Le livre « La recherche documentaire » chez Nathan, symbole de la dérive commerciale de l’édition
Il existe peu de livres pour le grand public à propos des méthodes de recherche documentaire. Chacun mesure l’importance de sensibiliser les gens, qui plus est la génération Y aux astuces des moteurs de recherche et plus largement de la recherche documentaire. A propos, vous avez peut-être acheté récemment dans vos bibliothèques un livre de chez Nathan intitulé La recherche documentaire de Martine Darrobers et Nicole Le Pottier, dont la couverture est ci-contre. Le livre n’était plus disponible depuis 2005, il vient d’être réimprimé en février 2010. C’est à ce jour la 4e réimpression, la première date de 1994. Ce livre fait partie de la collection Repères Pratiques chez Nathan est explicitement destinée aux étudiants… Ces ouvrages ne sont pas très beaux, mais efficaces et synthétiques sur certains sujets (notamment, les institutions, je l’aimais bien celui-là au temps des concours). Là vous allez me dire, oui et alors ? Alors ce livre est une honte, il m’a mis dans une colère noire. Ouvrons le page 57 au chapitre « par où commencer sa recherche ». Voilà ce qu’on y trouve :
Et un peu plus loin page 71 :
Oui vous avez bien lu, « connaitre les services du MINITEL »à 1,29 F la minute, en 2010. Au début j’ai pensé à une blague et j’ai continué à feuilleter le livre où page 44 on donne des chiffres de… 1999 indiquant qu’en France les cassettes (oui oui les bonnes vieilles cassettes analogiques!) représentent 7% des ventes de musique…! Plus fort encore dans la partie « recherche documentaire informatisée » (RDI) (sic) je vous livre ce qui est indiqué pour internet :
c’est un service assez fréquent à la fin de 1999. il devrait se répandre rapidement au moins pour les services d’interrogation qui ne demandent pas d’abonnement quand elle est possible, l’interrogation des services accessibles sur abonnement passe par l’intermédiaire du personnel.
Logique : Google avait quelques mois en 1999 ce qui explique l’absence totale du moteur de recherche utilisé pour plus de 90% des requêtes en France, 10 ans plus tard. Les plus nostalgiques d’entre nous pourront se rappeler page 55 comment consulter la base Electre sur cédérom, en livre ou sur minitel au 3617 ou 3615 Electre… 🙄 On pourrait multiplier les exemples tant ce livre est truffé d’informations obsolètes ! Et pour cause : il a été réimprimé pour figurer sur le rayon des nouveautés en 2010 avec un contenu qui n’a connu presque AUCUNE mis à jour depuis… 10 ans ! Évidemment, ça va plus vite et c’est moins cher de réimprimer plutôt de faire une nouvelle édition… ce n’est d’ailleurs pas la première fois puisque le livre est réimprimé environ tous les 5 ans depuis 1994. Voilà qui pourrait passer, à la limite, si on trouvait d’autres titres meilleurs sur le même sujet… mais le fait est qu’on trouve très peu d’offre, alors même que les enjeux sont essentiels ! Est-ce un détail quand on constate par une simple recherche dans le catalogue des bibliothèques de la ville de Paris que 22 exemplaires de l’impression 2010 et que plus de de ce livre y sont disponibles ? On me signale en commentaire que 76 bibliothèques universitaires ont acheté le livre… Je suis persuadé que le tirage a été très important et que bon nombre de bibliothécaires et de documentalistes ont acheté ce livre sans même le feuilleter (bien sûr on ne peux pas lire tous les livres achetés, mais sur un tel sujet, quand même…). Comment ensuite être crédible auprès d’étudiants à qui l’on se targue d’enseigner la recherche documentaire en leur proposant un tel contenu ? Et puis comment peut-on vendre un tel livre ? Les auteurs ont-il été seulement prévenus de sa réimpression avec une nouvelle couverture par Nathan ? [edit : le commentaire de N. Le Pottier ci-dessous confirme que c’est bien Nathan qui a souhaité faire cette réimpression] Catherine Lucet, présidente des Editions Nathan, entend « Redonner le goût d’apprendre grâce au numérique » dans cet article de la Tribune… Comment faire confiance à un cet éditeur avec de telles pratiques ?! Je trouve assez significatif de constater une telle dérive à l’heure où les éditeurs défendent coûte que coûte un livre numérique homothétique au mépris des usages. Et surtout, quel contraste insupportable alors même que Christian Bruel, éditeur jeunesse d’Être éditions bien connu de la profession pour son engagement et ses livres de qualité comme La grande question de Wolf Erlbruch, est en grande difficulté et vient de lancer un appel à soutien sur facebook :
Éditer depuis plus de trente-cinq ans, sans capital, des albums jeunesse singuliers plutôt exigeants a toujours relevé de l’aventure.
