L’ISBN, ce nombre magique dans Librarything (et ailleurs)
Attention, billet un tout petit peu technique, concentrez vous! 🙂
Beaucoup de bibliothèques américaines on bien compris qu’il est essentiel d’être là où les internautes sont. Un des moyens de le faire est de créer un compte sur l’excellent Librarything pour y diffuser, par exemple les nouveautés de la bibliothèque et surtout les avis des bibliothécaires sur ces nouveautés. Il y a là une occasion de participer à cette gigantesque conversation (certains ont parlé d’entrenet) dans laquelle les bibliothèques ont leur place. Car pourquoi garder pour nous le travail qui est fait dans chacune de nos structures?
Mais si nous diffusons des avis de bibliothécaires, encore faut-il que les internautes puissent accéder à notre catalogue depuis des sites externes pour pourvoir localiser puis emprunter le cas échéant les livres ou autres supports que nous mettons à disposition. Car nous desservons d’abord une communauté locale.
Cette cohérence passe des identifiants et des url stables pour que les différentes applications (en l’occurence votre catalogue et librarything) puissent « converser » automatiquement via des web services. Mais avec Librarything c’est encore peu intéressant pour nous car la communauté francophone est encore trop peu développée. Mais cela ne doit pas nous empêcher de créer des comptes sur librarything, bien au contraire!
En terme d’identifiants, concernant les livres, nous avons une chance inouïe : l’ISBN ! Sur wikipédia, l’article sur ISBN nous apprend que “La première édition de cette norme est parue en 1972.” C’est rigolo de constater que dès 1972 certains ont pensé que ce petit bout de numéro pouvait avoir une utilité…et ils avaient ô combien raison!
Nicolas Morin, dans feu son blog 🙁 le montre de manière limpide en se posant la question suivante, puis en y répondant :
J’ai une édition poche de Madame Bovary dans mon catalogue. Je prends son isbn: à partir de cette information, quelles informations puis-je récupérer à la volée via des web services disponibles ailleurs sur le web pour enrichir l’expérience de l’usager? (réponse dans le billet de Nicomo)
Concrètement : Je suis sur Librarything, et je trouve dans ce catalogue géant un livre que je veux me procurer. Par défaut je peux passer par ces liens:
Mais maintenant, imaginons : je suis bibliothécaire à la bibliothèque de Miami; Hé bien désormais, je peux proposer un lien direct vers mon catalogue à l’affichage de la notice dans Librarything (ça marche exactement de la même façon pour les librairies soit dit en passant); Une fois configuré, ça donne ça:
Ainsi, non seulement je met mes nouveautés dans Librarything et en plus, je permet à l’internaute s’il le souhaite de retourner vers mon catalogue. (ou alors vers un catalogue commun, puis vers mon catalogue, c’est ce que fait worldcat me direz-vous, mais bon là encore c’est principalement anglo-saxon, et puis je cherche une solution directement opérationnelle).
Car au delà d’un lien vers la page d’accueil du catalogue, on peut faire beaucoup mieux! Comment? grâce à l’ISBN! En effet, Librarything vous propose non pas un lien vers la page d’accueil de votre OPAC mais vers la page de la notice! (accès à l’url profonde)
Comment faire? Deux possibilités :
- soit votre catalogue propose une recherche par ISBN avec une url claire et lisible : c’est le cas de la bibliothèque de l’Université de Miami : http://holmes.lib.muohio.edu/search/i?SEARCH=0805210644 les chiffres en gras correspondent à l’ISBN
- soit vos notices sont toutes identifiées par une url stable dans laquelle figure l’ISBN, c’est le cas de worldcat pour lequel l’ISBN ressemble à ça: http://worldcat.org/isbn/0385504209
Vous allez me dire, c’est bien joli tout ça mais si je dois enter « à la main » dans mon compte Librarything les url de chaque notice avec leur ISBN, je vais y passer des heures! Hé bien non, c’est là que la magie de l’ISBN intervient! Librarything propose de remplacer votre url relative (= avec un ISBN spécifique) par une url absolue (=avec une formule magique qui est : MAGICNUMBER). Du coup l’url ressemble à ça : http://worldcat.org/isbn/MAGICNUMBER
La formule magique en question permet en fait de dire à librarything de remplacer « MAGICNUMBER » par l’ISBN du livre affiché….et le tour est joué vous avez un lien direct vers votre notice!
