Ressources numériques et médiation dans les bibliothèques publiques

J’ai animé la semaine dernière un stage CNFPT de 2 jours autour des ressources numériques pour un public exerçant en bibliothèques municipales. C’était la première fois que j’abordais ce sujet en formation. Je me suis inspiré des réflexions que nous avons eu avec d’autres bibliobsédés à l’occasion du montage d’un cycle complet de formation avec le CNFPT sur les impacts du numérique dans les bibliothèques, cette fois destiné aux personnels d’encadrement des établissements. Mon approche a été de lier intimement une vision panoramique de l’offre actuelle de ses enjeux et contexte et celle de la médiation numérique. Si vous n’êtes pas bibliothécaire, vous allez vous demander de quoi on parle. Voici la définition canonique (et pas très sexy) de l’ADBS d’une ressource numérique :

Document (données ou logiciels) encodé afin d’être traité par un ordinateur et considéré comme une unité bibliographique. Les ressources électroniques comprennent d’une part des ressources d’information stockées en local, d’autre part celles qui nécessitent l’utilisation d’un périphérique relié directement à l’ordinateur (par exemple, un disque dur, un lecteur de cédérom), et enfin les services en ligne (par exemple, les forums ou les listes de discussions, des sites web). Une ressource électronique peut comporter soit du texte, soit de l’image fixe ou animée, soit du son. Elle peut être aussi multimédia.

A cette définition très moche et très biblio-centrée, je préfère de loin celle-ci trouvée dans ce billet (mais pas trouvé le nom de l’auteur) :

« Une ressource numérique est une pièce dynamique d’un puzzle dans une situation d’apprentissage »

Oui oui une ressource numérique, grosso modo, c’est le web ! Il me semble essentiel de sortir d’une vision purement documentaire pour replacer les « ressources documentaires » dans la dynamique du web et de la médiation, dans une dynamique d’apprentissage, de recommandation et de sérendipité pour des ressources qui mêlent le web en accès libre et des œuvres ou documents en accès payant, par abonnement ou à l’acte, souvent dans ce cas bourrées de DRM (soupir). Dans cette situation complexe et très contrastée, il me semble que le cap doit être dans les bibliothèques municipales de ne plus tant se focaliser sur l’achat ou l’abonnement de ressources numériques que sur leur médiation.

Ainsi on pourrait proposer au fond deux situations :

Si vous avez répondu non à l’une des questions précédentes, alors soit il faut monter une expérimentation pour développer une valeur ajoutée de bibliothécaire comme l’a fait Xavier Galaup, soit militer auprès du fournisseur pour qu’il adapte son offre à nos attentes, soit vous laissez tomber ! Il y a suffisamment de perles en accès libre sur le web pour ne pas perdre son temps et l’argent du contribuable auprès d’entreprises qui cherchent à vendre aux bibliothécaires des trucs chers que personne ne consultera (attention je ne dis pas qu’il ne faut pas faire comprendre aux éditeurs ce que l’on veut, mais à un niveau global c’est quand même plus efficace).

J’ai aussi testé pendant ce stage un nouveau dispositif pédagogique. Objectif : utiliser un outil collaboratif permettant de favoriser l’implication et le partage des apprentissages des stagiaires quant à l’examen de l’offre actuelle. Il s’agissait de rendre la consultation active, en répondant à ces questions pour chaque ressource dans une carte heuristique :

J’ai proposé aux stagiaires de décrire des ressources numériques accessibles à partir d’une liste proposée via une liste Diigo publique par thèmes qui mélange des ressources payantes et des ressources d’accès libre. Diigo (comme delicious) est un gestionnaire de signets qui permet d’entretenir une liste de liens très facilement (mise à jour et ajout en un clic). Il me fallait également un autre outil permettant de décrire ces ressources avec la contrainte que le dispositif soit reproductible pour d’autre stages. J’ai donc travaillé non pas directement dans diigo en demandant aux stagiaires d’inscrire des commentaires pour chaque signets, mais avec mindmeister, outil de carte heuristique à partir du quel les stagiaires avaient accès aux liens direct vers diigo. Le mode wikimap de mindmeister permet de construire des cartes en temps réel à plusieurs. Une fois que chaque stagiaire a crée  son compte pour le premier TD, les stagiaires n’ont plus qu’à compléter la carte et conservent leur identifiant pour chaque TD par type de ressource. La petite flèche que vous voyez ci-dessous permet d’aller sur la liste diigo et le + permet de dérouler la branche de la carte :


C’était la première fois que je proposais ce dispositif pédagogique et ça a très bien fonctionné ! Outre quelques petits problèmes de connexion et d’identification au lancement, cela a permis de capitaliser le travail mené par chaque stagiaire au  bénéfice de l’ensemble du groupe. Au départ j’avais prévu de répartir l’examen des ressources par groupe de personnes, mais vu que la carte est collaborative, je me suis vite rendu compte que les stagiaires enrichissaient les descriptions des ressources déjà décrites par d’autres dont ils voyaient apparaître les commentaires en temps réel.

J’étais là pour répondre aux questions et accompagner pendant les TD et proposer à l’issue des TD une vision d’ensemble de chaque domaine de manière bien percevoir les enjeux et favoriser des regards critiques toujours dans la perspective de mêler acquisition et accès à ces ressources et médiation. Voici les deux supports de formation qui m’ont permis de le faire. Merci à tous les gens qui se reconnaîtront à qui j’ai piqué des slides sans vergogne (voir slide de remerciement à la fin du jour 2).

Jour 2

Très chouette de voir la manière dont les stagiaires ont pris facilement en main un outil de carte heuristique et de voir une carte se construire en temps réel avec les contributeurs sous les yeux ! Je vous propose de consulter ci-dessous la carte qu’ils ont crée, je ne peux en revanche diffuser les codes de test proposés par les éditeurs pour des raisons évidentes. Les stagiaires ont bien compris l’intérêt de diffuser ce travail il m’ont bien entendu autorisé à le publier. Attention, il s’agit juste de rendre compte de l’expérience en vous proposant ce support pédagogique, certaines informations peuvent être incomplètes, par rapport à ce que je demandais. Vous pouvez exporter la carte.

Merci à tous les stagiaires pour leur dynamisme et pour m’avoir accordé leur attention, merci à Isabelle Antonutti pour ses conseils, les signets et les codes de formation. Par contre, je ne remercie pas les éditeurs à qui j’ai demandé des codes de démonstration et qui n’ont même pas daigner me répondre, Numilog en particulier…!



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