Et sans le soutien attentif de nombre des partenaires de la chaîne du livre, les lois du marché auraient eu raison plus tôt de cet équilibrisme. En des temps qui ne sont faciles que pour quelques nantis, qu’un léger fléchissement de la vigilance professionnelle puisse nous être fatal a pourtant suscité l’émotion. J’ai été très touché, sur place et depuis, par les nombreux encouragements à tenir et par l’engagement de ceux qui ne pouvaient se résoudre à ce que la présence de nos livres dans le paysage éditorial aux côtés des lecteurs jeunes et moins jeunes, ne soit pas assurée. Que faire ? Je ne peux que vous inciter, les uns et les autres, à vous précipiter dans vos librairies préférées pour vous procurer les albums d’Être éditions pendant qu’il en est encore temps. Si une vague d’achats ne garantit peut-être pas la poursuite de l’activité, elle assurera un destin à des livres qui considèrent les enfants comme des lecteurs à part entière méritant des points de vue non altérés sur le monde. Qu’ils puissent encore, ces albums, susciter de libres interprétations et la résistance à l’ordre des choses, je nous le souhaite. Et nous le devons aussi aux créateurs qui ont partagé le risque de ces aventures littéraires et humaines. « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » écrit René Char. Je vous remercie de la vôtre. Et je n’ai pas sommeil…
Tous ces éléments font de « la recherche documentaire » chez Nathan, à mes yeux, le symbole d’une certaine idée de l’édition, celle qui entend faire du chiffre au mépris des contenus et des publics. C’est cette même dérive, qui fait dire à certains que tout le secteur éditorial court au suicide. Le plus triste dans cette histoire, c’est bien que, comme l’explique tranquillement le Pdg d’Hachette, les groupes éditoriaux vont se concentrer au niveau mondial pour essayer de maîtriser leur politique tarifaire et lutter contre les nouveaux entrants du marché (Amazon, Google, Apple). Bien sûr, personne ne pleurera la disparition programmée de produits tels que ce livre balancé sur les tables des librairies avec un contenu obsolète. Pour autant, si de nouveaux acteurs vont renouveler le marché, ce sont bien des éditeurs exigeants qui risquent tout simplement de disparaître, victimes collatérales d’une période de transition d’un secteur qui aura refusé de mettre en œuvre les infrastructures permettant de faire du numérique une opportunité pour la diffusion de contenus exigeants. Que pouvons nous faire ? Au moins, soutenir, dénoncer, et pratiquer une médiation numérique éclairée en propulsant ce qui nous semble important à défendre que ce soit pour des raisons esthétiques, intellectuelles ou pédagogiques. Bibliothécaires, libraires, documentalistes, soutenez d’Être éditions et si vous avez acheté La Recherche documentaire, impression 2010, retirez-le des rayonnages renvoyez-le à Nathan ! Je vous invite aussi à jeter un œil aux autres livres de cette collection (sait-on jamais). N’en restons pas là, faisons de ce livre le symbole de la dérive commerciale de l’édition en rejoignant l’appel et en faisant tourner l’information ! [suite à ce billet, Nathan a retiré le livre de la vente et s’explique en commentaire sur le choix d’un « recouverturage » pour ce livre ! (sic)]
Incroyable…
Un des auteurs à dirigé mon mémoire de maîtrise… et était une de mes profs …
Ça laisse vraiment songeur …
hum, oui ici on apprend que M. Darrobers a été Rédactrice en chef du BBf entre 198′ et 1989… (bon en même temps on ne sait pas si elles ont été prévenues de la réimpression par l’éditeur….)
Voir le commentaire de Lully chez Affordance : le SUDOC indique que Martine Darrobers est décédée en 2005.
Je ne savais pas que Martine Darrobers était morte.
Nicole le Pottier a-t-elle été consultée pour cette réimpression? Comme Affordance (http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2010/05/nathan-reimpression-a-la-con.html) j’espère que non.
