Ce que je retiens de la première #copyparty de l’univers

Comme vous le savez la première Copy Party de l’Univers à eu lieu la semaine dernière ! Grâce à Olivier, vous trouverez une revue de web/presse complète des articles et reportage sur cette première intergalactique. Grand succès médiatique, l’évènement a attiré plus de 80 personnes, dont certaines venait de Belgique, des étudiants, des personnes des environs et des bibliothécaires ! Sur son Blog, Jean-Michel Saläun a même indiqué que pour lui l’évènement fera date dans l’histoire des bibliothèques ! Bien entendu je suis très fier d’avoir été un des fondateurs de ce concept.

Voici ce que je retiens de cet évènement :

  • Le sujet de la copie mobilise, ce qui montre que le climat est particulièrement sensible sur la question les DRM mentaux sont extraordinairement fort. Des années de lois anti-partage et anti-copie et les dispositifs de culpabilisation et de sanction (Hadopi) ont installé un climat de peur qu’il faut combattre pour poser le débat sereinement !
  • Le droit d’auteur est un maquis, plus personne n’y comprend rien, à croire que ce c’est fait exprès… Parler de ce que l’on peut faire au lieu de toujours mettre en avant ce qui est interdit a été un élément clé de la réussite de cette opération.
  • Pour faire passer un message il faut : créer un concept, un évènement et un site et relayer en croisant les réseaux à plusieurs et en jouant sur l’effet cumulatif des médias (ils en ont parlé, et vous?) Twitter a joué un tel rôle de chambre d’écho pour la #copyparty que j’en viens à penser qu’il a un rôle presque aussi fort que celui de l’AFP pour les journalistes !
  • Notre action avec l’IABD a consisté jusqu’ici à faire du lobbying législatif et institutionnel. Nous avons prouvé avec la Copy Party que ce n’est pas le seul moyen d’action et qu’avec peu de moyen et beaucoup d’engagement on peut pratiquer des actions militantes à grande échelle! Le résultat est là: nous avons plus parlé indirectement des bibliothèques dans les médias nationaux en une copy party que ces dernière années.
  • Avec cette opération, nous n’avons pas communiqué sur les bibliothèques, mais bien sur les usages qu’on en fait, c’est il me semble une des clés de la réussite, il ne s’agit pas de promouvoir les bibliothèques en tant que telles mais bien à partir de leur utilité sociale, pour les re-connecter à des enjeux plus larges.
  • Il ne faut jamais oublier que tout cela s’inscrit dans une culture de l’information et qu’il y a un côté obscur de la copie qui d’appelle le plagiat…

Nous avons des contacts de plusieurs personnes qui souhaitent organiser des Copy Party, je m’en félicite et je précise qu’il n’est pas nécessaire de faire une Party pour faire des Copies! Si néanmoins vous souhaitez en organiser une, toutes les informations sont sur le site officiel !

Un autre point que je trouve particulièrement important dans cette aventure est de se rendre compte que ces copies privées sont financées par une taxe sur les appareils permettant le stockage, via un mécanisme de gestion collective qui est un embryon de financement socialisé de la copie à usage personnel. 175 millions d’Euros en 2008 ont été reversés aux ayants-droits.

Car tout cela ne doit pas faire oublier que la vraie question est celle de la criminalisation des échanges non marchands et du droit au partage et à la réutilisation des informations. A ce sujet, je vous renvoie aux différentes propositions qui sont sur la table depuis plusieurs années déjà. Les élèves de Science-Po Paris ont proposé une excellente cartographie de cette controverse qui place le débat au bon niveau.

Une Copy Party légale, c’est bien, une Sharing Party tout aussi légale de documents sous droits dans un cadre non-marchand, ce serait encore mieux, mais ce n’est pas possible!

Bibliothécaires, il me semble enfin nécessaire d’insister sur un point de la FAQ juridique proposée par Lionel : la réforme de l’article 122-5 sur la copie Privée est récente et des clauses abusives peuvent perdurer sur les règlements intérieurs, or :

Le règlement intérieur d’un établissement ne peut vous empêcher d’une manière générale de réaliser de telles copies (car ce règlement est lui-même soumis à la loi), une bibliothèque peut toutefois poser des limites ou organiser l’exercice de cette faculté de copie des usagers. Des raisons de conservation (ouvrages fragiles…) peuvent motiver des restrictions, de même que des raisons de tranquillité et de convivialité (ne pas poser les ouvrages par terre pour les photocopier, ne pas monopoliser tout le contenu d’un bac de CD un après-midi entier pour en faire des copies, etc).

Mettons nous en phase avec les usages que nous constatons, mettons à jour nos règlements et rentrons dans le débat ! 

 

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

5 réponses

  1. Merci pour ce petit retour sur la Copy Party, surtout pour les absents…
    Je trouve que ton billet résume bien la situation et soulève les problématiques actuelles.
    Il n’y a aucun doute que la Copy party a fait beaucoup plus en quelques mois, semaines, jours (rayer les mentions inutiles) que l’activité de certaines associations de professionnels. Cette opération est une véritable transposition en acte de discours sur les bibliothèques (qui parfois raisonnent comme des lieux communs).
    Effectivement la Copy Party a mis en avant le caractère social des bibliothèques. Elle a renforcé l’idée que les bibliothèques créent du lien et sont un véritable espace de rencontre et de vie.
    Enfin, la Copy Party donne aux bibliothèque une image moderne, dynamique et montre qu’elles sont capables de s’emparer des problématiques actuelles (droit d’auteur, plagiat, liberté des usagers…).

    Encore bravo à toi, Calimaq et Affordance pour cette initiative

    Thomas Fourmeux

  2. Excellent article bien documenté que je viens de signaler sur mon propre blog : Ratatosk Diffusion. Je ne l’ai pas repris, c’était inutile mais j’ai montré le chemin à mes lecteurs. A bientôt

  3. Margie dit :

    I have been a fan of Sadn3l&#e9;s since I heard him at Chautauqua las summer. I have watched videos of some of his classes and read a few of his books. I am most of the aw through this latest book and I find his arguments compelling. When we let market values shoulder out other values we are in trouble as a society.

  1. 10 décembre 2012

    […] souvenez-vous de la première #copyparty intersidérale ? Organisée à la Bibliothèque Universitaire de la Roche-Sur-Yon, elle proposait aux participants […]

  2. 25 janvier 2013

    […] la suite de la Copyparty organisée par Silvère Mercier, Lionel Maurel et Olivier Ertzscheid en mars dernier, un CDI a […]