Hadopilogue, rien n’est terminé.

piratesHadopi est votée, je l’ai dit et répété, je le regrette profondément, comme énormément de citoyens attachés aux libertés numériques.

Bon il y a pléthore d’articles sur le sujet disant très clairement que la loi est inapplicable, rétrograde et va clairement à l’encontre des usages. Comme le résume très bien Hubert : ce sont de tristes jours pour les libertés numériques. En tant que citoyen et bibliothécaire attaché à la diffusion de la culture et des savoirs, tout ça me déprime. Je vous conseille fortement de lire les trois articles ainsi relayés par Irène Delse :

La bataille est perdue, la guerre pas encore (on l’espère bien) mais les stratèges continuent les wargames – et refont le combat:

Dans ce noir épisode politique de notre beau pays, on peut, quand même, malgré tout, saluer l’aboutissement du travail de l’IABD qui a vu l’adoption de l’amendement proposé, comme le précise cet article de la Gazette des communes intitulé : Loi Hadopi : les bibliothèques confortent leur place dans le monde numérique (quel titre maladroit !)

Mission accomplie pour l’Inter-association archives, bibliothèques et documentation (IABD). L’amendement qu’elle a porté tout au long du débat sur le projet de loi «création et internet» a passé l’ultime épreuve parlementaire le 13 mai 2009, dans le cadre du vote définitif du texte par les sénateurs, en seconde lecture.

Les bibliothèques publiques, les musées et les services d’archives vont pouvoir communiquer au public, sans autorisation préalable, les copies des documents numérisés par leurs soins, à des fins de conservation ou pour préserver les conditions de leur consultation. Cette communication pourra se faire sur place et sur des terminaux dédiés, à des fins de recherche ou d’études privées par des particuliers.

Il n’en reste pas moins que les bibliothèques ont encore un sacré bout de chemin pour vraiment « conforter leur place dans le monde numérique » (sic) à commencer par les offres en musique et en vidéo. Le plus digne successeur du peu recommandable Ithèque : Bibliomédias propose toujours des contenus sous DRM, chronodégradables.

Je vous recommande cet article de Fabrice Simonet qui est « stagiaire Assistant gestion de projet TIC Webmaster et gestionnaire intranet » sur son nouveau blog qui explique vigoureusement (et il y a de quoi être enervé) pourquoi ce n’est pas un bon modèle.

A l’heure où les bibliothécaires essaient de faire émerger une offre de streaming pour les bibliothèques et leurs usagers, il est clair que le modèle de la musique chronodégradable a du plomb dans l’aile.

« Il ne fraudait pas nous prendre pour des chèvres ! »

Une DRM chrono dégradable rendant le mp3 illisible après un temps définie.

2009 ère du tout numérique, où trouver du mp3 prend 15 secondes à l’utilisateur lambda même peu connaisseur de l’outil informatique, suffit de lui montrer une fois et faites moi confiance, il saura se débrouiller seul par la suite. L’idée de mettre à disposition de la musique en accès libre dans les bibliothèques pour les utilisateurs lambda est une super idée, le partage et l’accès à tous à la culture c’est green, c’est utopique, c’est beau !

Mais il ne fraudait pas nous prendre pour des chèvres !

Dans la pratique, une musique on l’écoute quelques fois dans la journée et on la met de coté pour plusieurs jours/semaine/mois et quand l’envie nous prend on se la réécoute au plus grand bonheur de nos oreilles, alors nous mettre une date limite sur une musique c’est vouloir changer les pratiques d’écoute, s’en gaver jusqu’à plus soif à en avoir les tympans qui saigne avant que le mp3 se meure dans les limbes du DRM. Vous comprenez le malaise ? Cela reviendrait à vous louer des préservatifs qui s’auto détruisent au bout de 30 jours si vous n’utilisez pas toute la boite, pourtant c’est quelque chose que l’on pratique sans contrainte de temps et sans limite d’usage depuis des milliers d’années, alors pourquoi voudrait-on nous limiter l’accès à la musique ?

Il reste un petit point ou j’aimerai avoir quelques précisions, pourquoi tenez vous ( je m’adresse à Bibliomédias là ^^) à tout pris à négocier avec Jamendo, (éditeur et distributeur de musique libre, donc sous licence créative commons ( la plupart avec clause non commerciale )) de pouvoir mettre leurs musiques sous DRM avec limitation d’écoute dans le temps puisque celles-ci sont disponibles gratuitement et de manière totalement illimitée ailleurs ?

Ne vous serait-il pas plus judicieux de proposer justement ces musiques en accès libre et totalement illimité, dans le respect donc des licences et d’en tirer justement un grand bénéfice stratégique en montrant à vos clients que vous diffusez de la musique libre, gratuitement et sans contrainte ? Et de par ce fait que vous participeriez activement à faire connaître la musique libre.

Le mieux est de lire son billet, édifiant.

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

3 réponses

  1. 27 mai 2009

    […] chez Bibliobsession, des détails sur l’un des rares amendements intelligents adoptés dans l’affaire de la […]

  2. 17 juin 2009

    […] restrictif qui ne fonctionne pas : celui de Bibliomédias et de ses fichiers chronodégarables. Je l’ai déjà dit et répété, ce modèle est inadapté aux attentes des usagers, parce que précisément il calque le modèle de […]

  3. 23 mai 2010

    […] le 22 août à 23h20 48 « Hadopilogue, rien n’est terminé », site bibliobsession, http://www.bibliobsession.net/2009/05/26/hadopilogue-rien-nest-termine/ , consulté le 22 août 2009 à […]