On peut tirer deux conséquences de cet exemple (à l’adresse de nos prestataires qui proposent des logiciels propritétaires, car en général c’est le cas pour les logiciels libres) :
Il faut que nos catalogues permettent une recherche par ISBN et/ou qu’ils proposent des URL stables dont l’identifiant soit l’ISBN! C’est ce qu’on appelle libérer nos données pour les rendre utilisables par d’autres services, dans notre intérêt! On ne le répètera jamais assez: nous avons en tant que bibliothécaires un avantage énorme à l’ère de l’information : nos données!
Bon dans Librarything, cette fonction a encore un gros défaut, puisque les liens ainsi personnalisés ne sont visibles que pour vous seul lorsque vous êtes connectés sur votre compte…ce qui limite grandement l’intérêt de cette fonction pour nous autres bibliothécaires. Car admettons que j’ai un compte des nouveautés de la bibliothèque sur librarything, je peux le valoriser sur le blog ou le site de ma bibliothèque grâce au widget proposé par librarything. ça pourrait ressembler à ça :
Les liens des premières de couvertures renvoient vers la page de la notice dans AMAZON (normal, les vignettes viennent d’Amazon et la licence impose ces liens). Le problème c’est que les liens « titres » de ce widget renvoient vers librarything, mais n’affichent pas le lien que vous avez soigneusement configuré dans votre compte libraything vers l’url profonde de votre catalogue, parce que l’utilisateur n’est pas connecté à votre compte!
Il serait formidable que les visiteurs du blog de votre bibliothèque puissent arriver sur un livre et accèdent à votre catalogue! Frustré par ce problème, j’ai envoyé un mail aux fondateurs de Librarything qui m’ont gentiment répondu :
Dear Bibliosession,
thank you very much for your email and for supporting LibraryThing.
I definitely see your point, but I am not sure how it is technically possible to realize your proposal. If a visitor of your profile go to see one of your books, lands on a bookdetail page which is a standard book page. If you are logged in, we can of course display you your favourite find at sources, but since your visitor is not, this becomes really hard.
I’m forwarding your email to Tim, he may be able to find a solution.
Thanks,
Giovanni
LibraryThing.com
Traduction : on comprend le problème et on cherche les solutions techniques permettant de le résoudre…(I hope so!)
En attendant, il est possible de bidouiller comme le fait cet utilisateur qui a trouvé le moyen de faire apparaître les url profondes pour tous les visiteurs dans les commentaires de chaque notice! (car je ne suis pas le seul bibliobsédé frustré sur cette question, si si je vous assure! 🙂
To be continued, comme on dit.
Si d’aventure vous souhaitez suivre ce débat dans Librarything, ça se passe ici
L’ISBN est en effet la clé de voûte de l’interopérabilité des systèmes.
A ce sujet, existe-t-il (ou existera-t-il) un équivalent pour d’autres types de supports (CDRoms, DVD, etc…) ?
Le problème est de voir se multiplier les liens vers catalogues sur une même notice.
Parce que des catalogues il y en a des dizaines de milliers…
Google scholar a résolu cela pour les portails documentaires online via les préférences. L’utilisateur choisit un pays puis une institution qui a connecté son résolveur OpenUrl avec Google Scholar.
Pour worldcat, on vous demande un filtre géographique (ou il détecte les paramètres géographiques du browser ou croise votre IP avec les BDD des providers pour déterminer votre localisation?) pour n’afficher que les liens vers les membres OCL proche de votre pc.
Très intéressant ! Bien-sûr si tous les liens s’empilent sur la notice d’un livre, on voit vite les limites de la fonction et on comprend que tu voudrais que ces liens soient plutôt posés sur le blog de ta bibliothèque. Mais alors quel est le besoin de passer par LibraryThing ? Tu fais (ou fais faire) un widget pour ta bibliothèque et le tour est joué ! 🙂
Sinon, si tu as la possibilité d’insérer du javascript sur ton blog (du style : ) alors indique-moi (par mail le format de ton url profonde et je te fai s un widget « Agora des Livres » qui aura les liens que tu souhaites. Le widget ressemblera peu ou prou à celui-ci que tu peux voir sur ce blog, en bas à droite : http://apartca.blogspot.com/
Bien-sûr je suppose que tu as une bibliothèque sur l’Agora des Livres ? 😉
le site a mangé mon code javascript dans le commentaire ci-dessus mais ça n’ajoutait rien de plus. Le principe c’est que tu puisses ajouter du javascript dans le template de ton blog (ou celui de ta bibliothèque).
