Un peu d’humour de bibliothécaire sous pseudonyme ?

En ces temps pré-électoraux où la communauté professionnelle des bibliothèques connait d’intenses et graves débats (si vous passez les concours, vous devez être incollables sur le devoir de réserve!) je me suis dit qu’un peu de recul ne ferait de mal à personne. 

Un groupe de bibliothécaires sous pseudonyme propose depuis peu un blog qu’on pourrait qualifier d’humour corporatiste au second degré. Cette forme d’humour brocarde les acteurs de la communauté de l’info-doc (ici les BU) en jouant sur des codes qui en marquent l’appartenance. Quelques billets que j’aime bien :  

Le stagiaire de l’Enssbi ne connaissait pas le Sudoc

[Courrier] Classification Diluée : pour « en finir avec la Classification des Six Mâles Universels »

Des chamois font irruption dans la salle de lecture de la bibliothèque de Sciences

J’ai souhaité en savoir plus et je leur ai proposé une petite interview. Vous verrez, ils en ont inventé une partie ! Ne manquez pas la métaphore finale, très juste. A quand un mémoire de conservateur de l' »Enssbi » sur « le blog humoristique comme team building au sein de la communauté des bibliothèques » ? Ah on me dit dans l’oreillette qu’il existe déjà !

 

Qui êtes vous, quels sont vos réseaux ?

Nous sommes les bibliothécaires de l’Université des Beaux Ubacs (Alpes-Atlantique). Nous avons par ailleurs développé un cabinet noir de bibliothécaires dissimulés dans toutes les bibliothèques françaises, dont la Bpi. Méfiez-vous Silvère !

Peut-on vous définir comme le Gorafi des bibliothèques ?

Nous avons plutôt tendance à considérer que le Gorafi est un Bib’ de l’UBU non bibliothéconomique. Nous essayons d’accumuler les preuves pour démontrer qu’il y a eu plagiat par anticipation. Notre avocat, maître Emponboint, est sur le coup.

L’humour permet-t-il de sortir du DEVOIR DE RESERVE (@conservateurgen sort de ce corps!) ?

Au vu des événements actuels, notre devoir de réserve nous oblige à ne pas parler du devoir de réserve. C’est la beauté du devoir de réserve. On en parle mais on ne peux pas en parler.
Reprenons néanmoins la définition de ce devoir : l’agent public doit faire « preuve de réserve et de mesure dans l’expression écrite et orale de ses opinions personnelles ». Notre blog présente l’actualité des bibliothèques des Beaux-Ubacs. Il n’est pas question d’opinions personnelles, seulement de présenter notre démarche innovatrice, les exemples qui nous inspirent et, puisque nos lecteurs – pardon, nos utilisateurs – en sont friands, les petites anecdotes de service qui rendent notre quotidien si passionnant… Ajoutons que le statut particulier de la collectivité territoriale d’Alberonne nous autorise à prendre, de temps à autre, quelque distance avec nos tutelles et partenaires – mais rien à voir avec nos alter-égos français. Comme on dit : « Toute ressemblance avec des personnes ou institutions documentaires existant ou ayant existé » etc.

Ce blog est-il une manière pour vous de pratiquer une forme de team building ?
MDR

Nous nous permettons d’ajouter quelques questions :

Pensez-vous que la croissance exponentielle de votre influence dans le monde des bibliothèques est liée à la qualité constante et inégalable de vos articles ?

Tout d’abord, nous vous remercions Silvère de poser cette question. Nous pourrions nous contenter de répondre par notre devise « In Novatio Veritas ». Nous ajouterons néanmoins que nous avons placé la démarche qualité au cœur de notre projet, appuyée sur des indicateurs performants et idoines, validée par nos évaluateurs de l’évaluation. Pour nous, écrire, c’est avant tout un exercice d’équilibriste entre la norme ISO 9001 et le référentiel Qualibib. Au jour d’aujourd’hui, autant que faire se peut, tout comme le roi Salomon, il faut parfois savoir trancher.

Pensez-vous, comme cela a été dit par ailleurs, être « les champions de l’humour en bibliothèque » ?

Vous nous gênez, Silvère. Mais votre question demeure très pertinente. Non, nous nous considérons plutôt comme les hérauts de l’extravagance bibliothéconomique. Nous avons par ailleurs le plus grand respect pour l’ancienne génération qui manie l’ironie avec une fantaisie un peu désuète.

Dans quelle mesure la projection spéculaire de l’être bibliothécaire sur l’étant blog répond-elle à la réalisation ontologique d’une volonté de puissance ?

Nous ne sommes pas sûr de bien comprendre votre question. Néanmoins il nous semble légitime de penser que seuls nos lecteurs sont en mesure d’y répondre.

Finalement, pourquoi écrire sur les bibliothèques ?

Pouvons-nous nous permettre une métaphore ?
Je vous en prie.
Les bibliothèques sont plus proches de l’enfant complexé que du goéland aux ailes de géant. Elles se posent beaucoup de questions sur elles-même, sur leur survie et leur place dans la société. Comme tout enfant manquant de confiance en lui-même, elles se regardent un peu le nombril, et pour surmonter la peur d’être abandonnées par leurs tutelles, se réfugient dans les serious game et le design thinking. En cela, elles sont très attachantes, et il nous semble pertinent de leur consacrer un peu de temps et d’attention.

Dans la même veine je ne sais pas si vous suivez sur Twitter l’excellent et mystérieux ConservateurGen et son compère CadreHautPotentiel

La vraie question n’est donc pas : qui se cachent derrières ces pseudos ? Mais plutôt : et si l’humour sous pseudonyme était le meilleur rempart contre les extrémismes ? (et contre les corporatismes).

Allez un petit florilège ! 

Silvae

Je suis chargé de la médiation et des innovations numériques à la Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou à Paris. Bibliothécaire engagé pour la libre dissémination des savoirs, je suis co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Politiques des Biens communs de la connaissance. Formateur sur les impacts du numériques dans le secteur culturel Les billets que j'écris et ma veille n'engagent en rien mon employeur, sauf précision explicite.

1 réponse

  1. 29 mai 2017

    […] mettre fin à sa collaboration avec l’animateur du blog Bibliobsession, mondialement connu depuis la récente interview que nous lui avons […]