Nous avons besoin de partager nos bonnes pratiques et nos expériences innovantes

110_F_3129321_MhfG9b4fGekzbqRKhoYw2dsz5gQo3eIl me semble que nous manquons cruellement aujourd’hui d’un outil de mutualisation des bonnes pratiques entre bibliothécaires (et assimilés). Encore faudrait-il définir ce qu’est une bonne pratique :

Le terme « bonnes pratiques » désigne, dans un milieu professionnel donné, un ensemble de comportements qui font consensus et qui sont considérés comme indispensables, qu’on peut trouver sous forme de guides de bonnes pratiques (GBP). Ces guides sont conçus par les filières ou par les autorités. Ils peuvent se limiter aux obligations légales, ou les dépasser. Comme les chartes, ils ne sont généralement pas opposables. Ils ne sont pas toujours publics, ni toujours gratuits ou accessibles en ligne pour le consommateur. Ils sont souvent établis dans le cadre d’une démarche qualité par les filières.

Imaginez une base de donnée complétée par des bibliothécaires capable de pointer dans l’ensemble de ce qui se fait d’intéressant, ce qui marche, ce qui est tenté. Un exemple : je vois régulièrement ressurgir le débat autour des espaces ados dans les bibliothèques. J’ai l’impression que ceux qui envisagent ces solutions ne savent pas qu’il existe une pratique validée par l’expérience qui règle le problème de l’organisation des collections pour le fameux passage entre jeunesse et adulte = la fusion pure et simple des collections documentaires adultes et jeunesses dans les rayonnages.

A cela il me semble que l’on pourrait ajouter ce qui ne fait pas forcément consensus, mais qui est innovant. Une telle démarche a été initiée par l’ADBGV, sous la forme de fiches projets innovants, mais l’ensemble n’est plus mis à jour.

Un outil proche existe pour les anglophones : Libsuccess, il s’agit d’un Wiki. Vous allez me dire, pourquoi ne pas utiliser Bibliopédia ? Ce serait possible en effet, mais il me semble que ce n’est pas l’endroit le mieux adapté, parce que Bibliopédia vise surtout à être un répertoire de liens qualifiés sur le métiers, plutôt qu’un outil dédié à des « bonnes pratiques » ou à des pratiques innovantes. Je pense vraiment qu’il nous manque quelque chose de peut être plus « convivial » que Bibliopédia (plus d’images, etc.) et surtout qui serait animé par quelqu’un dont ce serait le travail… Il s’agit aussi de contribuer à diffuser la culture de l’expérimentation, de l’évaluation et de la normalisation dans les bibliothèques. C’est l’idée d’un site composé de rubriques et de fiches « bonnes pratiques » ou « expérimentation » l’ensemble ouvert aux commentaires et collaboratif. J’ai vu quelque part qu’il existait un tel projet du côté des Bu, mais je ne retrouve pas l’info…

Qu’en pensez-vous ?

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

32 réponses

  1. shaunlemouton dit :

    … on commence quand?

    • Quand une institution a la volonté et les moyens de s’y mettre ! 🙂

      • B. Majour dit :

        J’ai lu cette réponse, je l’ai relu.
        J’ai l’impression de lire : quand les poules auront des dents. 🙂
        Tu crois que c’est d’une institution dont il est besoin, ou de bibliothécaires journalistes, capables de synthétiser l’info et surtout d’aller la chercher ?
        J’ai un autre proverbe dans la main : Les petites gouttes font les grandes rivières. Les expériences, c’est nous qui les avons, pas « l’institution ». 😉
        Bien cordialement
        B. Majour
         
         
         
         
         

  2. super idée ! c’est un peu ce que je tente, à mon niveau et avec l’expérience que je veux avoir des formations que je donne. C’est à http://tournerlapage.net catégorie tutoriels

    • Oui ben non en fait c’est pas le même idée que j’exprime dans le billet et dans votre site pour la catégorie tutoriel, qui se rapproche plus du bibliolab. Bon si vous n’étiez pas un professionnel de l’infodoc, je considérerai le commentaire comme de la pub déguisée, mais bon là je le laisse…

  3. symac dit :

    Pas convaincu que bibliopedia ne soit pas l’endroit où centraliser ces informations. Bibliopedia c’est l’outil, libre à ses usagers d’en faire ce qu’ils veulent, et de varier ces usages (cumuler des pages de liens, des retours d’expérience …) pour rendre la base plus incontournable qu’elle ne l’est pour le moment.

