De l’usage homéopathique des listes face à la twittobésité
Infobésité = surcharge d’information et je baptise en hommage à cette chouette image sa sous-catégorie twittesque : la twittobésité ! (je l’avoue c’est cette superbe image qui a inspiré ce billet)
Via nextnature.net
En réalité, l’oiseau de twitter est intrinsèquement obèse : twitter est un média de flux, dans lequel on s’immerge : vouloir tout y lire est impossible, les solutions sont homéopathiques. C’est peut-être toute la différence avec un agrégateur qui a vocation à être dimensionné en fonction de thèmes de veille et du temps disponible… (ok pas facile non plus c’est un vrai travail de PKM).
Autrement dit, pour reprendre une des analyses les plus intelligentes que j’ai lue sur twitter, celle d’Olivier Ertzscheid (sans flagornerie hein et lisez l’intégralité de l’article !) :
Ce qui est le plus intéressant dans Twitter, ce sont les stratégies qu’il met en place pour gérer l’infobésité accrue par le temps réel sur lequel il s’efforce de se caler, et ce sans jamais faire appel à de classiques techniques de hiérarchisation mais en préférant faire appel à des stratégies visuelles, cognitives et scripturales d’évitement, de substitution.
Quel est l’ordre de Twitter ?
Si Twitter est lu (et utilisé) par chacun d’entre nous c’est parce qu’il est néanmoins capable de briser son hétérarchie pour lui donner de la profondeur, et pour se servir de cette profondeur comme d’une hiérarchie. La plupart des medias sociaux utilisent une technique d’éditorialisation déjà largement théorisée en informatique et en sciences sociales : il s’agit de celle du filtrage collaboratif. Les moyens et les instanciations de cette technique sont innombrabbles mais son mécanisme est immuable : on agence l’information, on construit collectivement les hiérarchies éditoriales en fonction du nombre de votes (ou de liens, ou de signalements, ou de mots-clés, ou de folksonomies, ou de Hashtags) vers cette information à l’intérieur d’une communauté d’usage, et ce de manière dynamique (ré-agencement perpétuel) ou statique (à un moment donné). Le filtrage collaboratif, très utilisé notamment dans des systèmes d’information « clôts » (en entreprise par exemple) a changé de nature dès qu’il s’est retrouvé sur le web, et ouvert à des communautés pouvant compter plusieurs millions de membres. Mais revenons à Twitter. L’éditorialisation de Twitter, son filtrage collaboratif, sa profondeur hiérarchique, c’est la capacité que nous avons de construire notre communauté de Followers (littéralement suiveurs) et de décider nous-mêmes des personnes ou des thèmes que nous voulons suivre. C’est là le seul moyen de garder le contrôle et de n’être pas totalement submergé par le flot flux. Mais on le voit, il ne s’agit pas réellement de hiérarchisation (qui s’appuie sur une verticalité) mais plutôt de périphérie, d’horizontalité du cercle de suivants/suiveurs dont et avec lesquels nous décidons de tenir conversation.
A cet égard LePost vient de proposer Tweest qui entend mettre en avant les comptes twitter des hommes politiques, classés par partis, de manière à proposer une sorte d’annuaire pour choisir un cercle de personnes actives sur twitter…
Ce service, est à relier à une précieuse fonctionnalité qui n’existait pas à la date où Olivier a proposé son billet : celle des listes ! Le bon vieux principe de la liste permet de repérer une communauté de gens sur twitter. Précieuse fonction indispensable non seulement à la maîtrise, mais surtout à la prise en main de ce réseau social. Sur twitter, il faut savoir qui suivre, et c’est très désarmant quand on démarre (et même après) ! Selon Martin Lessard :
La montée fulgurante de Twitter (14 millions d’usagers) n’a d’égale que le nombre de gens qui abandonnent l’outil (60%). Avec un taux de rétention de 30 à 40%
C’est pourquoi avant même que les listes existent Biblioroots avait eu l’excellente idée de lister quelques membre actifs d’une communauté liée aux bibliothèques et à l’information documentation, voir ici et là avant de proposer sa propre liste quand twitter a lancé la fonctionnalité. J’ai quant à moi utilisé socialoomph pour proposer aux personnes qui me suivent sur twitter de recevoir un message automatique leur indiquant ma sélection d’une centaine de personnes à suivre sur twitter pour entrer dans le bain communautaire des flux en rapport avec l’information documentation… Cette liste, vous la trouverez ici : bibliobestof.
Bref, c’est un peu le grand retour d’une hiérarchisation par catégories ou thèmes, proche de celle des bons vieux annuaires de sites web mais pour les profils twitter : par exemple Quitwitte. Retour des annuaires alors même que, pour les sites web, ce moyen d’accès à l’information a été supplanté par l’efficacité des moteurs de recherche et désormais le bain communautaire des réseaux sociaux (facebook en particulier). Les bibliothèques ont pourtant conservé l’idée d’une mise en catégories du web via des collections de signets qui semble de moins en phase avec les pratiques actuelles, au moins par le fait que ces collections sont stockées et pas disséminées… (et puis posez-vous la question : si vous n’étiez pas bibliothécaire, utiliseriez vous un annuaire pour trouver une information sur un thème ? Moi non.).
Néanmoins, le retour de la forme annuaire est intéressant, parce que s’il s’agit toujours de trier et de lister, il faut trier non plus des sites statiques dans des catégories, mais bien des « grappes de flux » propres à des personnes ou des thèmes.
Une idée en passant… et si, demain, en plus des sempiternelles collections de signets qui sont stockées sans être « mises en flux » on trouvait un moyen clair et lisible pour contribuer, aux côtés des journalistes et des amateurs, en tant que bibliothécaires, à identifier et à suivre des communautés d’intérêts, des « grappes thématiques de flux » ?
Tu veux dire que nous avons maintenant la possibilité de lister des personnes ressources ?!
Ce n’est plus prêtez-moi un bibliothécaire, mais permettez-moi de le suivre. 🙂
Intéressant.
B. Majour
oui c’est ça ! 🙂