Eh oui Silvère, pour les « vieux » ce sont deux noms familiers. Voilà ce que le BBF disait du livre en 1995 :
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1995-02-0111-006
Mise à part cette petite blague involontaire, le minitel n’est pas si loin, certains veulent que sa version 2.0 remplace Internet :
http://www.fdn.fr/internet-libre-ou-minitel-2.html
Lol ! Tiens ça me rappelle que le minitel sur internet ça existe, et c’est toujours payant à la minute ! http://www.i-minitel.com/ 😀
lol ca me fait penser … que dans mon langage … un minitel désormais, désigne un monologue inintéressant, par référence au « minitel rose » !!!
On peut dire ça d’un troll 😉 du genre :
« tiens celui là nous fait un p’tit minitel … »
Pour en revenir à l’auteur, je parlais de la « seconde mention de responsabilité » : Nicole le Pottier !
Dsl pour la « private joke »
Si je n’en riais pas de bon coeur j’en pleurerais de bon coeur (ou l’inverse c’est selon)
Je suis consterné par votre billet.
Que Nathan publie un ouvrage indécent est le problème de Nathan (il peut être plus complexe que vous ne croyez, par exemple une exigence de l’auteur d’être réédité…).
Il appartient aux acheteurs de ne pas gaspiller leurs deniers.
Qu’un petit éditeur soit à la peine ? C’est le jeu de notre (ou plutôt votre) cher modèle économique. Les petits sont actuellement mécaniquement écrasés par les gros, grâce à la capacité des gros à influencer la conception des règles à leur profit.
Comment changer cette situation ?
– Fédérer les petits pour qu’ils puissent être entendus et visibles,
– Tirer les salaires vers le bas (avec, pourquoi pas une belle part variable et juste : c’est possible dans les TPE/PME),
– Que les relais d’opinion fassent leur travail et valorisent ceux qui font de la qualité (et donc aussi les petits, même s’ils demandent souvent plus de temps pour être valorisés).
…
Quand à la concentration dans la macro édition : c’est un jeu éternel et continu. Les fonds de commerce sont d’abord petits, puis fusionnés dans une perspective « rentière » (pour caricaturer) et deviennent gros.
Et oui, la valeur intégrée dans les gros ensembles périclite systématiquement, à plus ou moins court terme, tandis que de nouveaux petits éclosent.
C’est la vie, un mouvement perpétuel, c’est comme cela que cela marche.
C’est bien d’être utopiste, c’est encore mieux d’être constructif. Commencez par changer de comportements avant de vouloir changer le monde.
Bien cordialement,
Merci pour votre point de vue, ça permet de nuancer les propos !
Et moi je suis consterné par ce commentaire. vous supposez que : « il peut être plus complexe que vous ne croyez, par exemple une exigence de l’auteur d’être réédité…. » Il s’agit là d’une hypothèse carrément insultante pour les auteurs (relisez les commentaire ci-dessus). Sachez qu’il existe une différence entre réimpression et réédition. Ce dernier mot suppose une mise à jour et relecture, ce qui n’est manifestement pas le cas. Pour le reste, je ne débat pas sur la dialectique du gros contre le petit, chacun ses niveaux d’analyses….
la je dis lol …
Volonté ou pas des auteurs … peu importe car l’info est obsolète voire erronée … donc poubelle en principe selon les règles de bases de la « pertinence ou validité des sources »
Et après ca critique Wikipédia !
Nathan fait ce qu’il veut … mais libre à Bibliobsession ou d’autres de critiquer cette démarche intellectuellement malhonnête.
Facile de dire « renseignez vous » quand on parle en tant que professionnel.
Plus dur de faire la part des choses pour le lecteur lambda… Mon rôle en tant que professionnel est donc à la fois d’orienter mais aussi et surtout de critiquer.
C’est peut être pas « constructif » pour vous mais pour moi, ca l’est bien plus que de rééditer un livre en se foutant littéralement de la validité de son contenu.
A chacun son niveau d’analyse dans ce débat donc !
🙂
Le rôle d’un commerçant est de vendre, y compris des choses de mauvaise qualité, du moment qu’elles sont achetées.
Sur ce point, je vous renvoie à une scène d’anthologie d’une assemblée générale d’actionnaires d’un grand groupe de distribution, très largement diffusée.
La seule chose qui peut modifier le comportement du commerçant, c’est le comportement de l’acheteur.
Par paliers et non sans réactions épidermiques, nous débouchons petit à petit sur des questions, et non des réponses.
Oui, il convient de repenser l’édition, sans doute pas que l’édition d’ailleurs 🙂
Le problème c’est que l’acheteur qui veut acheter ce livre pour s’informer est floué par l’éditeur qui lui propose des informations obsolètes.
