Des objectifs par domaines documentaires à la médiation des contenus dans une bibliothèque : un schéma
Dans ce billet j’évoquais récemment les liens très forts qui existent entre politique documentaire (= poldoc) et médiation des collections. J’avais d’ailleurs publié il y a quelques mois Cinq raisons pour lesquelles il faut toujours mettre en oeuvre des politiques documentaires à l’heure du numérique. Les voici :
1. La mise en œuvre d’une politique documentaire se traduit le plus souvent par une organisation interne en départements ou en pôles thématiques : c’est une base très précieuse non pas seulement pour gérer des collections, mais pour en pratiquer une médiation efficace.
2. La mise en œuvre d’une poldoc nécessite une réflexion globale sur les objectifs d’acquisition par domaine, elle implique plus l’acquéreur dans tous les aspects de la gestion d’un fond et favorise donc son implication dans les contenus qu’il gère.
3. La mise en oeuvre d’une poldoc se traduit par la formalisation des objectifs en interne et pour la tutelle, il est donc plus aisé de contractualiser avec les agents non seulement des objectifs de gestion mais des objectifs d’éditorialisation des contenus qu’ils gèrent.
4. La mise en œuvre d’une poldoc se traduit par une réflexion sur les tâches et le temps qui leur est consacré (sur l’évaluation en fait). Elle s’accompagne d’une volonté d’éradication des tâches non intellectuelles de gestion pure : par exemple le catalogage. Les acquéreurs ont ainsi plus de temps disponible pour des tâches intellectuelles de mise en valeur des fonds ou d’animation d’une communauté thématique.
5. La mise en oeuvre d’une poldoc implique un positionnement de l’acquéreur en tant que très bon connaisseur des sources d’information dans son domaine. Elle se révèle donc très bien adaptée à une valorisation des outils d’acquisition et de veille à la fois en interne et vers les publics.
Aujourd’hui, afin d’essayer de rendre ces liens encore plus clairs, je vous propose ce schéma conçu avec Bubbl.us, service en ligne bien pratique pour les schémas et/ou les cartes heuristiques. (bien pratique, mais qui manque de souplesse quand même. D’ailleurs si vous connaissez mieux pour faire des schémas n’hésitez pas à le faire savoir !)
Voilà je vous livre ce schéma en comptant sur vos réactions pour me dire s’il vous semble clair, ou pas. L’idée générale est aussi de mettre en évidence les liens entre global et local et les différents dispositifs de médiation que l’on peut mettre en œuvre à partir d’objectifs formalisés par domaine documentaire. J’ai pris l’exemple de la Philosophie, mais il est clair que l’on peut l’appliquer tous les domaines documentaires.
Je lis parfois que la biblioblogosphère (mais que désigne ce terme ?) est déconnectée (oxymore !) parce qu’elle traite les sujets sous un angle technologique, sans poser la « question du sens ». Ce n’est pas vrai me concernant. J’essaie d’avoir toujours le recul sur le dispositif de politique publique qu’est une bibliothèque. Je dois cette conception des bibliothèques en grande partie à Thierry Giappiconi, puisse ce schéma contribuer à montrer ça.
(cliquez sur l’image pour la voir en grand format dans une nouvelle fenêtre).
Bonjour et merci pour cette initiative intéressante. Mes remarques :
Il s’agit (je crois) de présenter comme deux activités complémentaires l’acquisition et la médiation de contenus (tous supports)
Il devrait donc y avoir 2 nœuds centraux dans ta carte, acquisition et médiation et pas 3 (objectifs, médiation-qui et médiation-quoi).
Au nœud « acquisition », tu peux lier les nœuds-fils suivant : « pourquoi » (objectif relatif à la charte doc. et au PDC), « comment » (protocole de sélection), éventuellement « avec qui » (comité d’acquisition).
Au nœud « médiation », tu peux lier les nœuds-fils suivant : avec qui (partenaires) et quoi (quels dispositifs) qui se ramifient ensuite par type de partenaire (collègue, auteur, enseignant, lecteurs, etc.) et par dispositifs (recommandations des bib, recommandations des lecteurs, bibliographies, étiquettes, mises en espace, accueil-renseignement, événement, vidéo, etc.) sans distinguer le local du global (je ne vois pas l’intérêt).
Je ne vois pas l’intérêt d’indiquer « pour qui » (= information transversale : nos lecteurs) sauf à l’utiliser pour subdiviser les dispositifs selon leur public de destination mais c’est peut être un raffinement inutile (à voir).
Inutile de préciser dans le diagramme « domaine concerné » et « qui » car se sont des informations transversales qui peuvent être incluses dans le nom du diagramme ou en tête de document (1 diagramme par domaine, portant le nom de l’acquéreur)
cordialement
Merci pour ces remarques intéressantes. Vous parlez de cartes, et pour moi il s’agit d’un schéma, d’où l’idée d’un fonctionnement horizontal ET vertical, par strictement arborescent, comme les cartes heuristiques. L’intérêt d’ajouter le « Pour qui ? » est celui de le lier avec le « Avec qui » en montrant que ceux qui sont les destinataires peuvent tout aussi bien être les partenaires qui vont co-produire des contenus insérés dans des dispositifs de médiation, mais ça c’est vrai que ce n’est pas forcément clair sur le schéma. Par contre, d’accord pour enlever domaine concerné, c’est vrai que ça peut aller dans le titre du schéma. Pour le lien entre local et global j’y tiens parce que j’ai l’impression qu’elle peut contribuer à faire comprendre que le virtuel et le réel ne s’opposent pas mais se complètent… Ceci dit exact pour le fait d’avoir 2 noeuds centraux et pas 3, et merci pour les remarques, ça m’amènera à repenser ce schéma d’une manière un peu différente, et peut-être plus claire. Bon, hop sur la to-do-list ! 🙂
Le magazine Science et Vie Micro de novembre 2009 propose une étude comparative sur les logiciels de mind mapping ou carte heuristique (p.114) et recommande Freemind plutôt que bubbl.us. le programme est plus complexe, mais à l’avantage d’être en français, et permet en outre d’importer des documents (texte ou image).