Merci encore une fois à vous bande de lecteurs de ce blog qui y passez furtivement ou plus longuement pour y glaner quelques idées. Je réalise aujourd’hui que c’est le fait d’écrire ce blog qui a forgé (au sens du forgeron) l’intuition de départ que j’avais en m’orientant vers les « métiers du livre » (qui deviennent de plus en plus ceux de l’information).
J’y ai confirmé l‘intuition de la puissance de la non-lecture de Bayard, celle de penser que la granularité de la lecture change, que le monde se transforme par sérendipités, par de subtils déplacements d’horizons d’attentes, presque par hasard ! Ma manière de bloguer a pas mal évolué souvent on se demande comment je fais pour bloguer aussi régulièrement. J’aime écrire et puis c’est vrai que j’y passe du temps, un temps qui correspond à l’effacement contemporain des frontières entre le temps privé et le temps professionnel… Au fur et à mesure, je me rend compte que j’ai mis au point des manières de bloguer réccurentes. Alors voici une petite typologie de mes trucs de blogueur et une petite rétrospective, allons y !
Bloguer pour moi c’est donc :
- Connecter mon analyse d’un contexte global au contexte des bibliothèques. Je l’avais fait ici la première fois dans ce billet de 2006 où j’expliquais que le P2P allait condamner les efforts des bibliothèques cherchant à dupliquer le prêt tangible dans un monde numérique. Ce billet a été fondaeur, l’intutition s’est confirmée. Malheureusement, 5 ans après ce qu’on observait pour le musique est en train de se répéter dans le secteur éditorial. L’histoire bégaie !
- Experimenter des dispositifs de médiation numérique. Il s’agit de rebondir sur un outil innovant et l’adapter au monde des bibliothèques. Cette technique a été le moteur de ma manière de bloguer pendant toute l’émergence du web 2.0 entre 2005 et 2008. J’ai regroupé tous ces billets avec le tag dispositifs de médiation numérique. Le foisonnement des outils était tel qu’il s’agissait de les repérer, les tester et les adapter au monde des bibliothèques, j’ai ainsi découvert qu’on pouvait faire de la médiation dans le temps, dans l’espace ou sous forme de carte conceptuelle, ou encore utiliser librarything pour renouveller la bone vieille bibliographie… C’est bien comme ça que je me suis rendu compte que la médiation numérique était une approche tout à fait essentielle. Le dernier en date c’était un gros délire : Biblioblogroulette ! Voilà qui a aussi été très formateur pour mes pratiques numériques de veille dont je me suis souvent amusé à rendre compte. Maintenant on se posait la question récemment avec Hubert : quel est le service web qui vous a scotché ces 2 dernières années ? Réponse : aucun.
- Propulser. Repérer des infos intéressantes et les publier : moteur essentiel de l’activité de bloguer, ça amène des billets courts, efficaces et c’est ni plus ni moins que de la propulsion : le dernier en date est là. Ce mode d’intervention ne peut plus se suffir à lui-même aujourd’hui, il faut « descendre en granularité ». Voir ci-dessous.
- Théoriser Ce besoin là m’accompagne toujours en particulier parce qu’il fallait synthétiser des tendances à l’occasion de journées d’études, ou pas. D’ailleurs j’ai toujours assumé de ne pas faussement réinventer mes supports à chaque journée ou formation, considérant que mon laboratoire c’était le blog dont les supports de formation ne sont qu’une émanation… Je tiens par exemple tout particulièrement à ma définition de la médiation numérique. J’avais commencé dès 2006 à parler de dissémination puis des bibliothèques comme écosystèmes en 2008, puis de médiation numérique, avec toujours en arrière plan les connexions à ma formation initiale liée aux politiques documentaires. Vous pouvez retrouver toutes mes présentations sur cette page.
- Pousser un coup de gueule. Je l’ai fait récemment sur l’ouvrage la recherche documentaire chez Nathan et ça a été plutôt efficace puisque l’éditeur a retiré le livre de la vente suite au billet ! Sans systématiser c’est une manière d’affirmer des choix, bloguer est très formateur pour ça parce que ça force à argumenter !
- Rendre compte d’une formation. Je l’ai fait au moins deux fois (ici et là) pour publier des livrables numériques réalisés pendant les formations. Une formation c’est toujours un moment important où les gens sont amenés à sortir de leur quotidien, prendre du recul, avancer. Il m’a semblé important d’essayer de rendre compte de ces moments là tout en diffusant des supports. Très angoissé par le fait que les supports soient diffusés avant une formation et puissent donc être lus par les stagiaires avant même qu’ils n’entrent dans le salle, j’ai acquis la certitude cette angoisse n’était pas fondée et que la valeur ajoutée du formateur était dans l’échange in situ. Voilà qui peut sembler évident aujourd’hui mais qui ne l’était pas en 2006 !
- Proposer des trucs insolites sur les bibliothèques. Alors ça c’est quelque chose qui m’a toujours amusé et m’amuse toujours, ça demande par mal d’efforts de veille. L’occasion d’améliorer mes techniques de veille puisque je dispose d’un champ restreint de recherche dans un objectif précis. Au delà des blagues c’est l’idée de prendre du plaisir à propulser mes trouvailles : voir ce tag ou celui là!