Une très mauvaise surprise qui, pour moi, ne fait pas une bonne réputation à Nathan….
J’avais acheté ce livre sur le web (je n’en avais pas vu le contenu, seulement un résumé) en mars et effectivement, je m’attendais à un contenu plus actualisé vu qu’il s’agissait de l’édition 2010. Logique.
Alors qu’est-ce que j’en fais de ce fameux bouquin maintenant (il me sert si peu………) ?
Le plus embarrassant, c’est que l’éditeur offre la possibilité de feuilleter le livre sur son site web et qu’on peut clairement identifier des impressions d’écran qui utilisent Netscape ou pire, une explication de recherche dans la bibliographie nationale de France sur cd-rom!
Exact et même que c’est une précédente édition que l’on peut feuilleter…
Ah ? pourtant il y a bien un copyright 2010 (et un ISBN en 13 chiffres)
exact, ça a dû être mis à jour ! (sic)
Une bonne blague de Nathan… Il faut encourager la « folksomie » (je veux bien un équivalent français) ! En ce qui concerne les versions numériques des manuels d’enseignement : j’utilisais jusqu’à présent un clone de mon manuel papier, « vidéoprojeté » sur mon tbi. Sauf que désormais le manuel numérique ne veux plus s’ouvrir et que l’éditeur n’a pas encore réussi à me répondre (15 jours à l’ère numérique, cela fait beaucoup). La cerise sur le gâteau ? Je dois re-acheter le manuel numérique pour pouvoir m’en servir à la rentrée prochaine. Je ne sais pas s’il faudra aussi payer pour se servir de la collection papier que nous avons acquise. Les éditeurs ont beaucoup d’idées et d’imagination en ce moment ! Enfin, moins les éditeurs que les directions commerciales… Ce qui relativise certain propos sur les pauvres petits éditeurs avalés par les méchants gros. L’imagination au pouvoir !
C’est effectivement parfaitement scandaleux et assez révélateur d’une certaine indifférence coupable sur le sujet, indifférence dont Nathan n’a pas le monopole. Ces pratiques éditoriales ne sont pas neuves mais sur certains sujets ça se voit mieux.
D’un autre côté il existe pas mal de sites internet plus à jour et en outre gratuits.
Depuis la parution de La Recherche documentaire en 1994, Martine Darrobers et moi, nous avons toujours eu beaucoup de mal pour obtenir la possibilité de remettre à jour le contenu de cet ouvrage. Tout au plus, avous pu faire quelques modifications en 1998 et en 2001 (la dernière mise à jour de la webliographie date de mai 2001).
Au début de 2005, nous préparions une refonte totale et une offensive auprès de l’éditeur pour la faire admettre, quand le décès brutal de Martine a stoppé cet élan et je n’ai plus entendu parler de Nathan.
Au début de cette année, Nathan m’a « retrouvée », j’ai reçu sans autres explications un contrat où il était question d’un texte qui aurait été remis quelques mois plus tôt. Je ne l’ai évidemment pas signé. J’ai appris par une autre voie plus tard, et trop tard, qu’une réimpression masquée par une nouvelle couverture était lancée.
Je n’ai pas voulu cette pseudo-édition 2010 ; pour moi, ce livre n’existe plus. J’ai déconseillé son achat aux collègues qui m’ont posé la question, et il ne figure plus sur les bibliographies que je donne à mes étudiants depuis longtemps.
Nicole Le Pottier
Merci pour ce commentaire qui clarifie les choses. Je modifie le billet en conséquence.
C’est une des très mauvaises séquences qui étaient envisageable.
L’auteur exprime son intérêt pour une nouvelle édition et lance la machine chez le gros éditeur.
Mais c’est un petit ouvrage en terme de tirage et de retombées pour lequel il est probable que chez l’éditeur, on se mobilise peu.
Le temps passe mais le nouveau livre n’est pas prêt et chez le gros éditeur, des process mécaniques s’enclenchent avec peu/pas d’échange avec l’auteur, pas d’intérêt pour le fonds (les process et l’organisation interne de l’éditeur peuvent ne pas contribuer à la pertinence des ouvrages à finalité pédagogiques édités).
Et hop, impression et diffusion d’un ouvrage au contenu périmé.
Comment sortir de cette situation de façon positive ?