@ Jacob : j’ignore complètement s’il exiset des éléments pour les autres supports, mais je vais creuser le sujet….
@ Chaps : ce qui prouve qu’il nous manque un worldcat français, soit par OCLC, soit par un CCFR revu et corrigé, à la sauce 2.0…
@ Andras : l’idée d’un widget est très intéressante, on y viendra très vite à mon avis. Le widget en exemple, c’est exactement ce que je veux mais le fait de lier les première de couv à l’agora plutôt qu’à amazon est-il vraiment compatible avec leur licence (je pose vraiment la quesiton, y-a-t-il des conditions spécifiques pour les widgets? Bravo en tout cas! 🙂
Bien-sûr, c’est compatible avec leur licence ! Je pense de toute façon qu’Amazon a d’autres choses à faire que de faire la chasse aux blogueurs (même s’il s’agit de bibliothèques) qui utiliseraient leurs images de couv.
Pour en revenir au titre de ton article, l’ISBN est effectivement une belle invention mais que n’a-t-on inventé un identifiant universel pour les oeuvres ! En effet pour connaitre l’avis des lecteurs (et pour savoir si un livre est disponible dans ma bibliothèque) ce n’est pas l’ISBN qu’il nous faudrait mais un identifiant portant sur l’oeuvre en tant que telle et non sur telle édition de cette oeuvre. Y a-t-il des travaux dans ce sens quelque part ?
@andras
Pas évident d’identifier une oeuvre! Le concept d’oeuvre identifiable, établie ne tient bien la route qu’avec une industrie de fabrication et de duplication des copies contrôlée par un auteur ou détenteur de droits soucieux de préserver un état de sa production (droit moral) ou l’identification de son produit (copyright).
Les idées et interrogations de Roger Chartier sur le sujet sont à prendre en compte.
Avant de créer un identifiant d’oeuvre, on pourrait essayer de construire le modèle en sens inverse à partir d’ontologies, avec des relations de parenté et de proximité entre les instances que fournissent exemplaires, éditions, interprétations, traductions, adaptations, représentations, pastiches…
Salut à toi bibliobsédé
L’ISBN, une clef magique… ou un trésor, as-tu dit lundi 14 avril.
C’est vrai que l’ISBN, ce petit nombre, est impressionnant de possibilités.
Je fournis mon ISBN, et le Net me renvoie une foule d’informations.
Une bibliothèque pourrait même fournir au lecteur le nombre de sorties du livre.
Plus un livre sort, meilleur il est ? Plus il est conseillé par d’autres lecteurs ? (par d’autres lecteurs hors bibliothèque ?)
En tout cas, c’est une nouvelle piste que je devrais pouvoir utiliser pour conseiller mes lecteurs. 🙂
Revenons à l’ISBN.
Plein de pistes intéressantes par ce biais : Image de couverture, quatrième de couverture, (avec un peu d’huile de coude, récupération des commentaires des autres bibliothèques… en attendant qu’il y ait cette entrée pour les collègues 🙂 ),
Toujours dans le même esprit, récupération des thématiques, (cote dewey pour les docs, Nomenclature Blanc-Monmayeur, thématiques recensées)
Oui, on peut récupérer énormément d’éléments.
Des sites marchands, mais aussi des sites non marchands.
Dommage que les bibliographies ne soient pas assujettis aux ISBN, elles remonteraient plus facilement à la surface du Net.
Peut-on y accéder facilement dans les OPAC, j’ai quelques doutes.
Je viens de tester le schmilblick… alors on se heurte à deux problèmes :
– L’ISBN 13 chiffres, ou le 10 chiffres ?
– Avec tiret ou sans tiret. (Les tirets entraînant confusion, on devrait les éliminer pour être plus clair… mais ils restent présent sur les OPAC)
Si Amazon ou la Fnac les écrivent sans tiret, ce n’est pas sans raison.