    La convivialité de bibliopédia n’est pas à mon sens lié à l’outil mais à la manière dont on s’en sert. L’outil utilisé est le même que sur wikipedia, wikimedia commons, wikisource, wikinews … donc les possibilités pour avoir une présentation plus sympa sont là, aux usagers du wiki de les mettres en oeuvre.

    Il y a plus de 1500 extensions disponibles pour l’outil mediawiki, on peut imaginer plein de choses. Par exemple intégrer des supports de présentations pour les retours d’expérience ( http://www.techpresentations.org/Behind_the_Scenes_at_LiveJournal:_Scaling_Storytime_%28at_USENIX_2007%29 ), définir des modèles évolués …

    Donc si le besoin de mettre en commun toutes ces expériences est là, l’outil lui aussi est là (après un peu de customisation peut-être), ne manque que l’action ! (et la formation à l’usage de cet outil évidemment)

  4. Muséologique dit :

    Bonjour
    J’ai lu avec intérêt votre billet. Justement, je vais me permettre un peu de pub 😉 mais j’ai mis en ligne hier soir sur mon blog un billet consacré aux échanges professionnels dans le domaine du patrimoine. Je développe l’exemple canadien du RCIP, qui concerne aussi les bibliothèques.
     

  5. BFL50 dit :

    L’IFLA a mis en place (grâce aux collègues suisses notamment) dans le cadre du Sommet Mondial de la Société de l’Information, dès 2005, une base de données intitulée « Success Stories », où les bibliothécaires du monde entier peuvent décrire leurs réussites. La base est accessible ici : http://www.ifla.org/en/success-stories, ou encore http://www.tribalpixel.ch/ifla/index.php?lang=FR. On peut l’alimenter directement en français.

    • Intéressant, mais il me semble que c’est une base de données « à l’ancienne », parce que les données ne sont accessibles qu’avec un moteur de recherche et une recherche par thématiques, alors que j’avais plus dans l’idée un flux (rss) global des projets et la possibilité pour l’utilisateur de les commenter, de les noter de les reclasser, de s’approprier les ressources de la base sans entrer au préalable dans des catégories pré-construites…

  6. B&C dit :

    Les pages de liens sur Bibliopedia sont plus utilisées…parce que les pages retours d’expériences demandent bcp plus de temps pour être mises à jour,  (il en existe quand même, si si) et ce serait la même chose quelque soit le site.

    Pour mémoire je vous rappelle qui s’était déclaré volontaire pour gérer des parties de Bibliopedia en 2006. :o)
    https://www.blogger.com/comment.g?blogID=19351033&postID=114426811103429481

  7. B. Majour dit :

     
    Salut
     
    Tu ressens ce besoin toi aussi  🙂
     
    Tu penses créer ce truc ex-nihilo, ou alors recenser ce qui existe et traduire/compiler ?
     
    Le boulot d’un seul, j’ai des doutes.
     
    20 000 bibliothécaires en France, mais une seule personne pour gérer cette masse d’informations (répétitives) ?
    Pas Glop !
     
    J’ai quand même l’impression que tu parles ici de créer une bibliothèque des écrits bibliothécaires (à long terme, à longue compilation).
    Et ça marchera mieux avec un effet réseau.
     
    Donc avec des questions précises, auxquelles on tâchera de répondre. (on = le réseau)
    Recenser les questions, pour mieux recenser les réponses, et ainsi créer la base de données, ou les fichiers PDF correspondants.
     
    Bien cordialement
    B. Majour

  8. Mercure dit :

    je te prends en flagrant délit de non-travail collaboratif et c’est très mal   🙂
    « quelqu’un dont ce serait le travail » ne pourrait que s’appuyer sur un corpus commun de récits d’expériences, et ça, nous ne l’avons pas constitué. Pourquoi ne pas commencer par là ?  Faisons-le ensemble ( ça, ce serait collaboratif)  avant même de penser à l’outil de diffusion.
    Prem’s

    • @Bernard @Mercure : j’avais bien sûr en tête une base collaborative ouverte avec un animateur chargé d’animer la communauté des contributeurs… c’est à ce « travail » là que je pensais. Et pour répondre à Mercure il me semble que dans ce cas, c’est précisément l’outil et le projet qui permet de fonder un corpus commun…

