Plus qu’un territoire, le Flux est, pour reprendre l’idée de Chardin, une sphère, un écosystème : une planète où se déroule sans fin un processus alimenté par une énergie extérieure. La planète, c’est le réseau de liens. Le processus, c’est la circulation des informations, des idées et des émotions. L’énergie, c’est nous qui l’insufflons lorsque nous propulsons, c’est notre vie.
Comment s’y prennent les propulseurs ? Ils se connectent les uns avec les autres. Ils se passent le mot de bouche à oreille. Ils se passent l’info de la main à la main. « On propulse en se connectant. On se connecte en propulsant. » Pour propulser, il faut pouvoir transmettre à des destinataires, être connectés avec eux, être un des fils qui sous-tend le Flux, une ligne de vie. Il ne suffit pas d’injecter des contenus dans le Flux et de les laisser vivre seuls. Ils auraient toutes les chances de se scléroser. Mais pour se connecter, taper sur l’épaule de quelqu’un n’a pas beaucoup d’effet. Mieux vaut lui apporter quelque chose, au moins un bonheur passager. « Tiens, lis ça. C’est absolument génial. »
En lisant ce texte je me rends compte que la médiation numérique est en vérité une propulsion numérique faite par des bibliothécaires… 🙂