– Mettre en ligne ici et là une biblio de bouquins pertinents sur le sujets (comprenant des ouvrages en anglais au regard du thème abordé) et une anti-biblio afin d’éviter l’achat de ce livre (notamment) par le public (privé ou public :-),
– Identifier un (groupe d’) auteur(s) compétent et susceptible d’écrire un ouvrage nouveau et pertinent sur le sujet et prendre contact avec Nathan ou un autre éditeur pour mener le projet jusqu’à sa finalisation commerciale (il est probable que Nathan goûte peu la publicité que lui apporte cette référence et apprécie engager une action corrective, même si cela va lui couter de l’argent. Si l’auteure n’a rien omis, Nathan doit même retirer cette ouvrage de la vente).
ça commence à être excitant (parce que positif) 🙂
Figurez vous cher Dupont (avec un t), que j’avais précisément dans l’idée (vieille habitude d’essayer d’être positif comme vous dites) de faire une bibliographie des ouvrages sur ce thème. c’est en cours. Je ne doute pas qu’il faille faire un bon livre sur le sujet, quant à la faire chez Nathan, bien sur que non ! 😉
Génial pour la biblio 🙂
On fait tous des (petites) bêtises dans le cadre de nos activités (moi aussi :-).
Puis-je vous encourager à ne pas condamner définitivement Nathan (avec lequel je puis vous assurer que je n’ai aucun lien (ni éco, ni d’intérêts, ni d’affection…) ?
Ce que je trouve intéressant : la situation permet de s’appuyer sur les bêtises que cette éditeur a commises pour faire quelque chose de bien.
ça peut être positif pour tout le monde alors qu’il n’est pas sûr qu’un autre éditeur veuille se positionner sur le sujet, en raison de la rentabilité prévisible d’un tel projet.
Proposer un tel travail à un autre éditeur peut aboutir à une impasse.
Le véritable enjeu semble consister pour moi en l’existence d’une référence de qualité.
En même temps, faire réaliser ce projet par un petit éditeur peut être génial afin d’encourager ce petit éditeur.
Il faudra sans doute penser à en assurer une super promotion, si le produit fini le mérite, pour en assurer la visibilité.
Vous avez sans doute les qualités pour contribuer à cela et y avez sans doute déjà songé.
🙂
Et un ebook libre et gratuit sur la recherche documentaire ? Une solution contre les rééditions aussi sauvage que scandaleuse !
Merci à Nicole Le Pottier de cette précision dont je ne doutais pas !. C’est un nonveau cas d’édition contre la volonté de l’auteur (http://www.actualitte.com/actualite/19007-argent-livre-publier-queffelec-volonte.htm).
Et une atteinte au droit moral.
bonjour,
Merci pour cette précision, ce qui montre que :
1/ les éditeurs sont d’abord préoccupés de leurs marges
2/ que leur position affichée « nous défendons les auteurs,… » est souvent de la blague pour ne pas dire plus.
Pratique assez classique d’appeler nouvelle édtion ce qui est en fait une viellerie rhabillée uniquement sur la couverture !
Claudine
Article édifiant, autant sur la pratique mercantile de certains éditeurs que sur celle, pour le moins questionnable, de certains acheteurs en bibliothèque. J’espère que ces acheteurs auront le cran de demander un remboursement à l’éditeur pour duperie manifeste.
A la décharge des acquéreurs, il faut savoir que l’on acquiert souvent sur titre… de catalogue. (c’est d’autant plus vrai avec les MArchés Publics d’Achat)
Cependant, c’est exact, on peut se poser la question de la vérification d’un livre.
Supposons l’achat de 500 livres par acquéreur.
Contrôle d’une minute par livre (en moyenne) = 500 minutes
500 / 60 = 8,33 heures.
A environ 15 euros de l’heure (catégorie C.), le contrôle coûte déjà 125 euros.
« La recherche documentaire » chez Nathan vaut 11,60 euros.
Se pose donc la pertinence financière d’un tel contrôle. 🙂
Idem pour un éventuel retour.
Hors du côté information obsolète, et donc de la crédibilité future de l’éditeur auprès des bibliothécaires, je ne jetterai pas la pierre à ceux qui l’ont acquis en toute confiance.
Bien cordialement
B. Majour
Merci à Bernard Majour de ce rappel au bon sens !
En tant que bibliothécaire, je n’ai pas toujours la possibilité de feuilleter un livre avant de l’acheter (Amazon ne le propose pas toujours) ; donc il ne reste qu’à se fier à la description, notamment Electre qui pour se livre a fait mention d’une nouvelle édition. On a parfois des surprises ! et non ne peut pas (par manque de temps) aller sur chaque site éditeur pour essayer de voir le contenu.
les bibliothèques devraient se faire rembourser par l’éditeur pour fausse publicité. et l’auteur, elle en pense quoi ? car j’imagine qu’elle touche des droits, non ?