  9. elfie dit :

    Je crois qu’on en ressent tous le besoin, c’est d’ailleurs un projet sur lequel je travaille mais bien sûr à mon niveau. Avec une collègue on a commencé à réfléchir à un site de ce genre mais pour le moment le côté technique pose encore soucis. On voulait monter un site collaboratif (c’est dans l’ère du temps) après avoir fait le constat que sur un même département on ne savait finalement pas comment travaillaient les collègues ou comment s’entraider… Donc le travail de base est là … je vous tiens au courant dès la mise en ligne !!

    • B. Majour dit :

      Sur quel département Elfie ?
      Pas la peine que nous nous y mettions tous au même endroit. 🙂
      B . Majour
       
       

  10. Jehanne dit :

    Je suis étudiante, future bibliothécaire, et je trouve excellente cette idée d’un site qui mutualiserait les bonnes pratiques et les expérimentations des bibliothécaires ! Ce serait très utile !
    Et merci pour ce blog aux articles toujours très intéressants !

  11. B&C dit :

    Heu mon commentaire est passé ou pas ?

    Je disais que mon idée de Bibliopedia est bien de parler des pratiques (certaines pages y sont consacrées) mais que de fait les pages de liens sont plus actives, car les pages d’expérimentations sont bcp plus longues à mettre à jour. Et ce problème sera le même quelque soit l’interface.

  12. elfie dit :

    Dans un département qu’on imagine pas…. la Mayenne ! On est quelques unes à être très investies dans la « Bib 2.0 ». Par manque de temps et de personnes dispo le soir après le travail (ben oui on peut pas faire ça dans la journée malheureusement) du coup pour le moment on planche à 2. J’ai fais un blog pour ma bibliothèque (www.biblioand53.blogspot.com) où j’essaie d’utiliser de nouveaux outils mais c’est plus pour mes lecteurs.
    Au passage en discutant avec plusieurs « jeunes » (20-30 ans ) je me suis rendue compte que les bibliothèques souffraient très largement d’un manque de communication. Le public au sens large ne sait finalement pas ce que nous faisons. Personnellement je pense que le problème vient surtout du fait que les bibliothèques communiquent mal ou pas assez largement de même (et finalement cela recoupe un peu l’idée précédente) pourquoi n’avons nous pas un site internet NATIONAL comme l’ALA aux Etats-Unis… d’ailleurs en cherchant sur le Net même le site du ministère de la culture n’a pas daigner consacrer une partie sur les bibliothèques…
    Enfin tout ça pour dire que lorsque j’entends certains « bibliothécaires », bénévoles etc… me dire que personne ne vient lors de leurs animations je me dis que c’est peut-être parce que bien souvent seul les lecteurs sont informés mais peut-être est-ce un problème uniquement pour les bibliothèques rurales…
     

  13. france dit :

    ce serait bien aussi de parler de ce qui n’a pas fonctionné !

  14. Lully dit :

    En fait, après bien des tergiversations, j’ai des doutes sur la possibilité de succès d’un tel projet.
    Je ne suis pas sûr d’en avoir des raisons convaincantes, et je préfère me tromper. Mais bon :
    il me semble que ceux qui passeraient du temps à rédiger de tels retours d’expérience n’auraient aucun retour sur investissement, càd :
    1. ni « notoriété » lors de la publication du texte (aucune lecture immédiatement consécutive à la rédaction), à la différence d’une publication dans une revue pro ou sur un blog. Aucune évaluation statistique possible sur l’utilité du temps passé, d’où la pensée suivante logique : « A quoi bon ? »
    2. ni retour de la part des lecteurs éventuels, qui ne sont pas invités de la même manière à réagir, interpeller les « expérimentateurs ».
    Ensuite, le retour d’expérience s’inscrit aussi dans un contexte particulier, un <em>calendrier</em> spécifique. C’est pourquoi leurs publications prennent plutôt place dans des revues que dans des monographies. Ils ont une durée de vie relative.
    Bon, encore une fois je ne suis pas convaincu par mes propres arguments. Mais ce qui me gêne fondamentalement, c’est que ta proposition est extrêmement simple à mettre en place : alors pourquoi cela n’a-t-il pas été fait encore ? J’ai le sentiment qu’il y a des obstacles plus ou moins conscients, et plus ou moins légitime.
    Sois indulgent avec mon commentaire : je tâtonne à voix haute…