- Interviewer des professionnels : J’ai toujours aimé faire ça, mais pas n’importe comment. Mes questions sont en général courtes et peu nombreuses, ciblées et je n’impose jamais une limite en nombre de caractères. L’idées est de receuillir une parole, pas de jouer au journaliste… En général les gens ont très bien joué le jeu. Par contre je n’ai jamais vu l’intérêt d’inviter quelqu’un à bloguer sur bibliobsession, cet espace est trop personnel et je ne souhaite tout simplement pas en donner les clés.
- Faire un gros billet de synthèse de tout ce que j’avais lu pendant des mois. Forcément rares, ces billets sont de véritables expériences. C’est la drogue du blogueur : l’excitation de publier un gros billet bien touffu et bien mûr, c’est juste jouissif. Le dernier en date, j’ai mis plus d’une semaine à le rédiger, il s’appelle l’Ipad, ce pharmakon. Je pourrai citer celui-là aussi sur le temps réel et la propulsion. Et puis il y a aussi le billet sur le livre de Bayard qui est très important sur un plan plus personnel. Je tiens tout particulièrement aussi à celui-ci sur les politiques publiques. Quelle satisfaction de voir le nombre de gens qu’il ont lu, commenté et relayé ces billets. C’est absolument grisant de se dire que vous mettez beaucoup d’énergie et de temps et que le récompense est là dans les déplacements que ces lectures peuvent susciter. Voilà qui forge aussi des convictions sur la manière d’envoyer des messages, bien au delà des outils il faut du temps, de l’engagement et de la réactivité. Bon en même temps des fois ça marche pas. Je me souviens de ce billet sur les guides de voyage que j’avais mûri tout l’été et dans ce cas la satisfaction a juste été celle de donner une forme à des pensées, puisque le billet n’a pas été très lu !
- Créer des services. J’ai crée Calendoc avec Lionel et le Bouillon d’abord seul, puis grâce à Lully en me disant qu’il fallait répondre à des besoins communs, et expérimenter à la fois des services mais aussi la médiation autour de ces services. La facilité de les mettre en place avec des gens en qui on a confiance permet aussi de mesurer la force de cet espace professionnel numérique dénué de la hiérarchie, des pesanteurs et du temps institutionnel. Un espace dans lequel quand on veut faire, on fait. Dernier exemple en date, celui de l’enquête sur les lecteurs du Bouillon et du Nectar : zéro euro, un peu de temps et des résultats intéressants (publication à venir) ! Tout l’enjeu est alors d’essayer de faire naître la même chose dans la bibliothèque dans laquelle on travaille…
- Faire mon bibliotouriste : J’ai inventé le terme en constatant que tous les bibliothécaires du monde adorent visiter les bibliothèques. Je l’ai donc fait dans ce blog, à l’occasion de la gentille invitation des bibliothécaires de Montréal mais aussi à Marseille !
- Bidouiller mon CMS. Alors ça j’adore, je l’ai toujours fait et ça me permet aujourd’hui de me dire que le monde n’appartient pas aux informaticiens qui maîtrisent le code, mais aussi à ceux qui n’ont pas peur de bidouiller sans utiliser une ligne de code. Je ne sais toujours pas écrire deux lignes de Html mais après quelques heures d’essais-erreurs je sais bidouiller une feuille css, j’ai capté quelques balises et je connais suffisamment wordpress pour arriver à satisfaire mes envies ! Vous lecteurs savez bien que j’ai jamais réussi à diminuer le nombre de plugins dans les colonnes de droite et le temps de chargement de ce blog… J’ai rendu Bernard S. à moitié fou quand il hébergeait mon blog parce que je ne faisais que le traficoter en comptant sur ses compétences pour réparer mes boulettes. Bon depuis je suis tout seul pour gérer mes boulettes et j’ai appris à sauvegarder et à ne pas faire n’importe quoi !
- Relayer des infos associatives. Voilà qui est assez nouveau pour moi et que j’essaie de mesurer au maximum, ne souahiatant pas transformer ce blog en organe publicitaire pour l’ADBS, l’IABD, l’ABF ou l’IFLA ce qui ne m’empêche pas de relayer les infos de campages ACTA parce que c’est nécessaire. Nuls doutes qu’à l’avenir il deviendra difficile d’éviter ces relais, je m’efforcerai de bien les choisir.
- Descendre en granularité à partir d’une information intéressante reprérée. Technique très pratique qui n’est pas de la recherche documentaire, mais de l’approfondissement. Je l’ai fait très récemment ici sur les trois régimes d’attention. Voilà qui s’est imposée suite à l’émergence des médias sociaux. Avant les blogs servaient aussi à relayer des liens, à faire de la veille. Twitter et Facebook ont radicalement changé cet état de fait. Voilà qui a obligé les blogueurs à chercher à apporter quelque chose de plus. Une des manières que j’ai trouvé est non pas rebondir en citant juste un lien, mais de lire les billets ou documents relayés pour en retirer quelque chose de « bloguable » tant il est vrai que tenir un blog c’est être à l’affut de tout ce qui est bloguable ! Après 5 ans, c’est devenu presque un réflexe, je lis le monde des bibliothèques à travers ce que je pourrai en bloguer !
Bon il me faut logiquement finir ce billet sur les perspectives. Hé bien, je continue même si je pressens que la ressource rare sera le temps dans les mois qui viennent. Pas de pression sur le rythme, je publierai peut-être moins, en piochant dans ces possibilités. Merci d’être là, stay tuned !