Les SIGB sont-ils ringards ? par Jacques Kergomard

ScreenShot001Intéressant article proposé par Jacques Kergomard (merci à T. G.!), qui anime BiblioTIC et qui est loin d’être un débutant en matière d’informatique documentaire :

Après 25 ans de services chez des éditeurs de logiciels (création de la société Decalog, 17 ans chez Opsys) ou pour une agence de coopération régionale (ACORD), j’exerce aujourd’hui cette activité en tant que travailleur indépendant au sein de la SCOP énergies alternatives.

Extraits de son article :

Pour ce qui est du travail interne, les cahiers des charges n’évoluent guère, et les demandes correspondent à ce que savent faire les logiciels depuis des années, sans réelle évolution, comme si les pratiques professionnelles n’avaient pas bougé et que les SIGB ne pouvaient pas évoluer sur ce point. La bibliothèque 2.0 n’est-elle bonne que pour une image de modernité vis à vis de l’usager ? N’a-t-elle pas toute sa place également à l’intérieur des bibliothèques ?

(…)

Il n’y a pas de vision globale du processus de constitution du fonds, de l’intention d’acquisition au pilon. Pourtant, la constitution du catalogue, notices bibliographiques et autorités, n’est qu’une partie d’une politique documentaire.
Je n’ai jamais vu de cahier des charges allant dans ce sens, et lors de la présentation d’un logiciel, une des premières attentes, après le portail, est toujours le module de catalogage.

(…)

Les outils d’aide à la décision, de suivi de gestion, ont beaucoup évolué ces dernières années, mais cela ne se retrouve pas dans les SIGB.

(…)

Dans un SIGB, la circulation des documents à l’intérieur d’un réseau se résume souvent au seul prêt à l’usager : un document est dans la bibliothèque ou chez un lecteur. Alors que vous pouvez quasiment suivre en temps réél l’état de votre commande sur un site en ligne, que savez-vous de votre réservation, entre le moment où vous avez fait la demande et la mise à disposition du document ?

Signalons tout de même sur ce dernier point que le SAN Ouest Provence vient de lancer un service permettant aux usagers de réserver à distance tous les documents de la bibliothèques, voir leur blog pour plus d’info.

Cruels constats, j’ajouterai même qu’alors que de nombreuses bibliothèques créent des blogs et mettent en ligne des contenus, les SIGB ne permettent pour l’instant pas de gérer des chaînes de publication collaborative… ce que permet pourtant n’importe quel CMS de blog, wordpress en particulier.

Alors ringards les SIGB ? Sans doute, pour toutes ces raisons (sans même parler du fait que le SIGB de demain sera dans les nuages) mais peut-être est-ce encore plus juste de remarquer avec Jacques Kergomard que les bibliothécaires ont les SIGB qu’ils demandent… Je l’ai déjà dit ici, il nous faut exiger des fonctionnalités 2.0, voire élaborer et mutualiser des cahiers des charges types.

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

4 réponses

  1. JPouchol dit :

    Merci, Silvère, pour ton clin d’oeil à la MIOP et à Bambou. Et je voudrais ajouter, en plein accord avec les propos de Jacques Kergomard (sur les carences des outils de gestion et de circulation des documents), que :
    1. le SAN OP a financé le développement du futur module acquisition de Koha, qui sera versé à la communauté à l’occasion de la sortie de la 3.2 (fin janvier a priori). Ce module, amélioré dans ses fonctionnalités de commande, est également un outil de pilotage de domaine de contenu (intégrant notamment un tableau de suivi dynamique du projet documentaire). Il est un complément de la fiche domaine, dont je publierai ces prochaines jours un exemplaire de la nouvelle version (3) sur Bambou.
    2. Concernant la réservation à distance, nous avons, en plus des fonctionnalités évoquées dans le billet (http://docmiop.wordpress.com/2009/12/04/la-reservation-a-distance-a-la-miop/) gagné en précision concernant la traçabilité du document dans ses différentes phases de traitement et de circulation (le réservataire disposant de cette information, en temps réel, sur son compte adhérent = ex. « en commande », « en cours de traitement », « en transit », « document mis de côté »…). Et nous proposerons très bientôt, en plus de cette info, un envoi SMS au réservataire pour le prévenir de la disponibilité de son document réservé.
    Bien kohament

  2. Je suis bien d’accord que dans la lignée des OPAC 2.0, les SIGB doivent maintenant se réinventer pour mettre à profit l’intelligence collective des bibliothécaires d’un réseau, fluidifier la circulation de l’information au sein des réseaux, proposer des outils d’analyse et de suivi des politiques documentaires et des services rendus au public.
    Il est temps que les bonnes volontés s’attaquent à l’élaboration du cahier des charges que l’on pourrait intituler « tout ce que vous avez toujours rêvé de trouver dans votre SIGB sans jamais l’obtenir ».  Ainsi, les fournisseurs qui le souhaitent pourront proposer aux bibliothécaires des outils plus riches.  Pour amorcer la pompe, j’ai créé un squelette d’article dans Bibliopédia.
    A vos claviers !
     
     

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  2. 5 février 2010

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