    • Tiens c’est marrant en évoquant tes deux doutes, tu esquisses des éléments d’un cahier des charges pour qu’un tel projet réussisse ! 🙂

  15. Mercure dit :

    @Lully : bien d’accord pour dire que c’est peut-être une « fausse bonne idée ». Et tout l’intérêt de nos actuels échanges est poser les questionnements pour une réussite. Qu’on n’atteindra peut-être pas…

  16. Lully dit :

    Je ne dis pas qu’en soi l’idée ne soit pas bonne. Mais qu’est-ce qui a changé depuis l’échec de Wikipoldoc ?

    • Pas enormément de choses, mais quand même ! La sensibilité des gens au partage d’expérience, j’ai l’impression que cette culture du partage est bien présente et se développe chez les bibliothécaires. Mais bon c’est du feeling. Quant à wikipoldoc on l’avait lancé à la préhistoire des réseaux sociaux les outils aussi on changé depuis…

  17. Gudule dit :

    Bonjour,
    Bon, c’est un grande première pour moi de laisser un message sur un blog, je me lance avec un peu d’appréhension dans le web 2 !
    Dans le cadre de la création du portail de la musique contemporaine, qui réuni aujourd’hui 21 partenaires, un wiki a été créé. Rédigé par Michel Fingerhut, directeur de la médiathèque de l’IRCAM, le wiki reprend l’historique portail et surtout les normes pour nos exports XML, un bilan des projets en cours etc…Je vous passe les détails mais c’est vraiment génial. En revanche très peu de participation par ce biais, les membres du projet se connaissent et le téléphone c’est très pratique.
    L’idée intéressante mais je rejoins un peu Lully sur ses doutes sur l’implication des lecteurs à moins de penser un outil sexy qui puisse valoriser les initiatives d’un ou de plusieurs établissements, par une description de leurs (bonnes) pratiques, des normes utilisées etc… et encore je doute de l’importance (non pas en terme de qualité mais en quantité) du collaboratif. A priori, le retour d’expérience ce n’est pas ce qui suscite le plus de réaction, même avec un animateur.
    En revanche ça peut trouver sa place dans nos favoris « Sites ressources ».
     

    • Ravi de cette première ici même ! Je partage vos doutes et c’est pourquoi j’évoquais le fait qu’il faut que ce soit une institution ou peut être plus largement un organisme qui fasse un travail d’animation de réseau… Quand au faiblesses du collaboratif, elles sont bien connues : en général, c’est une règle largement vérifiée , c’est 1% de motivés et actifs, 10% de contributeurs et 89% de lecteurs….reste donc à trouver 1% de bibliothécaires motivés !

  18. belle idée !
    Comme chacun souligne, il existe ce genre de d’outils (y compris au sein de chaque BDP, même si l’innovation n’est pas toujours flagrante) mais souvent de manière fragmentaire, même si Bibliopedia est déjà bien fourni. Il manque une mutualisation et un suivi de tout ça.
    Quelque part et même de manière imparfaite, biblio-fr jouait ce rôle. Notre identité professionnelle à chacun se construit aussi dans ces cas concret où il nous faut expérimenter de manière pragmatique et efficace.
    Mon questionnement : vu l’état du web et des pratiques, est-ce possible de trouver un outil qui convienne à tous en terme formel ?
    Alors ne devrait-on pas creuser du côté d’un pearltrees commun à la « profession » ? Chacun y apportant et y indexant son propre contenu. Ces contenus seraient ainsi construits selon la sensibilité et les pratiques de chacun : certains privilégiant un blog, facebook, slideshare, zotero etc. Certains privilégiant  l’interactivité, d’autre non etc.

    Bref, ne vaut-il pas mieux mettre en lien de manière organisée plutôt que de proposer un outil formel unique, qui risquerait fort de ne pas emporter l’adhésion de tous et risquerait surtout d’être supplanté par la prochaine innovation du web ?

    Enfin, le dire c’est bien, le faire c’est mieux et là… Mais c’est super de lancer ce genre de piste, espérons que ça finira par décanter et se réaliser, au sein d’une structure en ayant les moyens.