Bibliothécaires demandez des subventions CNL !

On présente souvent le Centre National du Livre comme un organisme de subventions publiques,  il est en réalité un organisme de redistribution du privé vers le public.

Le Cnl bénéficie de taxes fiscales qui lui sont affectées : une redevance de 2,25 % sur la vente du matériel de reproduction et d’impression et une redevance de 0,20 % sur le chiffre d’affaires de l’édition, dont les éditeurs au CA inférieur à 76 000 € sont dispensés. Le montant global de ses interventions représente un budget de 35 millions € en 2008.

Les aides pour les bibliothèques sont toujours d’actualité et qu’il ne faut pas hésiter à les demander ! Notez ce chiffre qui figure au rapport annuel 2009 du CNL page 212 : sur les 4 Millions d’Euros alloués au budget primitif, seuls 2 Millions ont été inscrits au budget et au final 1 Million d’Euros dépensé ! Autrement dit il y a plein de sous ! Je ne connais pas les chiffres 2010 mais il est clair qu’à ce rythme là ces aides finiront par disparaître… Pourtant, je ne connais guère de bibliothèques où les budgets d’acquisition ne sont pas serrés… La preuve: la question la plus consultée sur le service de questions-réponses de l’ENSSIB est la suivante :

Bonjour, je voudrais connaître l’ensemble des types de subventions disponibles pour une bibliothèque municipale. Merci d’avance.

Alors quoi ? Alors faut demander ! Faut faire l’effort de monter un dossier et il n’est pas toujours simple de rentrer dans les critères et de comprendre comment formuler la demande. Le CNL commence à expliquer plus précisément tout ça. Des infos sont sur le site internet et, par exemple, le 4 octobre prochain, l’ABF organise en Auvergne un journée d’information sur le sujet :

Missions du CNL Les aides thématiques aux bibliothèques : présentation des deux aides. Les perspectives d’évolution du dispositif Conduite du projet thématique, rédaction de l’argumentaire et constitution de la liste avec des exemples de projets déposés depuis janvier 2009.
Avec la participation de :
– CNL : François ROUYER-GAYETTE, chef du bureau de la diffusion du livre en bibliothèques et Jean-Marie HERMEL, chargé de la région Auvergne.
– Dominique FRASSON-COCHET, conseiller Livre & Lecture DRAC Auvergne et Renaud AIOUTZ, directeur des médiathèques municipales de Tence, Saint-Jeures et Le Mazet-Saint-Voy (Haute-Loire), membres de la commission « Diffusion ».

Je trouve dommage de se priver de cet argent qui vient pour partie des mêmes éditeurs qui tentent d’imposer le prix unique du livre numérique en faisant des bibliothèques des marchés du livre numérique ancien ! C’est de bonne guerre, faites des demandes !

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

6 réponses

  1. clairh dit :

    Monter le dossier, certes, ça prend du temps.
    Mais je pense que le plus difficile dans les critères CNL (si ce sont toujours les mêmes), c’est l’obligation pour bénéficier de la subvention de dépenser déjà les fameux 2€ par habitant en imprimés revues exclues… ce que de moins en moins de bibliothèques atteignent car elles se sont diversifiées. Même les plus grandes ont réduit considérablement depuis plusieurs années les dépenses en livres (puisque c’est de cela qu’il s’agit) afin de se constituer des collections vidéo et/ou numériques, puisque leur tutelle (qu’elle soit municipale ou universitaire) leur demande de développer leur offre à budget constant. Le CNL peut-il prendre désormais en compte l’ensemble des dépenses documentaires ??

  2. Renaud Aïoutz dit :

    C’est une juste remarque et qui ira en s’amplifiant dans les années à venir, qui plus est avec les incertitudes de la réforme des collectivités territoriales.
    Cela étant je constate que les budgets d’imprimés atteignent quand même encore souvent ce seuil fatidique, le problème ne vient donc pas essentiellement de là.
    Et comme le rappelait le président du CNL, la devise pourrait en être : « Aide-toi et le CNL t’aidera ! »… La preuve par les dossiers retenus qui sont tous très différents et proviennent de structures de tailles et de missions très hétérogènes. La motivation à aller à la « pêche aux subventions » et la formalisation des bibliothécaires de leurs choix documentaires restent donc centrales ce me semble.
    Je fais remonter votre question très pertinente à l’occasion de la journée du 4 octobre à Clermont : http://bit.ly/bqEvlE

    • clairh dit :

      Cela étant je constate que les budgets d’imprimés atteignent quand même encore souvent ce seuil fatidique, le problème ne vient donc pas essentiellement de là.
      Je vous remercie de votre réponse et partage votre avis dans la phrase ci-dessus, néanmoins il faut être conscient qu’il s’agit bien souvent d’un effort énorme des bibliothèques elles-mêmes dans la répartition de leur budget documentaire pour une ou deux années seulement, afin précisément de toucher cette subvention (souvent à l’occasion d’une ouverture/rénovation), et pendant ce temps le reste est compressé alors qu’il s’agit encore dans de nombreux endroits de produits d’appel (dvd et abonnements électroniques type apprentissage de langues). Si au moins le seuil pouvait comprendre aussi les revues – qui entre nous ont bien besoin d’aide également ! – qui relèvent tout autant du domaine de l’imprimé, on avancerait déjà bien !

  3. shaunlemouton dit :

    Visiblement le CNL ne reste intéressant plus que pour les petites bib sans le sous. Les (lourdes) contraintes pesant sur la constitution des dossiers a raison de beaucoup de volontés en bibliothèque d’Etat…

    • Non, j’ai vu de nbx exemples où le CNL est intéressant même pour un gris budget puisque cela double (voire plus) la mise. Au contraire, une partie du temps de montage dossier étant incompressible, il vaut mieux proposer une demande conséquente.
      Et à l’état comme en « grande » BM, les budgets restent menacés et il vaudrait mieux trouver de la volonté avant qu’il ne soit trop tard…

  1. 20 janvier 2011

    […] Alors, comme le dit Silvère Mercier : « Bibliothécaires, demandez de subventions au CNL ! » […]