blogueurs veillent ! 🙂
Remarque qui relance l'idée d'une veille collaborative ! 😉