Librarything récupérant les ISBN chez Amazon, on a vite compris quel sera le futur ‘ »format » adopté pour retrouver de l’information par l’ISBN.
Amazon, ISBN 13 et 10 chiffres, avec un tiret pour séparer le 978 du reste.
FNAC 10 chiffres seulement (un peu moins à la page ? Non pas. En tapant les 13 chiffres dans leur moteur de recherche, on tombe sur le livre)
Idem pour les accents et sans les accents… contrairement à bien des OPAC qui n’accepte pas la moindre « erreur » orthographique.
Pas simple, pas simple de penser aux utilisateurs. 🙂
Oui, ça fait un moment que je pense à l’utilisation des ISBN.
Et je viens de m’en servir à la BDP de mon département, pour réclamer certains titres dans un prochain avenir.
C’est ô combien plus facile à noter… (13 chiffres, contre combien plus de lettres)
Et via Moccam, en récupérant le fichier au format XLS, on obtient déjà quelque chose de bien. Dommage que le résultats XLS ne soient pas plus fournis.
Toutefois, l’ISBN, ce n’est pas la panacée.
Parce qu’une même oeuvre peut recevoir plusieurs ISBN. Il suffit pour cela de plusieurs éditeurs imprimant chacun le même texte du domaine public… ou tout simplement, une traduction. Traduction qui, même si elle change quelque peu une oeuvre (en bien ou en mal), reste quand même dépendante d’une unique oeuvre originale.
Autant d’ISBN qui n’ont aucun lien entre eux, même s’ils « parlent » tous de la même oeuvre originale.
Et là, ça m’interpelle encore plus sur les problèmes évidents :
On utilise les ISBN, mais
– et ceux qui n’en ont pas eu ?
– combien pourra-t-on donner d’ISBN au maximum ?
– Comment les E-books sans ISBN.
– Les documents sans ISBN
– Ou encore les productions des bibliothécaires ? (lorsqu’ils deviendront producteurs)
Ne faut-il pas créer un organisme capable d’émettre un identifiant unique pour un document, quel que soit sa déclinaison commerciale (ISBN) ?
La BNF, puisqu’elle détient la responsabilité du dépôt légal, ne serait-elle pas la plus à même de fournir cette unique numéro identifiant ?
Pour que l’on puisse enfin rattacher toute la galaxie Gutenberg à chacune de ses étoiles livres, grâce à cet unique lib_ISBN
Un seul lib_ISBN, permettant de rattacher tous les commentaires (internationaux ?) pour une seule et même oeuvre. Peu importe le support, livre, ebook, disque, ou autre.
L’ISBN, c’est bien, mais je sens une limite évidente à ce système.
Ce sera mieux quand on aura un lib_ISBN !
Beaucoup mieux.
Bien cordialement
Bernard Majour
@ Bernard : Belle analyse qui montre bien le slimites de l’ISBN. Il me semble que le modèle FRBR expliqué ici : http://www.figoblog.org/document594.php prend bien compte non pas seulement un support mai justement l’ensemble d’une oeuvre…Mais il me semble qu’il s’agit plus d’un mode d edescription des ressources que d’un identifiant unique…en tout cas avec cette question on commece à percevoir combien l’avenir sera au web sémantique, et combien nous sommes encore peu armés pour y faire entrer nos catalogues. L’indexation, va bel et bien très vite passer du coté des machines…à conditions que des hommes aient construits des modèles suffisamment intelligents pour ça!
Si le sujet vous intéresse, voici une copieuse introduction consacrée aux bibliothèques : http://www.slideshare.net/skruk/tutorial-on-semantic-digital-libraries-www2007/
pour apporter un élément de réponse à la question de jacob, les disques compacts sont répertoriés dans la CDDB (Compact disc data base) celle-ci appartient à une société privé gracenote. Lorsque l’on met un cd dans le lecteur de son pc et que l’on souhaite l’écouter ou le « ripper » (comme nous y autorise l’exception de copie privée:-)) à l’aide d’un logiciel tel que Real Audio, il y une connexion à la base CDDB qui permet l’identification du disque et des différents titres. Les métadonnées sont resteintes à : titre de l’album , nom de l’artiste et titres des morceaux.
http://www.cddb.com/
il existe une base de données alternative en open source freedb, mais je ne l’ai pas encore testée : http://www.freedb.org/
Nicolas