Quand je pense que je suis retombé sur mon exemplaire personnel de ce bouquin pas plus tard qu’il y a trois semaines, dans son édition de 1994, et que j’ai préféré ne pas le donner à une candidate bibliothécaire, pour ne pas la pénaliser par des informations qui pourraient être dépassées (et je n’ai pas été aussi loin que la page 55 pour en juger). Là, c’est l’ensemble des étudiants français qui vont étudier avec de la daube jusqu’en 2025 sinon plus…
L’éditeur Christian Bruel lance une loterie dont les lots sont particulièrement intéressants, et qui pourrait lui apporter un grand soutien : voir plus de détails Soutenez le devenir des éditions Être – ActuaLitté – Les univers du livre
merci pour l’info !
Bonjour,
Nous avons découvert il y a quelques semaines sur votre blog la critique du titre Repères Pratiques La Recherche documentaire, suivie de nombreux commentaires de vos collègues.
Comme éditeur de cette collection, je tiens à vous apporter quelques éléments de réponse.
Comme vous le signalez très justement, le titre n’a pas fait l’objet d’une nouvelle édition en mars 2010, mais seulement d’un recouverturage.
Au moment de cette décision, nous avions souhaité procéder à une mise à jour du titre.
Les trois auteurs n’ont malheureusement pas pu la réaliser : l’un deux était décédé, l’autre – le directeur d’ouvrage – n’a pas souhaité poursuivre son investissement dans ce travail, la troisième auteur enfin n’a pas répondu à nos mails et demandes.
Sans leur contribution ou leur accord pour faire appel à de nouveaux auteurs, nous avons dû prendre une décision soit de mettre fin à son exploitation, soit de le rééditer sans mise à jour, malgré ses faiblesses. C’est cette dernière solution que nous avons choisie, prenant le parti que si certains contenus du titre avaient vieilli, de nombreux autres étaient toujours d’actualité. Par ailleurs, comme il est signalé sur votre blog, le titre est un des seuls sur ce segment à destination du grand public.
Nous allons néanmoins cesser sa commercialisation en attendant sa mise à jour.
Enfin, je tiens à signaler que l’ensemble des titres de la collection Repères Pratiques fait l’objet d’un suivi éditorial permanent rigoureux par une équipe dédiée aux côtés de très nombreux auteurs, et ne s’inscrit en aucun cas dans une seule logique de rentabilité. Nous nous efforçons d’apporter aux lecteurs de cette collection des contenus pédagogisés de qualité, et majoritairement très actualisés.
J’espère sincèrement que ce « droit de réponse » vous permettra de nuancer votre position.
Cordialement,
Charles Bimbenet
Directeur du département Supérieur Formation adulte Nathan
Retirer le livre de la vente est la moindre des choses de votre part. Je mets à jour le billet.
Très fort Nathan ! D’abord, trouver votre billet le 2 juillet alors qu’un pékin moyen dans mon genre, n’ayant rien à voir ni avec l’édition, ni avec la bibliothèque le découvre fin mai, cela fait rêver. Ensuite, oser essayer de nous persuader d’un « suivi éditorial permanent rigoureux » : excellent ! Je reconnais ne connaître aucun titre de la collection. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai aucune envie d’aller y jeter un coup d’oeil. Certainement, un manque de rigueur de ma part. Bonnes vacances, M. Bibliobsédé et surtout : bonnes lectures.
@ Filca.
Il est clairement indiqué « quelques semaines » dans la réponse de M. Bimbenet.
Quant à se priver des autres titres de la collection, ce serait un manque d’ouverture, à défaut de rigueur. 🙂
Bien cordialement
B. Majour
C’est bizarre, le représentant de l’éditeur parle d’un 3e auteur, qui n’a jamais été mentionné dans les différentes réimpressions.
Au passage, je suis bien content d’avoir enrichi mon vocabulaire de ce délicieux « recouverturage… »
Je serais curieux de connaître dans le détail le circuit de l’information qui a leur a permis de découvrir la « fronde » des bibs après plusieurs semaines, mais je pense que leur réaction est « globalement positive », malgré peut être une pointe de mauvaise foi : c’est la 1re fois dans ma courte carrière de bib que je vois un éditeur retirer un titre à la demande de bibliothécaires.
Cela prouve que si nous nous organisons et si nous communiquons clairement sur les points qui fâchent, nous pouvons être entendus!