Pourquoi utiliser twitter dans les bibliothèques ?

Le service qui connait un très grand succès en ce moment est twitter. Avant tout, voici une excellente présentation en 3 minutes de l’outil trouvé sur le site d’Emilie Ogez qui a le mérite d’expliquer twitter pour ce qu’il est au départ : un média social.

Car d’autres usages de twitter sont possibles :

Bon vous pouvez aussi vous reporter au tutoriel twitter (18 pages en pdf !) relayé par Jean-lucr (gazouilleur devant l’éternel) et conçu par le Centre Départemental de Documentation Pédagogique d’Indre-et-Loire (CDDP 37) qui gazouille également. Mais vous pouvez aussi saisir d’un coup d’œil, en une seule image les usages de twitter !

Côté technique, je vous recommande ce billet qui liste des 10 extensions firefox indispensables pour bien gazouiller, dont twitterfox (je ne peux plus m’en passer de celle-ci, même si je cherche mieux) twitt reveal qui vous permettra de trouver si les blogueurs que vous appréciez ont un compte twitter, car ils ne l’affichent pas forcément, comme le souligne très justement Lully.

La question est en réalité moins celle du comment que celle du pourquoi. Alors pourquoi utiliser twitter dans les bibliothèques ?

Faisons donc en premier lieu le point sur ce qui existe, aux Etats-Unis par exemple. Qui utilise twitter ? A voir la liste impressionnante publiée sur le blog Circulation, on s’aperçoit d’abord que plus de 150 bibliothèques utilisent ce service aux Etats-unis ! Pour tempérer cette impressionnante liste, on compte au total plus de 123 000 bibliothèques sur le territoire américain, la proportion reste donc très faible. En France, le pragmatique PascalK propose quelques chiffres sur le blog des bibliothèques 2.0 qui montre la rareté de cet usage par des bibliothèques. Tout cela est donc largement à construire. Alors dans quels buts une bibliothèque peut-elle utiliser twitter ?

Une première liste d’exemples figure dans cet article du wiki intitulé Twitter for Librarians: The Ultimate Guide. Thomas de Vagabondages a traduit pour nous quelques suggestions d’utilisation (merci !) :

On voit que la liste mélange allègrement des objectifs de communication interne (rester en contact avec ses collègues, très intéressant pour les réseaux de bibliothèques, etc.) et des objectifs  de communication institutionnelle (diffuser des infos évènementielles aux usagers, souvent le plus simple étant d’automatiser la mise à jour à partir du fil RSS, par exemple avec twitterfeed), avec des objectifs de médiation documentaire (avertir les usagers, renseigner). Tous ces usages sont évidemment valables et complémentaires, ils relèvent d’une stratégie de développement de médiation numérique d’une bibliothèque. Il serait trop long de les détailler ici, l’essentiel étant de s’inscrire, d’expérimenter, puis de construire des services.

Pourtant, il me semble qu’il manque dans cette liste une manière d’utiliser twitter qui relève ni de la communication institutionnelle ou interne, ni du service, mais de l’évaluation (ou peut-être de l’observation) et qui peut être une excellent manière d’aborder cet outil.

Dans ce texte disponible en .doc, Brian Matthews remarque le fait que, du moins aux USA, les étudiants « gazouillent » régulièrement à propos de la bibliothèque, fournissant de précieuses informations sur leurs usages, mettant en avant les défauts ou les qualités d’un lieu et/ou exprimant leurs attentes. Il y a là pour les professionnels un intéressant terreau d’évaluation passive, au sens « j’observe sans intervenir » accessible par une recherche dans twitter avec les bons mots-clés, puis un suivi systématique des usagers qui ont un jour exprimé quelque chose sur la bibliothèque. Comme les échanges sur twitter ne comportent pas forcément d’indication concernant qu’il s’agit de telle bibliothèque, une recherche géolocalisée peut s’avérer utile… même si ce type de recherche pose aussi pas mal de questions.

On pourrait même imaginer une évaluation active, si la bibliothèque encourage les usagers à exprimer leurs avis sur les services proposés en adoptant une signalétique adaptée par exemple un tag à indiquer dans tout mini-message envoyé sur twitter (sous la forme de #tag). Plus largement, la question de l’affichage de htag dans les lieux publics, rejoint les passionnantes questions soulevées par le programme ville 2.0 au sujet de la matérialisation du numérique dans la ville, par des signes. On peut aussi imaginer d’utiliser le très pratique twtpoll pour proposer à une communauté des petits sondages en lien avec un évènement, par exemple.

Un usage de plus en plus répandu consiste à rendre compte en temps réel, pendant des évènements ou à propos d’évènements, pourrait ainsi se voir encouragé pour faciliter la collecte de données. Imaginez ce qu’il serait possible de faire lors d’un club de lecture ou d’une rencontre avec un écrivain pour recueillir des avis de personnes présentes, ou pour faire un compte rendu en temps réel…et en 140 caractères. Dans ce cas, la bibliothèque fait de twitter un usage de médiation numérique ou d’évaluation active, on pourrait même dire que cette démarche participe de la nécessité de « révéler l’hyperlocal« , oui, oui, l’imagination est au pouvoir !

En tout cas, il se passe quelque chose de fondamental avec cet outil à la simplicité déconcertante. Daniel Bourrion propose une passionnante approche de la manière dont twitter est entré dans la conversation du web avec ce billet : Sédiments.

A remarquer aussi cette étonnante liste d’organismes anglo-saxons liée aux bibliothèquespubliée par Jessamyn West

Bref, il me semble qu’il y a encore pas mal de choses à inventer avec ce service, voire avec l’un de ses concurrents open source : identi.ca En attendant, j’ai deux comptes twitter : un pour diffuser des liens du Bouillon, et un « privessionnel » ou je « gazouille » régulièrement, alors @très bientôt sur twitter ! :-).


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