Ajoutons que cela me semble très significatif du rapprochement entre les métiers des bibliothèques et ceux du journalisme, non pas que les journalistes n’aient pas toujours été des prescripteurs, mais ces projets montrent que ce qui n’était souvent qu’une rubrique (« nous avons lu, nous vous conseillons ») devient un objet affirmé au cœur d’un projet éditorial. Comme si, au fond, il se mettait en place un journalisme de recommandation. Je pense aussi bien sûr en écrivant cela au journalisme de liens que porte Narvic. Pour préciser, voici un extrait de l’excellent article (désormais en tous droits réservés, mais je m’en fiche, j’exerce mon droit de citation et je mets du gras :-)) de Narvic intitulé : La stratégie des fous à lier : les enjeux du journalisme de liens
Le « journalisme de liens » permet de reprendre pied sur le terrain de la recommandation, mais aussi, et c’est plus subtile, dans celui de la recherche… (…) Le paradoxe de cette affaire, c’est que les sites de presse sont très lus, et donc liés, par les blogueurs. Ils bénéficient ainsi de très fort Page Rank (PR), ce qui correspond à la qualité reconnue de leurs contenus par rapport aux autres, par exemple à celui des blogs [5]. Mais ce Page Rank est « perdu ». Il n’est pas redistribué, puisque les journalistes ne placent pas de liens dans ces pages très liées. (…)
J’ai en tête une remarque de Scott Karp à propos des sites de presse américains (avec de très forts PR), mais qui sont très peu liants (même si ça s’arrange avec le développement du linkjournalism). Il se demande quel serait l’impact dans « l’économie des liens » et donc dans les résultats de recherche de Google, si ces gros sites se mettaient à lier massivement, en redistribuant sur le web des liens à très fort PR aujourd’hui « thésaurisés ». Il estime que le bouleversement dans le classement des résultats de recherche de Google serait considérable. Partagez-vous son avis ?
L’enjeu présenté comme tel et les deux projets qui suivent sont donc des tentatives de reprendre la main dans l’économie de l’attention que ce soit sur papier ou en ligne (la différence est celle du modèle économique, mais l’objectif est le même).
Petite présentation, d’une part de l’excellent Non-fiction.fr, (on aurait souhaité plus original que le Président en couverture, mais il parait que c’est très vendeur…) :
Le 27 novembre, nonfiction.fr lance nonfiction, le magazine des livres et des idées.Trimestriel, le magazine nonfiction a pour ambition de
mettre à la disposition du plus grand nombre une approche éclairée et critique des meilleurs essais et des débats d’idées. Il s’adresse à tous ceux qui souhaitent poser sur l’actualité un regard réfléchi, à travers l’analyse des idées et des interrogations en jeu aujourd’hui. Crise économique, troubles identitaires de la gauche, nouveau rôle des États-Unis sur la scène mondiale… Sur tous ces sujets, les sciences humaines et sociales donnent un éclairage nouveau et le magazine nonfiction en sera le relais fidèle.
Notons que Non-fiction.fr prépare aussi une mystérieuse offre à destination des bibliothèques (j’en avais suggéré le besoin à Fédéric Martel, le rédacteur en chef lorsque d’une rencontre avec lui, ravi de voir que c’est suivi des faits !). C’est notre Louis Burle National qui l’annonce dans son blog. Pour l’instant, il s’agit juste de buzz je n’ai pas d’info plus précise à vous livrer (mais ça viendra).
D’autre part, et déjà en kiosques, le magazine Books, l’actualité par les livres du monde cité par Médiawatch:
Le magazine que vous avez entre les mains se propose d’éclairer les sujets du jour et la condition humaine en utilisant la lumière des livres. A l’ère d’Internet, le livre est parfois présenté comme un objet du passé. C’est une illusion. Le contenant n’est pas le contenu. Stèle, rouleau, parchemin, papier, e-book ou fichier électronique, voilà le support. Le livre, lui est immatériel (…) A l’ère de la vitesse, de l’éphémère, du repli sur soi, mais aussi de la mondialisation, de la propagation planétaire des ondes de choc économiques, politiques, culturelles, le livre apporte la lenteur, le recul », écrit dans son 1er éditorial, Olivier Postel-Vinay, fondateur de Books, et ancien directeur de la rédaction de Courrier International.
Belle ambition que cet éloge de la lenteur… 🙂
Notons quitte à casser l’ambiance, que ce dernier propose sur le site une curieuse rubrique remarquée par Marlène qui répertorie les erreurs de Wikipédia en les « passant sur le grill« , pour en publier les perles et les approximations… l’idée pourrait être louable à condition que lesdites erreurs soient corrigées directement dans wikipédia, ce qui ne semble pas être le cas ! La pratique porte un nom (merci à Cercamon pour l’info et le lien) il s’agit de « Wikipédia Bashing » qui consiste à critiquer wikipédia de manière fréquente et gratuite : voir le tag delicious qui répertorie différentes tentatives… Pour un projet ayant l’ambition « d’éclairer l’actualité », c’est plus que limite ! 🙁