Je signale la parution de ce dossier dans lequel je n’ai pas écrit (faute de temps) et que je vous recommande chaudement. Il est inédit et très important que la principale association de bibliothécaire donne un coup de projecteur sur les communs de la connaissance, ne boudons pas notre plaisir! Bonne lecture!
Le numéro communs de la connaissance de la revue Bibliothèque(s) vient de paraître. C’est un dossier complet et très riche. Il est aussi un moment important pour l’ABF qui veut prendre part par ce numéro à la défense et à la valorisation des communs du savoir.
Voici le sommaire dont certains articles sont mis en ligne par les auteurs sous une licence CC by-sa-nc proposée par la revue Bibliothèques.
Un bien devient commun par la nature de l’activité qui s’y rapporte. Garantir la circulation et le partage est essentiel à l’émergence de la connaissance et à son accroissement. C’est une condition pour faire de la « société de la connaissance » mieux qu’un mot, une réalité – et la mission des bibliothèques.
- La joie des communs à propos de David Bollier, avec La renaissance des communs
- Les communs par institution à propos de Pierre Dardot et Christian Laval, dans Commun
- Une approche juridique à propos de Repenser les biens communs coordonné par Béatrice Parance et Jacques de Saint Victor.
Dr Jekyll et Mr Hyde, les bibliothécaires ? Donneurs d’accès dans l’environnement physique, ils se métamorphosent en « verrouilleurs d’accès » dans l’environnement numérique.
Une prise de conscience est nécessaire pour résoudre cette posture schizoïde.
Le copyfraud trahit l’idée originelle d’un patrimoine commun, utopie des Lumières devenue réalité, au profit de la privatisation et de la marchandisation des biens.
Peu à peu reconnue, la fragilité du domaine public appelait un soutien du législateur.
Le projet de loi proposé par Isabelle Attard vise à assurer la préséance du domaine public sur toute protection.
Plutôt que de s’interroger sur l’évolution de la bibliothèque, pourquoi ne pas imaginer à quoi ressemblerait un établissement conçu à partir des usages, pour que chacun puisse bénéficier d’un accès égal et complet à la culture et au savoir.
Et si l’exigence du partage amenait à inventer… la bibliothèque ? Utopie ? Oui, mais si proche…
Référence consultée spontanément par des centaines de millions d’internautes, Wikipédia s’estime plus proche d’une bibliothèque que d’une encyclopédie.
Un rapprochement qui s’explique par un positionnement partagé dans le champ des
biens communs.
p 31 Une copy partie c’est quoi ? par Solène Dubois
De plus en plus en bibliothèque de bibliothécaires ont fait le choix de mettre en place des BiblioBox dans leurs établissements.
Service numérique innovant, elle a aussi l’avantage d’introduire la notion de biens communs de la connaissance en bibliothèques.
Comment la BiblioBox permet-elle aux bibliothécaires de participer au mouvement des communs ?
Par les valeurs qui les sous-tendent les logiciels libres sont en phase avec les missions des bibliothèques :
favoriser l’accès, la diffusion et le partage des savoirs.
Mais pour en profiter pleinement, il faut expérimenter leurs potentialités en les inscrivant dans un projet d’établissement.
L’édition électronique numérique a surgi rompant la cohérence de la chaîne du livre, produit historique forgée dans un temps long pour y substituer une nébuleuse d’acteurs aux intérêts contradictoires et où les bibliothèques peinent à prendre place pour garantir les droits de leurs usagers.
Eblida mène campagne pour rétablir un « droit de lire numérique ».
Les révolutions technologiques ne s’annoncent pas : pas plus jadis la céramique qu’aujourd’hui le numérique.
Mais en affectant notre mode d’existence, elles induisent des changements sociétaux qui appellent d’être pensés par le politique.
Comment une collectivité peut-elle répondre, de sa place, aux défis qui lui sont ainsi lancés ?
avec
Passer de la reconnaissance d’une exigence de principe – la mise à disposition du domaine public – au placement effectif de plusieurs millions d’images et documents sous Licence libre ne se fait pas sans raisons – qui ne sont pas nécessairement celles que l’on croit – ni sans négocier avec les contraintes. Exemple
L’interdiction de photographier dans un musée rend perceptible une conception implicite de ses missions qui ne reflète pas la multiplicité de ses usages, rêvés et réels.
Envisager la culture comme un bien commun suppose de faire droit à ces usages : des communautés telles que Museomix s’y emploient.