Il est néanmoins essentiel, dans cette période de transition, de tester des modèles avec un certain nombre de pré-requis, car rien ne dit non plus que l’accès pour tous à bas coûts d’une offre considérable sous droits sera la règle absolue dans les 5 ou 10 ans à venir. Un des rôles des bibliothèques peut aussi consister à sensibiliser les pouvoirs publics, voire à préfigurer un financement global en amont de contenus numériques qui ne sont jamais gratuits à produire. Si la valeur réside aujourd’hui bien moins dans les contenus que dans les services, de ce point de vue, les bibliothèques ont tout intérêt à pratiquer une médiation forte et à tisser des liens avec des communautés sur des contenus de niches. Cette valeur immatérielle ne reposera pas forcément à l’avenir sur des stocks de contenus sous droits mais pourra s’y articuler. Quoi qu’il en soit, la combinaison de l’expérience des bibliothèques en matière d’accès à l’information scientifique et technique, de l’observation des tendances lourdes des usages et de l’émergence de modèles d’accès innovants amène à proposer un certain nombre de prérequis à court terme dans le dialogue qui s’instaure entre éditeurs, intermédiaires techniques et bibliothécaires pour le marché du livre numérique :
- Définir des périmètres précis de diffusion basés sur les annuaires d’adhérents ;
- Repositionner explicitement les bibliothèques comme partenaires et promoteurs d’une offre légale respectueuse des caractéristiques fondamentales de l’information à l’ère du numérique : lisible, citable, manipulable ;
- Explorer la piste de fourniture de contenus à forte valeur ajoutée en masse et éditorialisés
- Systématiquement privilégier la fourniture de flux d’information dont le nombre d’accès est mesurable plutôt que des modèles avec des fichiers au détail imposant des DRM, proscrire les notions de prêts et d’exemplaires numériques ;
- Questionner les modèles de bouquets pré-sélectionnés et limités au profit de l’exploration de modèles intégrant la demande dans la constitution d’offres pérennes ;
- Construire des modèles où ce sont les services aux bibliothèques qui sont monétisés plutôt que les contenus ;
- Partir de l’abondance des contenus ou de son illusion du point de vue de l’usager pour miser sur la médiation numérique et des services, composantes d’offres commerciales en B to B.
Ainsi s’achève cette série de billets, j’espère qu’elle vous aura intéressé. Expérimentons, construisons des offres pour disséminer des contenus et des savoirs !